Discours du secrétaire général du Hezbollah, sayed Hassan Nasrallah
Au nom de Dieu
Je voudrais commencer par demander à Dieu d’accepter le jeûne de tous les croyants en ce mois béni. Mon discours ce soir sera consacré aux derniers développements politiques mais j’espère que nous aurons ces quelques jours d’autres rencontres pour parler de religion, de culture, d’éducation et du Ramadan.
Il faut certes commencer par la Palestine. Nous devons exprimer toute notre admiration et nous incliner devant l’héroïsme des jeunes, des hommes, des femmes, des personnes âgées et des enfants de Palestine. Nous devons rendre hommage à leur foi dans leur cause et dans leur détermination à lutter en dépit des difficultés et des tragédies qu’ils subissent. Nous devons aussi rendre hommage aux familles des martyrs, ces hommes, ces femmes et ces enfants qui se tiennent avec courage face à l’ennemi et n’hésitent pas à faire face, en dépit du long passé de massacres, depuis celui de Dar Yassine en 1948, de batailles féroces, dont la dernière en date est celle de Seif al Qods, en dépit des exodes forcés, de l’abandon des Etats et des groupes censés les appuyer, de l’effritement et de l’injustice. Ce qui se passe aujourd’hui est porteur de grandes indications sur l’avenir de la Palestine et sur celui de l’entité sioniste. Le plus important indice donné par ce qui s’est passé ces derniers jours c’est que tous ceux qui avaient misé sur le désespoir du peuple palestinien et sur sa lassitude, sur sa renonciation au combat pour sa cause se sont trompés. Depuis des années, je leur disais qu’ils se trompaient, mais ils ne voulaient rien entendre et ils croyaient qu’avec le temps, les malheurs et les frustrations, le peuple palestinien renoncerait à sa terre, à ses rêves, à ses symboles sacrés. Ce qui se passe aujourd’hui montre que les jeunes palestiniens qui se battent aujourd’hui ont reçu la résistance en héritage et ils poursuivent le même chemin tracé par les générations précédentes. Tous ceux qui croyaient que le lâchage des Etats arabes allait pousser les Palestiniens à enterrer leur résistance et leur cause se sont aussi trompés, tout comme ceux qui ont parié sur « le deal du siècle ».
Aujourd’hui, de nombreux analystes et journalistes sionistes reconnaissent cette vérité. Après tout ce qui s’est passé, les décennies de misère et d’oppression, il est clair que nous nous trouvons devant un peuple qu’il est impossible de faire plier. Il est impossible de lui imposer des solutions. Il faut donc tenir compte de ses revendications, ou d’une partie d’entre elles, parce que tout simplement, il n’y a pas d’autre choix, à part une confrontation permanente et de plus en plus violente qui accumulera les défaites pour l’ennemi, face au courage, à la détermination et à la volonté des Palestiniens d’aller jusqu’au bout dans cet affrontement.
En tout cas, ce qui se passe en Palestine exige une longue réflexion et des propos détaillés que faute de temps, je ne peux pas prononcer aujourd’hui. Nous aurons l’occasion pendant le mois de Ramadan d’exprimer notre solidarité et celle de la oumma avec la Palestine, le dernier vendredi du mois de jeûne, comme chaque année, dans le cadre de la Journée Internationale d’Al Qods. J’appelle tout le monde islamique et tous ceux qui croient dans la cause des peuples opprimés à participer massivement à cette occasion, au Liban et en dehors de ce pays. Au Liban, nous comptons organiser un grand rassemblement populaire dans la banlieue sud et j’invite tous nos frères à profiter de cette occasion pour exprimer leur hommage aux souffrances du peuple palestinien et leurs solidarité avec lui dans cette lutte qui mènera inévitablement à la victoire Grâce à Dieu. Ce jour-là, nous pourrons parler longuement des développements en Palestine et de la façon dont ils sont en train de forger l’avenir de la région.
J’en arrive aux développements libanais. Comme nous sommes en avril, nous ne pouvons pas ne pas évoquer l’agression israélienne contre le Liban en avril 1996 que l’ennemi avait appelée « les Raisins de la Colère ». Nous évoquons à cette occasion, la résistance, les souffrances et l’héroïsme de tous ceux qui étaient sur le terrain qu’il s’agisse des éléments du Hezbollah, d’Amal ou des autres forces nationales qui sont toujours présents sur les champs de confrontation. Nous évoquons aussi la population qui est restée dans les villages et les localités ainsi que ceux qui en sont partis et qui n’ont pas modifié leur position à l’égard de la résistance. Nous nous rappelons aussi des massacres commis par l’ennemi au Sud, à Mansouri contre l’ambulance, et dans la Békaa Ouest, dont le plus marquant était celui de Cana, le premier massacre de Cana. A ce sujet, je voudrais m’arrêter rapidement sur deux points :
Dans le cadre de ce que nous appelons la guerre d’avril 1996, la résistance a réussi à imposer à l’ennemi et à ce qu’on appelle la communauté internationale une équation qui repose sur la protection des civils au Liban avec la poursuite des opérations militaires dans la bande frontalière occupée. C’est ce qu’on appelé à l’époque « les arrangements d’avril » qui autorisent la résistance à se battre contre les soldats occupants et leurs agents dans la bande frontalière occupée, tout en empêchant ces derniers de riposter en bombardant les villages et les localités comme ils avaient pris l’habitude de le faire après chaque opération de résistance. Ces arrangements ont été conclus sous le parrainage américain et européen ; Une commission conjointe a même été formée pour surveiller leur application. Il faut souligner ici, le rôle diplomatique, à coté de la résistance du peuple libanais, celui de l’Etat libanais à ce moment-là, ainsi que les efforts déployés par le président syrien de l’époque Hafez el Assad ainsi que ceux du Président du Conseil martyr Rafic Hariri. Ce sont ces efforts qui ont permis la conclusion des arrangements d’avril et la création de la commission conjointe qui ont jeté les bases de la victoire de 2000 et la défaite de l’ennemi, en libérant la résistance tout en mettant des freins à l’action de l’occupant et en protégeant les civils. Les Israéliens disent que « les arrangements d’avril » les ont transformés en sacs de boxe au Sud du Liban. Ce qui les a poussés à se retirer en 2000. C’est donc là une des réalisations de la résistance, de ses armes et de ses efforts. Au cœur de la bataille, elle a réussi à imposer à l’ennemi une équation qui protège les civils, alors que c’était le procédé barbare qu’il utilisait contre la résistance. Cette équation est toujours en vigueur grâce à la résistance. Je voudrais encore rappeler que lors du massacre de Cana les Etats-Unis ont empêché l’adoption d’une résolution au Conseil de sécurité qui condamne les Israéliens. C’est la même position américaine et celle de ce qu’on appelle la communauté internationale depuis le massacre de Deir Yassine en 1948. Depuis ce jour, on trouve toujours les Etats-Unis en train de défendre l’ennemi israélien dans toutes ses attaques contre les Palestiniens, dans toutes ses guerres contre le Liban et d’autres pays arabes comme la Syrie au Golan, la Jordanie, l’Egypte au Sinaï…Cet ennemi qui commet les massacres, lance les guerres, occupe le territoire d’autres pays il est interdit de le critiquer. Regardez donc comment les Etats-Unis se comportent avec les Israéliens qui attaquent, massacrent, oppriment les Palestiniens et comment ils se comportent avec la Russie en Ukraine et les sanctions terribles, inédites jusqu’à présent, qu’ils ont imposées à ce pays. Il faut rappeler cela aux amis des Etats-Unis au Liban et dans la région.
Je passe maintenant au dossier des élections. Nous sommes entrés désormais dans une étape importante dans ce processus politique : les listes ont été officiellement enregistrées et les sont annoncées les unes après les autres ces jours-ci. Ce qui signifie que les Libanais ont avancé dans la réalisation des élections car il ne reste plus que quelques semaines pour le vote, le dépouillement des voix et l’annonce des résultats.
Il y a quelques mois, et à mesure que nous nous approchions de l’échéance électorale, nous entendions des voix généralement du camp adverse doutant de la tenue de ces élections. En général, ces voix nous accusaient, nous, le camp qui détient actuellement la majorité parlementaire de ne pas vouloir de ces élections et de chercher un moyen pour les reporter et proroger ainsi le mandat de l’actuel parlement.
Les choses se sont toutefois déroulées normalement, les améliorations juridiques ont été réalisées, les dates ont été fixées, tout ce que le Parlement devait faire il l’a fait en dépit de ses conflits internes, même chose pour le gouvernement, les candidatures ont été présentées et les listes formées. Or, malgré cela, nous continuons à entendre des voix qui doutent de la tenue des élections. Je voudrais m’arrêter un peu sur ce point. Nous entendons des échos qui nous parviennent d’ambassades occidentales et en particulier de l’ambassade américaine sur le fait que les études faites dernièrement montrent que le camp auquel nous appartenons devrait conserver la majorité parlementaire. Des articles sont écrits en ce sens, les réseaux sociaux évoquent aussi ce point.
Un ancien responsable a même déclaré qu’il y a un danger réel que ce camp ( le nôtre) obtienne les deux tiers des sièges parlementaires. Il a même appelé son camp à mener la bataille pour obtenir le tiers des sièges. Je voudrais préciser que selon ce responsable, le camp adverse veut les deux tiers des sièges pour pouvoir réaliser des changements fondamentaux dans le régime en adoptant des amendements constitutionnels, changeant ainsi l’identité du Liban. Je voudrais dire à ce sujet que d’abord, obtenir les deux tiers des sièges n’est nullement l’objectif de notre camp politique. De plus un tel score n’est ni réaliste ni logique. Tous les pronostics dans le pays tournent autour de la majorité plus un des sièges, un peu plus ou un peu moins. Je ne crois pas qu’une partie politique dans le pays compte obtenir les deux tiers des sièges elles savent toutes que c’est un objectif irréaliste. Enfin, je peux dire qu’un tel objectif, indépendamment du fait de savoir s’il est ou non réalisable, n’est nullement dans notre culture, dans notre position et dans notre vision. Pour nous, tout changement important lié au système et à la Constitution, qui concerne l’identité du Liban et ses fondements doit faire l’objet d’un consensus national. Il ne peut pas se faire par la force ou par la domination d’une partie sur l’autre, ni par la majorité simple, ni par la majorité des deux tiers, ni encore par la majorité dans la rue. Un tel changement doit être le fruit d’un dialogue national et obtenir l’approbation de tous. C’est notre conviction et c’est notre culture. Tout ce qui se dit à ce sujet fait donc partie des tentatives pour mobiliser les électeurs d’abord pour se rendre aux urnes et ensuite pour voter pour ce camp précis.
Je reviens au sujet principal. Leurs études disent donc que la tendance est donc au maintien de la majorité actuelle. Ils invoquent pour justifier cela, le retrait de la course du Courant du Futur et les conséquences de ce fait sur la scène sunnite et sur son manque d’enthousiasme à se rendre aux urnes. Ils invoquent aussi la dispersion des ONG et des groupes de la société civile, en plus des conflits entre les forces politiques. Regardez donc le nombre de listes dans le camp adverse, alors que de notre côté, nous avons réussi dans la plupart des circonscriptions à être tous sur une même liste, même si c’est dans le cadre de simples alliances électorales. De leur côté, il y a 4, 5 , 7 et même 9 listes parfois.
Ils évoquent donc des raisons réalistes et objectives qui se seraient produites au cours des dernières semaines pour justifier ces pronostics. C’est dans ce contexte que l’on commence à entendre des murmures, et même plus, dans certaines ambassades et dans certains milieux, au sujet d’un éventuel report des élections, même pour quelques mois, le temps d’améliorer la position de ce camp dans les élections. En attendant qu’ils trouvent de bons prétextes pour reporter les élections, nous avons le droit d’être méfiants face à tout incident qui se déroule au Liban en ces temps-ci, qu’il s’agisse d‘une fermeture de route, de troubles, de sit ins. Nous le disons clairement, pour nous, tout incident de ce genre est désormais suspect. Aujourd’hui, nous avons le droit d’accuser l’ambassade américaine et des forces politiques dans l’autre camp d’œuvrer en vue de reporter les élections. Il faut donc réfléchir sur certains faits, comme la grève d’un grand nombre de magistrats, cela pourrait être une raison pour reporter les élections, ou encore la grève des enseignants qui constituent le pilier de la gestion de l’opération électorale ainsi que la grève des équipes diplomatiques à l’étranger car cela ouvre la voie à un recours en invalidation des élections…
Tout cela nous pousse à réfléchir. Certes, les revendications de ceux qui font la grève sont légitimes et ils agissent ainsi parce qu’ils savent qu’actuellement l’Etat a besoin d’eux pour l’organisation des élections. C’est pourquoi j’invite le gouvernement à répondre autant qu’il lui est possible de le faire à leurs revendications. Mais je les invite aussi à ne pas laisser leurs revendications justes et justifiées devenir un prétexte pour reporter une échéance politique, institutionnelle et légale importante, comme les élections législatives. Lorsque nous arrivons aux questions cruciales, nous vous demandons de ne pas faire la grève pour ne pas fournir de prétexte au report. Participez donc à l’organisation du scrutin et trouvez un autre moyen pour faire pression sur le gouvernement. Je suis sûr qu’il y en a.
Je ne discute pas de la justesse de vos revendications, mais je dis aux magistrats, aux enseignants et à ceux qui travaillent dans les missions diplomatiques à l’étranger de ne pas rendre les prochaines élections otages de vos revendications. Je dis aussi à nos gens et à tous ceux qui appuient la résistance, ses alliés et cette ligne politiquer, qu’il se peut que tout cela soit destiné à les pousser à ne plus se mobiliser pour les élections. Il ne faut donc pas considérer que le sort des élections est déjà joué, notamment dans certaines circonscriptions et estimer ainsi que ce n’est plus la peine de se rendre aux urnes, ou, pour les candidats de ne plus faire campagne. C’est peut-être un des objectifs de ce qu’on entend actuellement…
En tout état de cause, nous ne devons pas nous incliner devant cette lecture. Pour nous, de véritables élections vont se tenir le 15 mai. Il y a une bataille électorale démocratique, populaire et politique réelle que toutes les parties vont mener. Nous devons donc y participer avec enthousiasme, vitalité et force. Quels que soient les pronostics ou les sondages, ils ne doivent pas nous influencer, ni au niveau de notre participation, ni à celui de notre présence et de notre efficacité.
Je voudrais ici rappeler les expériences de 2009. A cette époque, l’atmosphère ressemblait beaucoup à celle d’aujourd’hui. C’est pourquoi beaucoup se sont comportés comme si les résultats étaient acquis et que ce camp politique allait obtenir la majorité des sièges, c’est ce que disaient les sondages à l’époque ainsi que la tendance populaire. Mais au cours des dernières semaines, l’élément financier est intervenu avec force et nous avons vu comment les résultats ont été inversés, au moins dans certaines circonscriptions.
En tout cas, le camp adverse a alors obtenu une courte majorité parlementaire. Une seule circonscription a fait basculer la majorité dans un camp précis grâce à quelques sièges. D’énormes sommes d’argent ont été dépensées. J’ai entendu cela de la part d’un responsable saoudien, à l’époque nous nous asseyions encore ensemble. Je ne vous dirai pas le montant exact. Lui me l’a communiqué et il m’a même dit que ces sommes sont arrivées dans des valises, non par le biais de virements bancaires. Je peux vous dire qu’il s’agit de centaines de millions de dollars qui ont été dépensés dans les dernières semaines précédant les législatives de 2009 dans certaines circonscriptions. Je me souviens même que pour certains qui n’étaient pas prêts à voter pour le camp adverse, on leur a proposé de donner leur carte avec laquelle ils doivent voter moyennant la somme de 500 dollars chacune. Dans certaines circonscriptions, le prix de la voix est monté jusqu’à 1000 dollars le matin pour devenir 2000 dollars l’a près midi et 5000 dollars avant la fermeture des bureaux de vote. Des sommes énormes ont donc été dépensées. Lorsqu’on voit qu’il n’y a eu aucun projet de développement depuis, on comprend que ces sommes ont été dépensées sur les médias et les campagnes électorales, 50 millions par ci, 70 millions par là sur les machines électorales et sur l’achat de voix. Une partie de ces sommes n’ont même pas été dépensées sur les élections. Elles ont été virées sur les comptes de certains politiciens qui ont brusquement gonflé. C’est pourquoi, l’Arabie saoudite par exemple a le droit de dire qu’elle a dépensé au Liban entre 2005 et 2017 près de 20 milliards de dollars. Une partie de cette somme a été dépensée ainsi.
Il se peut donc qu’au cours des dernières semaines, l’argent commence à affluer. Il a déjà commencé à le faire. Sous prétexte que les gens traversent une grave crise économique et ont besoin d’argent, ils seraient prêts à vendre leurs voix. Dans ce cas, il faudra dire que ces élections sont celles de l’achat de voix par centaines de millions de dollars, comme ce fut le cas en 2009.
Pour clore ce point, je voudrais dire à tous mes frères et sœurs et à ceux qui appuient notre courant et se soucient de l’avenir de ce pays, qu’il ne faut pas se baser sur les sondages et autres estimations pour se démobiliser. Il faut participer en force et avec enthousiasme à ce scrutin avec la même énergie jusqu’à la fermeture des bureaux de vote.
Toujours dans le dossier électoral, je voudrais donc encore dire que lorsque nous tenons des réunions internes, il arrive que certains éléments soient divulgués . Par exemple, j’ai toujours dit que nous voulions faire réussir nos candidats et ceux de nos alliés et amis. Certains médias ont occulté la première partie de la phrase, comme si nous ne nous occupions que de faire réussir les candidats de nos amis et alliés. Il s’agissait ainsi de porter un coup moral à nos alliés. C’est pourquoi je rectifie aujourd’hui : il a toujours été question pour nous de faire en sorte que nos candidats et ceux de nos alliés et amis réussissent. Il ne faut pas que quelqu’un se comporte comme si les résultats étaient acquis dans toutes les circonscriptions où nous avons des candidats. Nous voulons aussi que les candidats amis et alliés réussissent et c’est normal. Cela ne signifie nullement que nos alliés et amis sont faibles. Même les sondages montrent qu’ils sont forts et qu’ils sont en tête dans plusieurs circonscriptions. Ils n’ont pas besoin de notre aide dans plusieurs circonscriptions. Dans celles où nous avons des voix, il est normal que nous songions à leur en donner une partie. C’est la signification de l’amitié et de l’alliance. Nous ne sommes pas comme d’autres et vous voyez ainsi la raison pour laquelle dans le camp adverse, les listes sont éparpillées, car dans ce camp, chacun pense à lui et à augmenter son bloc parlementaire, même au détriment des alliés et amis. C’est pourquoi ils n’ont pas pu s’entendre sur des listes unifiées. Dans notre camp, c’est différent. Nous voulons tous réussir. Nous autres, nous ne voulons pas former un grand bloc au détriment de nos alliés et amis. Nous voulons donc que nos amis et alliés réussissent aussi dans ces élections car ensemble, nous pouvons assumer les responsabilités nationales attendues. C’est pourquoi je dis ici à nos partisans que là où nous n’avons pas de candidats, ils doivent aussi se rendre aux urnes et voter pour nos amis et alliés. Leurs listes sont claires et connues. Pour nous, c’est d’ailleurs un sujet de fierté, non un point faible. Hélas, dans ce pays, l’honnêteté et la sincérité sont suspectes alors que le poignard dans le dos est considéré comme de l’intelligence. Qu’importe, pour nous, ce n’est pas le cas.
Le point suivant porte sur comment nous allons voter. Ici, je parle du Hezbollah en particulier. Chez nous, il n’y a pas quelque chose qui s’appelle sous la table. Nous avons des alliés clairs et déclarés. Il n’ y a pas d’alliance dans les coulisses er d’ententes secrètes pour donner des voix discrètement. Pour nous, c’est hors de question et nous considérons cela comme une trahison et un mensonge. Nous appuyons des listes et des candidats de façon claire et nous donnons des voix à nos alliés là où nous n’avons pas de listes clairement et sans équivoque. Nous ne faisons pas de fausses promesses ni de calculs secrets. Même au sein d’une même liste, nous distribuons clairement les voix. Nous avons même refusé, lors de la formation des listes, de promettre un allié de lui accorder un éventuel surplus de voix préférentielles pour ne pas que cela se fasse aux dépens d’un autre allié sur la même liste. Certaines personnalités dont nous aurions souhaité la présence sur nos listes ont refusé de se présenter parce que nous ne leur avons pas donné de promesse en ce sens. Nous étions conscients du fait que la présence de ces personnalités au Parlement aurait été une valeur ajoutée pour le Parlement, mais nous n’avons pas voulu faire ce genre de promesse. Elles se sont fâchées et c’est leur droit et elles se sont retirées de la course. Nous comprenons leur irritation, mais nous pensons qu’il vaut mieux se fâcher à cause de notre sincérité plutôt que de se fâcher contre nous à cause d’une trahison. Voilà, nous préférons être avant tout sincères et ne pas faire de fausses promesses et poignarder nos alliés dans le dos. La distribution des voix préférentielles sera étudiée au cours des prochains jours. Nous ne prendrons aucune décision sans l’accord total de nos alliés et amis sur la même liste et notre vote sera clair. Je le dis parce que certains ont recours au mensonge et à la désinformation comme outil de campagne. Il ne faudra donc pas croire ce qui se dit ou se dira au sujet du Hezbollah. Nous tiendrons nos promesses et nous ne ferons rien en secret. Notre crédibilité et notre loyauté sont nourries par le sang de nos martyrs, les souffrances de nos résistants, le sang et les larmes, ainsi que le courage et la patience de nos gens. Nous ne sommes pas prêts à remettre tout cela en question pour un conflit politique ou pour un intérêt électoral. Nous sommes fiers de nos alliés et de nos amis et nous parlons avec eux en toute franchise. Nous faisons nos promesses avec sincérité et nous les tenons de la même manière.
Toujours dans le dossier des élections, certains disent que notre objectif, nous l’axe de la résistance et ils y incluent l’Iran et la Syrie, est d’éliminer les autres, ou en tout cas, les leaderships et familles politiques. Je veux ici aussi être franc et transparent. Nous sommes soucieux que tout le monde soit représenté selon le véritable poids de chacun. Nous ne voulons éliminer personne, ni un adversaire, ni un all. Nous ne voulons éliminer personne. Nous avons beaucoup lutté pour qu’une loi électorale basée sur la proportionnelle soit adoptée au Liban, parce que justement, elle empêche l’élimination d’une partie politique quelle qu’elle soit et elle donne à chacune une représentation au Parlement conforme à son véritable poids populaire. Ce sont les lois majoritaires qui étaient en vigueur avant 2018 qui permettaient la création de ce qu’on a appelé les bulldozers électoraux, qui fermaient certaines maisons politiques et éliminaient du paysage parlementaire d’autres, ainsi que des personnalités historiques…Par contre, la loi basée sur le système proportionnel ouvre la voie à tous ceux qui ont une réelle présence populaire, qu’il s’agisse de partis ou de personnalités, d’être représentées au Parlement. Je voudrais préciser que de toute façon, exclure qui que ce soit et obtenir les deux tiers des sièges au Parlement pour éliminer les autres n’est nullement notre objectif. Ce n’est pas notre culture, ni notre politique. Permettez-moi non seulement de me défendre mais aussi d’attaquer : ceux qui, au Liban nous accusent de vouloir éliminer les autres sont en fait eux les totalitaires qui cherchent à éliminer les autres. De façon rapide, je voudrais rappeler que nous n’avons jamais été ceux qui ont éliminé les autres. EN 2005, lorsque nous étions dans l’accord quadripartite, ce sont les forces du 14 Mars qui ont éliminé le CPL, dans le sens de l’empêcher de participer au gouvernement. Ces forces ont éliminé toutes les autres, et elles n’ont accepté qu’Amal et le Hezbollah, parce qu’en définitive, elles voulaient une représentation chiite au sein du gouvernement. Nous autres, depuis 2005, nous appelions à la formation de gouvernements d’unité nationale. En 2018, lorsque nous avons obtenu la majorité parlementaire, nous avons aussi insisté pour former un gouvernement d’union nationale. C’est ce qui a été fait, avec un gouvernement présidé par Saad Hariri, dans lequel toutes les forces étaient représentées, même celles qui parlent aujourd’hui d’élimination. Plus tard, après les événements d’octobre 2019, nous avons continué à insister sur la formation d’un gouvernement d’union nationale, dans lequel toutes les parties seraient représentées. Lorsque Hassane Diab a été désigné, nous avons continué à appeler à la formation d’un gouvernement d’union nationale. Nous ne sommes pas du tout désireux d’exclure qui que ce soit. Ce n’est pas notre façon de faire. Par contre, ceux qui veulent exclure les autres ce sont ceux qui, en 2006, misaient sur l’élimination de la résistance et son environnement populaire. Ceux qui veulent exclure les autres sont ceux qui, pendant cette guerre, demandaient aux responsables A-américains, selon Wikileaks, de faire en sorte qu’elle ne s’arrête pas, jusqu’à une victoire totale israélienne et la destruction totale de la résistance. Ce sont ceux qui parlaient avec les responsables américains et leur donnaient des idées à transmettre aux Israéliens pour qu’ils éliminent la résistance. Ils essayaient ainsi de leur dévoiler nos points faibles afin qu’ils les utilisent pour nous saquer. Ceux qui veulent éliminer les autres sont ceux qui avaient un gouvernement d’union nationale en 2006 et après la démission des ministres d’Amal et du Hezbollah en guise de protestation contre la manière dont le TSL a été adopté, le ministre Yaacoub Sarraf s’était solidarisé avec nos ministres et nous lui rendons une nouvelle fois hommage, ils ont continué dans ce gouvernement en dépit de l’absence d’une communauté tout entière. Ils ne sont pas alors arrêtés ni à l’absence de consensus, ni à l’exclusion d’une communauté dans son ensemble. Ils ont continué dans ce gouvernement du 11 – 11- 2006 au 11-7-2008, c’est-à-dire après le 7 mai et la rencontre de Doha. Ils sont restés au pouvoir dans ce gouvernement tronqué près de 20 mois et ils ont pris des centaines de décisions, sans tenir compte des autres partenaires au sein de la nation et sans se soucier des autres forces politiques. Ce sont donc eux les exclusionnistes, ceux qui ont continué dans le gouvernement de Fouad Siniora tronqué… Ceux qui veulent exclure les autres ce sont ceux qui disent dans un article ou par un seul trait de stylo qu’une communauté tout entière qui constitue le tiers de la population libanaise est une colonie iranienne. Ce sont ceux-là qui veulent exclure les autres. Nous autres, nous ne sommes pas comme cela. Nous avons toujours été et nous sommes toujours soucieux de la participation des autres. Ceux qui veulent exclure sont ceux qui, sans se soucier de programme électoral qu’ils considèrent inutile, n’ont qu’un seul point à évoquer : le désarmement de la résistance, son élimination. C’est cela celui qui veut exclure les autres.
Que tout le monde se rassure donc. Nous sommes soucieux du partenariat, de la participation et de l’entente. Nous voulons la coopération de tous. Nous ne voulons pas gouverner le pays. Nous sommes las de ces accusations. Nous ne voulons pas dominer ce pays et nous sommes convaincus que le fait de penser qu’une partie, qu’il s’agisse d’un parti, d’un groupe ou d’une communauté, peut gouverner ce pays seule est irrationnel, illogique et irréaliste. En raison de sa diversité et de sa composition, ce pays a besoin de la coopération de toutes ses composantes.
En principe, après la formation des listes et leur annonce, nous devrions entendre parler de programmes électoraux, surtout que le pays traverse aujourd’hui des crises très graves, sans précédent, sur les plans économique, monétaire, financier, sanitaire, éducatif, écologique, bref sur tous les plans de la vie quotidienne mais aussi au niveau, par certains aspects, sécuritaire et interne, sur le plan de la stabilité sociale. Hélas, jusqu’à présent, nous avons entendu bien peu de programmes qui touchent réellement aux vrais problèmes de la vie quotidienne que traversent les Libanais dans cette période. Les programmes ou les idées qui ont été développées en grande partie, jusqu’à présent, ont adopté d’autres titres. Je ne dis pas toutes, mais en général, le discours dominant à l’heure actuelle ne parle pas de ces problèmes. Certains points que nous entendons visent à mobiliser les électeurs, d’autres sont mensongers et ne reposent sur aucune donnée réelle. Par exemple, un des programmes entendus porte sur la nécessité de libérer l’Etat de l’hégémonie du Hezbollah. Or, il n’y a rien qui s’appelle l’hégémonie du Hezbollah sur la décision de l’Etat libanais. Ceux qui brandissent ce programme combattent donc une illusion, un mensonge, le vide. N’ont-ils rien d’autre à proposer ? Ils disent que lorsqu’on aura enlevé l’hégémonie du Hezbollah sur l’Etat libanais, tous les problèmes seront résolus, lorsque l’hégémonie des armes sur la vie politique sera enlevée, tout ira bien…Une question toutefois : comment les armes imposent-elles leur hégémonie sur la vie politique et vous avez obtenu la majorité parlementaire de 2005 à 2018 pratiquement ? Vous aviez aussi pratiquement la majorité au gouvernement en plus de la présidence du conseil la plupart du temps ?
Certains disent qu’ils veulent désarmer la résistance, certains ne veulent pas aller plus loin, d’autres si, ils veulent affronter le Hezbollah et le programme s’arrête là, il n’y a rien d’autre à dire.
On parle aussi de l’occupation iranienne, de libérer le Liban de cette occupation et de préserver l’identité arabe du Liban. Je trouve qu’il y a là un grand progrès. Parfois nous entendons des choses qui nous font plaisir. Avant Taëf, lorsque nous discutions de l’identité du Liban, certains protestaient en déclarant qu’il n’est pas arabe mais phénicien… Finalement, après de longues discussions, ils ont accepté qu’on dise que le Liban est à visage arabe. C’était la plus grande concession faite avant Taëf. Aujourd’hui, grâce à Dieu, certains de ceux qui refusaient l’arabité, reconnaissent l’identité arabe du Liban et veulent la préserver. Ils veulent donc nous combattre, car, pour eux, nous sommes Iraniens, politiquement et sur le plan électoral, pour préserver l’identité arabe du Liban. Pour nous, c’est très bien et nous souhaitons qu’ils continuent à vouloir défendre l’identité arabe du Liban. Même s’il faut, à cet égard, préciser certains points : qui préserve l’identité arabe du Liban et consent des sacrifices pour cela ? Que signifie l’identité arabe ? Quelle est la culture arabe ? Sa ligne politique ? Ses constantes ? Ses fondements ? Cela exige une discussion en profondeur et nous n’avons pas le temps de la mener aujourd’hui…
Certains, pour tromper les gens, leur dit que les armes de la résistance sont responsables de toutes les crises qu’ils traversent actuellement. Ils occultent ainsi 30 ans de politique économique fausse, il est apparu que ces politiques étaient fausses et tout cela n’aurait rien à voir avec les crises actuelles ?La corruption administrative bien implantée dans le pays, la fuite des capitaux et des dépôts du Liban vers l’étranger… tout cela n’est pas responsable de la crise ? Seules les armes de la résistance le sont ? Si les armes de la résistance sont réglées, tout dans le pays sera réglé, disent-ils. Je compte discuter plus ce point dans le cadre des meetings électoraux.
J’ai voulu faire cette remarque pour donner une conclusion rapide. C’est plus un sentiment qu’une donnée réelle. J’ai donc le sentiment que tous ces titres pompeux sont attirants pour l’étranger, non sur le plan interne. Sur le plan interne, ils cherchent à convaincre les gens de ces mensonges : l’hégémonie du Hezbollah et de ses armes, l’occupation iranienne…Ils veulent convaincre le peuple de ces mensonges et ils ont du mal à le faire, selon des études et des sondages effectuées, en dépit de tout l’argent versé, du matraquage médiatique et de la désinformation, ils ont du mal à convaincre les gens de cela. Leur objectif est à mon avis, de satisfaire l’étranger, les Etats-Unis, l’Occident, l’Arabie saoudite et certains Etats arabes qui ont des problèmes avec la résistance et le Hezbollah en particulier. Tout ce qui compte donc pour eux, c’est de dire qu’ils affrontent le Hezbollah, lèvent le ton contre lui et lui mettent la pression. C’est une façon d’essayer d’obtenir un appui politique, moral et financier, notamment les fresh dollars/ C’est ainsi en tout cas que je perçois ces titres. Mais si quelqu’un veut discuter réellement, il faut avoir un minimum d’objectivité, car ces mensonges ne sont pas en train de convaincre les Libanais.
Par ailleurs, si quelqu’un a un problème avec les armes en dehors de l’Etat, cela suppose que nous adoptions une stratégie de défense pour voir comment profiter des points forts disponibles pour le peuple et pour l’Etat libanais. Ceux qui disent cela, nous ne pouvons pas les accuser de lancer des slogans creux destinés à séduire l’étranger. C’est une logique qui peut être discutée. Par contre, ce qui ne l’est pas, c’est de vouloir désarmer la résistance en l’absence de toute stratégie de défense. Car si on désarme le Hezbollah, quelle est la solution de rechange pour protéger le pays ? Ceux qui disent cela ne proposent aucun programme et n’ont aucune logique et ils ne font rien dans l’intérêt du pays. Ceux-là cherchent uniquement à plaire à l’étranger pour obtenir un appui politique et financier. En toute franchise, on peut dire qu’ils proposent leurs services…
Nous souhaitons qu’au cours des prochaines semaines, nous puissions entendre des programmes . Depuis 1992, nous avons présenté un programme électoral réaliste. En 1996 et en 2000, nous avons développé ce programme en fonction de notre expérience. En 2005, le pays était bouleversé à la suite de l’assassinat du premier ministre martyr Rafic Hariri et il y avait une grosse division dans le pays. En 2009, nous avons présenté un programme électoral. Nous avons fait de même en 2018. Il y a quelques jours, le chef du bloc de la résistance a lu notre programme électoral pour le scrutin de 2022. Nous avons évoqué au début en quelques lignes le sujet de la résistance et tout le reste est lié à la situation économique, à la vie quotidienne, à la situation interne, à l’Etat, à l’édification de l’Etat, à l’essor, à la justice, à la situation monétaire, financière, sanitaire, éducative…Tout cela en 4 pages pleines. Nous n’avons entendu personne, dans le camp adverse, discuter ce programme ou ces idées, ni précédemment, ni aujourd’hui. Malgré cela, nous insistons pour dire que c’est là notre programme. Nous avons évoqué rapidement la résistance. Nous n’avons pas dit à nos partisans : vous devez voter en faveur de la résistance parce qu’elle est la cible d’attaques violentes. C’est pourtant un titre attractif et important. Mais ce n’est pas le seul à nos yeux et comme le disent nos adversaires. Il y a beaucoup d’autres titres , détaillés et parfois ennuyeux. Certains de nos amis nous ont d’ailleurs reproché d’être trop entrés dans les détails et c’est ennuyeux. Mais nous avons maintenu le programme tel quel car pour nous, il s’agit d’un plan pour les quatre prochaines années. De plus, nos députés ont fait le bilan des projets de lois qu’ils ont proposés, de leur action contre la corruption, en faveur des services. Une conférence de presse a été organisée dans ce but. Des rapports ont été présentés dans ce cadre. Des parties concernées par le Hezbollah exposent aussi ce que celui-ci a accompli au cours des 4 dernières années. Certains disent que tout cela est motivé par les élections. C’est vrai. Les gens nous ont élus pour 4 ans , sur la base de promesses et d’un programme. Ils ont le droit de savoir ce que nous avons fait. C’est notre devoir, ainsi que celui de toutes les forces politiques, de nous présenter devant le peuple et de lui dire ce que nos députés et nos ministres ont accompli, ce que nos institutions ont réalisé. Nous en parlerons plus longuement inchallah. Nous ne sommes donc pas en train de nous pavaner. Au contraire, notre devoir est de présenter un bilan aux électeurs. AU lieu de nous critiquer, je dis cela à nos adversaires, dites-nous, vous, ce que vous avez fait au cours des 4, voire des 8 dernières années, et même au cours des 30 années ( pour certains partis comme les Kataëb qui étaient au pouvoir à cette époque et pendant de longues années), et en tout cas des 15 années où vous teniez la plupart des rouages du pouvoir ? Cela, vous n’en parlez jamais. Vous n’avez que des insultes, des accusations, des agressions, des tentatives de nous présenter comme des traîtres, vous ne savez que parler de traîtrise, d’hégémonie, d’occupation…Nous autres, nous ne parlons pas ainsi. Nous essayons de parler normalement de ce que nous avons fait au Parlement, des projets de loi que nous avons présentés, des ministères dont nous avons assumé la responsabilité, des dossiers dont nos députés se sont chargés, de la lutte contre la corruption, de ce que nous avons fait sur le plan éducatif, sanitaire et politique. Nous informons les gens car c’est leur droit de savoir.
Ce qui est triste au Liban, c’est que certaines parties qui étaient au pouvoir pendant 15 ans et avaient la majorité au Parlement et au gouvernement ( nous autres, nous sommes arrivés récemment) se retrouvent maintenant dans l’opposition et veulent demander des comptes à la majorité actuelle pour leurs agissements pendant 30 ou 40 ans. C’est vraiment injuste.
Nous comptons certes organiser des meetings électoraux après la fête. Mais je ne veux pas les attendre pour évoquer ce point qui, à mon avis, ne peut pas attendre. J’ai entendu certaines parties et certains médias déformer notre slogan : « Nous restons pour protéger et construire », en disant qu’ à travers lui, nous demandons à nos électeurs de nous élire pour que l’Etat protège la résistance, alors qu’en principe, c’est la résistance qui doit protéger l’Etat. C’est faux et c’est de la désinformation. Depuis la naissance du Hezbollah, il y a 40 ans, aucun responsable, aucune figure, aucun de nous, ni grand ni petit, n'a jamais demandé à l’Etat de protéger la résistance. Jamais. La résistance protège le pays et l’Etat. Sans elle, il n’y aurait pas d’Etat, le Liban serait occupé par les Israéliens. Les blindés israéliens sont arrivés à Baabda. Les soldats israéliens sont même entrés dans le bureau du président.
C’est la résistance qui protège aujourd’hui l’équation en or et qui crée une force de dissuasion avec l’ennemi israélien. Elle ne demande donc nullement la protection de l’ Etat libanais. Oui, nous disons aux gens : votez pour nous pour que nous ayons une présence de poids au sein de l’Etat afin qu’aucune force politique de l’intérieur ou des forces extérieures puissent utiliser l’Etat pour frapper la résistance. Nous ne voulons pas que l’Etat protège la résistance. Nous voulons simplement que l’Etat ne poignarde pas la résistance dans le dos. On peut demander à ce stade si cela est envisagé ? Et nous disons : certainement. Je ne veux pas ouvrir de vieux dossiers, le temps presse. Mais en 1993, cela a failli se produire, sans l’intervention du président syrien Hafez el Assad. Cela a failli arriver en 1993, mais aussi en 2006, des ordres ont été donnés à l’armée de confisquer les chargements d’armes et de munitions qui se rendaient au Sud et qui étaient destinés à la résistance. Il y a eu d’autres faits que je ne veux pas évoquer maintenant. Cela s’est aussi produit le 5 mai 2008 à travers les décisions du gouvernement dont nous avons déjà parlé concernant les télécommunications. Donc, nous ne demandons pas à l’Etat de protéger la résistance, mais nous ne voulons pas que l’on puisse utiliser l’Etat pour poignarder la résistance dans le dos. Il s’agit d’un projet américain déclaré. Nous considérons que l’armée et les services de sécurité sont innocents et n’ont rien à voir avec un tel projet. Mais écoutez donc le Département d’Etat américain, le Pentagone, le Sénat et le Congress américains. Que disent-ils. Nous appuyons le Liban, l’Etat et l’armée car c’est la voie pour en finir avec le Hezbollah, la résistance et ses armes. Les Etats-Unis déclarent donc clairement que tel est leur projet. Nous autres, que disons-nous ? Nous ne voulons pas de discorde, ni de guerre civile, ni de frictions entre les Libanais. Pour empêcher cela, nous devons être présents au sein de l’Etat. Si nous n’étions pas absents du gouvernement le 5 mai 2008, les décisions concernant les télécommunications n’auraient pas été prises et cela signifie que le 7 mai 2008 n’aurait pas eu lieu. Il n’y aurait pas eu des martyrs, ni des affrontements. Nous souhaitons donc que cette approche soit présente dans les esprits, ainsi que la désinformation qui est faite à ce sujet.
Le dernier point qui est soulevé et qui porte sur l’identité arabe du Liban est le suivant : selon eux, le Hezbollah est en train de détruire les relations arabes du Liban et même entre les arabes. Un petit retour en arrière s’impose. Pour être juste, je dois dire que même avant la guerre du Yémen, nous étions en conflit avec les Saoudiens, mais nous les rencontrions, car ils allaient et venaient au Liban. Ma question est la suivante : dans la guerre au Yémen, c’est nous qui sommes en train de détruire les relations entre les Arabes ? Un Etat arabe, l’Arabie a formé une alliance avec les Emirats et d’autres Etats arabes et elle a lancé une guerre militaire totale, vaste et destructrice contre le Yémen, et contre une partie importante de sa population. Il y a eu des massacres et des destructions, cela fait sept ans que cela dure. Et c’est nous qui sommes en train de détruire les relations entre les Arabes ? N’est-ce pas plutôt celui qui déclenche une guerre contre un autre pays arabe et contre son peuple, faisant depuis sept ans des dizaines de milliers de victimes avec des tragédies incroyables, qui porte un coup aux relations entre les Arabes ? Celui qui détruit les relations entre les Arabes est-celui qui réclame la fin de cette guerre et la fin de cette tragédie ? Qui est dans ce cas celui qui respecte les lois, qui est arabe et qui est humain ? Entre parenthèses, je voudrais saluer la trêve de deux mois au Yémen qui a été conclue grâce à la résistance héroïque des Yéménites pendant sept ans à une guerre terrible sur laquelle des millions de dollars ont été versés et pour laquelle des mercenaires ont été amenés des quatre coins de la planète. Grâce à leur héroïsme et à leur résistance, les Yéménites ont changé les équations et contraint l’émissaire international à s’asseoir avec eux. Les Européens aussi, ainsi que le monde entier. Ce résultat politique, ils l’ont obtenu eux-mêmes, par leur détermination, leur endurance, leurs souffrances, leur foi et leur détermination. Ils l’ont obtenu grâce au sang de leurs martyrs, grâce à leur faim, leur soif et leurs souffrances. Ils ne l’ont pas obtenu grâce à la générosité de qui que ce soit, mais à cause de leur propre courage. Seul Dieu est derrière ce résultat et tout le reste c’est grâce à eux. Nous sommes heureux de cette trêve au Yémen, mais nous souhaitons la fin de la guerre et de l’agression contre ce pays. Nous espérons que cette trêve ouvre la voie au dialogue politique en vue de parvenir à une solution politique. Nous espérons que cette trêve soit le début de la fin de la guerre et de la levée du blocus . Depuis le premier jour de l’agression contre le Yémen, c’était notre position. Nous n’en avons jamais eu d’autre. Ni nous ni personne n’avons jamais réclamé la chute du royaume saoudien, ni le changement du régime dans ce pays et encore moins l’élimination de l’armée saoudienne. Rien de tout cela. Tous les discours portaient sur la nécessité de mettre fin à cette guerre, à cette guerre agression. Il fallait que les morts cessent de tomber et que l’injustice s’arrête, ainsi que les destructions. Revoyez tous nos discours sur ce sujet, depuis sept ans, nous et tous nos amis locaux et régionaux. Je voudrais, dans ce cadre, donner un conseil aux dirigeants du royaume saoudien : discutez et dialoguez avec les Ansarallah et leurs dirigeants dont le grand chef sayed Abdel Malak Badreddine al Houthi. Ce sont eux les véritables interlocuteurs. Discuter avec d’autres parties ou Etats comme la République islamique d’Iran ou d’autres amis ne poussera pas ces derniers à faire pression sur les Yéménites. N’attendez pas cela d’eux. La République islamique d’Iran ne fera pas cela, ni d’autres amis, ce sont eux qui discuteront, ces Yémenites injustement traités. La seule voie pour une solution politique, c’est le dialogue direct avec Ansarallah et le fait d’écouter leur logique, leur discours et leur position. N’attendez d’aucun de leurs amis de faire pression sur eux pour qu’ils renoncent à leurs droits et à leur dignité pour lesquels ils ont versé leur sang et consenti tant de sacrifices.
Un autre exemple de la façon dont nous aurions détruit les relations entre les arabes, c’est la Syrie. Ils nous accusent de nous être rendus en Syrie. Je voudrais ici évoquer une interview accordée par l’ancien Premier ministre du Qatar cheikh Hamad ben Jassem al Thani au quotidien koweitien Al Qabas. Cette interview est filmée. Je le dis parce que j’ai l’habitude de vérifier ce que je lis sur les réseaux sociaux et il faut s’assurer de tout ce qui est écrit. J’ai donc regardé cette interview à plusieurs reprises pour m’assurer d’avoir bien compris ce qu’il disait. Cheikh Hamad dit donc que lorsque les événements en Syrie ont commencé, une commission formée de l’Arabie, du Qatar, de la Jordanie, de la Turquie et des Etats-Unis a été formée. Son objectif était d’entrer en Syrie, d’y renverser le régime et de prendre le contrôle de ce pays. Au bout d’un certain temps, l’émir Bandar ben Sultan a été nommé chef des SR saoudiens et il a été chargé de ce dossier. Les Qataris se sont tenus derrière lui et c’est donc l’émir Bandar qui était en première ligne. Cheikh Jassem a dit que l’émir Bandar a réclamé un budget de 2000 milliards de dollars pour réaliser ce projet. Cheikh Jassem ne précise pas que cette somme lui a été allouée, mais il parle d’un budget énorme. Lorsque les événements ont commencé en Syrie, le président Bachar Assad avait une très sérieuse intention d’aller vers une solution politique. Il l’a d’ailleurs exprimé dans les premiers jours du déclenchement des incidents. Ces dirigeants arabes et régionaux se présentaient comme des mis de la Syrie, et même pour certains du président Bachar el Assad, comme par exemple, l’émir du Qatar ou même Recep Tayib Erdogan qui était alors Premier ministre de la Turquie. Ils auraient donc pu aider à trouver une solution politique, eux qui aiment tellement la Syrie et qui disposent de tant d’argent. Mais ils ont préféré amener des combattants du monde entier et dépenser des sommes incroyables pour détruire la Syrie et y semer le chaos au lieu d’aider à trouver une solution politique et de chercher à faire des projets bénéfiques pour tous… Et c’est nous qui sommes accusés de détruire les relations interarabes. N’est-ce pas plutôt ceux qui ont mené une guerre universelle contre un pays arabe, la Syrie ? Ceux qui se sont tenus aux côtés de la Syrie dans cette guerre ont détruit les relations entre les Arabes ? En tout cas, ce qui est requis aujourd’hui, c’est qu’ils rectifient leur position, qu’ils lèvent le blocus imposé à la Syrie, qu’ils traitent les dégâts laissés par la guerre universelle qu’ils ont menée contre ce pays, son Etat et son peuple.
Avant de nous accuser de détruire les relations entre les Arabes, réfléchissez à ce qui s’est passé. Celui qui se soucie des relations entre les Arabes mène-t-il une guerre contre un autre pays arabe, en lui consacrant des sommes énormes, en mettant ses médias au service de cette guerre, ainsi que ses relations internationales ? N’est-ce pas plutôt celui qui se tient aux côtés d’un pays arabe injustement agressé ?
J’ai été long, excusez-moi. Il me reste encore à mentionner le souvenir du grand imam le martyr sayed Mohammed Baker al Sadr et sa sœur Bint al Hoda qui ont été tués comme maintenant dans ce qu’on appelé le crime du siècle. Ce crime historique a été accompli par l’ancien régime irakien et il a abouti à une grande perte humaine et intellectuelle pour l’ensemble de la oumma islamique, une perte pour l’islam, en tant que religion, que civilisation et que pensée. Le martyr sayed Mohammed Baker al Sadr n’était pas seulement un grand philosophe et intellectuel, il était un génie comme il y en a eu peu dans ce siècle. Nous évoquons aujourd’hui son souvenir et son influence est toujours présente et elle appuie et consolide le mouvement de l’islam et de la oumma. Nous sommes tous responsables de suivre et d’appliquer sa pensée. Il ne s’agit pas seulement d’une responsabilité irakienne, car le martyr sayed Mohammed Baker al Sadr avait la dimension du monde, de l’humanité, de la oumma et de tous les faibles dans ce monde. Il pensait pour tous les peuples et pour tous les opprimés du monde. Nous devons donc préserver son héritage et poursuivre sur le chemin qu’il a tracé, lui qui était notre plus grand professeur.
J’espère que nous nous reverrons bientôt inchallah, au cours du mois du Ramadan et après dans le cadre de meetings électoraux, et nous parlerons beaucoup des élections…