Discours de sayyed Hassan Nasrallah à l’occasion de la Journée du martyr du Hezbollah
Au nom de Dieu
Chers frères et sœurs, chaque année nous nous retrouvons à cette date pour rendre hommage à nos martyrs. Pour rappel, c’est en un jour comme celui-ci que l’émir des martyrs, Ahmad Qassir a pris d’assaut le siège du gouverneur militaire israélien à Tyr et l’a complètement détruit. Cette attaque avait abouti à la mort de plus de cent officiers et soldats israéliens en une seule minute. Cette opération a ébranlé l’entité ennemie et nous disions toujours qu’elle a inauguré l’ère des opérations-martyres, qui ont marqué la confrontation avec l’occupant israélien au Liban. Ce genre d’opérations a aussi jeté les fondements de la première libération, lorsque l’ennemi a été contraint après moins de trois ans à se retirer de Beyrouth et de ses environs, de Saïda, Nabatiyé, la Békaa Ouest et Rachaya. Tout a commencé à partir de cette opération qui a été un véritable traumatisme et une grande surprise pour l’ennemi qui ne s’y attendait absolument pas. Les calculs de l’ennemi en 1982 étaient qu’il resterait au sud et cohabiterait avec les Libanais dans la plupart des régions, en particulier au Sud. Ce serait des années de calme, de sécurité et de stabilité qui permettraient le maintien de l’occupation. Nous ne voulons pas revenir à ces années, mais tout le monde connaît les calculs de l’ennemi et sa façon de vouloir profiter des guerres internes, des divisions internes de la lassitude et du désespoir internes...
Lorsque Ahmad Qassir a attaqué le siège du gouverneur militaire israélien à Tyr et que cette opération a causé de telles pertes à l’ennemi, des pertes qu’il n’avait jamais eues auparavant, celui-ci a été choqué. Ce qui s’est effondré le 11/11/1982 ce n’est pas seulement le bâtiment qui abritait le siège du gouverneur militaire israélien, mais aussi tous les rêves israéliens de faire entrer le Liban dans l’ère israélienne. Ces rêves se sont envolés à jamais. C’est cela l’importance de ce point de départ et cette opération extraordinaire a jeté les fondements de la première libération en particulier dans sa première étape.
Après cette opération, l’ennemi a commencé à revoir ses calculs et à planifier un retrait. Nous répétions chaque année que cette opération est la plus grande dans le cadre du conflit arabo-israélien et nous souhaitions qu’il y en ait une autre encore plus importante. C’est ce que nous souhaitons toujours de la part des Palestiniens ou des Libanais ou encore de tout résistant au sein de la résistance contre cette entité injuste et occupante.
C’est donc ce jour précis que le Hezbollah a choisi comme Journée de son martyr comme le font ceux qui respectent leurs martyrs et choisissent une journée pour leur rendre hommage. La Journée du martyr est celle de tous les martyrs et pas seulement des chefs, des ulémas, des kamikazes tombés en martyre. Elle est celle de tous ceux qui sont morts dans le cadre de ce conflit, quelle que soit leur appartenance avant de mourir en martyr.
Cette journée est donc pour tous nos martyrs. Nous parlons bien sûr des martyrs du Hezbollah, mais nous considérons aussi tous les martyrs des différents mouvements ou factions de la résistance comme les nôtres, au Liban, en Palestine, en Syrie, au Yémen, en Irak, en Iran, à Bahreïn dans toute la région. Ils nous sont tous très chers. Mais il est aussi normal que nous ayons une attention particulière pour nos martyrs, sachant que cette journée est l’occasion de rencontrer les familles des martyrs et de parler de nos disparus qui nous regardent de là où ils sont parce qu’ils sont vivants chez Dieu. Je dirais même que ce sont eux les véritables vivants. Cette année, nous célébrons aussi en cette Journée du martyr, les 40 printemps de nos martyrs. Nous retrouvons aujourd’hui les familles de ceux qui sont tombés au cours de ces 40 années et ces familles ont donné leur vie et leur temps à la résistance. Nous saluons aussi tous ceux qui sont tombés au cours de ces 40 ans dans le cadre de la résistance, même s’ils ne sont pas morts sur le champ de bataille. Ils ont sacrifié, lutté et contribué à la résistance et Dieu a voulu qu’ils se reposent de ce monde. Pour nous, ils ont tous cru en cette voie et ils ont mis leurs vies en danger pour elle. Pour nous, ils sont au niveau des autres martyrs.
En cette journée, je voudrais dire que le parcours de la résistance qui célèbre ses 40 ans ne cessera pas de donner des martyrs.
Nous pensons que le fait pour la résistance de continuer à donner des martyrs est d’abord grâce à Dieu, mais aussi grâce aux pères et aux mères, aux familles croyantes et moujahida qui ont éduqué leurs enfants dans cette foi et cette culture, dans cet esprit et pour cette voie.
Je peux dire sans exagérer que 98% de nos martyrs sont des jeunes entre 18 et 23 ans. Même nos chefs, comme sayyed Abbas n’avait pas dépassé les 40 ans lorsqu‘il est tombé en martyre. Cheikh Ragheb avait 31 ans... La majorité absolue de nos martyrs avait donc entre 20 et 30 ans.
Ils auraient pu, comme la plupart des jeunes de leur âge dans n’importe quel pays songer à leur avenir personnel, à leur propre vie, au lieu d’assumer une telle responsabilité, de se rendre sur les champs de bataille, sur les chemins de la mort, du sang et de la peur. Mais ils ont préféré cette voie à cause de leur foi, de cette culture et de cet esprit dans lequel ils ont été éduqués.
Nous sommes convaincus, dans notre parcours, que les pères et les mères ont encouragé leurs fils et leurs filles à rallier ce chemin. Cela a aune valeur morale et spirituelle particulière. Ils les ont encouragés à aller sur les champs de bataille, et c’est très important. Car la bénédiction des parents à l’égard de ce qu’entreprennent leurs enfants a un grand impact.
Certaines familles n’ont pas empêché leurs enfants d’aller dans les champs de bataille. Mais d’autres les ont carrément encouragés et les ont aidés à porter les uniformes guerriers. Exactement comme l’avait fait cette mère zeinabite à Karbala avec son fils pourtant bien jeune, ou cette sœur avec son frère. Ce sont des valeurs éducatives et spirituelles très élevées.
Lorsque leurs enfants ou proches sont tombés en martyre, ces familles ont confié leur douleur à Dieu. Elles ont décidé d’en être fiers et de porter leurs messages. Je parle des pères, des mères, des épouses, des fils et des filles qui ont porté ce lourd poids de perdre un être cher et parfois un soutien de famille. Ils ont fait preuve de courage et de patience et ils ont tenu à poursuivre le chemin tracé par leurs martyrs, de travailler pour atteindre la victoire et les buts que leurs martyrs s’étaient fixés. C’est pourquoi nous voyons aujourd’hui des fils de martyrs, voire des petits fils de martyrs, devenus des résistants, et même des cadres et des chefs au sein de cette résistance. C’est la façon la plus élevée de respecter leur testament.
Notre environnement a traité ce phénomène avec beaucoup de positivisme et de respect. C’est aussi très important. Cela fait d’ailleurs partie des particularités de notre parcours. Nous sommes tous conscients de l’importance et de la valeur des martyrs, ainsi que celles de leurs sacrifices et de leurs souffrances. Chaque martyr passe par deux étapes : la première est celle de son engagement au sein de la résistance, son enrôlement et son jihad pour lequel il a donné son temps, son sang et sa vie et la seconde c’est la fin heureuse de ce jihad, de cet engagement et de ce combat...
Nous respectons donc à leur juste valeur leurs souffrances et ce que nos martyrs ont fait pour nous et pour nos symboles sacrés, pour nos patries, nos peuples, notre liberté, notre dignité et notre sécurité. Dans la seconde étape, nous leur rendons hommage et nous sommes fiers d’eux alors qu’ils sont déjà honorés chez Dieu. Nous savons que si nous sommes encore là aujourd’hui, si nous avons réussi à vaincre cet ennemi qui a voulu occuper notre pays en 1982, qui a voulu l’avaler et qui y a accompli les pires horreurs, c’est grâce à eux. C’est un grand atout que celui de connaître nos points forts face à l’ennemi. Lorsque nous les ignorons ou nous évitons de les prendre en considération, nous devenons faibles et nous devenons une proie facile pour l’occupant, l’agression et l’humiliation... Par contre, lorsque nous estimons à leur juste valeur leur combat et leur lutte, lorsque nous les reconnaissons et leur rendons hommage, nous sommes forts et en mesure de remporter des victoires. Nous autres, nos martyrs sont connus. Nous avons récupéré les corps de certains et d’autres pas encore, l’ennemi nie parfois leur existence, d’autres sont encore sur les champs de bataille, mais nous ne les oublions jamais. Même ceux dont les corps n’ont pas été récupérés sont toujours présents dans nos esprits et nos cœurs, dans notre subconscient. Pour certains nous ne savons pas s’ils sont morts ou vivants et nous partageons la douleur de leurs familles et de leurs proches. Nous suivons ces questions jour par jour et minute par minute. De même, nous n’abandonnons pas les nôtres retenus dans les geôles ennemies, tout comme nous travaillons jour et nuit pour récupérer les corps de nos martyrs encore chez l’ennemi et pour connaître le sort de nos disparus. Nos martyrs sont de toutes les régions du pays, de tous les âges, des hommes et des hommes, même si la majorité est des hommes. De même, je ne peux pas ne pas relever l’émotion qui est la nôtre en voyant le grand père, le père et le fils, des générations entières dédiées à la résistance et aspirant au martyre. Pourquoi c’est important ? Parce qu’il s’agit d’une lutte transmise de génération en génération. Le martyr ne fait plus partie du passé, mais du présent et de l’avenir aussi. Il s’agit donc d’une résistance continue dans laquelle le grand père, le père et le petit-fils se tiennent côte à côte. C’est un élément de force très important. Car si nous regardons le monde autour de nous, les révolutions, l’occupation israélienne de 1982, nous voyons que la première génération a un grand enthousiasme et une grande capacité à relever les défis et à supporter les difficultés, la seconde génération a un peu moins, et la troisième beaucoup moins. C’est en tout cas le pari de l’ennemi qui croyait que la troisième génération aurait perdu le sens du combat et la volonté de se battre. Il pensait que la génération des petits fils serait trop prise par les problèmes de la vie quotidienne pour avoir l’envie de se battre. Un grand travail est d’ailleurs accompli sur la troisième génération dans nos sociétés arabo-musulmanes, et le Liban en fait partie, pour tenter de les détourner de l’essentiel, de distraire les jeunes gens avec une culture de plaisirs, de relâchement moral et social, de destruction des familles à travers l’homosexualité, que les Etats-Unis et d’autres pays dans le monde cherchent à intégrer dans les programmes éducatifs. Au Liban, nous devons rester vigilants. Il y a aussi des tentatives pour banaliser l’usage des drogues, il y a des documents sur cela au ministère des Affaires étrangères américain. Il y a aussi une volonté de profiter de la révolution des télécoms pour introduire des idées qui sèment la confusion dans l’esprit des jeunes. Avant, le père et la mère pouvaient contrôler plus ou moins les activités de leurs enfants à travers la télévision ou les revues et les livres. Mais aujourd’hui, ce n’est plus possible, avec le petit appareil téléphonique portable, il a accès à tout et de façon incontrôlable. Cela a été renforcé avec le COVID 19 et l’enseignement on line. Les mauvaises idées ont ainsi été introduites dans les maisons et dans les esprits par le biais du téléphone portable... En tout cas, jusqu’à présent, ce pari sur la troisième génération a été perdu dans notre région. Preuve en est que les martyrs de ces dernières années sont pour la plus grande partie des jeunes, qui sont des fils ou des petits fils de martyrs ou de jihadistes. Nos jeunes, nos fils et nos petits fils continuent à avoir notre culture et notre pensée. Ils gardent la même foi et le même enthousiasme, ils sont prêts à donner leur vie pour la même cause.
Cela a d’ailleurs surpris l’ennemi en Palestine occupée. Ce qui s’est passé en Cisjordanie et à AlQods, à Gaza et dans toute la Palestine la pris de court. Il misait sur la lassitude des anciennes générations et sur le manque d’intérêt des nouvelles, trop occupées par internet et les réseaux sociaux. Il a été surpris par les jeunes, notamment le martyr Oudaï Tamimi devenu un symbole pour ses camarades. Chaque jour, un nouveau nom est ajouté à côté de celui de Oudaï Tamimi. L’ennemi en est tout étonné. Ilm le dit comme il l’avait été lors de l’attaque du 11/11 /1982, alors qu’il avait misé sur la lassitude des Libanais et qu’il avait été surpris par l’opération menée par Ahmed Kassir. Aujourd’hui, c’est donc la même situation en Palestine, avec Oudaï Tamimi et ses compagnons. Je dis aux Américains et aux Israéliens, aux occupants : ne misez pas sur la lassitude des nouvelles générations. Elles conserveront toutes le même esprit, la même détermination et la même foi. Certes, il est de notre responsabilité à tous, les pères, les mères, les ulémas, les enseignants, ceux qui s’occupent des questions publiques de garder les yeux ouverts sur les nouvelles générations, pour ne pas les laisser à la merci des médias occidentaux, des tentations de corruption, de drogue et de perte des valeurs et des repères. Nous devons rester vigilants.
Je vais passer maintenant à certains sujets politiques liés à la résistance. Les élections israéliennes, les élections américaines, la présidence au Liban.
Au sujet des élections israéliens, nombreux sont ceux qui se sont demandé quel sera l’impact de l’arrivée des extrémistes de droite et de Netanyahu au pouvoir. Pour nous, dans notre culture, il n’y a aucune différence entre eux. Ils sont tous pires les uns que les autres. Tous les gouvernements qui se sont succédé au sein de l’entité ennemie, depuis l’époque de Ben Gourion étaient criminels, terroristes, durs et occupants. Ils ne possédaient aucune valeur morale ni humaine. Ils se moquaient de nous en parlant de modérés, de droite ou de gauche. Mais, nous, au Liban, nous savons au moins que toutes les guerres menées contre nous ont été lancées par ce qu’on appelle les gouvernements modérés chez l’ennemi, autrement dit les Travaillistes, Itzhak Rabin, Shimon Pérès etc. cela ne change rien pour nous donc. Certes, ces élections ont des conséquences sur l’intérieur palestinien. Il faut suivre les développements là-bas en raison des divisions aigües internes. Il faut voir si celles-ci vont augmenter et dans quelles mesures elles auront une influence sur les options du pouvoir. Par exemple si des responsabilités sensibles seront confiées je ne dirais pas à des extrémistes, car ils le sont tous, mais à des fous... En tout cas, les fous ne nous font pas peur, au contraire, nous estimons qu’ils annoncent la fin de l’ennemi et sa défaite. Ces élections peuvent avoir un impact sur le plan de l’escalade et de la confrontation à l’intérieur de la Palestine. Cela aussi devrait accélérer la fin de l’entité. Concernant le Liban, ce pays est protégé par Dieu et l’équation de la force actuellement en place, celle de l’armée, du peuple et de la résistance. Lorsque nous sommes forts, cet ennemi qu’il soit de droite ou de gauche, du centre ou de l’extrême, tient compte de la force. Pour nous, notre force est là, quel que soit le président du Conseil chez l’ennemi. Concernant l’accord pour l’exploitation des ressources gazières et pétrolières, rien n’indique qu’il sera remis en question, même si Netanyahu avait annoncé cela lorsqu’il était en pleine campagne électorale. En tout cas, nous suivons les développements. Certains estiment que la garantie de l’application de l’accord, c’est l’administration américaine. C’est bon. Nous espérons que les Américains respecteront leur engagement, même s’ils n’ont pas l’habitude de le faire. Vous pouvez demander leur avis à nos frères palestiniens qui se sont lancés dans un processus de compromis avec l’ennemi avec des garanties et des engagements américains. Où en sont-ils maintenant ? En tout cas, notre véritable garantie au Liban, c’est notre force. Tant qu’elle existe, nous n’avons aucune crainte à avoir. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous ne devons pas être inquiets, mais au contraire, tranquilles. Toutes les causes qui ont abouti à ce résultat sont encore là et elles le resteront inchallah pour renforcer le Liban.
Le second sujet ce sont les élections américaines. Dans la région, beaucoup se soucient de savoir qui aura la majorité à l’assemblée ou au sénat. Pour nous, là aussi, c’est la même chose. Que les Démocrates ou les Républicains soient au pouvoir aux Etats-Unis, le projet américain reste le même et les objectifs sont les mêmes. Les différences sont dans le langage utilisé, dans les tactiques et les moyens utilisés, dans les méthodes et dans les mensonges aussi. Mais les objectifs principaux et les constantes ne changent pas ; nous, les peuples de la région, nous n’avons vu de la part des administrations américaines successives que les guerres, l’hégémonie, l’occupation, le pillage des ressources et la confiscation de l’indépendance de la région. En tête des crimes de ce que nous appelons «Le Grand Satan» dans notre région, il y a la création de l’entité dite «Israël». Les Américains assument la plus grande responsabilité du maintien de cette entité dans notre région. Les administrations successives, démocrates et républicaines se vantent toutes de leur appui à «Israël». Biden, que le monde avait considéré comme modéré avait déclaré et il l’a répété récemment en présence du président de cette entité : «S’il n’y avait pas «Israël» dans la région, nous l’aurions créé». Qu’est-ce que cela signifie ? Que tous les crimes commis par les Israéliens chaque jour à travers leurs agressions, leur occupation, leurs arrestations, leur cruauté et leurs crimes contre l’humanité sont couverts par les Américains, qu’ils soient démocrates ou républicains. Maintenant, si vous mettez la télé sur des chaînes satellitaires, vous voyez immédiatement la couleur rouge ou bleue pour distinguer les Démocrates des Républicains. Mais moi j’ai dit à un ami, le diable reste un diable qu’il soit en rouge ou en bleu. Par conséquent, rien ne change, ni les projets, ni les convictions. C’est pourquoi je crois qu’au lieu de lier notre sort, dans la région à la victoire ou à la défaite de tel ou tel autre camp aux Etats-Unis et d’attendre les changements qui pourraient en découler, nous devons revenir à nous-mêmes, miser sur notre force et sur notre unité. Nous devons donc unifier les rangs et travailler à dépasser les discordes entre nous, renforcer le dialogue pour consolider nos éléments de force nationale. Nous devons aussi miser sur Dieu et sur nos amis sincères qui veulent nous aider sans piller nos ressources, confisquer notre décision et toucher à notre dignité. Le citoyen responsable devrait se comporter de cette façon.
Je voudrais ici commenter ce qu’a déclaré la secrétaire d’Etat américaine adjointe pour les questions du Proche-Orient il y a quelques jours. Elle avait évoqué des scénarios concernant le Liban, catastrophiques et dangereux. Je ne veux pas discuter ces scénarios, mais juste m’arrêter sur une phrase qu’elle a prononcée. Lorsqu’elle a parlé d’un scénario catastrophe qui permettra au Liban de se débarrasser du Hezbollah, elle a utilisé un mot en anglais que certains ont traduit par «peste», d’autres par «microbe» et d’autres encore par «malédiction». Je ne peux pas faire un choix, car je ne suis pas spécialiste en langue anglaise. Mais qu’elle ait parlé de microbe, de malédiction ou de peste, je voudrais revenir un peu sur ce sujet. Sans vouloir ouvrir les dossiers du passé, mais en cette journée du martyr, et des 40 printemps, nous nous souvenons de l’invasion israélienne de 1982 et de ce qui a été accompli dans ce cadre lors de l’entrée dans la capitale Beyrouth et dans la plupart des régions libanaises, ce que les Israéliens ont fait avec les Libanais et les Palestiniens, les Syriens, bref avec tous ceux qui étaient là. Des crimes de guerre ont été accomplis, des massacres... avec l’appui de qui ? Avec la protection de qui ? Avec le financement de qui ? Des Etats-Unis. Si donc l’invasion israélienne de 1982 était une malédiction, un virus ou la peste, nous avons réussi à nous en débarrasser, mais il faut savoir que c’est de fabrication américaine «made in USA». Tout le monde le sait. C’est vous la malédiction. Tous les crimes commis par les Israéliens de 1982 à 2000 au sud et dans la Békaa Ouest, à Rachaya et ailleurs sont documentés et les témoignages sont filmés... Ce sont donc les administrations américaines (je ne parle pas du peuple américain) qui sont la peste et la malédiction pour notre pays.
La résistance, dont le Hezbollah constitue une faction importante aux côtés des autres factions et mouvements, a débarrassé le pays de cette malédiction et détruit la peste que les Américains avaient amenée. La malédiction américaine est hélas chassée par la porte mais elle entre par la fenêtre. Le virus américain est chassé par la fenêtre et il s’introduit par la lucarne ou le petit trou. Il s’infiltre de nouveau et ses ambitions et ses objectifs n’ont pas de limites. Après 2000 et la destruction de la région par les guerres d’Afghanistan en Irak jusqu’à la guerre de juillet 2006 au Liban à travers laquelle les Américains ont voulu créer un Nouveau Moyen Orient, tout cela ce sont donc eux qui l’ont fait directement. Ce sont eux la peste et le virus et le Hezbollah n’a pas cédé devant eux. Au cours de la dernière décennie qui a introduit les takfiristes et les terroristes en Syrie et en Irak ? Qui les a amenés des quatre coins de la planète ? Trump lui-même accuse Hillary Clinton et l’administration Obama, la CIA et l’armée américaine d’être derrière cela. La peste takfiriste et terroriste ce sont les Américains qui l’ont amenée dans la région et au Liban. Le Hezbollah, l’armée libanaise, le peuple libanais et l’Etat libanais ont affronté ce virus et cette peste dans le jurd de la chaîne orientale. Pour ne pas être long, je vais juste encore rappeler le chaos que les Américains ont introduit en octobre 2019. Je le dis aujourd’hui, parce qu’ils commencent à en parler eux-mêmes. Ils disent qu’au cours des années précédentes, nous avons envoyé des ONG que nous avons entraînées, formées et financées. Je ne parle bien sûr pas de toutes les ONG. Mais nous autres, nous avons eu le courage de dénoncer depuis le début ceux qui se tiennent derrière ces ONG, alors que certains avaient été séduits par leurs slogans brandis pendant les manifestations.
Pourquoi tout cela a-t-il fondu comme neige au soleil ? Car les faits sont apparus et avec eux, les intentions cachées, notamment les parties qui voulaient le chaos au Liban après l’échec d’y allumer une guerre civile. Ce sont les Américains qui ont parrainé ce mouvement qui n’a respecté aucune ligne rouge. Ni le président de la République, ni le président de la Chambre, ni le Premier ministre, ni le ministre, ni le député, ni les autorités religieuses, ni les partis, ni la moindre force , ni les épouses et ni les mères bref rien. Tout cela était prémédité et n’était pas un simple débordement, les insultes, les accusations, les diffamations et les condamnations contre tout le monde de corruption et de culpabilité... Les seuls saints étaient ceux qui se réfugiaient à l’ambassade américaine au Liban. Le mouvement d’octobre 2019 ne réclamait-il pas, entre autres choses, la démission du président de la République ? Celle du gouvernement et celle du Parlement ? Qu’est-ce que cela signifie ? La réduction de l’Etat. C’est cela la malédiction américaine, le virus et le microbe qu’ils ont introduits et contre lesquels se sont dressés avec force et courage certains nationalistes au Liban, dont le Hezbollah... Cette malédiction s’est poursuivie contre le Liban et ses traces sont apparues dans la crise économique et quotidienne, dans l’effondrement structurel financier et administratif. Avec elle, le blocus américain a commencé et il continue jusqu’à aujourd’hui. Rien n’a changé. Certes, certains vont dire qu’il n’y a pas de blocus américain. Je vais m’arrêter un peu sur cette question. Le blocus américain ne signifie pas que les navires américains se postent devant les eaux territoriales libanaises ou à la frontière terrestre syro-libanaise. Il y a «Israël» pour cela ! Le blocus dont nous parlons, ils l’imposent en étant assis à Washington. Il est ainsi interdit à tout Etat d’apporter des aides au Liban ou même d’y investir. Il est interdit à tout Etat de tendre la main au Liban de mettre des dépôts dans la Banque centrale du Liban etc. c’est cela le blocus, aujourd’hui. Il est dû à la crainte de faire l’objet de sanctions américaines. Nul n’a donc le droit d’aider le Liban et le pire c’est qu’aucun Etat dans le monde n’ose braver les interdictions américaines. Ensuite, si quelqu’un ose le faire, les Américains interdisent à l’Etat libanais d’accepter la moindre aide. C’est cela la malédiction et la peste. Nous avons entendu au cours des derniers jours que les Russes souhaitaient faire des dons au Liban, un don de fuel et un don de blé. Mais nous allons voir si le Liban sera autorisé ou aura le courage de les accepter.
Il y a deux problèmes à ce niveau. Les Américains peuvent venir frapper les Libanais sur leurs mains comme s’ils étaient des enfants dissipés et les empêcher d’accepter les dons proposés, en les menaçant de conséquences. C’est ce qui s’est passé au sujet du don iranien, lorsque le Liban continuait encore à subventionner l’essence, le mazout et le gaz et payait en général en devises étrangères. Nous avions parlé avec les frères en Iran et ils avaient accepté il y a deux ans de nous vendre des carburants en Livres libanaises et de nous faire même un prix. Les experts avaient alors dit que cela permettrait à l’Etat libanais de faire des économies de milliards de dollars pour le Trésor, tout en maintenant le taux de la Livre au même prix. Ce qui devait aider grandement les Libanais. Pourquoi cela ne s’est-il pas concrétisé ? Parce que les Américains l’ont interdit et ils ont menacé les Libanais. Certes peuvent dire que dans ce cas, il s’agit d’une opération de vente et d’achat c’est pourquoi elle est passible de sanctions américaines. Mais il y a quelques mois, il a été question d’un don de fuel iranien qui aurait pu permettre de donner aux Libanais entre 8 et 10h de courant électrique par jours dans les 6, 7 ou 8 mois qui suivent son arrivée. Cela aurait été un développement important pour la vie quotidienne des Libanais. Nous en avons donc parlé avec les responsables iraniens qui, nous les en remercions, avaient accepté l’idée. Des contacts avaient été entrepris entre le Liban et l’Iran. Une délégation du ministère de l’Energie libanais s’était rendue en Iran pour s’entretenir avec le ministère iranien de l’Energie. Bien entendu, les Libanais n’avaient pas eu le courage d’envoyer le ministre de l’Energie, car il s’agit d’un responsable politique. Ils ont préféré en rester à la délégation technique. Pas de problème, car l’essentiel était pour nous était d’obtenir des résultats concrets, exactement comme cela été le cas dans le dossier de l’exploitation des ressources gazières et pétrolières. Nous ne voulons pas marquer des points contre qui que ce soit. Nous sommes comme les autres Libanais et nous vivons les mêmes problèmes. Nous savons donc ce que signifie pour le pays entre 6 et 10 heures de courant électrique par jour... La délégation libanaise s’est donc rendue en Iran. Il y a eu des discussions. La partie libanaise a demandé une quantité précise de fuel et la partie iranienne a accepté, sans conditions, ni remarques. La République islamique d’Iran veut aider l’Etat et le peuple libanais dans la crise qu’ils traversent actuellement. Cela fait maintenant trois mois et peut-être même plus, toutes les formalités ont été accomplies mais le dossier reste en suspens. Pourquoi ? Parce que les Américains l’ont bloqué. De nouveau la malédiction américaine est entrée en action. La délégation libanaise se rend en Algérie et supplie Sunatrak de vendre du fuel au Liban... La délégation libanaise se rend de capitale en capitale à la recherche de fuel que le Liban va payer en monnaies sonnantes et trébuchantes, mais il n’a pas le droit d’accepter le don d’un Etat ami qui ne demande rien en échange et qui ne veut que nous aider. Les Libanais n’osent pas accepter parce que les Américains les ont menacés et le leur ont interdit. Le peuple libanais doit savoir cela.
Dans ce cas qui est la malédiction pour le Liban ? Qui est le virus et le microbe ? Certains Libanais peuvent être trompés et se dire que les Américains ont aidé le Liban dans le dossier des ressources maritimes. Le médiateur américain déclare chaque jour que le Liban aura bientôt du gaz, du pétrole et de l’électricité. Je veux leur dire en toute clarté : les Américains n’ont pas signé l’accord avec les Libanais par amour pour eux et pour que les Libanais obtiennent du gaz et de l’électricité. Ils l’ont fait pour éviter que la région ne se lance dans une guerre, car l’administration américaine actuelle a d’autres priorités pour l’instant, liées à la situation entre l’Ukraine et la Russie et aux besoins d’énergie dans la région. De plus, les Américains connaissent la situation au sein de l’entité israélienne et ils savent ce que cela signifierait pour elle d’entrer dans une guerre régionale en ce timing précis. C’est pourquoi ils ont accepté la Ligne 23 aujourd’hui. D’autres s’étaient épuisés pendant dix ans à réclamer cette ligne en vain, parce que les Américains ne le voulaient pas. Le Liban a donc obtenu ce que l’Etat réclamait (Je ne dis pas la totalité de ses droits) en saisissant ce moment historique. Mais si les Américains souffrent réellement pour le peuple libanais et veulent l’aider en lui amenant de l’électricité, pourquoi le gaz égyptien n’arrive-t-il toujours pas au Liban ? Ainsi que l’électricité de Jordanie ? Ce sont bien les Américains qui imposent la Loi César, qui empêchent les aides de parvenir au Liban, qui imposent les dépôts dans la Banque centrale et qui imposent un blocus au Liban.
Si nous regardons dans la région, la catastrophe est encore plus grande. Ce que vit la Syrie aujourd’hui, après sa victoire sur la guerre universelle menée contre elle, sur le plan économique est terrible. Quelle en est la cause ? La loi César imposée par les Américains. Ces mêmes Américains, qui, de leur propre aveu, ont amené des centaines de milliers de takfiristes se battre en Syrie pour y faire chuter le régime. Ils veulent maintenant que le froid et la faim fassent tomber la Syrie, c’est ce que disent en tout cas certains sénateurs. Qui est aussi responsable de la poursuite de la guerre au Yémen ? Qui est responsable de toutes les injustices dans notre région ? Qui est responsable de ce qui se passe en Iran depuis plusieurs semaines ? Je vous le dis chers frères et sœurs, l’Iran a de nouveau vaincu la discorde et le complot américano-israélo-occidental. L’Iran est en train de remporter une grande victoire et cela la rendra plus forte... Qui est donc responsable de tout ce qui se passe dans la région ? En Palestine et ailleurs ? C’est la peste américaine.
Je voudrais dire aux Libanais qu’il ne faut pas se tromper dans le diagnostic. Il faut connaître l’ennemi. Lorsque nous parlons de perspicacité et d’éveil, le plus important élément est de définir et d’identifier son ennemi. Lorsque l’on confond l’ennemi et l’ami on peut recourir à l’ennemi sans le savoir et cela aura de terribles conséquences. Par contre, la personne qui sait identifier son ennemi, qui fait preuve de perspicacité et de clarté dans la vision se fait entourer d’amis loyaux et sincères, de fidèles te de forts.
Il ne faut donc pas se laisser prendre au jeu des Américains, qui se jouent de nous et nous annoncent avec beaucoup de publicité qu’ils ont contribué à inaugurer un puits artésien dans tel village et qu’ils ont augmenté leurs aides au Liban qui sont désormais de 70 millions de dollars... Alors qu’il y a des amis du Liban prêts à lui donner des aides de centaines de millions de dollars. Si vraiment les Américains se soucient des Libanais et souffrent de leurs peines, qu’ils laissent donc ces aides parvenir au Liban !
Nous devons donc condamner cette malédiction et ce microbe et nous devons lutter contre eux, car cette malédiction et ce microbe veulent nous entraîner vers la mort, tout cela pour le bien d’«Israël» dont Biden déclare que si elle n’existait pas, il l’aurait créée.
Le dernier point que je voudrais évoquer, c’est le dossier présidentiel libanais, que nous considérons comme très important.
La vacance au niveau de la présidence n’est un objectif pour personne. Je parle au nom du Hezbollah, mais je ne pense pas que les autres protagonistes libanais veulent cette vacance. Je ne crois pas que la vacance présidentielle soit un projet ou un objectif pour qui que ce soit au Liban, même ceux qui sont nos adversaires ou ceux avec lesquels nous sommes en conflit. Tous veulent donc un président de la République. Nous aussi, nous voulons un président le plus rapidement possible. Certains pensent qu’il s’agit d’une échéance qui concerne les chrétiens et en particulier les maronites. Nous, nous pensons qu’elle concerne tous les Libanais, car la vacance à la présidence touche tous les Libanais et tous ceux qui résident sur le territoire libanais et elle a des répercussions sur toute la situation libanaise, sur le plan social, financier, sécuritaire, économique, quotidien et politique. C’est pourquoi il est dans l’intérêt national général qu’un président de la République soit élu le plus vite possible. C’est indiscutable.
Mais cette urgence ne signifie qu’il faut élire n’importe quel président pour mettre un terme le plus rapidement possible à la vacance. Il y a une contradiction à ce niveau, entre ceux qui disent que cette échéance est très importante, puisqu’il s’agit de choisir la tête de l’Etat pour les six prochaines années et ceux qui la minimisent sous prétexte que depuis Taëf, le chef de l’Etat a perdu une grande partie de ses prérogatives. La vérité est que cette échéance est très importante pour le pays et il faut élire un président capable de remplir cette fonction, non respecter cette échéance à n’importe quel prix car ce serait minimiser l’importance de cette fonction. C’est vrai que le temps presse et que la vacance est néfaste pour le pays mais cela ne signifie pas pour autant que le poste doit être occupé n’importe comment. Il faut donc que toutes les parties travaillent à mettre un terme à cette vacance en élisant la personne qu’il faut.
Chaque partie politique libanaise et chaque bloc parlementaire voit cette échéance de son point de vue. Permettez-moi de dire en quelques minutes, sous quel angle nous la voyons. Ce n’est certes pas le seul angle mais il est important pour nous. Nous estimons que le Liban possède des éléments de force qu’il faut préserver. Une des plus importantes fonctions pour préserver ces éléments de force, c’est la présidence de la République. C’est une question stratégique qui est liée à la force du Liban. Je peux même dire que c’est lié à la sécurité nationale du Liban, de cette patrie, de cette entité et de ce peuple. La résistance est un des principaux éléments de force dans l’équation que nous évoquons constamment, celle de l’armée, du peuple et de la résistance. J’ai déjà expliqué lors des élections et de plusieurs cérémonies que cette résistance est visée. Les propos de la secrétaire d’Etat adjointe le montrent et le pire c’est que les Américains qui continuent à œuvrer en faveur du scénario du chaos et de la guerre civile au Liban pensent que de tels développements pourraient permettre aux Libanais de se débarrasser de la résistance. Tout comme ils avaient supposé que le scénario du blocus et de l’appauvrissement des Libanais allait aboutir à la fin de la résistance. Le pire c’est qu’ils parlent ouvertement de leur appui à l’armée libanaise- permettez-moi d’être franc, même si je l’ai déjà dit auparavant. Ils appuient l’armée libanaise parce qu’ils la considèrent comme la force capable d’affronter la résistance et de l’éliminer. Certes, l’armée, avec son commandement, ses officiers, ses sous-officiers et ses soldats, rejettent totalement cette idée, aujourd’hui et dans le passé. Nous n’avons aucun doute à ce sujet. Mais les Américains en parlent ouvertement (je ne parle pas ici de déclaration ou de documents secrets, en vous invitant à vous assurer de leur authenticité). Ils le disent publiquement à la télévision, surtout lorsqu’ils discutent entre eux au Congress des aides financières et logistiques à l’armée libanaise. Que disent-ils pour justifier cela ? Veulent-ils que le Liban se défende contre «Israël» ? Pas du tout ! Ils veulent que l’armée soit en mesure de faire face à la résistance.
A cause de cette pensée américaine, et en raison de l’intervention américaine dans tous les détails internes libanais, au niveau des commandements et des ministères, je n’ai plus le temps d’entrer dans les détails, même si c’est plus qu’étonnant dans un pays qui se vante d’être souverain, indépendant et libre, alors qu’ils savent que l’ambassade américaine intervient dans tous les détails ministériels et gouvernementaux ... pour toutes ces raisons, nous, au sein de la résistance dans son sens large, je parle de toutes les factions de la résistance, d’Amal et du Hezbollah et des autres formations ainsi que du large public qui appuie cette résistance et qui constitue une partie importante du peuple libanais, nous voulons un président qui rassure cette résistance. C’est naturel et c’est la moindre des choses. Qu’est- ce que cela signifie ? Je vais expliquer un peu ce point. Jusqu’à présent, nous évitons d’entrer dans les caractéristiques du président. Mais je dis maintenant que nous voulons un président à Baabda qui n’ait pas peur si les Américains de l’ambassade, du Département d’Etat ou dans les milieux du commandement lui crient dessus ou le menacent. Nous voulons un président qui ne tremble pas de peur et ne cède pas, qui n’ait pas peur et place l’intérêt national au-dessus de sa propre crainte. Pour être encore plus franc, nous voulons un président qui ne soit pas achetable. Il y a des expériences à ce niveau et les valises sont prêtes. Certains Etats n’ont aucun problème à acheter un président de la République à 50 ou 100 millions de dollars, selon son prix. Si nous sommes réellement des nationalistes, des souverainistes et des indépendants, si nous aspirons réellement à la liberté, nous devons chercher un président qui n’ait pas peur et qui ne soit pas achetable. C’est ce que nous voulons en premier lieu. Nous commençons par là et nous parlerons du reste ultérieurement.
Dans ce pays, nous avons vécu des expériences. Nous parlons franchement maintenant. Indépendamment de l’avis des forces politiques et des personnalités, nous avons vécu au Liban une expérience sous le mandat du président Emile Lahoud. Certains ne l’aiment pas et sont en conflit avec lui et d’autres l’apprécient. Mais ce qui est sûr, c’est que pendant 9 ans, on pouvait être sûr que la résistance qui a fait la libération de 2000 et qui s’est battue militairement et politiquement en 2006 ne serait pas poignardée dans le dos. Pendant 9 ans, la résistance était tranquille, parce que le président de la République ne la vendrait pas, ne la trahirait pas et ne comploterait pas contre elle.
Avec le président Michel Aoun, qu’on l’aime ou non, qu’on soit d’accord avec lui ou non, que l’on apprécie ou non son évaluation de la politique interne, la résistance était aussi tranquille. Il s’agit d’un point stratégique, non d’un petit détail. Pendant 6 ans, la résistance qui a protégé et défendu le Liban, qui a instauré un équilibre de la dissuasion et qui a été un facteur déterminant dans l’accord sur les ressources maritimes, était confiante car il y avait à Baabda un homme courageux, qui ne vend pas et n’achète pas, qui ne trahit pas et ne poignarde pas dans le dos.
Vous avez compris ce que nous voulons ?
Je vais évoquer encore un détail. Lorsque l’on dit, ce qui reste du camp du 14 Mars le dit, que le président Michel Aoun a remis le pays au Hezbollah en contrepartie de la présidence, imaginez un peu ce que serait le Liban si le Hezbollah était au pouvoir ! Si le Hezbollah était maître de la décision au Liban, le Liban aurait 10 heures d’électricité par jour (nous avons parlé du don de fuel iranien). Il s’agit donc d’un gros mensonge que celui de dire que le président Aoun a donné le pouvoir au Hezbollah. Le président Aoun n’a pas donné l’autorité au Hezbollah ni sur le pouvoir, ni sur les ministères, ni sur l’Etat, ni sur les administrations. Il se peut même que dans plusieurs dossiers internes, nous n’étions pas d’accord avec le président Michel Aoun, ni avec nos amis du CPL. D’ailleurs nos amis du CPL exprimaient leur déception dans les médias. Donc dire qu’il nous a remis les rênes du pouvoir est un mensonge dénué de tout fondement.
Plus même, je vous dirais que nous ne voulons pas un président qui couvre la résistance ; ni qui la protège. La résistance au Liban n’a pas besoin d’une couverture ou d’une protection. Elle veut un président qui ne la poignarde pas dans le dos, qui ne complote pas contre elle et qui ne la vend pas. C’est son droit naturel et celui de tout son public, de ses composantes, de ses factions et de ses partisans.
Pour l’instant, nous restons au même point. Mais il faut bouger. Le président de la Chambre Nabih Berry a tenté de réunir tout le monde autour d’une table de dialogue, pour l’instant cela n’a pas marché. La solution de rechange, c’est le dialogue bilatéral ou tripartite. Nous ne devons pas miser sur le temps et attendre des changements internes, régionaux et internationaux. Les gens doivent parler entre eux, discuter, essayer de se convaincre réciproquement, car il n’y a pas de majorité précise au sein du Parlement. Aucun camp ne peut donc amener seul un président. C’est pourquoi le choix est que les Libanais se parlent entre eux et dialoguent. Certes, le président de la Chambre peut jouer un rôle important à ce niveau. C’est une solution de rechange à la table de dialogue. Il peut jouer ce rôle. Toutes les parties doivent assumer cette responsabilité. Nous le faisons à notre niveau, autant que possible. Mais certaines parties ne parlent pas avec nous. Heureusement, d’autres que nous sont ouverts et parlent avec tout le monde et il n’y a pas de problèmes avec eux.
Certes, il y a d’autres caractéristiques et il faudra s’y arrêter. Mais en cette Journée du martyr, j’ai voulu insister sur cette qualité qui est pour nous un minimum. Parce que certains nous disent : nous voulons élire telle personnalité. Et celle-ci depuis le début parle des armes de la résistance, elle occulte tous les autres dossiers pressants qui attendent des solutions. Nous disons à ceux-là : vous commencez mal. Si nous voulons vraiment que le Liban puisse extraire son gaz et son pétrole dans la zone sud et le long de toute la côte au cours des prochaines années, si nous voulons que le Liban ne soit pas le théâtre du chaos et qu’il ne dirige pas vers la guerre civile, nous devons aller à la recherche d’un président de cette nature.
Dans cette Journée du martyr, nous réitérons à tous nos martyrs, sayyed Abbas, cheikh Ragheb et tous les autres, les chefs et les militants, ils nous sont tous chers, notre engagement et notre détermination à poursuivre le chemin qu’ils ont tracés. Nous nous engageons à œuvrer en faveur des objectifs que nous nous sommes fixés et à préserver le testament des 40 ans. Si Dieu le veut, nous préserverons ce testament et nous prions Dieu Tout Puissant de nous faire cet immense honneur.