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Discours du secrétaire général du Hezbollah à l’occasion du trentième anniversaire du lancement du Centre d’études et de documentation

Discours du secrétaire général du Hezbollah à l’occasion du trentième anniversaire du lancement du Centre d’études et de documentation
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Au nom de Dieu

Je voudrais commencer par vous souhaiter la bienvenue et je voudrais remercier tous ceux, frères et sœurs, qui se sont succédé à la tête et en tant que membres de ce centre pendant 30 ans, pour finir avec le frère sayyed Abdel Halim Fadlallah. Nous considérons toujours les réalisations comme le fruit d’un travail collectif de tous les frères et sœurs quels que soient leurs postes ou leurs fonctions.

Dans notre parcours, nous n’attribuons pas les réalisations à une personne ou à quelques-unes en particulier. Tout ce qui est réalisé est le fruit d’une action et d’efforts collectifs.

Pourquoi vouloir célébrer le trentième anniversaire du lancement de ce centre ? D’abord pour exprimer  notre estime aux frères et aux sœurs qui ont grâce à leurs efforts, contribué à maintenir ce centre en vie et en plein essor et ensuite pour mettre en lumière les réalisations de ce centre qui constitue un des sites influents et lumineux  et pour confirmer sa place et son rôle dans notre parcours.

Ce que nous avons entendu il y a quelques minutes dans le film documentaire comme témoignages nous rend fiers et augmente notre espoir et notre souci de poursuivre le travail dans ce domaine, inchallah.

Il y a trente ans, l’idée a germé de créer un centre d’études pour le développement. A cette époque, le commandement du Hezbollah était principalement occupé par le travail sur le terrain, sans pour autant ignorer les efforts de l’environnement populaire qui appuie la résistance et ses besoins en matière de développement. Nous voulions donc voir ce qui pouvait être accompli dans ce domaine. C’est ainsi que l’idée a commencé.

Cette idée qui s’est concrétisée par la création d’un centre qui a d’abord été appelé le centre d’études pour le développement montre que le Hezbollah a commencé tôt à s’occuper des questions de développement et de la vie quotidienne de son environnement populaire en dépit de son souci de la résistance et des défis que cela représentait. De plus, il voulait depuis le début agir de façon scientifique bien étudiée, dans les dossiers de développement qui ont augmenté avec les années et les défis, ainsi que les besoins. Le centre s’est développé avec eux, jusqu’à arriver à sa situation actuelle sachant qu’il lui était principalement demandé de répondre aux besoins de ce parcours à plus d’un niveau.  

Je ne voudrais pas répéter ce qui a été dit dans le documentaire et les témoignages, notamment sur les débuts du centre, ses réalisations et sa productivité. Mais je voudrais dire en résumé, puisqu’il m’est aussi demandé de faire un témoignage, ce centre est l’appui scientifique réel pour notre commandement, nos institutions, nos unités et dans tous nos dossiers. C’est le lieu auquel nous avons recours dès que nous avons besoin d’études juridiques, économiques, financières, monétaires, administratives, stratégiques, politiques, notamment tout ce qui concerne le conflit avec l’ennemi israélien et l’hégémonie américaine, ainsi que tout ce qui touche aux mouvements de résistance. Dans cette dimension, ce centre n’est pas seulement pour les études, c’est aussi un centre pour l’ensemble de l’axe de la résistance, tout ce qui concerne le Liban, sur le plan social et sur celui de l’Etat, ainsi que sur tout ce qui concerne la région. C’est notre appui scientifique, intellectuel et il propose aussi des idées, estime et évalue les positions, tout en proposant aussi des visions.

Depuis le début, un des objectifs de ce centre était de rechercher les réalités et les vérités, nous poussions vers la recherche de tous les éléments, ceux qui nous plaisent et ceux qui ne nous plaisent pas. Nous disions à nos frères du centre : vous devez nous donner l’image réaliste et réelle de ce qui se passe à l’étranger, nous parler des souffrances, des difficultés, des points faibles et des éléments de force, même si parfois, et dans une première réaction, la réalité peut pousser au désespoir ou receler des informations tristes. Nous devons connaître la vérité qu’elle quelle soit.

Nous attendions donc d’abord du centre, depuis le début qu’il fasse ce travail. Nous voulions qu’il nous donne les images réalistes, même si elles peuvent nous déplaire, car si nous n’avons pas les éléments réels nous pouvons faire de grandes erreurs, comme l’a dit le Dr Mounir, tout à l’heure. De même, l’objectif de ce centre n’était pas seulement de collecter les informations et de procéder à des sondages d’opinion, il devait aussi analyser les éléments, découvrir les réalités, proposer des idées, une vision, des plans de rechange tout en se basant sur les expériences précédentes. C’est ce que nous demande notre religion et notre Prophète, notre Coran et nos imams. Nous devons profiter des expériences tout au long de l’histoire.

Celui qui profite des expériences d’une oumma qui a plus de mille ans, c’est comme s’il a lui-même vécu mille ans.  Celui qui profite des expériences des peuples qui ont plus de 5000 ans, c’est comme s’il vit toute cette période. C’est un contenu qui existe dans les propos de l’émir des Croyants.

Il faut aussi profiter des cerveaux  présents que l’on soit d’accord avec eux sur le plan idéologique ou que l’on ne soit pas d’accord avec eux politiquement, qu’ils soient des amis ou des adversaires, nous devons profiter de tous les cerveaux rationnels et scientifiques, de tout le savoir, des spécialisations, de tout ce qui peut être utile. Il ne faut pas se fermer.

Nous devons aussi chercher les meilleurs moyens pour évoluer, prendre un essor, traiter. Il faut trouver des moyens réalistes, à partir de moyens concrets, profiter des occasions possibles, non dresser des plans selon nos souhaits, au détriment de nos moyens.

Nous avons depuis le début voulu que ce centre soit un lieu de science, de connaissance, un lieu de vision basé sur les données réelles, sur le terrain, non enfermé dans une tour d’ivoire pour lancer des théories fumeuses qui n’ont aucun moyen de se concrétiser.

C’est d’ailleurs un des éléments qui a assuré le succès de ce centre. Nous avons aussi voulu que ce centre soit un lien  entre nous, en tant que résistance et que parti politique, et les élites, les experts, les professeurs, les intellectuels. Il est en effet normal que ce centre  puisse entrer en contact, établir des liens. De nombreuses personnes entrent ainsi en contact avec le centre, font des propositions, des suggestions, le centre est ainsi un lien avec tous ces cerveaux et avec toutes ces compétences.

Le centre a aussi organisé des conférences, des ateliers de réflexion et des rapports ont été rédigés sur ce sujet. En ce qui concerne le commandement du Hezbollah, lorsqu’il a été décidé de donner un non à ce centre,  au moment où nous avons voulu qu’il soit public, nous avons choisi un nom général pour faciliter le contact et les liens avec toutes les compétences.

Vous savez qu’en général, nos institutions ont des noms qui rappellent notre appartenance croyante, jihadiste et islamique. Mais concernant ce centre, nous avons choisi un nom qui n’a aucune consonance idéologique : le centre consultatif pour les études et la documentation, pour le libérer ainsi des  contraintes organisationnelles, administratives et idéologiques que nous adoptons dans nos structures  internes. Car nous avons voulu que ce centre puisse élargir son champ d’action au maximum au Liban, dans le monde arabe et dans le monde pour pouvoir atteindre les objectifs qu’il s’est fixés.

Je voudrais encore préciser que ce qu’a produit le centre a toujours été bien exploité par le commandement du Hezbollah, ses institutions et ses différents cadres.

Il existe de nombreuses études effectuées  par différents centres qui n’ont jamais été utilisées ou adoptées. Certaines sont effectuées par des centres relevant de forces politiques. Ce n’est pas le cas dans notre parcours. C’est d’ailleurs pourquoi les responsables et les travailleurs du centre ont toujours fait preuve d’un grand dynamisme, travaillant de jour et de nuit parce qu’ils voyaient que leurs travaux  étaient utilisés au Parlement, au gouvernement, dans les positions politiques, les programmes adoptés par plusieurs parties et par les institutions concernées au sein du Hezbollah.

Dans le cadre des élections législatives, j’ai déjà parlé du bloc de la résistance et comment les frères étudient tous les projets soumis au Parlement. Ils discutent d’abord entre eux, avant de passer à l’étape du vote.  Dans plusieurs sujets et dossiers, c’est le centre qui donne les idées et les remarques  au bloc. Le bloc prend donc au sérieux les propositions et les remarques qui lui sont soumises et les discutent. Il se base sur les données qui lui sont soumises  avant de participer aux réunions des commissions ou des sous-commissions ou aux réunions communes.

C’est aussi le cas dans les réunions gouvernementales, surtout concernant les ministères pris en charge par nos frères et nos amis, lorsque nous voulons présenter un projet ou une idée.

C’est encore le cas dans tous les sujets qui concernent  la situation sociale, la vie publique dans tous ses aspects, la vie politique, les réformes politiques ou administratives.

Le frère Abdel Halim a évoqué il y a quelques instants la loi électorale. Le centre a eu un rôle essentiel loin des médias dans toutes les discussions au sujet de la loi électorale, dans toutes ses étapes. Ces discussions ont mené vers l’adoption de la loi actuelle sur laquelle certains  ont des remarques et des réserves, mais nous autres, nous continuons à la considérer comme la meilleure loi jusqu’à présent car elle permet une meilleure représentation, mais elle a besoin d’évoluer ou de combler certaines lacunes.

Dans toutes les étapes électorales, le centre a eu un rôle primordial notamment au sujet des sondages d’opinion, dans les évaluations, les statistiques, les consultations, les idées, la préparation du programme électoral qui est annoncé, et dans le suivi de l’opération électorale, notamment au sujet de l’évolution de l’opinion publique, jusqu’aux pronostics sur les résultats et l’analyse des résultats annoncés

C’est la première partie de mon discours.

Je passe à la seconde qui porte sur la situation économique, monétaire et sociale, qui concerne aujourd’hui le principal souci de tous les Libanais et de tous ceux qui résident sur le sol libanais. Dans ce contexte, le centre est notre principal appui et il a organisé de nombreuses conférences et ateliers de réflexion ayant pour titre la situation économique au cours desquels il a proposé des idées et des projets qui ont été transmis par nos frères aux centres de décision et de responsabilités.

Permettez-moi de m’étendre un peu sur ce sujet, bien qu’il ne soit pas ma spécialité. Je ne souhaite pas entrer dans le côté spécialisé, mais je crois qu’au Liban, nous avons besoin de nous entendre sur des principes de base dans le cadre général. Je crois en effet que nous avons des divergences entre nous sur ces sujets et il faut donc un dialogue et des discussions et au final, des décisions. . Au début, je voudrais toutefois préciser  que nous sommes tous d’accord pour dire que la situation économique au Liban est très difficile, indépendamment des qualifications que l’on peut donner. C’est donc un point sur lequel tout le monde est d’accord.

Le second point est qu’il ne s’agit pas d’une situation exceptionnelle qui concerne le Liban seulement. Aujourd’hui de nombreux Etats dans le monde traversent des crises économiques aigües, même certains qui avaient des économies solides au cours des précédentes décennies. Nous entendons désormais qu’il y a plusieurs pays, dont certains dans le monde arabe qui sont menacés d’effondrement économique. Donc, il ne s’agit pas d’une situation spécifique au Liban.

Le troisième point est que nous ne devons certainement pas désespérer, même s’il y a un climat de ce genre dans le pays et certains le répandent sciemment, en disant qu’on ne peut rien faire et que l’horizon est totalement bouché, en disant aussi aux Libanais qu’ils n’ont pas d’autre choix que celui d’accepter cette situation et de faire avec elle ou alors, ils n’ont qu’à faire leurs valises et à partir. Avant tout, le plus important, avant même de parler d’espoir ou de plan de sortie de crise, il faut garder l’espoir, croire dans la capacité nationale et celle des cerveaux libanais à trouver des solutions, pour sortir de cette impasse. C’est un point très important. Mais si nous arrivons au point de perdre l’espoir et que le désenchantement se généralise, cela signifie que nous allons vers le fossé. Nous devons tous assumer les responsabilités, sauver la situation économique, quotidienne, sociale et financière... Ce n’est donc pas seulement la responsabilité de l’Etat, certes, l’Etat est responsable, mais le peuple aussi, la société ainsi que les forces politiques, les spécialistes et les experts, chacun selon ses capacités et sa position. Nul ne peut rejeter la responsabilité sur les autres et prétendre ne pas l’être ou dire qu’on ne peut rien faire. Dans l’opération de sauvetage, certaines décisions restent improductives et virtuelles si la société et les gens ne coopèrent pas. La responsabilité est donc collective et nous devons tous agir.

Le quatrième point est que nous ne pouvons pas rester dans cette situation de confusion et de travail au jour le jour comme c’est le cas depuis quelques années. Nous avons un problème de médicaments, voyons comment le régler, les hôpitaux, voyons comment traiter cette question... Chaque jour, un nouveau problème apparaît. C’est vrai qu’il faut les régler rapidement, au gouvernement, au Parlement ... mais il faut aussi et c’est le travail du Conseil économique et social ainsi que celui des forces politiques de dresser un plan et de donner une vision qui devrait être adoptée par une décision des autorités, un plan à moyen ou long terme. Chaque plan qui ne fait pas partie d’une vision globale prendra de l’énergie, mais ne changera pas beaucoup notre situation et nous continuerons à nous cogner aux murs, à droite et à gauche. Nous devons être réalistes et lire en profondeur les causes qui nous ont menés à cette situation, sur le plan économique, social et financier. Je dis cela car il peut arriver que les responsables écartent certaines causes surtout si elles leur font assumer des responsabilités qu’ils ne désirent pas voir. Il faut donc avant tout avoir une vision réaliste et un diagnostic réel sur les causes de notre situation...

Au Liban, il arrive souvent malheureusement que des leaders ou des forces politiques ou même des élites lancent des positions et simplifient les situations. J’appelle ceux-là les partisans de la théorie du facteur unique (c’est bien sûr différent de la théorie marxiste). Par exemple, certains au Liban croient que sin nous réglons le problème avec «Israël» tout sera réglé. D’autres pensent que si nous réglons le problème de la corruption, tout sera réglé... C’est une simplification de la situation. Ce sont des facteurs de la crise, mais ils ne sont pas les seuls. Il y en a plusieurs qui nous ont fait arriver à la situation actuelle.

Je vais lire les causes, sans donner de détails :

La corruption administrative. Cela n’a pas commencé dans les années 1990. Nous nous souvenons tous de la commission formée sous le mandat du président Fouad Chéhab. Le centre consultatif en possède une copié. Ce document évoque la corruption  au sein de l’Etat. Il s’agit donc d’une corruption ancienne, qui s’est profondément ancrée. Certes, elle s’est amplifiée à partir des années 90 car il y a eu un immense financement de façon erronée qui a ouvert la voie à un élargissement de la corruption.

L’incompétence administrative la perte du sens des responsabilités, l’absence d’un niveau suffisant de compétences, notamment dans de nombreux cas lors des nominations administratives et aux postes de commandement importants au sein de l’Etat qui sont souvent dictées par le clientélisme, le partage des parts confessionnel, inévitable dans notre système confessionnel, même si chaque confession possède de grandes compétences, des experts, des spécialistes. Si ceux-là étaient choisis nous n’en serions pas là aujourd’hui, même si nous voulons rester un système confessionnel.

La négligence, les mauvais calculs politiques sur lesquels a été basée la vision économique pendant les années 90. Je reviendrai sur ce sujet. Certaines politiques économiques et financières, parfois corrompues et corruptrices, auxquelles, nous nous étions opposés, notamment nos députés et nos responsables. Notre position est connue à ce sujet depuis les années 90. L’exemple le plus clair au sujet des fausses politiques économiques, financières et monétaires, c’est l’endettement et la façon dont il s’est accompli. Nous nous souvenons tous comment pour pouvoir réaliser des projets basés sur la vision erronée dont je parlerai dans quelques instants, ils ont appelé les Libanais à amener leurs fonds en devises étrangères ou en livres au Liban pour acheter des bons du trésor avec des intérêts élevés. Cela a entraîné un grand endettement pour le Trésor et en même temps, et c’est le plus grave, cela a arrêté la production. Cela signifie qu’au lieu d’investir dans l’agriculture ou l’industrie, ou même le commerce et l’immobilier, ceux qui avaient de l’argent l’ont déposé dans les banques. Aujourd’hui, on sait que c’était un grand risque, nous le voyons. Mais le plus grave reste qu’on a frappé la production et renforcé la culture de l’argent facile et du gain facile. C’est ainsi que l’on construit une économie fragile, faible qui s’effondre. Toute la situation économique et financière au Liban a été bâtie sur de mauvais calculs. Je vais m’arrêter sur ce point pour que la faute ne se répète pas.

Parmi les facteurs, il y a aussi le partage confessionnel des parts dans les projets, au lieu d’être basé sur le principe du développement équilibré. Au contraire, dans chaque projet, il fallait respecter le fameux principe d’équilibre confessionnel, dans la création d’écoles, d’universités, d’hôpitaux, d’autoroutes, dans l’asphaltage des routes, la construction de ponts, de ports, dans l’infrastructure... Même lorsque ce n’était pas nécessaire, ou même c’était inutile.  Ainsi, chaque projet élaboré dans une région devait être aussi réalisé dans les autres, selon les confessions, même si certaines régions n’en avaient pas besoin.

Les conséquences des guerres internes ont aussi alourdi de façon considérable la situation économique, ainsi que la reconstruction après ces guerres, le dossier des déplacés, nous savons tous les dépenses qu’il a engendrées...

Les conséquences des guerres et des agressions israéliennes, certains disent même les conséquences de la résistance. Moi je dis que c’est une inversion des rôles, une confusion entre le bourreau et le martyr, entre l’agresseur et le résistant. Il y a donc les conséquences des  agressions israéliennes contre le Liban avant 1978, en 1978, la guerre de 1982, les destructions causées par l’invasion, les guerres, ainsi que les conséquences des événements régionaux. Par exemple, le dossier des déplacés syriens pèse lourdement sur l’économie libanaise, plusieurs milliards de dollars chaque année. Tout cela, ce sont des facteurs  qui ont contribué à aboutir à la situation actuelle. Il y en a encore d’autres. Il faut leur ajouter au cours des dernières années, notamment depuis 2019, les sanctions, les pressions, le blocus. Il est malheureux de voir que jusqu’à présent, certains au Liban nient l’existence d’un blocus ou de sanctions. Parfois, pour imposer un blocus, il n’est pas nécessaire d’amener des navires de guerre au large des côtes libanaises pour empêcher les bateaux d’accoster dans les ports ou d’empêcher les avions d’atterrir dans l’aéroport. Il n’est même pas nécessaire d’adopter une loi comme la loi César contre le Liban. Il suffit pour l’administration américaine de se comporter comme elle le fait avec le gouvernement et les autorités libanaises. C’est ce qui est en train de se faire. Cela se traduit par l’interdiction aux aides venues de l’étranger d’arriver au Liban, par le fait d’empêcher les dépôts de l’étranger de venir au Liban. Je ne fais pas là de l’analyse. Nous avons des contacts avec certains Etats qui nous le disent. Chaque fois que nous leur demandions de déposer des fonds au Liban et d‘y investir, ils nous répondaient que les Américains leur ont dit  que c’était interdit. Ils nous ont dit aussi qu’ils ne pouvaient pas aller à l’encontre de la volonté des Américains. C’est cela le blocus. Y a-t-il même un blocus plus important  que celui d’empêcher toute aide de parvenir au Liban, les dons, les crédits. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Fonds Monétaire International ainsi que la Banque Mondiale posent des conditions impossibles à réaliser. Il est même interdit à l’Etat libanais d’accepter des dons, comme c’est le cas avec le don iranien ou russe. L’Etat libanais est même interdit d’accepter des investissements  ou même d’ouvrir la voie à ces investissements étrangers, comme ceux de la Chine ou de la Russie. Au Liban, certains disent qu’il s’agit là de supputations, mais non, il s’agit de faits, de réalités.  Que l’Etat libanais accepte et les compagnies chinoises sont prêts, ainsi que les compagnies russes et d’autres. Un autre exemple concret : le Liban est interdit  de traiter le dossier des déplacés syriens. Tous les Libanais sont d’accord sur la nécessité de régler ce dossier. Mais c’est interdit. Comment appelez-vous ceci ? N’est-ce pas un blocus et des pressions ?  En tout cas c’est ce qui se passe depuis 2019, c’est la troisième version du projet américain, comme je l’ai dit dans mon discours à l’occasion de l’assassinat du martyr haj Qassem Soleimani. J’avais dit que la première version du projet a eu lieu entre 2000 et 2011. Il y a eu ensuite la seconde version entre 2011 et 2019. Et maintenant c’est la troisième version. Cela ne signifie pas qu’ils vont cesser d’allumer les guerres, mais les guerres sont désormais ailleurs. Ils ont refait leurs estimations et les guerres sont devenues trop coûteuses pour eux, c’est pourquoi ils sont revenus à l’idée des guerres par procuration. C’est pour cette raison qu’ils se sont retirés d’Afghanistan et ils mènent aujourd’hui la guerre par procuration en Ukraine, jusqu’au dernier soldat ukrainien. En même temps, ils font pression sur le plan économique et social t imposent des blocus aux peuples. Voyez donc comment Trump s’est retiré de l’accord nucléaire avec l’Iran. Ce retrait répondait à certaines exigences, notamment les sanctions contre l’Iran à partir de mai 2018. Des sanctions d’une violence inédite contre l’Iran, puis contre la Syrie à partir de 2019, bien sûr après qu’il soit devenu clair que la guerre planétaire contre ce pays s’est terminée, ou plutôt a échoué. Il y avait désormais de nombreuses régions sûres en Syrie et le gouvernement syrien en a repris le contrôle et il a ouvert la voie aux investisseurs. Je me souviens qu’à l’époque de nombreux Libanais, même certains  du 14 Mars qui ont voulu précéder ceux du 8 Mars pour revenir investir en Syrie. Ils avaient préparé leurs compagnies, eux ainsi que des parties arabes et internationales, mais les Américains ont alors frappé un grand coup, avec la Loi César. Sans cette loi, la Syrie qui possède un grand potentiel  humain et des ressources naturelles considérables aurait pu surmonter les affres de la guerre planétaire. Mais non, les portes se sont fermées  autour d’elle. C’est sur ce même sujet que travaillent aujourd’hui les Américains avec le nouveau gouvernement irakien, lorsque celui-ci a déclaré qu’il avait une certaine latitude  dans l’indépendance de sa décision et pour désigner des personnes à des postes sensibles. Les Américains sont immédiatement intervenus, ce sont des informations.  Les Américains ont dit que nous devons donner notre accord  pour certains postes et pour certains engagements. Si vous ne tenez pas compte de notre avis, le dollar commencera à varier. C’est la troisième version du projet américain qui continue avec le maintien du blocus au Yémen et contre le peuple palestinien. Cela s’applique aussi au Liban, sur le peuple et l’Etat... Ce sont donc là les facteurs qui nous ont amenés à cette situation. Il ne suffit donc pas d’en traiter un, ou deux ou trois,  au détriment des autres. Il faut les traiter tous, ou alors mettre au point une politique  qui prévoit comment traiter avec ces facteurs, comment y faire face et les surmonter.

Je reviens ici sur la fausse vision dans les années 90. Sur quoi était-elle basée ?  On croyait à l’époque que la région se dirigeait  vers la paix avec ce qu’on appelle Israël, qu’on allait vers un compromis. Dans les réunions privées, on nous demandait : que voulez-vous ? Et lorsque nous parlions de politique agricole et industrielle, on nous répondait : attendez un peu, la région va changer. Je me souviens qu’on nous disait aussi : Vous verrez bientôt les drapeaux israéliens flotter à Damas, dans un an ou deux. Il y aura une ambassade israélienne à Damas et des drapeaux israéliens à souk al Hamidiyé. C’est fini. On nous parlait d’un nouvel avenir non pas dans les 10, 20 ou 30 années, mais dans deux ou trois ans. On nous disait que la région se dirige vers la paix et qu’elle va s’ouvrir. Dans ce cas quel est le rôle du Liban ? Nous nous sommes dirigés vers la construction d’un aéroport à 10 ou 20 millions de dollars, des ports, des ponts, des autoroutes, un centre- ville commercial, des hôtels, des banques, un secteur de services développé, en occultant tout le reste. Toute la vision a été bâtie sur cette perspective qui est apparue fausse. Nous sommes arrivés là où nous sommes aujourd’hui. Je ne veux pas être long et je vais donc résumer. Ce que j’ai voulu dire à travers ce développement, c’est que celui qui veut mettre une vision efficace doit la bâtir sur des données réelles et des perspectives politiques réalistes. Dans ce sujet précis, il ne faut donc pas bâtir la vision sur la perspective d’un compromis  dans la région, au moins dans le proche avenir et même à moyen terme. A mon avis, il n’y a rien de tel dans la région. Le débat au sein d’«Israël», entre les responsables, les généraux, les responsables sécuritaires, les experts stratégiques, les ministres anciens et actuels, le chef de l’entité et d’autres porte sur la question suivante : «Israël» restera-t-il ? Existera-t-il en 2080 ? Existera-t-il encore dans  10 ou 20 ans ? Je ne dis pas qu’il faut établir une vision  économique basée sur la disparition prochaine d’«Israël», mais plutôt sur le fait qu’il n’y a pas de compromis ou d’accord  dans la région. La solution des deux Etats où en est-elle ? Est-elle toujours envisagée ? Quelle est la réalité palestinienne, surtout avec ce nouveau gouvernement ? Les précédents gouvernements qui mentaient et prétendaient être avec la solution des 2 Etats n’ont jamais poussé les choses dans cette direction, qu’en est-il donc avec ce gouvernement qui ne ment pas mais extrémiste, terroriste et corrompu ? Ce gouvernement  dit que la Cisjordanie est sa terre sainte et que les Palestiniens doivent s’en aller ou être tués.  Comment dans ce cas envisager un compromis ? Y en a-t-il un en Syrie ? La Syrie qui continue à être attachée  au minimum  au retour à la ligne 4 de juin 1967 ? «Israël» a annexé le Golan et une partie des raisons de ce qui s’est passé en Syrie, c’était la volonté d’amener un régime qui donne le Golan à «Israël» ou le lui loue pour une période de 99 ans. Tout cela est fini maintenant. Il n’y a donc aucun compromis en vue. Nous devons donc bâtir notre vision sur le fait qu’il y a un ennemi qui menace le Liban et y a des ambitions. Par conséquent  il ne peut y avoir de situation stable  avec la présence de cet ennemi. De même, lorsqu’on regarde la situation internationale, on constate qu’il ne se dirige pas vers la stabilité. Le monde semble avoir quitté la zone de stabilité  et il se dirige vers plus de tension et d’escalade. Il y a les Américains et les Européens avec la Russie, les Américains avec la Chine et cela aura forcément des répercussions  sur la situation régionale. Donc, nous ne nous dirigeons pas vers des compromis  dans la région. Nous n’allons pas vers des situations de paix et de stabilité, la situation internationale aura aussi des répercussions  sur la région. Le conflit avec l’ennemi israélien et la situation interne au sein de l’entité auront aussi des répercussions dans la région. Tout cela doit être pris en considération. C’est essentiel. C’est pourquoi nous voulons faire des choix, nous devons penser à une économie de production. Nous devons parler d’une économie du savoir, une économie qui assure notre sécurité alimentaire, une économie basée sur des données réelles, non basée sur les aides étrangères, ou qui attend les aides étrangères et les crédits venus de l’étranger. Il y a d’importants éléments de force au Liban, mais nous ne pouvons pas continuer à vivre dans le passé, en disant que le Liban  a une position privilégiée et exceptionnelle. Nous devons être réalistes et justes. Je ne dis pas que le Liban a perdu sa place, non, mais il y a désormais une forte concurrence sur le plan du tourisme  dans la région. La Turquie bien sûr, mais aussi les Etats du Golfe qui font de la concurrence sur le plan touristique et dans le secteur des services et celui des banques, dans le domaine de la facilitation du travail des compagnies etc... Je ne dis pas que nous avons perdu notre position particulière, mais il faut bâtir une vision sur des données réalistes. C’est à travers cette vision que nous pourrons savoir quels sont nos besoins  en matière d’aéroport, de ports, d’autoroutes, d’hôpitaux, d’infrastructure... Nous avons d’importants éléments de force. D’abord, l’homme qui est actif, vif d’esprit, créatif, instruit dynamique, alors que certains peuples sont paresseux, ou n’absorbent pas rapidement les données.  Donc, le premier point fort des Libanais, c’est l’homme. Nous commençons à le perdre... Aujourd’hui, en raison des difficultés dans le pays, beaucoup de médecins de professeurs, de spécialistes dans de nombreux domaines sont en train de partir vers les pays voisins. C’est une immense perte humaine. Un de nos principaux points de force c’est notre emplacement géographique. Un autre c’est l’eau, ce que nous possédons comme fleuves est une grande richesse, mais tout va vers la mer et nous n’en profitons pas en tant que Libanais. Pourtant l’eau est plus précieuse  que le pétrole. Elle équivaut à l’or. Comment traitons-nous ce sujet ? Nous avons aussi la sécurité, en dépit de quelques problèmes dûs à la situation sociale. Malgré cela, le niveau de sécurité dans le pays est élevé. Il n’y a pour s’en convaincre qu’à regarder les chaînes de télévision étrangère... En voyant CNN on constate que le Liban est plus sûr que les Etats-Unis, plus sûr que certains Etats aux USA. Grâce à l’armée et aux forces de sécurité, grâce aussi à l’éveil populaire et à la volonté politique dans le pays, car personne ne veut des tensions ni une guerre civile. Il y a une petite minorité qui la souhaite, qui vit sur ce genre de situation, mais ils ne peuvent rien faire inchallah. C’est donc un élément de force car la sécurité est primordiale pour l’économie.

Un autre élément de force très important, c’est le pétrole et le gaz. Le ministre de l’Energie est présent aujourd’hui. M’entendez-vous M. Le ministre ? Cessez donc de parler avec M. Jihad, je vous vois... Le pétrole et le gaz sont donc une richesse immense. Toutes les études et les informations montrent, en dépit de certains qui cherchent à les dénigrer pour pousser les gens au désespoir, qu’il y a des ressources énormes au large des eaux libanaises. Il y en a déjà au large des côtes palestiniennes, chypriotes, en Egypte et on dit qu’on vient de découvrir de nouveaux champs, en Turquie, en Grèce, et t en Syrie. On dit même que ce serait l’une des raisons de la guerre contre la Syrie. Il doit donc forcément y en avoir dans les eaux libanaises. Il n’y a même pas de débat pour dire que ces ressources seront primordiales. La décision européenne est décisive au sujet de la renonciation au gaz et au pétrole russes. Même si l’Europe peut se procurer du gaz et du pétrole à partir des Etats du Golfe, sa priorité reste au gaz et au pétrole de la Mer Méditerranée, car le transport y est moins coûteux. Il y a donc une immense richesse et un grand marché qui attend et qui est pressé. Par conséquent, ce sujet doit être suivi attentivement. Nous, ainsi que l’Etat libanais, les responsables, le président de la République, le président de la Chambre, le président du Conseil, tout l’Etat et tout le peuple, n’avons pas supporté toutes les pressions et été sur le point d’aller vers la guerre, au cours des derniers mois, juste pour tracer les frontières maritimes. Nous devons pouvoir profiter du bloc 9. Il faut suivre cette question de près, quotidiennement, loin des problèmes politiques du pays, le gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes, la vacance présidentielle, qui est en conflit avec qui... tout cela doit être mis de côté. La question du gaz et du pétrole est liée  au sort du peuple libanais. Il faut le suivre de près. Concernant les autres blocs, j’ai appris, et j’espère que mes informations sont vraies, que le ministère de l’Energie a lancé des appels d’offres en donnant un délai aux compagnies qui souhaitent se présenter. Il ne faut se contenter d’attendre que les compagnies se présentent, il faut aller les chercher, pour ne pas nous retrouver avec une ou deux compagnies qui nous imposeront des conditions et des pourcentages qui ne conviendraient pas au Liban. Il faut aussi ouvrir le dossier du pétrole en terre ferme. Nous avons mené des études à ce sujet et nous pourront inchallah les soumettre bientôt aux parties officielles et au ministère de l’Energie en particulier. Il ne fait aucun doute qu’il existe du pétrole dans notre sol. Certaines données disent que c’est la politique qui a empêché d’ouvrir ce dossier, non la conviction qu’il n’y a pas de pétrole dans notre sous-sol. D’ailleurs, pourquoi il y a du pétrole en Palestine, au Nord, proche de notre frontière, et l’ennemi l’extrait et en profite, pourquoi y en a –t-il en Syrie, dans la région dite Al Jazira et même près de nos frontières, même si la prospection et l’extraction restent limitées. En tout cas il faut ouvrir ce dossier. Tout cela devrait nous donner une immense richesse, mais cela ne signifie pas que nous devons bâtir notre économie uniquement sur le gaz et le pétrole. Un autre élément de force, c’est l’émigration, qui continue à être une source importante de fonds pour le Liban. Les émigrés subissent actuellement  des difficultés et des pressions américaines  à travers la menace de mettre certains grands richards parmi eux sur la liste des sanctions sur la base de charges injustes. On les accuse notamment d’aider le Hezbollah, de lui faire des dons ou de faire des transactions pour son compte. Tout cela est faux. Ce qui est demandé à travers ces mesures, ce n’est pas de frapper le Hezbollah, cela c’est fini. Mais plutôt de frapper  l’environnement populaire, le peuple libanais et l’économie du pays. Cela exige de la part de l’Etat une protection, malheureusement, celui-ci ne fait rien.  Cela devrait faire partie de la solution. Il est certain que nous avons besoin de réformes  administratives, d’arrêter la corruption, de réformer la justice. Mais ce que je voudrais dire dans ce contexte, c’est qu’il ne faut pas adopter la politique du secteur unique, mettre en avant le secteur des services et négliger les autres. Il faut travailler sur tous les secteurs, surtout ceux qui produisent, l’agriculture, l’industrie, tout en maintenant celui des services. Avec les éléments de force que nous possédons, nous pouvons redevenir le premier hôpital de la région, la première université de la région, la première destination touristique de la région... Il ne s’agit pas de souhaits, ce sont des réalités.

Le dernier point que je voudrais évoquer pour finir est que nous avons besoin d’un pouvoir politique et d’une position courageuse. Nous voulons un Etat courageux  qui puisse prendre une position et s’y tenir, un Etat qui puisse défier et prendre des décisions courageuses. Si nous restons  comme cela, c’est qu’il y a un véritable problème. Nous voulons un Etat dont tous les responsables, leaders, présidents, ministres et députés, tous ceux qui y assument des responsabilités privilégient l’intérêt national sur l’intérêt particulier, tiennent bon face aux menaces et aux sanctions. C’est ce qui s’appelle l’indépendance de la décision, c’est ce qui s’appelle la souveraineté et le courage dans la prise de décision. C’est aussi une des conditions de l’essor  économique, le courage en même temps que la sécurité. On nous propose des dons, mais nous ne les acceptons pas, les gens ont peur. Pourquoi ?  Soyons francs, il faut voir ce que feront les Américains ? Le courage c’est justement cela ainsi que l’aptitude au sacrifice. Beaucoup d’Etat ont fait l’objet de sanctions et ensuite les Américains sont revenus sur leurs décisions, comme le Venezuela.  En tout cas, le fait d’accepter les dons exige du courage. Il faut du courage pour dire au Chinois de venir. Pourquoi tous les pays du monde sont autorisés à laisser les Chinois investir chez eux  avec des moyens énormes, alors que ces pays sont en meilleure situation économique que le Liban, et celui-ci n‘est pas autorisé à accepter ? Les Chinois sont prêts, pourquoi hésitons-nous ?

De même, il faut du courage pour traiter le dossier des déplacés.  Si nous continuons à attendre la bénédiction américaine et européenne, nous pourrons attendre longtemps. Il faut sortir des accusations racistes, confessionnelles et religieuses dans ce dossier. C’est un dossier dont souffre tout le peuple libanais et qui a des conséquences sur tout l’Etat. On peut trouver des solutions décentes, car nous sommes tous soucieux de la dignité des déplacés syriens, qui sont nos proches et nos gens. Lorsque nous parlons d’aller vers l’Est, certains ricanent et disent : cela fait trois ans que vous dites cela et vous n’avez rien fait. Donnez-moi un Etat qui a le courage d’aller vers l’Est, qui suffisamment de souveraineté et d ‘indépendance dans la décision pour le faire. C’est un problème réel.

Toujours dans ce contexte, certains considèrent qu’il faut tout faire pour plaire aux Américains et dans ce sillage, interviennent les armes de la résistance et la position par rapport à « Israël ». Certains croient ainsi  que si le Liban sort du conflit avec l’ennemi israélien, qui menace, agresse et a des ambitions dans notre pays,  car il veut toujours annexer  une partie des fermes de Chebaa et les collines de Kfarchouba, prendre une partie de notre eau et continue à agresser quotidiennement notre pays, avec ou sans prétexte, un chef d’état-major qui part menace le Liban et celui qui arrive menace le Liban... malgré cela, certains croient que si le Liban se retire de ce conflit, tout ira bien, les aides viendront, certains ont écrit de beaux articles sur la question que je vous invite à lire. Mais à tous ceux-là je dis de voir ce qui se passe avec la Jordanie et l’Egypte. L’Egypte est le premier pays arabe à avoir fait la paix avec «Israël» à camp David, elle respecte strictement les dispositions de cet accord, elle a les meilleures relations  avec les Américains  et avec les Etats du Golfe. Elle suit les injonctions du Fonds Monétaire International  et pourtant où est-elle aujourd’hui ?  Quelle est sa situation ? Le Liban est-il plus important que l’Egypte pour les Etats-Unis ?  Le Liban est-il plus que l’Egypte pour l’Europe ? Pour les Etats du Golfe ? Pour l‘Arabie ? Qu’est-ce qui empêche les Etats du Golfe  de donner 100, 200 ou 300 milliards de dollars, qu’ils se disent qu’ils investissent dans le football, pour aider des Etats arabes  au bord de l’effondrement. Malheureusement en Egypte, bien que nous ayons de grands joueurs, nous n’avons ni Ronaldo ni Messi. C’est un exemple, il n’est pas nécessaire qu’on s’y attarde. Donc si nous allons vers le choix préconisé par ceux-là, nous ne sauverons pas notre situation économique et nous perdrons notre capacité à protéger notre pays ; Aujourd’hui, le Liban est un pays sûr, pas seulement sur le plan interne mais aussi sur celui d’«Israël», qui n’ose pas l’attaquer. Même lorsqu’ils mènent une action sécuritaire, ils cherchent à laisser des traces pour bien montrer qu’il s’agit d’eux. Tout cela grâce à quoi ? À l’équation en or «armée-peuple-résistance».  Mais surtout la résistance. Lorsqu’on renonce à la résistance dans l’espoir d’obtenir des aides  ou des crédits américains, saoudiens ou du Golfe, cela n’enlève pas la crise. La Jordanie ne souffre-t-elle pas ?  fait-elle partie de l’axe de la résistance ? Les Etats de l’axe de la résistance souffrent, nous sommes d’accord. L’Iran, la Syrie, le peuple yéménite, le peuple palestinien et maintenant l’Irak parce qu’il refuse de plier devant la volonté américaine. Mais ces Etats ne sont-ils pas pro-américains ? Pourquoi ne bénéficient-ils pas d’aides, pourquoi la Banque mondiale et le FMI leur imposent des conditions humiliantes ? Tout simplement, chers amis, parce que dans la région, il ne doit pas y avoir d’Etat  fort, même s’il a signé un accord de paix avec «Israël». Ni l’Egypte, ni la Jordanie. Même si vous êtes un allié fiable, vous devez rester faible et tous les peuples de la région doivent courir après le pain, le bidon de mazout ou de pétrole, le médicament, le lait pour enfant. Nous n’avons pas le temps de parler des questions stratégiques. Lorsque nous parlons  du danger sioniste et de l’hégémonie américaine, des symboles sacrés musulmans et chrétiens en Palestine, on nous dit : Où vivez-vous ? Dans quel monde ?  Nos choix doivent être clairs, même en Egypte, en Jordanie et au Soudan ou dans n’importe quel autre pays.

J’en arrive à la politique. C’est la raison pour laquelle lorsque nous parlons de la présidence de la République, nous ne cherchons pas un président pour perdre 6 ans. Nous considérons que les 6 prochaines années  seront décisives pour l’Etat et pour le peuple libanais. Si nous continuons ainsi, le pays se dirige vers l’effondrement. Nous y sommes déjà peut-être. C’est pourquoi le temps presse. Pour nous, il ne s’agit pas d’amener n’importe quel président pour que certains respirent et pour qu’on dise que la première fonction chrétienne est occupée. C’est une simplification du sujet. Nous voulons un président et amener un gouvernement qui puissent sauver le Liban ou avoir la possibilité de le faire. C’est ce que nous voulons, certains n’ont retenu que la phrase «un président qui ne poignarde pas la résistance dans le dos». Mais en réalité, je ne sais pas si je l’ai dit dans le discours. Je l’ai en tout cas dit  lors de notre discussion avec notre ami le ministre Gebrane Bassil : Nous voulons un président qui si les Américains soufflent sur lui ne s’envole pas du palais de Baabda pour se retrouver dans la mer Méditerranée. Autrement dit, nous voulons un président qui ait «des genoux», courageux, prêt au sacrifice, qui ne tienne pas compte des menaces américaines si c’est dans l’intérêt de son pays. Nous avons des personnes de ce genre. Nous en avons parlé lors de cette rencontre interne. C’est pourquoi les gens doivent être un peu patients  avec nous. S’ils veulent que nous allions vers l’élection d’un président juste pour qu’il occupe le palais de Baabda pendant six ans c’est facile. Cela pourrait être fait dans la prochaine séance parlementaire jeudi... Mais non, nous voulons un président de ce calibre, qui constitue un début. Bien sûr un gouvernement et des ministres du même calibre, non que nous ayons demain un président ou un ministre qui nous disent : Je ne peux pas faire ceci. On m’a contacté de l’ambassade américaine pour ne pas dire de faire telle ou telle chose. C’est interdit, ce n’est pas permis. Vous savez, ils se mêlent de tout et les forces qui se disent souverainistes le savent et se taisent. Elles adoptent le silence des tombes, car la souveraineté est un slogan creux. Pour nous, c’est donc une condition essentielle pour l’essor économique au cours de la prochaine étape.

En tout cas, le centre consultatif de documentation poursuivra son action et ses propositions il coopérera avec tous. Inchallah, nous coopérerons tous. Nous avons de grands espoirs. Nous avons d’importants éléments de force. Les Libanais sont capables de sortir de la crise. Ils ont besoin de volonté, de vision réaliste, d’un plan et d’un programme sérieux pour agir.

Merci de votre présence. J’espère que le centre continuera son action pour les 30 ou 90 ou encore 120 prochaines années et que notre parcours se poursuivra.

 

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