L’incertitude freine «Israël», qui a toutes les raisons de lancer une offensive : l’inéluctabilité de la guerre... n’est pas inévitable
Par AlAkhbar, traduit par l’équipe du site
La prochaine guerre entre «Israël» et le Hezbollah est une question de temps. La question posée n’est pas si cette guerre sera déclenchée, mais plutôt comment et quand? C’est ce qu’indiquent les estimations, même si elles sont exprimées de manière différente.
En effet, les estimations sur l’inéluctabilité de la guerre sont basées sur des fondements logiques et consistants.
D’une part, la force militaire du Hezbollah monte en puissance, en qualité et quantité. D’une autre part, «Israël» tient à mettre fin à ce cumul de force et à éradiquer toute menace s’il serait possible.
Mais le prix qu’«Israël» prévoit payer en raison des tentatives d’éradiquer le Hezbollah ou de limiter sa force, l’a poussé à patienter et à miser sur des choix alternatifs qui pourraient assurer le même résultat.
Cependant, tous les choix alternatifs ont été voués à l’échec jusqu’à présent, ainsi que les paris israéliens et américains sur des changements régionaux ou intérieurs, sécuritaires, politiques et économiques.
Par contre, le Hezbollah n’a pas cessé d’amonceler la force militaire. Un fait qui a haussé le tribut qu’ «Israël» a tenu d’éviter.
Selon les hypothèses militaires, si «Israël» n’entreprend pas d’éradiquer la menace même par l’intermédiaire d’une guerre, quel qu’en soit le prix en raison de la croissance de la force du Hezbollah, il devra payer un prix plusieurs fois supérieur à l'avenir, lorsque la guerre éclatera. Cette guerre inévitable.
Cette hypothèse pousse certains à s’interroger sur les causes du retard du lancement de la guerre par «Israël».
L’équation semble très logique. Mais observer l’image sous plusieurs autres angles, révèle que les conclusions sont incomplètes, voire erronées.
Premièrement, «Israël» aurait lancé la guerre contre le Hezbollah sans aucun retard s’il estimait que cette guerre réaliserait les objectifs escomptés. Même en cas d’estimations justes, «Israël» doit examiner le prix de la provocation de la guerre et faire un équilibre entre le prix et le rendement, sachant que le l’avantage d'éradiquer la menace est si grand que tout coût est jugé trop petit.
Deuxièmement, si «Israël» juge l’existence d’une autre option que la guerre qui lui réalisera le même résultat, il y aura recours pour éviter le prix du conflit.
Ce choix a été adopté lors du clivage intérieur au Liban à la suite de la sortie de l’armée syrienne, avec les paris sur un accord américain avec l’Iran selon lequel Washington placerait la tête du Hezbollah à la table des négociations. Un pari qui s’ajoutait à celui fait sur la guerre en Syrie et la chute du régime ce qui entrainerait l’étouffement du Hezbollah et enfin lors des paris sur la crise financière et économique visant à ameuter le milieu populaire du Hezbollah contre le parti.
De telles options ont toutes échoué complètement ou partiellement et n’ont pas réalisé le résultat voulu.
Troisièmement, durant les paris sur ces alternatives, le Hezbollah a poursuivi son œuvre pour accroitre sa force. Un fait qui a augmenté le prix de toute confrontation arrivant à l’équation de l’inéluctabilité de la guerre : si «Israël» n’entreprend pas maintenant de lancer la guerre par crainte du coût, il payera des prix supplémentaires lors du déclenchement de la guerre dans l’avenir.
Quatrièmement, «Israël» a continué de miser sur les alternatives de la guerre, même si ces choix ne réalisent pas la totalité de ses objectifs. Parmi ces options, certaines qui lèseraient partiellement le Hezbollah; mais aucune de ces options ne pourra éradiquer la menace, la limiter ou même freiner sa croissance.
Qu’est-ce qui pousse «Israël» à ne point revenir à l’option de la guerre, après la chute des alternatives et la confirmation de son impuissance à parvenir à un résultat ? La réponse à cette question est composée :
En premier lieu, toutes les confrontations menées par «Israël» contre ses ennemis, à l’exception de celle de 1973, était provoquées par «Tel-Aviv». Ce fait s’applique également sur la situation entre «Israël» et le Hezbollah. De fait, toutes les décisions des guerres précédentes avec le parti ont été prises par «Israël».
En second lieu, après le retrait israélien du Liban sud en l’an 2000 et plus tard en 2006, le Hezbollah a pris la position défensive en face d’«Israël», l’empêchant d’agresser le Liban et d’y imposer sa volonté.
La confrontation avec «Israël» n’a pas poussé le Hezbollah a adopté une position offensive, bien que ce fait fut possible. Mais la décision du parti consistait à reporter une telle démarche.
Le Hezbollah a donc préservé son positionnement défensif, en dépit de la consolidation de ses capacités, préférant utiliser ses potentialités en matière d’armes dans la défense, durant la période hors-guerre, dans le but d’éviter cette guerre, et d’utiliser ses armes offensives plus tard, lorsque «Israël» décidera de provoquer le conflit militaire.
En troisième lieu, «Israël» ne possède pas le choix de lancer la guerre maintenant afin de précéder la guerre inévitable qui lui coutera des prix exorbitants plus tard. «Israël» possède plutôt le choix d’empêcher la montée en puissance militaire du Hezbollah, en dissuadant le parti pour interdire l’augmentation de ses potentialités. Ainsi, la bataille ne consiste plus à interdire l’augmentation des capacités du Hezbollah, mais à empêcher la prise de la décision du renforcement de ces capacités. Une grande différence existe entre ces deux approches.
Par conséquent, les décideurs à «Tel-Aviv» possèdent des choix limités, à la suite de longues années de montée en puissance du Hezbollah. «Israël» ne prendra pas d’initiative de lancer une guerre, avant de juger que son ennemi est sur le point de la lancer. Il sera dans une situation d’attente tout en œuvrant pour d’autres options que la guerre directe.
Dans le même contexte, «Israël» tiendra à ce que ses choix alternatifs ne provoquent pas la guerre qu’il tente d’éviter.
Par contre, la croissance de la force du Hezbollah et l’augmentation de sa capacité à nuire à «Israël» en cas de guerre, lui ont permis d’élargir son positionnement défensif. Il ne se limite plus à empêcher «Israël» d’agresser le Liban et d’y imposer sa volonté, mais a réussi également à arracher les droits du Liban. Un fait qui a été prouvé clairement lors de la dernière confrontation gazière, sur le tracé des frontières maritimes.
En somme, la guerre ne découle pas du manque des choix. Elle n’est une inéluctabilité absolue. Ce constat ouvre la voie à des estimations différentes de celles évoquées d’un moment à l’autre, à la lumière des évènements et des mutations intérieures et régionales et de l’histoire des relations antithétique entre «Israël» et ses ennemis.
En même temps, exclure l'hypothèse de la guerre ne signifie pas qu'elle a cessé d'exister. Il n'y a pas de résultat inévitable de ce genre dans le monde des estimations et des analyses.
L’observation de la réalité d’un point de vue global, empêche les estimations et les analyses sur la base des souhaits, ainsi que l’extrémisme dans ces analyses.