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Discours du secrétaire général du Hezbollah à l’occasion de l’attribution du prix international du chef martyr Qassem Soleimani pour la littérature résistante

Discours du secrétaire général du Hezbollah à l’occasion de l’attribution du prix international du chef martyr Qassem Soleimani pour la littérature résistante
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Au nom de Dieu

Bienvenue à tous, mon discours comporte deux parties, la première est liée à l’occasion pour laquelle nous nous retrouvons et la seconde porte sur des questions purement libanaises, comme  l’élection présidentielle, le dossier de l’électricité et la réunion du gouvernement prévue demain.

Je ne vais pas être long car la nature de cette cérémonie ne le permet pas. Je vais donc résumer autant que possible.

Nous savons en général que les peuples et les nations respectent leurs martyrs. Nous trouvons cela principalement dans les religions célestes et en particulier dans l’islam. Si nous revenons au Coran ou aux discours du prophète, nous découvrons de nombreux exemples  qui confirment cela

Par exemple, nous constatons que les martyrs ont une grande place et sont honorés le Jour du Jugement Dernier, c’est-à-dire dans la Vie éternelle. Leur place est donc réservée auprès de Dieu et ils y seront en pleine lumière et avec tous les honneurs qui leur sont dûs. Ils ont aussi leur place dans le monde actuel. Ils y contribuent à forger l’Histoire, l’avenir et l’inconscient des peuples. C’est clair notamment dans notre histoire musulmane. Le premier martyr de l’islam est d’ailleurs une femme, Soumaya Oum Ammar, épouse de Yasser, elle est tombée avec son mari Yasser, non pas dans une guerre mais parce que tous les deux ont refusé de céder aux tyrans de Qoreych, sous la torture et ils ont refusé de revenir à l’adoration  païenne et de renoncer à la religion unioniste...

Dans la première bataille pour la défense de l’islam et pour la défense de sa présence qui était visée dans sa totalité, en tant que religion et en tant que groupe humain, il y a eu la bataille de Badr immortalisée par le Coran et au cours de laquelle des martyrs sont tombés.

Dans le cadre des honneurs qui leur ont été faits, il y a le fait d’être devenus, tout au long de l’Histoire, un titre portant le nom des «martyrs de Badr». Ils sont devenus un critère, une référence et un symbole moral. Ils sont ainsi souvent cités lorsqu’on veut parler de dévouement sans contrepartie...

Ils sont donc restés une référence absolue, on les évoque dans les batailles  et on veut les prendre pour référence. Mais il existe des martyrs chefs qui sont tombés dans des batailles et ils ont offert ainsi un nouveau titre.

Un des principaux chefs tombé en martyr dans une bataille, c’est Hamza ben Abdel Mouttaleb qui a été surnommé depuis le début le sayed des martyrs.

Il y a eu ensuite les trois chefs de l’armée islamique tombés dans la confrontation avec les Roums, Zayd ben Haretha, Jaafar ben Abi Taleb et Abdallah ben Raouha, indépendamment du débat historique sur les dates respectives de leurs martyres. Ces trois chefs se sont battus et sont tombés successivement en se battant jusqu’à la mort. Nous les appelons les chefs martyrs et Le Prophète leur a accordé une place privilégiée qui fait qu’ils sont présents dans les mémoires, les cœurs et l’Histoire de toute la oumma, de génération en génération.

On dit ainsi que le Prophète en priant devant le corps de Hamza, a lancé 70 appels à Dieu alors qu’en général pour l’éloge funéraire, on en fait 4 ou 5 au plus. Lorsque la nouvelle de la mort des trois chefs lui est parvenue, le Prophète a eu une réaction émotionnelle et il a prononcé des mots éternels que l’on répète à chaque fois. De plus, le Prophète a demandé aux familles qui rendaient hommage à leurs martyrs de citer à chaque fois Hamza... tout cela a un sens et cela signifie que les martyrs ont une place privilégiée dans le Monde éternel et dans le nôtre. Ils constituent un exemple à suivre et une grande source d’inspiration. Dans les batailles de l’Histoire et même à notre niveau, les martyrs ont forgé les victoires. Même chose à Gaza où les martyrs ont contribué à sa libération et en Palestine où les martyrs redonnent de l’espoir et replacent ce pays dans la ligne de la libération. Même chose en Irak, qui ont fait sortir les Américains de leur terre et ont vaincu «Daech».  Nous ne voulons pas faire de distinction. Les martyrs font les victoires, mais les chefs martyrs ont un rôle particulier qui marquent les générations, qui dépassent la géographie et influent sur le sort des nations et parfois ont un impact sur le monde.

Certains martyrs ont marqué l’Histoire et leur influence dure jusqu’au Jour Dernier, comme les martyrs de Badr, ceux de Karbala l’imam Hussein, l’imam martyr Zayd ben Ali qui était une source d’inspiration pour les révolutionnaires et dont l’influence restera jusqu’au bout.

Aujourd’hui, lorsque nous évoquons haj Qassem Soleimani, nous voyons qu’il est un martyr qui dépasse son lieu géographique. Il n’est pas seulement le martyr de l’Iran, ou pour l’Irak où il est mort. Il n’est pas seulement un martyr pour la Syrie, le Liban, le Yémen, ou même l’Afghanistan et Bahreïn ou encore pour tout opprimé dans le monde. Il est un martyr au niveau mondial, qui dépasse les frontières et qui est hors du temps. A nos yeux, il est un martyr à l’échelle de la oumma, à l’échelle du monde et pour tous les temps. Nous pensons qu’il inspirera les générations à venir, selon une lecture objective de ses réalisations.

Cela est dû à plusieurs facteurs. Il y a bien sûr sa personnalité et ce qu’il a donné, ses réalisations et ce qu’il a accompli et tout cela est très important pour inspirer les générations, les résistants, les combattants et les opprimés.

Je l’ai dit lors de la commémoration annuelle de son assassinat et je voudrais le répéter aujourd’hui : Haj Qassem Soleimani était un grand chef avec une influence déterminante  pendant deux décennies de 2000 à 2010 et de 2011 à 2020. Lors de la première période, la bataille a empêché les Américains d’occuper les Etats de la région. Ils ont cru réellement pouvoir les occuper après l’occupation de l’Afghanistan qui a été facile puis celle de l’Irak. Mais le front qui s’est constitué à l’époque ainsi que les débuts de la résistance irakienne, ainsi que le fait qu’un axe a commencé à se former dans la région, a permis d’infliger une défaite à ce projet.

Dans la seconde version et la seconde décennie, il y a eu «Daech» et ses sœurs ainsi que la carte de l’Etat du califat. Nous nous souvenons de la couleur noire et le fait que «Daech» voulait occuper la Syrie, l’Irak, le Liban, les Etats du Golfe, le Nord de l’Afrique et s’étendre encore plus. C’était un projet très dangereux.

L’axe qui a combattu ce projet, haj Qassem en faisait partie. Il y a joué un rôle primordial et il était un grand chef. Il représentait le lien et l’esprit ainsi que le cœur qui unissaient cet axe. C’est une réalisation immense.

De même, haj Qassem était un grand chef qui a joué un rôle primordial  dans la défaite du projet du «Grand Israël» et dans l’aide à la résistance. C’est cette défaite qui pousse aujourd’hui les Israéliens à se réfugier derrière les murs, de plus en plus de murs, derrière les barbelés, de plus en plus de barbelés... Les Israéliens se noient actuellement dans leurs crises, dans leur peur car ils se savent faibles et dans leur confusion.  Le plus important, c’est que haj Qassem en tant que chef dans cet axe, n’a pas seulement apporté un appui logistique, fourni par la République islamique d’Iran, à cette grande bataille historique. Il a aussi donné une force morale, l’esprit de courage infini à tous ceux qui l’ont côtoyé dans ce cadre. Chez lui, il n’y avait aucune place pour la peur. Nous avons vu à plusieurs reprises, comment il allait vers la mort, comment il prenait des risques avec une force morale et un courage peu communs. Il avait aussi un cerveau stratégique, il dressait des plans et voyait toujours le grand panorama dans la lutte. Ses espoirs étaient aussi à la mesure de sa vision; Tout cela est une partie de ce qu’a donné haj Qassem à ce parcours. Mais le plus important reste comment il est mort, où il est mort et avec qui, avec Abou Mahdi al Mouhandes, (haj Jamal), sur cette terre d’Irak qu’il a aimée. C’est en cela qu’il est une puissante source d’inspiration pour les générations futures. Il est de notre devoir d’évoquer ces chefs martyrs comme lui, qui ont marqué l’Histoire et les événements. Nous sentons toujours leurs bienfaits. C’est notre responsabilité au Liban, en Palestine, en Syrie, en Irak, en Iran, au Yémen et dans d’autres lieux où nous avons tous des chefs martyrs, de les évoquer et de perpétuer leur mémoire. Nous pensons que tout cet apport, ces sacrifices et ces réalisations sont un trésor moral, culturel et spirituel  immense que nous ne devons pas perdre ou négliger. En préservant leur mémoire et leur appart ainsi que leur souvenir et leurs expérience, nous le faisons pour nous, pas pour eux. L’ayatollah Khamenei a déclaré à plusieurs reprises : Aujourd’hui, le martyr Qassem Soleimani fait plus peur aux ennemis que le général Qassem Soleimani. Ce que nous disons aujourd’hui de lui, ses qualités et ses réalisations, son héroïsme et son courage, tout cela n’était pas connu de son vivant. Il a passé des années de jihad, de combat, de sacrifices, loin des médias. Aujourd’hui, lorsque nous parlons de lui, nous mettons en lumière ce modèle exceptionnel, cette véritable source d’inspiration. Nous n’inventons pas des légendes ni des personnes virtuelles. Nous brandissons ses portraits et nous savons que cela dérange certains que les portraits de haj Qassem soient brandis dans plusieurs capitales et villes du monde islamique et arabe, mais c’est cela la continuation de la mémoire, le maintien en vie de cet esprit et de ce modèle. Nous devons profiter de tous les moyens disponibles pour perpétuer le souvenir et l’image de nos martyrs, de leurs sacrifices et de leurs parcours exceptionnels. Tout cela doit rester présent  dans notre subconscient  pour donner à la oumma le souffle nécessaire et le dynamisme pour continuer à lutter.

Je voudrais ici m’adresser aux frères responsables de l’association Asfar qui s’occupe de ce prix. Je voudrais les remercier pour leurs efforts ainsi que pour leur dévouement  pour maintenir ce souvenir vivace et cet esprit vivant. Je voudrais aussi remercier tous ceux qui financent en silence ce travail immense et tous les frères et sœurs qui participent à ce concours, indépendamment du fait de le gagner ou non, tous ceux qui participent qu’ils soient poètes, écrivains bref tous ceux qui contribuent d’une façon ou d’une autre au succès de cette initiative. Il s’agit d’un travail de valeur  et d’une grande importance qui mérite tout le respect.

Nous avons aujourd’hui besoin de confirmer cette importance ainsi que le symbole que représente ce chef dévoué haj Qassem pour l’ensemble de notre oumma, d’autant que notre région continue de faire face à de nombreux défis. Nous sommes au cœur de la bataille. J’ai déjà parlé des deux premières versions du projet américain lors de la commémoration de l’assassinat des chefs martyrs. Mais il y en a une troisième qui a commencé il y a quelques années et qui est basée, en plus des pressions militaires et sécuritaires, sur les pressions économique, sociales et médiatiques. J’en parlerai plus longuement inchallah jeudi à l’occasion du trentième anniversaire de la création du centre consultatif pour les études et la documentation ; Il faut donc savoir que le projet américain est toujours présent, efficace et il s’exerce sur plusieurs fronts, face à l’Iran, à la Syrie et au Liban. Il vient de commencer en Irak, je parle de la pression économique et sur la vie quotidienne, tout cela pour faire pression sur les décisions politiques. Cela seul mérite un long discours. Le blocus imposé au Yémen, et celui imposé au peuple palestinien, que ce soit à Gaza, en Cisjordanie ou à l’extérieur, dans la diaspora. La bataille en Palestine s’intensifie aujourd’hui. Il y a tous les jours des agressions israéliennes, des martyrs tombent et des gens sont injustement traités et opprimés. Il y a aussi tous les jours des opérations héroïques, des martyrs. La situation au Yémen est encore ouverte à tous les scénarios. Au Liban, l’intervention américaine se fait à tous les niveaux et dans tous les domaines. Elle empêche ce pays de se redresser. Tous ces défis sont en cours dans notre région. Face à tous ces défis, nous avons besoin de l’esprit , la détermination, le cerveau, la pensée et la présence de haj Qassem Soleimani et de gens qui lui ressemblent, ces chefs qui l’ont accompagné dans toutes les étapes de la bataille. Notre oumma qui a toujours offert des martyrs, de génération en génération, est en mesure de donner des chefs  de cette trempe, de remplir le vide que ces chefs martyrs ont laissé. Bien sûr, ils nous manquent, sur le plan affectif, dans nos cœurs, nos esprits et sur les champs de bataille, mais notre oumma est riche en êtres humains de cette trempe, elle est vivante et elle ne peut pas reculer ou s’affaiblir, elle portera ces symboles qui sont des sources d’inspiration pour poursuivre sur le même chemin.

Je vais passer maintenant aussi rapidement que possible au volet libanais et je voudrais évoquer deux points.

D’abord, l’élection présidentielle. Nous comprenons le souci de certaines autorités religieuses de vouloir un président au plus vite pour mettre un terme à la vacance présidentielle. C’est un souci justifié que nous comprenons parfaitement. Nous comprenons aussi le fait que certaines autorités religieuses exercent des pressions morales, médiatiques et politiques sur les députés et les blocs parlementaires  ainsi que sur les forces politiques représentées au Parlement pour les pousser à accélérer l’élection d’un président de la République. Mais nous devons attirer l’attention sur le fait qu’il faut éviter tout discours qui pourrait être perçu comme de l’incitation confessionnelle, que ce soit voulu ou non. Le résultat aboutit à l’incitation confessionnelle. Lorsqu’on dit par exemple qu’il y a une intention de faire abstraction de la première position chrétienne au sein de l’Etat, ou de neutraliser le rôle maronite, selon les formules utilisées couramment, tout cela est faux. Cela se dit et c’est comme une accusation portée aux musulmans, aux forces musulmanes ayant des députés au Parlement et cela fait boule de neige. On parle tantôt de la fonction chrétienne et tantôt maronite, mais dans tous les cas, c’est comme une incitation. Je voudrais préciser que nul n’a une volonté préméditée de neutraliser le rôle des chrétiens ou des maronites au Liban. Il ne s’agit pas seulement du Hezbollah, mais je l’affirme, et j’en suis sûr, une telle intention n’existe chez aucune force politique au Liban, ni parmi nos alliés, ni chez les adversaires. Personne n’occulte volontairement le rôle du président. Tous veulent l’élection d’un président le plus tôt possible. Tous veulent mettre un terme à la vacance le plus tôt possible et tout le monde veut le retour à une situation normale, car à la lumière de l’élection présidentielle, un gouvernement sera formé et les institutions de l’Etat recommenceront à fonctionner normalement. Mais en réalité, dans le Parlement actuel, et j’espère que mes propos ne seront pas interprétés dans un autre sens que celui de la description des faits, il y a de nombreux blocs et nul ne peut se prévaloir  d’avoir une majorité des deux tiers pour assurer le quorum de la séance destinée à l’élection présidentielle dans un premier tour. Quant au deuxième tour, jusqu’à présent, nul n’a 65 voix pour un candidat déclaré ou secret. C’est notre système et c’est notre démocratie. Chacun a naturellement le droit de travailler pour amener la personne qu’il juge convenable pour la période actuelle et capable de servir les intérêts du pays tels qu’il les voit. C’est un droit naturel indiscutable. C’est aussi notre droit de dire que nous ne voulons pas un président qui poignarde la résistance dans le dos. Même si certains continuent à dire que ce que nous voulons c’est un président qui protège les arrières de la résistance. J’ai eu beau préciser ce que nous voulons, mais ils continuent à analyser et à écrire des articles sur ce sujet.

En tout cas, le problème n’est pas là.  Chaque bloc a le droit de dire qu’il ne veut pas un président proche du Hezbollah. Nous ne discutons pas ce droit et nous n’avons aucun  problème à ce sujet. Il est aussi normal que les blocs qui partagent cette position discutent entre eux et se concertent pour tenter d’assurer à leur candidat les 65 voix nécessaires et aller ensuite vers l’élection. Il faut ne pas donner au sujet une plus grande dimension. Ce sont là ses limites, sinon cela pourrait susciter des susceptibilités confessionnelles. Or le pays en a suffisamment déjà.

De même, lorsqu’on dit qu’il y a un plan  pour aboutir à une vacance dans les hauts postes maronites de l’Etat, je voudrais préciser qu’il n’y a rien de tel chez qui que ce soit. Je ne parle pas ici du Hezbollah seulement. Je suis convaincu qu’un tel plan n’existe chez personne. Nul ne planifie de réaliser une vacance à la tête de l’Etat ou pour les principaux postes maronites de l’Etat. Car si cette vacance se prolonge, elle aura un impact sur les hautes fonctions étatiques des autres confessions. Certaines le sont déjà, n’est- ce pas ? La vacance dans les hautes fonctions administratives est un résultat qui n’est pas voulu et qui n’est pas prémédité. C’est le résultat de la vacance présidentielle et du fait qu’il n’y a pas un gouvernement en fonction, le gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes ne peut pas faire de nominations. C’est la réalité. Il ne faut pas aller plus loin et ne pas accuser les musulmans ou les chrétiens non maronites.

Aujourd’hui un des aspects les plus importants dans la non-élection d’un nouveau président de la République est chez les maronites eux-mêmes, chez les blocs maronites et chez les forces politiques maronites, et non pas seulement chez une communauté en particulier ou chez une partie en particulier.

Dans ce point précis, je voudrais donc répéter que nul n’est content de cette vacance, ni des conflits et des polémiques au sujet des dispositions de la Constitution, ou de la responsabilité de tel bloc. Face à toutes les crises que subit actuellement le pays, il faut travailler sérieusement. Aujourd’hui, nous entendons de plus en plus, pas seulement de notre part ou de celle de nos alliés, mais aussi chez nos adversaires, dire que l’extérieur a d’autres priorités, avec la guerre en Ukraine, avec la Russie, avec les problèmes d’énergie et d’autres. Il n’a donc pas le temps de s’occuper du Liban. C’est pourquoi c’est aux Libanais de s’occuper d’eux-mêmes.

Le second point est celui de l’électricité et la participation à la réunion gouvernementale demain.

Au sujet de l’électricité, nous vivons tous, sans exception le poids de ce problème. Il s’agit d’un problème qui est général à toutes les régions et à toutes les confessions. Certains responsables peuvent ne pas en être conscients, car il se peut qu’ils aient du courant 24 heures sur 24, mais il s’agit d’un véritable problème et d ‘une souffrance qui touche tout dans le pays, l’économie, la santé, l’éducation, le travail, l’énergie et la vie normale quotidienne.

Il y a quelques mois, on nous a dit ( nous le Hezbollah) qu’il y a un problème de fuel, si vous pouvez nous obtenir  une aide de la République islamique d’Iran  pour une quantité déterminée de fuel, ne serait-ce que pour une période de six mois pour assurer  un certain nombre d’heures de courant (entre 6 et 8 heures par jour), cela permettrait de faire une grande transformation dans la situation de l’électricité au Liban, pour six mois et même plus, car cela mettrait le secteur de l’électricité au Liban sur la voie de la solution.  Car dans les six mois, lorsque l’approvisionnement en courant se sera amélioré et  que la tarification aura été relevée (aujourd’hui, elle a été relevée sans que les heures d’approvisionnement en courant aient été augmentées), cela devrait permettre d’assurer un financement, avec une meilleure collecte des factures,  ce qui permettrait d’améliorer l’ensemble du circuit.

Donc l’aide qui nous a été demandée de la République islamique d’Iran n’était pas seulement destinée à une période de six mois, elle devait mettre l’ensemble du secteur sur les rails de la solution.

Nous avons déployé des efforts. Nous avons contacté les frères responsables en Iran. Cette demande, ou ce souhait, appelez-le comme vous voulez, est arrivé aux oreilles de l’ayatollah Khamenei, aux oreilles du président Raïssi et d’autres responsables du pays.  Ils ont suivi le dossier et donné leur accord. Une délégation officielle du ministère de l’Energie s’est rendue en Iran. Il y a eu un accord  sur la quantité et sur les détails et un premier projet a été élaboré, qui attend la signature. Je reviendrai sur cette question.

Il y a quelques jours, lorsque le ministre iranien des Affaires étrangères était au Liban, il a évoqué cette question. Dr. Amir Abdollahian a déclaré en répondant aux questions des journalistes, que l’offre est  encore valable. J’ai pourtant lu il y a quelques jours des articles qui mettent en doute les intentions iraniennes et même vont jusqu’à les tourner en dérision. Je ne vais pas entrer dans la dérision, ni dans les erreurs écrites au sujet de ce dossier, car certains ne savent pas faire de différence entre le gaz et le fuel, sachant toutefois qu’en Iran, les deux existent. Il n’y a pas de problème d’énergie en Iran. Il y a actuellement un problème au niveau de l’utilisation des quantités de gaz, car on dit que la consommation de gaz est énorme en Iran,  sin on le compare à d’autres Etats. Mais ce problème est en train d’être réglé.

Donc, certains ont des informations imprécises. Pour alléger l’atmosphère, car depuis le début je suis très sérieux, j’ai entendu récemment un des députés du bloc dont le chef tournait en dérision l’offre iranienne, déclarer que l’Iran ne peut pas nous aider car elle n’a rien pour le faire. Il a même annoncé qu’en Iran, si le rétroviseur d’une voiture se casse, il ne peut pas être remplacé. Il faut l’importer de l’extérieur. Imaginez un peu que ce député de la nation qui est chargé de légiférer a des informations de ce genre ! Il ne sait pas que l’Iran fabrique des voitures, des avions, des blindés, des drones, envoie des satellites dans l’espace et possède une grande technologie nucléaire. C’est d’ailleurs là que réside le problème du monde avec elle.  Par contre ce grand député a des informations qui s’arrêtent au fait que l’Iran est un pays pauvre, impuissant au point de ne pas pouvoir remplacer un rétroviseur qui se brise...Voyez donc le niveau qui existe dans notre pays.

Je ne compte pas entrer  dans un débat sur les intentions, ni discuter des erreurs faites à ce sujet ? Je vais droit vers l’essentiel et dans ce contexte, je répète ce qu’a dit le ministre iranien des Affaires étrangères, l’offre iranienne est toujours valable, du fuel pour une durée de six mois, selon la quantité réclamée par le ministère libanais de l’Energie. Mais ceux qui entravent la concrétisation de cette offre, ce sont les Américains. Nous ne voulons pas ouvrir un problème avec le gouvernement. Les Américains empêchent la concrétisation de cette offre  et ils ont dit aux responsables officiels concernés que c’est interdit et que c’est une ligne rouge. Ils ont peut-être aussi lancé des menaces...

Je voudrais rappeler quelque chose que je disais dans le passé. Dans ce pays, il y a des gens qui sont amis avec l’Iran, la Syrie, l’Irak et d’autres Etats présents dans la région. Il y a aussi d’autres gens amis avec les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et certains Etats du Golfe. Cette division dans les amitiés  peut être une menace mais je l’ai dit par le passé : transformons  cette menace en opportunité. Utilisons nos amitiés respectives  dans l’intérêt du Liban. Profitez donc de vos amitiés dans l’intérêt du Liban. Nous avons un problème d’électricité dans le pays ?  Nous autres, nous avons  une possibilité d’assurer du fuel pour une durée de six mois, et les bateaux sont prêts à venir, l’Iran a accepté de nous aider. Nous avons donc accompli la moitié et même les trois quarts du chemin. Vous, les amis, les alliés des Etats-Unis, nous n’en dirons pas plus,  l’ambassade des Etats-Unis est à Aoukar, l’ambassadrice des Etats-Unis est là et vous pouvez la rencontrer facilement, de même des délégations américaines se succèdent dans le pays. Allez donc  profiter de votre amitié avec eux pour réclamer des autorisations spéciales au gouvernement libanais pour qu’il puisse accepter le fuel iranien. N’est-ce pas des propos logiques ?  Des propos calmes ?  Nous avons profité de notre amitié avec l’Iran pour obtenir du fuel, vous autres, profitez de vos relations avec les Etats-Unis pour obtenir les autorisations. Ce n’est pas impossible. En Irak il y a des autorisations de ce genre, en Afghanistan, sous le précédent gouvernement, il y en avait aussi. Ils prenaient du gaz et de l’essence d’Iran.  Faites-en de même, si vraiment vous avez à cœur les souffrances du peuple libanais et si vous voulez l’aider. Nous avons accompli la moitié du chemin, à vous d’accomplir l’autre moitié, à travers l’obtention d’une autorisation de la part des autorités américaines pour le gouvernement libanais. Mais je l’ai dit par le passé, nous sommes maîtres de nos décisions auprès du wali al Fakih, nous le prouvons chaque jour. Mais vous qu’êtes-vous auprès des Américains, des Saoudiens et des autres ?  Etes-vous des maîtres, des esclaves, des instruments ou quoi ?  C’est un grand défi aujourd’hui. Allez-y donc, obtenez une autorisation spéciale et je vous garantis que les bateaux iraniens de fuel prendront le large vers le Liban et nous sortirons de ce grand problème dont souffre le peuple libanais.

Deux mots encore au sujet de la réunion du gouvernement. Il y a actuellement un débat au Liban sur le fait de savoir si un gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes peut se réunir ou non. Ce débat est lié aux dispositions de la Constitution. Il est lié à la question du consens et de la participation de toutes les composantes du pays au mécanisme de décision. Ce débat a commencé en réalité avant la période de vacance présidentielle et avant le départ du président Michel Aoun du palais de Baabda. Le gouvernement chargé des affaires courantes peut-il se réunir ou non, en période de vacance présidentielle ?  Les experts ont donné leur avis. Tout le monde se souvient combien le Hezbollah a poussé, au cours des dernières semaines avant l’expiration du mandat présidentiel vers la formation d’un nouveau gouvernement.  Mais le résultat est qu’un nouveau gouvernement n’a pas été formé.  Nous savions qui en était responsable, mais aujourd’hui, je ne veux pas faire assumer de responsabilités à qui que ce soit.  Un jour peut-être j’en parlerai. Nous sommes donc arrivés à la vacance présidentielle et le débat constitutionnel a eu lieu.  De nombreux experts constitutionnels chrétiens et musulmans, pour que le sujet ne prenne pas une tournure confessionnelle entre chrétiens et musulmans (dans le genre les chrétiens disent que ce n’est pas constitutionnel alors que les musulmans disent le contraire),  ont dit  que la réunion du gouvernement est constitutionnelle et des experts chrétiens et musulmans ont dit que la réunion du gouvernement ne l’est pas. Il faut préciser que la plupart des experts chrétiens et musulmans disent qu’une réunion du gouvernement est constitutionnelle s’il y a des questions urgentes à traiter. Nous, au Hezbollah, nous partageons cette opinion, qui est un sujet de conflit avec certains de nos amis et alliés. Nous autres, entre nous, nous partageons cette opinion et nous en avons discuté. Il s’agit d’une conviction constitutionnelle et liée à notre foi et à notre conscience des problèmes du peuple ; Il ne s’agit donc pas d’être complaisants avec telle partie ou d’entrer en conflit avec telle autre. Notre conviction dit donc que le gouvernement chargé des affaires courantes a le droit de se réunir pour traiter  des questions urgentes, comme celle des malades du cancer et des médicaments ou des hôpitaux... Nous avons donc participé à la première réunion du gouvernement consacrée à ces sujets. Beaucoup d’articles ont été écrits sur le sujet et des déclarations ont été faites sur le fait qu’il s’agit d’un message politique. Nous autres, nous étions simplement soucieux de la situation des gens, de leurs besoins et de leurs soucis. C’est la vérité. Il n’y a rien d’autre, aucun message politique caché. Ce sujet est, pour nous, lié à nos convictions et à notre conscience, à notre sens des responsabilités, aux besoins des gens. Nous savions que cette décision aurait des conséquences, mais nous les acceptons. Il y a aussi un autre aspect qui n’est pas lié à notre décision, mais que je voudrais mentionner. Si nous n’avions pas assisté à cette réunion, elle n’aurait pas eu lieu et à ce moment-là, tous les médias payés et les armées électroniques auraient affirmé que le Hezbollah laisse mourir les malades du cancer. Il paralyse les hôpitaux, il assume la responsabilité des ordures dans les rues de toutes les villes du pays... ils ne diront rien d’autre. Ils ne parleront pas du CPL ou d’autres parties ; Toutes leurs attaques iront vers le Hezbollah. Nous serons alors injustement pointés du doigt.  Nous n’avons pas besoin de cela aujourd’hui. Je dis cela en rappelant que ce n’est pas la raison de notre décision, mais pour confirmer ce que tout le monde sait.

Aujourd’hui, c’est la même chose avec l’électricité. Nous avons un problème avec l’électricité et nous avons un problème avec l’Irak puisque l’accord conclu est fini. Il faut le renouveler ou le prolonger.  Il y a aussi un problème avec les bateaux au large des côtes libanaises, qui coûtent chaque jour une pénalité  au trésor libanais et donc au contribuable. Nous avons d’ailleurs entendu au cours des derniers jours les polémiques entre la Présidence du Conseil et le ministère concerné et certaines forces politiques, sur le fait que quelqu’un a contacté l’autre et ce dernier n’a pas répondu et ainsi de suite...Tout cela n’apporte pas du courant et ne nourrit pas le peuple. Il y a aussi le problème du crédit à accorder et le Président du Conseil qui dit que ce n’est pas possible un crédit d’une telle ampleur 62 millions de dollars qui ne soit pas accepté par le gouvernement... Il fallait recourir donc à la solution possible pratique, loin des avis et des jurisprudences.  Il y a peut-être d’autres solutions que certains n’acceptent pas. Le plus logique était donc de recourir aux solutions possibles qui consiste dans la réunion du gouvernement chargé des affaires courantes pour trancher sur la question du fuel avec l’Irak. Il ne s’agit pas de régler le problème de l’électricité. Pour cela, il faut une décision courageuse. Mais il s’agit d’accepter d’accorder un crédit pour renouveler l’accord pour le fuel irakien. Ce qui devrait permettre d’améliorer l’approvisionnement en courant électrique. C’est cela le but de la réunion. Personne n’a dit qu’elle devait apporter des solutions radicales, mais traiter une partie du problème, et nous en avons besoin au moment où les Américains interdisent  toute aide iranienne et russe et empêchent l’Egypte de nous vendre du gaz et la Jordanie de nous donner du courant électrique. Quelle est donc la solution ?  C’est cela la solution provisoire. Elle est mieux que le maintien de la situation actuelle. Nous avons émis le souhait au Président du Conseil de limiter l’ordre du jour de cette réunion à ce point. Il a peut-être été dérangé lorsque nos ministres ont déclaré : Nous nous rendons à cette réunion pour discuter la question de l’électricité. Je le dis en toute sincérité. Nous ne discutons pas du fait de savoir si les autres points de l’ordre du jour sont importants et urgents. Ils peuvent l’être. Nous avons demandé que l’ordre du jour se limite à la question la plus urgente, celle de l’électricité. Nous ne voulons pas dépasser cela pour ne pas provoquer une plus grande tension politique dans le pays.  En disant que nous nous limitons à l’électricité, nous ne voulons pas dire que les autres points ne sont pas importants et nécessaires, notamment ce qui concerne les promotions, la santé ou l’éducation. Le moment peut venir de traiter ces dossiers Mais pour l’instant, nous voulons aller vers le plus urgent pour éviter les tensions politiques dans le pays.  Cela montre notre souci  du pays. Nous ne voulons donc pas aller  vers de plus grands conflits ou vers des batailles, et surtout pas vers la volonté d’exclure qui que ce soit. Il y a donc un besoin urgent dans le pays. C’est cela notre souci. En même temps, nous comprenons les positions des autres et le fait que le président de la République a le droit de mettre un ordre du jour... En tout cas,  demain, le Conseil des ministres est souverain.  En ce qui nous concerne, nous nous rendons à la réunion pour traiter la question de l’électricité. Nous ne voulons défier personne. Ni en assistant à la réunion, ni en nous retirant si le Président du Conseil et les ministres une fois cette question traité, décident de passer à un autre sujet.  Nous agissons selon nos convictions. Nous voulons traiter les problèmes des gens et être partenaires dans ces traitements, avec le moins possible de tensions politiques. Je souhaite que tout le monde aborde ce sujet  avec ce même niveau de responsabilité, tout en réitérant notre souci du respect du pacte et de la participation de toutes les composantes aux décisions. Il faut toutefois rappeler que certaines parties politiques et religieuses chrétiennes approuvent la décision du président du Conseil de réunir le gouvernement pour traiter des questions urgentes, comme celle de l’électricité.  Dans ce contexte, la participation de toutes les composantes peut devenir secondaire. En tout cas, nous ne voulons pas porter un coup au Pacte, ni au système ni à la Constitution, ni au partenariat. Nous allons simplement pour traiter un problème urgent qui touche tous les Libanais dans leur vie quotidienne. C’est ce qu’il nous est possible de faire. J’espère que toutes les parties aborderont  cette question avec ce sens des responsabilités, loin des accusations, des polarisations  et des supputations sur de mauvaises intentions.  Nous n’allons pas vers un nouvel alignement  car nous n’avons pas abandonné le nôtre. Nous ne cherchons pas à être complaisants ni avec le Président du Conseil, ni avec les autres forces qui appuient la réunion du gouvernement. Nous assumons simplement nos responsabilités morales et humaines devant les gens en participant à cette réunion du gouvernement.

Pour finir, je voudrais encore vous remercier pour votre présence qui est en réalité, une participation à l’hommage rendu à un grand chef. Nous aurons toujours besoin de son esprit, de sa pensée, de ses sacrifices et il restera toujours une grande source d’inspiration et une présence dans nos consciences, nos âmes, nos cerveaux et notre volonté. Merci encore.

 

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