Alors que vous avez envisagé de torpiller l’accord…
Par Al-Akhbar
Jeudi, le monde s’est réveillé sur un haut cri en «Israël». Le premier ministre israélien Yaïr Lapid a décidé de refuser les modifications libanaises sur le projet de l’accord, relatif à la délimitation des frontières. On a vécu de longues heures de menaces et d’intimidation avant la clôture du «Conseil des ministres réduit» dans la soirée sur une position ambiguë, qui ne porte pas un refus de l’accord, mais qui limite le problème à certaines modifications réclamées par le Liban.
Les personnes sérieuses de toutes les parties concernées par le dossier, ont considéré que ce qui se déroule en «Israël» s’inscrit dans le cadre des pressions électorales, notant que Lapid tente de faire une démonstration de force face au secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, comme a indiqué l’académicien israélien Youni Ben Manahim.
Mais, supposons qu’«Israël» veut, par le refus des modifications libanaises, mener une aventure qui saperait l’accord ou qu’il veut bénéficier davantage de temps et d’atermoiement, en quête d’une meilleure conjoncture qui marque la nature de l’accord. Que signifie un tel fait ?
A la suite des derniers rounds des négociations, les Israéliens ont perçu des détails qu’ils n’avaient pas expérimentés dans le passé avec les hommes de politique libanais.
L’ennemi a également réalisé, que la position de la Résistance a été un facteur qui a freiné toute concession supplémentaire qu’un responsable libanais ferait. Cependant, la Résistance ne s’était pas limitée à ce stade, surtout lorsqu’elle a informé l’ennemi, dans ses discours et dans son action sur le terrain, qu’elle est prête à ce qui va au-delà d’une frappe de rappel, comme fut le cas lors de l’envoi des drones au-dessus du champ de Karish.
L’ennemi nous dit aujourd’hui qu’il est prêt à torpiller l’accord et qu’il menace ainsi le Liban de le priver de gaz et de pétrole, en menaçant sa sécurité et ce qui reste au pays en cas de déclenchement d’un affrontement militaire.
Ce qui importe à l’ennemi n’est pas seulement la position du gouvernement libanais. Il veut également une garantie qui ligote les mains de la Résistance d’une part et qui interdit au Liban de discuter plus tard de toute réalité sur les frontières maritimes et terrestres.
Le cas échéant, il serait mieux pour l’ennemi de lire la position libanaise d’un autre point de vue. Pour l’aider, il faut qu’il sache que son intransigeance aboutira à une réalité totalement différente :
-Torpiller l’accord signifie saper le processus des négociations mené dans les derniers mois, et le retour à la case du départ, dans la mesure où le Liban mettra un nouveau plafond à ses demandes. Des discussions se déroulent selon lesquelles si l’ennemi insiste à refuser l’accord, le nouveau plafond des demandes sera à partir de la ligne 30, non de la ligne 23.
-Saper l’accord sous le prétexte que le Liban refuse la délimitation des frontières maritimes et internationales ne suscite pas l’inquiétude de la Résistance qui ne reconnait pas les frontières établies comme un fait accompli, ni les frontières tracées par la colonisation.
Par la suite, l’ennemi devra répondre à une question qui précède tous ces propos : veut-il extraire le gaz ou non ?
L’ennemi croit que retarder le travail dans le champ de Karish, dans le contexte de la manœuvre consistant à retarder l’accord, empêchera la résistance d’agir, estimant que la question est liée uniquement à Karish et ignorant le fait que la cause principale de l’action de la Résistance est la décision de briser le blocus occidental imposé au Liban et obtenir les droits maritimes qui aident à affronter la crise. Il serait donc bénéfique à l’ennemi de se poser la question suivante : la résistance au Liban et en Palestine le laissera-t-il travailler calmement dans le reste des champs pétroliers, selon l’équation d’après Karish.
Et si certains en «Israël» et aux Etats-Unis misaient sur le fait que le retard de l’accord à la période qui suivra les élections, facilitera les faits à la lumière de changements prévus par l’occident au Liban sur le plan de la présidence et du gouvernement, ces personnes ne comprennent point l’importance de la confiance de la Résistance en le président Michel Aoun, et qu’en cas de vacance présidentielle ou de poursuite du clivage politique, la résistance récupèrera une marge d’action plus grande, qu’elle avait elle-même rétrécie en raison de sa confiance en le président Aoun. Par conséquent, le pari sur des changements qui mèneraient le Liban à faire des concessions plus tard révèle une mauvaise compréhension de la stratégie de la résistance et de sa méthode.
Quant aux discours dans les médias de l’ennemi sur une mobilisation militaire et des menaces de détruire le Liban et sur des préparatifs à une opération militaire contre la résistance, ces discours suscitent des questions s’il y avait en «Israël» une personne qui le juge possible. Et si quelqu’un décide de mener une aventure, il doit bien se préparer, puisque le commandement de la résistance comprend des personnes dotées de la capacité et de la volonté à la prise de décisions qui ne laissent de sens à aucun accord sur la démarcation des frontières terrestres ou maritimes.
De surcroît, ceux qui jugent que les menaces dissuaderont la résistance, ont reçu la réponse du chef du Mossad, Didi Barniah qui a déclaré : Nasrallah s’est engagé publiquement d’interdire la production du gaz de Karish en cas de l’absence d’un accord…on craint qu’il soit contraint de prouver qu’il tient à ses propos.