Discours du secrétaire général du Hezbollah pour annoncer les candidats du parti aux prochaines élections législatives
Au nom de Dieu
Mon discours d’aujourd’hui est principalement consacré aux questions qui touchent les élections. Car nous sommes pratiquement entrés dans la phase de la campagne électorale et dans l’ambiance des élections. Il y aura aussi des occasions importantes au cours des prochaines semaines et je serai à votre service. C’est pourquoi j’ai divisé les sujets que je compte aborder au cours des prochaines semaines et des prochains mois si Dieu me prête vie, jusqu’aux élections législatives.
Donc mon discours est consacré aux élections. Je voudrais commencer par leur tenue. Vous savez que nombre de ceux qui ont pris la parole ces derniers temps maintiennent le doute sur la tenue des législatives à la date prévue. Ils accusent même des parties politiques de travailler en vue de leur report et de la prorogation du mandat de l’actuel Parlement. Il était clair que la plupart de ces voix appartenaient à un même camp. Au point qu’on avait l’impression qu’elles étaient orchestrées à partir d’une même chambre. Heureusement au cours des derniers jours, on dirait que ces voix se sont un peu calmées. Nous entendons moins de voix qui parlent du report des élections, ou de la prorogation du mandat de l’actuel Parlement. Ce sujet semble clos et tout le monde se dirige vers la préparation des élections, notamment celui des candidatures car le délai devient assez court et celui des alliances, ainsi que celui de la formation des listes. Ce sujet est donc clos. Surtout depuis qu’ils ont vu à quel point les forces qu’ils accusent de vouloir faire sauter les élections travaillent sérieusement pour cette échéance. Ces forces travaillent jour et nuit pour être prêtes à se lancer dans les élections. Par conséquent, il n’était plus logique de parler de leur report. Dès le départ, ces accusations n’étaient pas basées sur la logique. Mais je crois qu’il n’y a plus rien qui puisse provoquer le report des élections ; sauf si à Dieu ne plaise, une guerre éclate ou un très grand événement se produit. En tout cas, tout indique que le pays se dirige vers les élections le 15 mai prochain inchallah.
Voilà pour le premier point. Le second point sur la préparation proprement dite et le lancement des machines électorales. En ce qui nous concerne, nous avons des candidats du Hezbollah dans certaines circonscriptions, des candidats alliés ou amis dans d’autres et dans d’autres encore des électeurs sympathisants.
Nous avons donc formé des machines électorales pour qu’aucune de nos voix ne soit gaspillée. Ces machines travailleront dans les circonscriptions où nous avons des candidats et dans les autres, dans lesquelles nous voulons appuyer avec nos voix d’autres candidats amis et alliés. Demain, si Dieu le veut, une partie de ces machines sera annoncée dans une première étape et les autres devront suivre.
Le troisième point sur les alliances. Depuis quelque temps, nous multiplions les contacts avec les amis et les alliés. Eux aussi nous contactent. Autrement dit, les initiatives viennent de tous. Il y a des rencontres bilatérales et des réflexions à haute voix. Toutes les options sont évoquées et évaluées. Des idées se précisent. Mais il faut encore un peu de temps pour que les alliances soient annoncées car cela devrait arriver dans une étape ultérieure, ainsi que la formation des listes après la fermeture du délai de dépôt des candidatures. C’est pourquoi je voudrais dire que ce que vous lisez dans les médias ou sur les, réseaux sociaux et je suis cela de près n’est pas toujours précis. Parfois, c’est même faux. En tout état de cause, lorsque nous arriverons à des résultats déterminants, nous les annoncerons, les uns après les autres.
A travers nos discussions préliminaires, il est clair que dans certaines circonscriptions, nous serons avec nos amis et nos alliés sur une même liste. Dans d’autres, nous étudions encore les options. Nous pouvons être sur deux listes différentes mais en accord, dans certaines circonscriptions, car comme vous le savez, la loi est basée sur la proportionnelle, mais il faut aussi tenir compte du coefficient électoral qui permet à une liste d’obtenir un siège au Parlement. Ce coefficient se joue parfois sur des fractions. Dans ce contexte, il se peut que dans certaines circonscriptions, nous et nos alliés et amis préférions mener la bataille avec des listes séparées. Mais cela ne signifie pas que nous sommes en conflit ou que nous y sommes des adversaires. Il s’agit du fruit de l’évaluation de la bataille électorale dans certaines circonscriptions.
Le quatrième point dans cette partie porte sur ce qui se dit dans certains médias qui présentent le Hezbollah comme étant en train de diriger la campagne et la bataille électorales pour lui et pour ses alliés et amis au Liban. C’est lui qui agit et centralise les démarches, forme les listes, noue les alliances etc. C’est faux et pas seulement peu précis. Dans les circonscriptions où nous avons des candidats, il est normal que nous contactions nos amis et alliés pour la formation des listes, car nous y avons une présence essentielle. Mais dans les circonscriptions où nous n’avons pas de candidats, ce sont nos amis qui forment les listes. Nous ne jouons aucun rôle central dans ces circonscriptions. Certes, dans certaines circonscriptions, ou certains amis et alliés peuvent avoir besoin d’aide. Le Hezbollah, en tant qu’ami propose la sienne, il peut réussir ou non. Je voulais préciser ce point. Dans les circonscriptions où nous n’avons pas de candidats, ce sont donc nos amis et alliés qui dirigent la bataille électorale, forment les listes, se contactent entre eux. Si nous pouvons aider ou apporter une contribution, nous n’hésitons pas à le faire. Nous pouvons réussir ou non.
Pour conclure ce sujet, beaucoup de choses qui figurent dans les médias sont prématurées, notamment au sujet des alliances, des listes ou de la distribution des voix préférentielles. Certaines choses n’ont pas encore été tranchées et ont besoin de concertation et de discussion. En tout cas, lorsque nous voudrons annoncer une liste unifiée ou une alliance précise, il ne s’agira pas d’une annonce individuelle, mais elle sera faite en coordination et en accord avec nos partenaires au sein de la liste.
Dans le discours consacré aux chefs martyrs, j’avais dit que notre slogan pour les élections est «Nous restons pour protéger et bâtir». En 2018, il se limitait à «Nous protégeons et nous bâtissons». Cette année, nous avons ajouté : nous restons pour protéger et bâtir.
Le pivot de la campagne médiatique électorale, de ma part et de celle des autres frères qu’ils soient des candidats, des responsables, des députés, des ulémas, tournera autour de ce slogan : comment nous protégeons et comment nous bâtissons, dans quels domaines etc. Inchallah nous en parlerons plus longuement ultérieurement.
Concernant le programme électoral, en 2018, nous en avions annoncé un. Mais comme chaque fois par le passé, il ne s’agit pas d’un document politique du Hezbollah ou même d’une vision stratégique, mais simplement d’une série de titres dont nous estimons qu’ils sont réalistes et réalisables en 4 ou 8 ans, un peu plus ou un peu moins. Nous préparons un programme et nous disons qu’il est le pivot de l’action de nos députés, du Hezbollah, de nos amis et alliés, si nous sommes d’accord entre nous sur certains points. Le programme de 2018 a donc été annoncé à cette période. Le programme de cette année est inspiré de celui de 2018, car certains points ont exigé plus de tempos et doivent faire l’objet d’une action continue. D’autres constituent des objectifs fixes et permanents. Ce qui signifie que tant que nous sommes présents au Parlement, nous devons continuer à travailler pour réaliser ses objectifs et les consolider. Donc, le programme cette année est inspiré des précédents et il tient en même temps compte des nouveaux développements au cours des 4 dernières années pour ajouter des points qui méritent d’y être ajoutés.
Le programme a été discuté au cours des derniers mois et il a été définitivement adopté. Il est actuellement dans la phase des dernières retouches, sur le plan de la rédaction. Inchallah il sera bientôt annoncé.
Le point que je souhaite évoquer maintenant porte sur les députés du Hezbollah et le bloc de la résistance. Nous en parlons régulièrement dans nos réunions internes, au cours des rencontres préparatoires des élections et avec les machines électorales, mais j’attendais l’occasion pour pouvoir en parler publiquement.
Pour les électeurs qui vont choisir les députés du Hezbollah, il faut qu’ils sachent où ils se situent, ce qu’ils peuvent attendre d’eux ou leur demander, selon quel mécanisme. C’est important pour que plus tard, s’il faut procéder à une évaluation de leur travail, que celle-ci soit réaliste et juste. Les députés du Hezbollah sont une partie de cette formation. Il ne s’agit donc pas d’une entité parallèle au Hezbollah, d’un groupe indépendant. Ils font donc partie de la hiérarchie et de la structure du Hezbollah, de la gestion politique concrète du Hezbollah, de son parcours qui a des objectifs précis et ils ont un cadre précis, le bloc de la résistance. C’est ainsi pour toute l’action du Hezbollah à laquelle correspond toujours une structure organisationnelle. Nous avons ainsi une structure exécutive, une autre jihadiste, politique etc. Lorsque nous disons qu’ils sont des députés du Hezbollah, cela signifie que leur plafond c’est le Hezbollah, leur projet est le sien et leurs limites, ce sont les siennes. Ils ne peuvent pas être en dehors de ce plafond et de ce cadre. Par conséquent, leurs positions sont toujours dans le cadre du Hezbollah et sous le plafond de sa décision. Certes, chacun l’exprime à sa manière, avec ses propres mots, mais il se conforme à la position du Hezbollah. Le député indépendant n’a pas ces mêmes contraintes. Il peut ne pas avoir de plafond. Par contre, les députés du Hezbollah sont des personnes engagées dans la politique et l’action de cette formation. Les gens doivent tenir compte de ces considérations dans leur évaluation. Parfois, ils disent de tel député qu’il a un plafond élevé. C’est normal il est indépendant. Mais les députés du Hezbollah doivent eux, se conformer au plafond fixé par le parti qui s’inscrit dans le cadre d’une vision stratégique, d’objectifs, d’études et de décisions collectives. C’est la même chose au niveau des relations politiques des députés du Hezbollah.
Lorsque nous passons au sujet des lois et des législations, même au niveau des décisions politiques comme la désignation d’un tel pour la présidence du Conseil, ou le vote de confiance à tel gouvernement, il s’agit de décisions politiques, que les députés ne prennent pas seuls. Certes, ils en discutent et donnent leur avis, mais la décision est celle du commandement du Hezbollah et ils doivent s’y conformer et l’exprimer. C’est pourquoi lorsqu’on demande à un tel député : pourquoi avez-vous donné la confiance à ce gouvernement ? En réalité, la question doit m’être posée à moi et au Conseil Consultatif du Hezbollah. Les députés sont consultés mais ils n’assument pas la responsabilité d’une telle décision.
Dans le cadre des lois et de la législation, les députés ont une large marge de manœuvre. Le bloc de la résistance a une large latitude pour étudier les projets de lois présentés par le gouvernement et les propositions présentées par des députés. C’est d’ailleurs leur principale activité. Nous autres, nous avons des lignes directrices concernant par exemple les impôts et les taxes, l’administration, les appels d’offres… Il y a une politique générale. Les députés étudient ensuite et prennent la décision qu’ils jugent nécessaire. Dans certains cas précis, il leur est demandé de revenir vers le Conseil Consultatif. J’ignore s’il y a, au Liban, un bloc parlementaire qui dispose d’une telle marge de manœuvre dans l’étude et le vote des lois, sans avoir à revenir toujours vers le commandement politique. Je reviendrai sur ce point lorsque je parlerai des réalisations.
Sur le terrain, les députés du Hezbollah sont une partie de l’action de cette formation. Il n’y a rien qui s’appelle un député qui agit seul sur le terrain. Nous avons des régions, des secteurs, une population, des institutions. Nous avons des dossiers, des cadres, des commissions sociales et populaires, les députés font donc partie de cette grande machine qui agit dans les régions et complète l’action dans les régions. C’est pourquoi lorsqu’il y a des évaluations, celles du député ne peuvent pas être dissociées de celles de l’ensemble du parti. Qu’elles soient positives ou négatives. Le bloc chez nous travaille collectivement. Les membres du bloc discutent entre eux. C’est le cas depuis 1992, lorsque le Hezbollah a décidé de participer aux élections. Ils se concertent entre eux avant d’aller dans les réunions des commissions ou celles de l’assemblée générale. Il y a donc une grande responsabilité qui est jetée sur leurs épaules au niveau de la discussion et du vote des lois. En fait, cela devrait être leur principale fonction, mais au Liban, la mission du député a été orientée vers d’autres tâches… Nos députés ont donc un rythme précis. Ils se réunissent régulièrement une fois par semaine ou plus, ils discutent, étudient, comparent les réalités sur le terrain et discutent ensuite dans les commissions, qu’il s’agisse de celle de la santé, des finances, de la justice etc. Lorsqu’un de nos députés s’exprime, il ne s’agit pas d’un avis personnel. Il doit être en harmonie avec le climat général du Hezbollah. Certes, pour être équitable, il faut dire qu’il donne son avis dans les réunions internes et cet avis peut être adopté. En tout cas, vous pouvez demander à tous ceux qui connaissent le fonctionnement des commissions parlementaires et celui de l’assemblée générale, à quel point depuis 1992, les discussions de nos députés sont sérieuses et pertinentes.
D’ailleurs, une des menaces qui pèse sur le Parlement, c’est qu’un jour, il y ait des députés qui ne sont pas à la hauteur ou n’ont pas envie ou ne sont pas assez sérieux pour discuter les lois en profondeur. A ce moment-là, cela signifiera qu’il y a une grave lacune au Parlement, issue des élections. En tout cas, nous, au Hezbollah et au Conseil Consultatif, nous considérons que le bloc de la résistance est l’un des plus sérieux, au niveau de la discussion des lois. Nos députés ne se contentent pas d’assister aux réunions des commissions, ils font auparavant des recherches, assistent à des conférences, lisent des études spécialisées etc. Ils ont aussi une grande présence dans leurs régions respectives. Ils partagent avec leurs électeurs les différentes occasions de la vie quotidienne, politiques et sociales. Au cours des 4 dernières années, depuis 2018, nous avons préparé des rapports sur ces sujets et nous les divulguerons dans les médias, pour parler des réalisations de nos députés. Il y a des réalisations particulières à notre bloc et d’autres communes aux députés d’une région. Ces rapports seront publiés. Certes, nous n’avons pas pu réaliser tout ce dont nous avions parlé en 2018. Mais il y a eu beaucoup de choses positives, au niveau des lois adoptées, du suivi et des services dans les régions liées à ces lois. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que nos députés abordent toutes les questions qu’ils doivent étudier ou traiter avec un grand sérieux et beaucoup d’assiduité. A la question : qu’avez-vous fait ? Des rapports détaillés devront répondre sur les activités du bloc sur certains dossiers, notamment celui de la lutte contre la corruption. Les rapports devront aussi parler des obstacles, des difficultés et de ce qui a été fait jusqu’à présent. Tout cela viendra en temps voulu. Mais je voudrais préciser un point. Lorsque nous demandons qu’est-ce qui a été fait dans telle région, on ne peut pas seulement parler de l’action du député, car, comme je l’ai déjà dit, il fait partie d’une équipe collective. Il faut donc dire : qu’a fait le Hezbollah dans telle région ? Beaucoup de choses sont accomplies dans les régions, mais on n’insiste pas toujours sur le rôle du député. Pour nous, le député est comme n’importe quel responsable du Hezbollah. Il est un moujahed et un serviteur dans ce parcours. Ce ne sont pas des zaïms. De même, nous ne pensons pas qu’il est nécessaire de dire à haute voix chaque fois que nous faisons quelque chose. Pour nous, ce qui compte, c’est de dire que le Hezbollah a fait ceci ou cela. Les députés sont donc partie intégrante de notre structure interne. Cela devrait être pris en considération dans toutes les évaluations. Au cours des dernières années, et en dépit des difficultés, toutes les équipes du Hezbollah, dont les députés, ont travaillé dans toutes les régions, pour aider, offrir des services pour adopter des lois utiles pour les citoyens. C’est un effort et un travail collectifs, mais le député, lui, n’a pas un budget spécifique ou des moyens particuliers. De plus, en général, nos députés ne sont pas issus de familles particulièrement aisées. S’ils peuvent aider sur le plan personnel, ils n’hésitent pas à le faire. Le Hezbollah, lui, aide autant qu’il le peut. Lorsqu’en 1992, nous avons décidé de participer aux élections, nous nous sommes fixés des objectifs réalistes. Nous n’avons pas promis monts et merveilles aux électeurs. Nous avons été francs en leur disant : n’attendez pas de nous des miracles. Vous pouvez revoir nos déclarations. Je me souviens par exemple qu’en 1996 j’avais prononcé un discours dans lequel j’avais dit aux gens : si vous allez élire nos candidats pour qu’ils vous installent un générateur dans tel ou tel village, ne le faites pas. Vous vous souvenez qu’à cette époque, la résistance avait besoin d’être appuyée. C’était notre priorité et de plus, tout le monde savait que l’Etat était fermé pour nous. J’avais aussi dit : si vous comptez nous élire pour que telle route soit asphaltée, ne le faites pas. Nous choisir c’est opter pour la résistance et ses martyrs. Nos députés seront la voix des martyrs au Parlement. Si vous voulez protéger le pays et écarter le danger qui le menace votez pour nous. Certains des frères m’avaient alors critiqué, en disant que je ne pousse pas les électeurs à voter pour nos candidats. Mais moi, j’étais convaincu qu’il faut être franc avec les gens et ne pas leur faire des promesses que nous ne pouvons pas tenir ou qu’il y a de fortes chances que nous ne puissions pas tenir. Allons donc vers ce que nous pouvons réaliser…
EN 1992, 1996, 2000, nous avions donc dit aux électeurs que nous ne comptons pas entrer au Parlement pour changer le régime. Il n’y a d’ailleurs aucun moyen de changer le régime par le biais du Parlement, puisque tout amendement constitutionnel exige les deux tiers des voix des députés et répond à un mécanisme compliqué.
En tant que Hezbollah, quel sera notre importance, selon les découpages confessionnels et régionaux ? Même si nous avons des alliances, dont une stable avec nos frères à Amal depuis 1992. Ce sujet est délicat et il ne se fait pas seulement au Parlement. D’ailleurs, ce que certains réclament aujourd’hui, ce n’est pas le changement du régime mais son évolution, des réformes pour combler certaines lacunes politiques. Mais si nous voulons approcher du régime politique, immédiatement un tollé s’élève. Cela fait partie des questions sacrées. On nous parle aussitôt de grands dangers. Ce sujet n’est pas facile et ce n'est pas actuellement le travail du Parlement. En tout cas, notre présence au Parlement ne permettra pas d’atteindre cet objectif. C’est pourquoi nous ne faisons aucune promesse en ce sens. Nous avons donc toujours fixé des objectifs réalistes relativement. Car il est arrivé que nous fassions des efforts en vue d’un point précis, sans parvenir à des résultats et parfois encore, nous avons réussi à pousser le Parlement à prendre une décision en ce sens, mais un recours était par la suite présenté devant le Conseil Constitutionnel qui annulait cette décision… Je ne vais pas donner des exemples.
En tout cas, chaque fois que nous voulons évaluer l’action d’un groupe, il faut revoir quelle est sa mission et quelles sont ses responsabilités. Quels sont aussi les objectifs qui lui étaient fixés. C’est ainsi qu’on peut évaluer son travail. Par contre, si nous évaluons son travail selon les aspirations des uns et des autres, de leurs attentes, cette évaluation n’est pas nécessairement objective et équitable. En ce qui nous concerne, nous estimons que l’action du bloc de la résistance depuis sa création, et au cours des mandats successifs est positive et élevée. Nous remercions les membres et le bloc en général pour leur action, leur présence et leurs efforts. Nous espérons et nous attendons qu’ils continuent à ce rythme et de cette façon à l’avenir.
Je voudrais encore parler de la façon dont le Hezbollah choisit ses candidats. Je veux être franc, car la relation avec notre assise populaire est basée sur la confiance et nous voulons continuer à miser sur la confiance de nos électeurs. C’est donc leur droit de savoir comment nous choisissons les candidats qui sont appelés à les représenter au Parlement. Ces députés ont un mandat de 4 ans et il nous arrive de procéder à des changements, les électeurs ont le droit de connaître les détails à ce sujet.
Chaque parti ou groupe a ses méthodes particulières. Je vais donc parler des nôtres ainsi que de nos critères. C’est important parce qu’à la fin de ces processus, nous annonçons nos candidats pour les prochaines élections. Il faut savoir qu’en définitive, l’organe qui prend la décision c’est le Conseil Consultatif, soit à l’unanimité soit à la majorité de ses membres. Au cours des dernières années, nous avons pris les décisions à l’unanimité et si quelqu’un avait un avis différent, nous avons poursuivi les débats jusqu’au point d’arriver à un résultat précis.
Dans une période préliminaire, la discussion commence avec des parties concernées dans les régions. Nous consultons des parties qui connaissent bien nos frères. Nous nous connaissons d’ailleurs en général car nous sommes pratiquement de générations proches. Nous étudions attentivement les dossiers. Ceux qui ont déjà fait plusieurs mandats sont mieux connus et par conséquent, il n’est pas nécessaire de trop étudier leurs dossiers. Mais lorsque nous voulons présenter une nouvelle candidature, il est utile de faire des recherches approfondies. La décision est ensuite prise. Je voudrais parler ici d’un phénomène que nous voyons sur les réseaux sociaux et dans nos réunions internes où l’on parle de la nécessité d’apporter du sang nouveau, alors que d’autres parlent d’expérience etc. Certains ont dit, dans ce contexte, qu’il ne faut pas faire plus de deux mandats, ou à la rigueur trois. Il y a donc les partisans de la théorie du sang neuf. Je voudrais dire ici quelle est notre vision réaliste sur cette question. Après tout, il s‘agit d’un problème humain et chacun, à travers son expérience et sa pensée, peut avoir une vision sur cette question.
L’action parlementaire et politique, comme celle du jihad ou même l’action administrative et institutionnelle n’est pas seulement une question de personnalité, de compétences ou d’études spécialisées. Une patrie vient de l’expérience acquise sur le terrain. Il est normal dans ce contexte de faire des erreurs, mais la personne s’empresse de les corriger et cela lui donne une plus grande expérience. Tout cela s’ajoute aux compétences et aux études et donne à la personne une meilleure conscience du travail. Par conséquent, la théorie du sang nouveau pour enlever les anciens n’est pas nécessairement adéquate. L’expérience est toujours utile pour aborder certains dossiers et situations délicates. Les décisions que l’on est amené à prendre ne concernent pas seulement les connaissances. Elles doivent aussi être abordées avec courage, conscience des gens et des situations. Il faut connaître les lois mais aussi le jeu du pouvoir, les rapports des forces… donc, si l’ancien continue à être productif, présent et influent, il serait dommage de s’en débarrasser pour amener du sang neuf. Certes, on peut malgré tout introduire du sang neuf dans le corps, tout en le mélangeant à ce qui existe déjà et qui a fait ses preuves en accumulant une grande expérience. Nous avons ainsi formé de nouvelles générations et c’est l’attitude que nous avons adoptée depuis 1992. Nos frères ont réussi en 1992 mais en 1996, nous avons procédé à quelques modifications. Mais nous avons agi en nous basant sur des critères précis. De 1992 à 1996 et en 2000, nous avons à chaque fois introduit du sang nouveau dans notre bloc parlementaire, mais toujours selon des critères logiques et objectifs. Je vais donner des exemples. Après l’expérience de 1992, nous avions des ulémas parmi nos députés. Mais avec le temps, il est apparu que le député ne doit pas se contenter d’aller au Parlement pour participer à la législation, donner la confiance ou discuter de l’action du gouvernement. Il doit aussi tourner dans les circonscriptions, parler avec les différents ministères, les directeurs généraux, les mohafez etc. Nous avons donc estimé que ce n’était pas le rôle d’un uléma, ni celui de nos cheikhs. Nous avons alors décidé qu’il n’y en aurait plus dans notre bloc, à part le chef. Cela nous a permis d’introduire du sang neuf dans le bloc de la résistance. Au cours des dernières législatives, nous avons décidé de ne pas cumuler les fonctions de député et de ministre. Les frères auxquels nous avons demandé de ne pas se présenter aux élections sont capables et compétents. Ils ont d’ailleurs été des députés actifs et ils ont réussi dans leur action. Lorsque leur mandat s’est achevé et que nous avons pris la décision de ne pas cumuler la fonction de député avec celle du ministre, ils sont donc devenus des ministrables. Ils se sont donc dirigés vers le gouvernement. Il y a eu ensuite la question du gouvernement de technocrates qui exige un long débat. Il arrive aussi que les frères sollicités pour des raisons personnelles ou sécuritaires n’aient pas envie de continuer à assumer des fonctions officielles. Ils préfèrent rester dans la hiérarchie de la formation. Cela a aussi été une occasion pour introduire du sang neuf dans le bloc. Enfin, certains de nos députés ont un rôle déterminant au sein de la formation. On peut leur trouver des remplaçants pour la députation, mais pas au sein de la formation. Nous avons donc pris des décisions dans ce but.
Mais, notre porte est toujours restée ouverte. Il est normal et objectif que certains changements soient effectués et que du sang neuf soit injecté dans le bloc de la résistance. Mais ceux qui croient que nous allons changer la totalité des figures et amener de nouvelles têtes se trompent. C’est à la fois irréaliste et illogique. Personne n’agit ainsi dans le monde entier. Au contraire, il faut toujours qu’il y ait dans le bloc des personnes ayant une expérience importante. Certes, il faut aussi du sang neuf pour la continuité, car les vies sont entre les mains de Dieu, surtout que dans notre parcours nos chefs sont susceptibles d’être assassinés, ou de tomber en martyrs, la mort est normale, les maladies suivent et il faut penser à tout.
Sur le plan des candidatures, nous ne les choisissons pas en fonction des relations personnelles ou des amitiés. Pas du tout. Au contraire, s’il y a parmi les candidats potentiels une personne proche de moi ou d’un des membres du Conseil Consultatif, cela joue en sa défaveur. Si on trouve quelqu’un d’autre qui a les mêmes qualifications, le choix se portera sur lui. C’est même injuste à la limite mais c’est comme cela. Il nous est arrivé ainsi d’écarter certaines candidatures parce qu’il s’agissait de proches des membres du Conseil Consultatif. Nous avons agi ainsi pour ne pas susciter des interrogations ou éveiller des soupçons. Nous sommes stricts sur cette question. De plus, nous ne choisissons pas les candidatures en fonction des demandes qui nous sont faites. Au contraire si une demande est faite, cela devient un point faible et joue en défaveur de celui qui la présente. D’ailleurs, depuis 1992, la plupart de ceux que nous avons choisis ignoraient qu’ils allaient devenir candidats aux élections. Après avoir étudié les dossiers et fixé nos choix, il est arrivé que certains candidats retenus refusent de se présenter. D’autres ont accepté parce que c’est nous qui les avions choisis. Certains sont encore des députés, d’autres non. Au bout de 4 ans ou même de 8, ceux-là nous ont dit : cela suffit. Ramenez-nous dans nos localités...
Donc, le choix des candidatures ne se fait pas suite aux demandes qui nous sont faites. Nous étudions les dossiers, nous cherchons des personnes capables d’assumer ces responsabilités. Nous ne faisons pas notre choix en fonction de la représentation familiale, ou tribale, pour créer des équilibres de ce genre. Su un député a réussi, nous ne le changeons pas parce que c’est le tour d’une autre famille. Depuis 1992, nous ne travaillons pas de cette façon. Certes, nous respectons les demandes qui nous sont faites dans les réunions sur la nécessité de représenter telle ou telle autre famille. C’est leur droit de le faire. Mais pour nous, les députés représentent le Hezbollah, non leurs familles leurs tribus ou des personnes. Nous tenons certes à ce que la personne choisie soit originaire de la circonscription dans laquelle nous voulons qu’elle se présente, mais nous ne tenons pas compte des localités.
Nous choisissons les personnes en fonction de leurs compétences et de leur aptitude à assumer cette responsabilité, ainsi qu’en fonction de leur aptitude à représenter le Hezbollah son public et tous les gens qui ont confiance en lui. L’appartenance à une famille ou localité sont à nos yeux des détails. Certes, le candidat doit toutefois être de la circonscription dans laquelle il se présente.
Voilà les critères de base pour le choix des candidatures. Certains disent : voilà ce sont ce qu’il y a de mieux. Nous autres, nous rejetons cette expression. Car pour nous, il existe beaucoup de personnes qui leur ressemblent et qui y ont les mêmes qualités et occupent des fonctions jihadistes ou organisationnelles, dirigent nos institutions et peuvent donc être des députés. Nous ne sommes pas un parti parlementaire, mais un parti dont les députés font partie. Nous cherchons pour la députation des personnes capables de nous représenter et d’agir, mais nous avons de nombreux cadres capables d’assumer de très importantes responsabilités. Il est arrivé que pour des raisons personnelles ou spécifiques, certains députés au bout d’un mandat ou deux nous disent qu’ils ne peuvent plus assumer cette responsabilité. Nous discutons longuement, étudions sont parcours et nous tenons compte de tous les aspects, ainsi que des solutions de rechange. Bref, le choix des candidats se fait après une étude stricte. Une fois qu’ils sont choisis, les candidats ne sont plus ceux de leur région, de leur famille ou de leur tribu, mais ceux du Hezbollah, de notre parcours, de notre parti, de notre résistance. En les choisissant, nous plaçons notre confiance en eux et nous demandons aussi aux gens de leur faire confiance. Donc, le choix se fait sciemment et dans le seul but de représenter le Hezbollah et l’intérêt des gens. Aucun facteur personnel n’intervient.
Je vais donc vous annoncer nos candidats inchallah et je commence par le chef du bloc, dans la troisième circonscription de Beyrouth.
Pour la caza de Nabatiyé, hajj Mohammed Raad.
Pour Bint Jbeil, Dr Hassan Fadlallah. Marjeyoun-Hasbaya, Dr Ali Fayad.
Pour la seconde circonscription du Sud, pour la caza de Tyr, cheikh Hassan Ezzedine et hajj Hussein Jechi.
Donc, pour le Sud, il n’y a pas de changement. Nous avions déjà fait un changement la dernière fois et c’est suffisant.
Pour la seconde circonscription de Beyrouth, hajj Amine Cherry.
Pour la première circonscription de la Békaa (Zahlé), il y a un changement. Nous voulons remercier M. Anouar Jomaa pour avoir assumé la responsabilité pendant 4 ans. Il revient à la structure du Hezbollah et il y aura à sa place, le candidat Rami Abou Hamdane, qui appartient à la nouvelle génération.
Pour la troisième circonscription de la Békaa (Baalbeck-Hermel), Dr Hussein Hajj Hassan, Dr Ali Mokdad, Dr Ibrahim Moussawi et Dr Ihab Hamadé. Nous n’avons donc fait aucun changement dans cette circonscription.
Dans la troisième circonscription du mont-Liban (Baabda), nous avons gardé hajj Ali Ammar.
Pour la première circonscription du Mont-Liban (Jbeil-Kesrouan), nous avons choisi Raed Berro, qui appartient lui aussi à la nouvelle génération. En somme, nous aurons inchallah deux nouvelles figures dans le bloc de la résistance, deux jeunes qui apporteront du sang neuf.
Voilà, ce sont nos candidatures pour les élections du 15 mai 2022. Nous avons étudié très attentivement la situation, nous avons tenu compte de toutes les considérations. Nous avons écouté toutes les remarques, fait des évaluations des études. Il ne nous reste plus qu’à solliciter l’aide de Dieu. C’est ainsi que nous sommes, nous faisons travailler notre cerveau, nous étudions, nous réfléchissons et puis nous prenons la décision en demandant l’aide de Dieu. Ces frères ont tous assumé de lourdes responsabilités au Hezbollah et au Parlement et ils ont un bilan positif. Ils étaient présents dans des moments difficiles et ils ont assumé toutes les responsabilités qui leur ont été confiées.
Voilà ce que nous voulions vous annoncer aujourd’hui. Nous attachons beaucoup d’espoirs sur nos candidats. Nous sommes mêmes aujourd’hui le bloc qui a effectué le plus de changement puisque nous avons 16 ou 17 anciens députés. C’est la preuve que nous nous soucions d’injecter du sang nouveau. Nous souhaitons bonne chance à nos frères et nous espérons que les gens coopéreront avec eux et répondront à ce que nous attendons d’eux, dans toutes les circonscriptions. J’espère que nous resterons côte à côte dans cette échéance électorale très importante. Nous parlerons ultérieurement des défis qu’elle comporte, des horizons qu’elle ouvre et des objectifs qu’elle renferme. Nous parlerons de ce qui attend notre pays, notre résistance, notre peuple et notre région. Inchallah prochainement.