Discours du secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah à l’occasion de la Journée du blessé
Au nom de Dieu
Pour commencer je vous souhaite à tous la bienvenue, que vous soyez au Hermel, à Baalbeck, au Sud ou dans la banlieue sud.
Nous sommes au mois de Chaabane, le mois de la dévotion, à la veille du mois de Ramada que je vous souhaite à tous heureux et plein de sérénité, comme je vous présente mes vœux pour les fêtes de ce mois, notamment la naissance de l’imam Abou Abdallah al Hussein et celle de Abou Fadel al Abbas.
Comme chaque année, nous nous retrouvons à cette date, celle de la naissance d’Abou Fadel al Abbas pour rendre hommage à nos blessés, ceux de la résistance islamique au Liban et tous les blessés résistants dans le monde, qui se sont sacrifiés et ont fait preuve de patience. Parmi ces blessés, il y a l’imam chef sayed Khamenei qui continue de porter dans son corps les traces des blessures qu’il a essuyées. Comme chaque année à cette occasion, nous réitérons à nos blessés l’admiration que nous leur portons. Nous leur redisons combien leur apport est important et combien nous sommes fiers d’eux, combien aussi nous leur sommes redevables. C’est important surtout en cette période où de nombreuses personnes vivent sans la moindre reconnaissance à l’égard de ceux qui ont fait du bien et donné l’exemple. Aujourd’hui, nous vous remercions encore une fois et toujours, vous qui avez choisi de plein gré cette voie, qui étiez présents sur les champs de bataille de votre plein gré, pour défendre votre pays, sa souveraineté, ses ressources, son indépendance, sa liberté, sa dignité et les symboles sacrés de la oumma. Les victoires, ce sot vous qui les avez remportées avec les martyrs et tous ceux qui ont consenti des sacrifices dans ce but.
Chers frères et sœurs, vous êtes les personnes sincères, vous êtes les martyrs vivants et le rappel permanent des sacrifices qu’il faut consentir pour écarter l’obscurité de l’occupation et voir la lumière de la liberté. Vous êtes les témoins actifs des réalisations de la révolution islamique et de la résistance tout au long des 40 dernières années. A tous ceux qui s’interrogent, vous dites accrochez-vous à cette résistance. Cela a depuis le début été votre message, le vôtre, celui des martyrs et celui des otages libérés.
Abou Fadel al Abbas était votre modèle et votre symbole, lui qui a poursuivi le combat, même après avoir perdu un bras puis l’autre, le corps ensanglanté, il a poursuivi le combat jusqu’au martyre. Vous vous êtes inspirés de son parcours pour poursuivre le chemin, protéger, combattre au risque de perdre la vie…Aujourd’hui, vous inspirez d’autres qui, comme vous, donnent la priorité à l’esprit de la résistance, au sacrifice, à la détermination, au courage et à la clarté de la vision.
Cette clarté de la vision donne ce pouvoir de discernement qui constitue une des particularités de cette résistance, qui permet de faire la différence entre l’ami et l’ennemi, le vrai et le faux, les menaces et les opportunités.
Chers frères et sœurs, ce qui se passe autour de nous devrait renforcer notre capacité de discernement et notre aptitude à tirer les leçons qui s’imposent. A partir de là, je vais évoquer les questions d’actualité.
Je commence par les événements entre la Russie et l’Ukraine, qui est très important, pour tirer les leçons. Comme la dernière fois, je citerai rapidement quelques points avant de passer vers le dossier libanais.
Le premier point : La représentante des Etats-Unis au Conseil de sécurité a déclaré en s’adressant à la Russie : toute attaque contre les civils est un crime de guerre et nous notons tout. Nous vous demanderons des comptes, à vous les criminels. Elle dit cela à la Russie, mais elle ne dit aucun mot des crimes commis par les Américains dans toutes leurs guerres, contre des cibles civiles, à commencer par Hiroshima et Nagasaki, où les bombes atomiques continuent à avoir des effets nocifs jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à l’Irak, le blocus qui lui a été imposé et qui a tué des dizaines de milliers d’enfants, ainsi que les dizaines de milliers de civils tués dans ce pays de leur propre aveu, jusqu’à aussi l’Afghanistan, om des dizaines de milliers de civils ont été tués. Tout le monde se souvient comment les avions américains ont bombardé des cérémonies de mariages… Que dire aussi des massacres sionistes en Palestine depuis plus de 70 ans ? Que dire du blocus de Gaza ? Aujourd’hui, le monde pleure pour une ville ukrainienne encerclée, alors que cela ne dure que depuis quelques jours, celui de Gaza dure depuis des 15 ans ! Le monde entier se tait. Le Yémen est encerclé. L’agression saoudo-américaine y dure depuis 7 ans. Des dizaines de milliers de civils, des femmes et des enfants y sont morts et le monde entier se tait. Les produits pétroliers sont devenus inaccessibles à cause du blocus et les gens manifestent leur colère dans la rue, mais nul ne se soucie d’eux. Pourquoi ? Parce tout simplement, ils n’ont pas la peau blanche, ni les yeux bleus. ET s’il y en a parmi eux, cela peut arriver, ils ne sont malgré tout pas considérés comme appartenant à la civilisation blanche. Je dirais même plus : dans cette civilisation de l’homme blanc, l’être humain est un outil, une marchandise ou un produit. Mais pour en revenir à la représentante des Etats-Unis au Conseil de sécurité, elle aurait dû, avant de menacer la Russie, de réclamer le jugement des Américains et Britanniques et autres armées occidentales pour les crimes commis en Algérie, en Libye, en Tunisie, en Afrique, en Inde, au Pakistan et dans tous els coins de la planète, dans lesquels des centaines de milliers de personnes sont mortes. Si quelqu’un veut ouvrir un tel dossier, il doit commencer par ces critères. Cela se confirme jour après jour. Vendredi dernier, dans une mosquée de Peshawar au Pakistan, un kamikaze s’est fait exploser. Il y a eu des dizaines de martyrs, des dizaines de blessés. Pourtant, le monde se tait. En fait, ce silence est normal car ces terroristes ont été créés par la CIA. Ils sont fabriqués par les Américains et au service de leur projet…
Avant de menacer la Russie et d’autres de procès, il aurait fallu tenir des dizaines, voire des centaines de milliers d’audiences pour juger les Américains, les Britanniques et les armées occidentales et européennes pour leurs crimes en Algérie, en Tunisie, en Libye, en Afrique et dans tous les coins du monde, en Inde et au Pakistan… Si on veut ouvrir ces dossiers, il faut commencer par ces critères.
Jour après jour, il se confirme que les critères américains ne correspondent pas aux valeurs humaines et morales, au Droit international et aux droits. L’intérêt politique et économique américain prime. Lorsqu’il est dans l’intérêt des Etats-Unis de condamner, ils le font et lorsque leur intérêt n’est pas assuré, ils ne font rien. Plus que cela, dans tout ce qui concerne les Israéliens, non seulement les Américains ne condamnent pas mais ils empêchent aussi le Conseil de sécurité de l’Onu de le faire. Ils empêchent le monde entier de le faire et défendent les criminels sanguinaires. C’est cela la vérité concernant les Etats-Unis. Nous le savons, mais nous le répétons pour ceux qui ne l’ont pas encore compris, pour qu’ils aient plus de discernement.
Le second point : chaque jour, il y a de nouveaux indices dans le monde sur le fait que faire confiance aux Etats-Unis est de la bêtise. Je vais développer ce point avant d’entrer dans les questions libanaises. Il est donc totalement idiot de faire confiance aux Etats-Unis et cela signifie brader les intérêts de la patrie et de la oumma et ceux des gens.
Il y a quelques mois, nous avons tous vu l’expérience des Etats-Unis en Afghanistan, comment ils ont lâché tout le monde. Nous avons tous vu les images en provenance de l’aéroport de Kaboul. Nous avons tous entendu les déclarations de responsables afghans qui ont travaillé pendant de longues années pour le compte des Américains, le président afghan en fuite qui était totalement inféodé aux Américains. Ceux-ci disaient : nous ne parlerons jamais avec les Talibans. Ils l’ont fait etc. Ce président totalement allié aux Etats-Unis a déclaré : ma faute est d’avoir cru les Américains et leurs alliés. Il a précisé qu’il leur donnait son avis, mais ils n’e ont jamais tenu compte. Ils pesaient être les seuls à penser correctement, à avoir des données, à savoir évaluer et à prévoir. On a vu le résultat en Afghanistan. Ils ont lâché les gens.
En Ukraine aujourd’hui. Tout le monde sait que les Etats-Unis et la Grande Bretagne tiennent les rênes. Les autres Etats européens ne voulaient pas ce conflit, comme par exemple l’Allemagne et la France dans une moindre mesure. Ces Etats avaient le sentiment qu’ils feraient les frais d’un tel conflit et que leurs intérêts seront menacés. Mais les Etats-Unis et la Grande Bretagne, qui est sortie de l’Union européenne ont poussé l’Ukraine dans la gueule du dragon. Bien entendu, le tout dans le cadre d’un calcul précis, car depuis le début, Biden avait affirmé que dans sa stratégie, la priorité est à la bataille contre la Chine et la Russie. Contre la Chine, il y a des calculs précis et un parcours déterminé. Contre la Russie comment devait-il faire ? Lancer une guerre mondiale ? Il ne peut pas. Il ne restait donc plus qu’à pousser l’Ukraine à s’opposer à la Russie, en sabotant les possibilités d’accord entre ces deux pays.
Aujourd’hui, la guerre a commencé depuis quelques jours et tout le monde peut écouter les déclarations du président ukrainien et celles des responsables de ce pays. Ils sont sur toutes les chaînes. Que disent-ils ? Ils nous laissent combattre seuls. Ils pensaient donc que s’ils sont en guerre, les Etats-Unis et leurs alliés les aideront et se battront à leurs côtés et ils se retrouvent seuls dans la bataille. C’est le président ukrainien qui le dit. Lorsque les Ukrainiens demandent qu’ils combattent à leurs côtés, les Américains et leurs alliés disent qu’ils ne peuvent pas le faire car ils ne veulent pas mettre en danger leurs populations. Ils ne veulent pas risquer de se diriger vers une guerre mondiale pour le compte de l’Ukraine. Ils ne sont pas prêts à le faire pour l’Ukraine lanche… Les Américains et leurs alliés disent donc ; combattez tous seuls, nous ne sommes prêts à le faire. Biden a déclaré qu’il n’enverra pas un seul soldat américain en Ukraine, ni aucun avion de combat. C’est pourtant eux qui ont poussé les Ukrainiens vers cette guerre. Certes, je ne pousse pas les Américains à entrer dans cette guerre, mais je cherche simplement à tirer les leçons de ce qui se passe, notamment pour tous ceux qui ont confiance dans les Etats-Unis et qui misent sur eux. Le président ukrainien leur demande de créer une zone interdite au survol des avions russes, pour que ceux-ci ne viennent pas bombarder, mais les Américains répondent qu’ils ne peuvent pas le faire, car cela pourrait provoquer une guerre et nous ne sommes pas prêts à la mener pour l’Ukraine. Le président ukrainien leur demande alors de faire un embargo sur les le gaz et les produits pétroliers russes mais ils lui répondent qu’ils ne peuvent pas se passer du pétrole et du gaz russe… D’ailleurs les prix du gaz et du pétrole ont grimpé. Regardez la contradiction, d’un côté ils imposent des sanctions à la Russie et de l’autre, ils ont besoin de son gaz quittes à l’acheter à un prix élevé. Les Ukrainiens demandent des avions et des armes aériennes mais les Etats-Unis refusent en disant que s’ils le font, cela déclenchera une guerre. N’est-ce pas une leçon importante ? Ils disent qu’ils ne peuvent pas se battre avec eux ni les aider de façon consistante. Ce qu’ils peuvent faire, c’est imposer des sanctions et un blocus, car leur objectif est d’affaiblir la Russie, dans leur propre intérêt, non dans celui des Ukrainiens. C’est cela leur véritable position.
Aujourd’hui, si quelqu’un avait la possibilité d’entrer dans els esprits et les cœurs des responsables ukrainiens, ils verraient une grande déception. C’est d’ailleurs pourquoi ils commencent à descendre de l’arbre sur lequel ils s’étaient perchés. Maintenant, ils sont prêts pour négocier et discuter de la neutralité de l’Ukraine et des demandes russes. Pourquoi le sont-ils devenus maintenant ? Parce qu’ils les ont abandonnés. Le président ukrainien a compris que ceux sur qui il avait compté l’ont lâché au milieu du chemin.
C’est une leçon importante. Nous la connaissions mais il est bon de la rappeler avec une nouvelle preuve éclatante.
Ils parlent donc de la civilisation occidentale, ses valeurs, sa morale, les droits de l’homme, mais nous assistons à une chute terrible de tout cela. Nous voyons comment ils traitent les réfugiés, comment ils les distinguent selon leur couleur de peau et leur origine. C’est cela la civilisation occidentale dont on nous vante les qualités tout le temps ! C’est ce modèle qu’on voudrait nous donner pour que nous le suivions ! Un des présidents de ces Etats a déclaré, pour justifier sa position que telle est la volonté de son peuple qui l’a élu sur cette base. Il s’agit donc d’une culture raciste qui n’a rien à voir avec les valeurs humaines et morales.
J’en arrive au Liban. Je vais le dire clairement aux responsables, aux autorités politiques et au peuple libanais dans son ensemble, le fait de céder aux directives américaines ne sauvera pas le Liban. Au contraire cela augmentera ses problèmes. Si vous voulez satisfaire les Etats-Unis, je vous le dis, vous n’y arriverez pas. Car leurs demandes n’ont pas de limites. Certains peuvent croire que les Américains ont formulé telle demande. Donnons-la et après ce sera fini. Mais moi je leur dis : vous verrez, dès qu’une demande sera exécutée, il y en aura d’autres et cela ne finira jamais. Avec les Américains, les demandes ne finissent pas. Les expériences des autres pays avec les demandes américaines le montrent. De plus, que donnent-ils en contrepartie ? Dites-nous un peu ce qu’ils ont donné.
Je voudrais donner un exemple d’actualité. La position officielle au sujet de la résolution de l’ONU concernant la Russie et l’Ukraine. Le Liban a voté aux côtés des Etats-Unis. 35 Etats se sont abstenus. Le Liban aurait pu faire comme eux. Qu’a-t-il obtenu en contrepartie ? Qu’auraient fait les Etats-Unis si nous nous étions abstenus de voter ? Ils nous auraient coupé l’électricité ? Mais de toute façon, nous n’en avons pas. Ils nous privent de dollars, de gaz ? DE toute façon, c’est ce qu’il fait. En plus, ils ne nous ont rien donné. Voter aux côtés des Etats-Unis n’est donc pas dans l’intérêt du Liban. Son intérêt était de s’abstenir, comme les Etats qui l’ont fait. Le Premier ministre du Pakistan leur a dit, il y a quelques jours, lorsqu’ils ont essayé de faire pression sur lui : Nous ne sommes pas vos esclaves. C’est une excellente position. Le Liban devrait dire la même chose aux Américains et à leur ambassade. Le nationalisme et le souci de la souveraineté l’exigent. C’est cela la véritable indépendance. Il y a eu avant cela le communiqué du ministère des Affaires étrangères au sujet du conflit en Ukraine. C’est le pire communiqué possible. Je n’ai pas commenté à ce moment-là, car les réactions m’avaient paru suffisantes. Mais il y a eu ensuite le vote. Il semble que cela ait été imposé. Certains médias l’ont dit. Mais le communiqué c’est un texte écrit publié par le ministère des Affaires étrangères. Il aurait été écrit par l’ambassade américaine au Liban ? C’est cela l’indépendance et le patriotisme ?
A ce sujet, regardons un peu autour de nous. Depuis des années, une partie politique libanaise prône la politique de distanciation. Elle nous a rabattu les oreilles avec cela. Nous avons accepté que le gouvernement libanais suive cette politique. Mais cela signifie que le gouvernement doit réellement adopter une politique de distanciation. Naturellement, nous en tant que parti, nous ne sommes pas avec cette politique. Nos positions sont claires au sujet du Liban et des questions qui agitent la région et le monde. Mais le gouvernement, parce qu’il gère les affaires des Libanais a décidé d’adopter une politique de distanciation. Mais où le fait-il ? En alignant sa position sur celle des Etats-Unis ? Pourquoi ceux qui ont prôné la politique de distanciation se sont-ils soudain tus ? Quelqu’un a dit que cette position pouvait nuire à nos relations avec la Russie. Mais tous ceux qui prônent la distanciation ont avalé leurs langues. Malgré cela, on continue à nous tanner avec la neutralité et la politique de distanciation. J’essaie de comprendre ce qu’elle signifie, mais je n’y arrive pas. Je voudrais qu’on me l’explique. Je ne plaisante pas. Lorsque mes frères ont commenté cette question, certains ont commencé à dire : Regardez le Hezbollah réclame maintenant la distanciation ! Ce n‘est pas cela du tout. Nous ne voulons pas de la politique de distanciation. Mais nous ne comprenons pas l’attitude du Liban. C’est sûr qu’on ne peut pas adopter toujours une position de neutralité ou au contraire une prise de position. Parfois, il faut se taire, s’abstenir et parfois il faut dénoncer ou appuyer. Mais ce qui est important, c’est qu’il est apparu que tous les propos et les théories sur la politique de distanciation et de neutralité n’ont aucune base réelle. Il s’agit d’un prétexte pour ne pas avoir à assumer les responsabilités morales, humaines, religieuses et nationales dans certains dossiers. Certains au Liban veulent éviter d’assumer ces responsabilités, au sujet notamment du conflit arabo-palestinien, au sujet de la Palestine et des Palestiniens et notamment des réfugiés, des symboles sacrés en Palestine et même au sujet de la guerre universelle menée contre la Syrie, du blocus imposé au peuple syrien qui traverse actuellement une crise économique et quotidienne sans précédent. Il s’agit de positions humaines, morales et nationales, juridiques aussi. Même chose pour le Yémen où le peuple est soumis à des agressions barbares. Mais ceux-là pour ne pas avoir de problèmes avec les Etats-Unis évitent d’assumer cette responsabilité morale et humaine. Même chose pour ceux qui ne veulent pas de problème avec l’Arabie. Le concept de neutralité et de distanciation a donc été trouvé. Mais dès qu’il s’agit des Etats-Unis, tout cela est oublié.
De plus, ce qui s’est passé donne aussi une nouvelle preuve du mensonge qui consiste à dire que le Hezbollah impose son hégémonie sur la décision de l’Etat libanais. Nous y reviendrons dans les élections. Ce slogan existe depuis des années, mais au cours des deux dernières, il est constamment brandi. Certains se présentent aux élections, mais ils n’ont pas de projet. En tout cas, nous ne les avons pas entendus l’exposer. Leur seul sujet est l’hégémonie du Hezbollah sur la décision libanaise. Par contre, comment comptent-ils traiter la crise économique et financière ? Ils ne disent rien à ce sujet.
Tous les problèmes qui s’abattent actuellement sur le Liban, c’est le Hezbollah qui est à leur origine. C’est un slogan faux, mensonger et trompeur. Ils appellent les électeurs à se rendre aux urnes pour enlever l’hégémonie du Hezbollah et libérer l’Etat libanais de cette hégémonie. D’autres vont encore plus loin et parlent d’occupation iranienne. C’est encore plus ridicule. Revenons à l’hégémonie du Hezbollah. Si elle existait vraiment, l’Etat libanais aurait-il adopté une telle position, le ministère des AE aurait-il adopté un tel communiqué ? Chaque jour il y a de nouveaux indices sur l’absence d’hégémonie du Hezbollah sur l’Etat libanais. Mais j’ai cité ceux-là parce qu’ils sont d’actualité. Par contre si, en adoptant ces positions, ils attendent quelque chose en retour de la part des Etats-Unis, nous voulons savoir ce qui leur a été donné. Qu’attendent-ils donc des Etats-Unis ? Ils vous lancent des promesses mensongères. Je me souviens encore lorsqu’au 10ième jour de Mouharram j’avais annoncé l’arrivée d’un bateau de mazout iranien, l’ambassadrice des Etats-Unis avait immédiatement promis l’arrivée du gaz égyptien, de l’électricité de Jordanie et des fonds de la Banque mondiale. Nous avons dit parfait. L’ambassadrice des Etats-Unis a donc dit qu’elle était prête à résoudre tous nos problèmes, dont celui de l’électricité. Nous attendons encore. Je vous rapporte des propos de responsables. Certes, les ministres jordanien, égyptien, syrien et libanais se sont réunis, ont fait des démarches et des déclarations, mais les Américains n’ont donné aucun document écrit pour à l’Egypte et à la Jordanie pour permettre que le gaz et le courant passent par la Syrie et par conséquent qu’ils soient exemptés des sanctions de la Loi César. Jusqu’à cet instant, tout ce qu’a dit l’ambassadrice des Etats-Unis était donc des mensonges. Malgré cela, des gens au Liban la croient et veulent qu’on lui applaudisse. Où est l’électricité promise ? Où est le gaz égyptien ? Nous attendons que la Banque mondiale paie.
A partir de là, je vais vous raconter une histoire. Ce qui me pousse à le faire, c’est que les prix du pétrole commencent à s’élever. Jusqu’où s’élèveront-ils ? On ne le sait pas. Mais déjà, on entend dire qu’il y aura une pénurie de carburants, de mazout et que les prix seront désormais versés en dollars, les files humiliantes vont revenir etc. Ecoutez donc cette histoire. Il y a un an et demi, lorsque nous avons parlé de nous diriger vers l’Est, nous avions encouragé cette tendance et de fait, des compagnies chinoises étaient venues au Liban, ainsi que des compagnies russes. Ils ont soumis des propositions réelles. Mais ils n’ont reçu aucune réponse de la part du Liban. Pourquoi ? Parce que les Américains ont refusé. Je ne fais pas ici de l’analyse. J’ai posé la question et c’est la réponse que j’ai reçue. Une compagnie russe qui travaille dans le domaine des raffineries et du pétrole est venue au Liban il y a un an et demi. Le gouvernement de l’époque était déjà démissionnaire. Les négociations ont commencé et elles se sont poursuivies avec l’actuel gouvernement. Les Russes disent être prêts à construire une raffinerie, à Tripoli, à Zahrani ou ailleurs, comme le veulent les Libanais. Ils ont proposé de construire la raffinerie et d’amener le pétrole brut. Donc, le Liban n’a même pas besoin d’ouvrir des crédits et de signer des contrats. Les Russes ont dit être prêts à construire la raffinerie, de l’ampleur souhaitée par le Liban pour le coût d’un milliard et 200 millions de dollars. Si les Libanais veulent plus, ils peuvent en construire une pour 2 milliards de dollars. Cela ne coûtera rien au gouvernement libanais. Les Russes ne veulent même pas des garanties de la Banque mondiale, ni du Fonds Monétaire International. Ils ne veulent pas de garant. Ils ont même fourni un document officiel pour s’engager à ne pas exiger de garanties. Plus même, ils amènent le pétrole brut dans la raffinerie construite sur le sol libanais. Ils assurent le raffinage et les produits pétroliers, le carburant, le mazout etc. Par conséquent, la Banque centrale n’aura pas besoin d’ouvrir des crédits, ni de payer en dollars, ni de guetter l’arrivée de bateaux qui ne viennent pas.
Tous les produits pétroliers seront donc assurés à travers cette raffinerie. Ils peuvent raffiner 150000 barils par jour au minimum. Si on se dirige vers la construction d’une grande raffinerie, on pourra raffiner 210 000 barils par jour. Ce qui non seulement couvrira tous les besoins du Liban en produits pétroliers, mais aussi lui permettra d’en exporter. L’Etat pourra s’il le veut acheter ces produits ou dire à quelles compagnies il faudra les vendre. Ces produits seront vendus, écoutez-moi bien, en livres libanaises, non en dollars. Cela permettra à l’Etat libanais de faire de grandes économies, des milliards de dollars seront épargnés. Les citoyens seront soulagés, il n’y aura plus de monopole de la part des compagnies, le citoyen n’aura plus à emmagasiner le carburant. Au contraire, il y aura un surplus de produits pétroliers au Liban, qui pourra ainsi les exporter, sas qu’il n’y ait la moindre contrepartie. Les Russes feront des bénéfices pendant 20 ans et à partir de là, la raffinerie appartiendra au Liban, selon le système de BOT. Un an et demi de négociations inachevées et jusqu’à présent, il n’y a pas de réponse. Ils posent des conditions qui sont acceptées et cela n’en finit pas.
Un autre exemple. Ils leur ont dit : nous voulons une raffinerie qui soit en mesure de raffinerie ce genre de pétrole brut, car c’est cette sorte que nous trouvons chez nous et que nous devrions extraire bientôt. Les Russes ont accepté. Or, jusqu’à présent, les Libanais n’ont pas encore donné leur accord. Pourquoi ? J’ai appris la cause de cette absence de raison, parce que j’ai commencé à intervenir dans ce dossier récemment, parce qu’il est dans l’intérêt général et il serait de nature à mettre fin aux files humiliantes, aux pénuries… La solution pourrait donc apparaître dans six mois, la raffinerie sera construite et elle commencera à fonctionner. Les Russes ont même dit : signez et dès que cela sera fait, nous commencerons à acheminer le gaz selon les critères que vous voulez, pour toutes vos centrales électriques. Le gaz égyptien ne sera plus nécessaire. Pourquoi les Libanais n’acceptent-ils pas ? La raison est simple. En toute franchise, c’est à Awkar qu’il faut la chercher. Il n’y a pas d’autre raison, malheureusement.
Le projet est clair. Il est d’un grand intérêt pour le Liban. Mais Awkar a dit non. Cette interdiction a été émise avant la guerre en Ukraine. Si avant cette guerre, il fallait du courage pour braver l’interdiction américaine, après cette guerre, il en faut beaucoup plus. Avec cette mentalité, on ne peut pas sauver le Liban, on ne peut rien faire et le Liban continuera à souffrir des pénuries de mazout, d’électricité, d’essence… de tout. Les Américains menacent d’imposer des sanctions sur la Banque centrale, ils font et défont, ils décident…Moi, je dis, si vous voulez écouter les Américains, demandez-leur au moins une contrepartie. Vous voulez amener une compagnie américaine, moi le Hezbollah, je vous dis, soit ! Que la compagnie du «Satan» américain fasse une proposition comme celle de la Russie, signez avec elle. S’il y a une autre proposition qui assure le fuel, le gaz, l’électricité, l’essence, le mazout et les autres produits pétroliers en Livres libanaises, sans les difficultés du transport et des crédits, pourquoi pas ? Allez-y !
Les Américains interdisent l’option russe mais ne donnent aucune autre solution de rechange. La question véritable qui se pose donc est la suivante : qui impose son hégémonie sur le pays ? Si le Hezbollah le faisait la proposition russe aurait été acceptée depuis un an et demi. Le Liban aurait depuis un an une raffinerie, 160000 barils de pétrole brut par jour. Il aurait une autosuffisance en essence, mazout… et serait devenu un Etat exportateur ? Il aurait fait l’économie de milliards de dollars. Car si le Hezbollah imposait son hégémonie sur l’Etat libanais, l’ambassade américaine et ses interdictions n’auraient aucun poids, car il ne tient compte que de l’intérêt du peuple libanais. C4est comme cela que réfléchit le Hezbollah. C’est comme cela qu’il est. C’est donc une nouvelle preuve du mensonge lancé sur le fait que le Hezbollah domine l’Etat et qui est utilisé comme un slogan dans les élections. Ne dit-on pas : on veut libérer le Liban et son Etat de l’emprise du Hezbollah ? Imaginez donc que les électeurs vont se rendre aux urnes sur la base de ce slogan mensonger ? La résistance et ses armes, la domination du Hezbollah, c’est cela qu’on lance aujourd’hui aux électeurs… Aujourd’hui, face à la souffrance de nos blessés, je demande à l’Etat libanais d’être à la hauteur de leurs sacrifices, pour servir les intérêts du Liban et de tous les Libanais. Permettez-moi de lancer un appel au Président de la République et au Président du Conseil et le ministre concerné, car ils détiennent le pouvoir exécutif, pour qu’ils prennent la décision et assument la responsabilité en disant oui à la proposition qui mettrait fin aux humiliations et aux pénuries et qui éviterait à l’Etat de recourir à l’armée pour qu’elle surveille les files et empêche les gens révoltés et humiliés de se battre entre eux devant les stations d’essence…Dieu sait où ira le pays si cela continue ainsi alors qu’il existe une proposition qui dit qu’en six mois, du gaz, du mazout et de l’essence seront assurés, sans que l’Etat ne verse un sou. J’aimerai que quelqu’un réponde à cette logique par une logique similaire. Qu’on nous dise, c’est faux, ce n’est pas ainsi que cela se passe, qu’on discute du contenu, au lieu de lancer des slogans creux. Nous voulons savoir pourquoi rien n’est dit à ce sujet, nous sommes inquiets et sidérés devant cette occultation car nous savons où on veut prendre le pays…
Je voudrais encore dire quelque chose en quelques minutes. Suite à la crise actuellement en cours, on nous parle d’une pénurie de blé et d’huile, en plus de celle du pétrole, dont nous souffrons depuis des années. Les gens achètent et emmagasinent chez eux, les prix grimpent. Pourquoi ? A cause du monopole. Très vite les denrées qui risquent d’être affectées par cette guerre disparaissent des magasins. C’est l’avidité incroyable de certains commerçants. Y a-t-il une solution à cela ? Dans le passé, nous avions lancé un appel à l’Etat et nous lançons de nouveau un appel au gouvernement : la solution est chez vous. Ni le Hezbollah, ni le mouvement Amal, ni tel ou tel autre parti peuvent résoudre ce problème. Car sinon cela signifierait des affrontements dans chaque village, dans chaque quartier ? La seule partie en mesure de régler cette question, c’est l’Etat, l’armée et les services de sécurité. Allez donc faire des sondages, vous verrez que cette question a l’approbation massive de tous les Libanais, quelles que soient leurs appartenances politiques, confessionnelles et régionales. Utilisez la force pour empêcher le monopole, oui la force. Mettez les monopolisateurs en prison, mettez la main sur les marchandises qu’ils emmagasinent chez eux, sur leurs fonds. Et après cela, les produits seront vendus selon les critères légaux et moraux. Contrôlez les prix et frappez d’une main de fer ceux qui haussent les prix par avidité. Il n’y a pas d’autre solution. Sinon, le pays va vers un grand problème. La solution est donc entre vos mains. Agissez, sinon quel est donc le rôle de l’Etat ? Celui du gouvernement ? D’ailleurs pourquoi existent-ils ?
Enfin, nous voulons rappeler aux Libanais que certains d’entre eux sont toujours en Ukraine. Il faut les sauver de là-bas. Il faut aider ceux qui sont déjà venus, car ils sont partis sans rien. Ils ont fait leurs valises à la hâte et sont partis, comme tous ceux qui fuient une région en guerre. Les aider relève donc de votre responsabilité.
J’ai parlé aujourd’hui avec une certaine violence, parce que je voudrais être franc avec les gens avec le peuple libanais. Il ne faut pas obéir aux injonctions américaines. Parfois, lorsque nous posons la question, on nous dit : les Américains ne nous ont rien dit. C’est encore pire. Cela signifie que d’eux-mêmes ceux qui prennent les décisions, supposent que les Américains vont se fâcher s’ils agissent de telle manière ou de telle autre. Cette mentalité, cette culture et cette approche sont celles qui dominent dans la gestion des affaires du pays. Si cela continue ainsi, ce pays sera de plus en plus pauvre, les crises et les catastrophes au niveau de la vie quotidienne augmenteront. Dieu merci, nous avons une équation en or face à l’ennemi israélien. Il y a aussi encore une armée et des forces de sécurité qui protègent le pays, mais où va le Liban avec cette mentalité ? Nul ne demande aux responsables libanais de déclarer la guerre aux Américains. Je dis cela parce que certains commenceront demain à lancer ce genre de commentaires… Non, vous êtes libres de rester dans els bras des Américains, de discuter avec eux, mais tout ce que je demande c’est de ne pas obéir à leurs injonctions. Ne soyez pas leurs esclaves. Soyez souverains dans votre pays, songez à son intérêt. Prenez les décisions qui servent les intérêts de votre pays et de votre peuple. C’est tout ce qui vous est demandé. Il ne vous est pas demandé de déclarer la guerre ou de rompre les relations avec les Etats-Unis, ni que vous les appeliez «Le Grand Satan», comme nous le faisons. Nous connaissons les circonstances et la composition de notre pays et nous les comprenons, nous comprenons aussi la situation régionale et internationale. Nous ne demandons pas à l’Etat, aux responsables et aux forces politiques quelque chose d’insupportable. Nous leur demandons simplement un minimum de souveraineté, de liberté, d’indépendance, de nationalisme et de souci de l’intérêt du pays. Mais s’ils pensent qu’ils ne peuvent pas aller à l’encontre de la volonté des Etats-Unis car ils seront passibles de sanctions, qu’ils regardent un peu où en est le pays ! Tout ce que vous avez craint est en train d’arriver et nous allons vers encore plus de détérioration. Par contre si vous dites non, cela pourrait s’améliorer. Il y a même un espoir et peut-être qu’ils viendront entamer des négociations avec vous. Ils pourraient même vous proposer des solutions de rechange, s’ils sentent que vous êtes déterminés à aller vers d’autres solutions qui les dérangent. Rappelez-vous la réaction de l’ambassade américaine à Beyrouth, lorsqu’elle a vu arriver le bateau de mazout en provenance de l’Iran. S’il y a eu cette réaction, cela veut dire qu’il faut mener une action, qu’il faut agir, et les laisser réagir. Aujourd’hui, l’Etat, le peuple et nous tous, nous sommes comme les blessés. Nous devrions apprendre d’eux, de leur sincérité, de leur loyauté, de leur foi inébranlable, de leur discernement et de leur patience. Ils sont restés sur la même voie, en dépit de leurs souffrances, des traces qu’ils continuent à porter dans leurs corps et dans leurs âmes. Nous devons être à la hauteur de ce qu’ils ont fait. Nous devons être à la hauteur de ce pays, de ces gens, de ces familles nobles qui portent les blessés. Nous leur devons bien à tous ceux-là d’agir avec discernement et courage. C’est le message qu’ils nous donnent.
En conclusion, je réitère mes vœux et mes remerciements aux blessés qui nous donnent chaque jour, eux et leurs familles si chères, des leçons de courage et de patience. Je voudrais aussi rendre hommage à l’institution des blessés qui fait de son mieux pour aider ceux-là. Elle accomplit son devoir envers ceux qui se sont sacrifiés et enfin, je remercie une fois de plus Dieu pour ses bienfaits et parce qu’Il nous a ouvert la voie du jihad pour protéger notre pays, notre honneur et nous Lui demandons de nous mener vers la victoire divine.