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L’interview accordée par sayed Hassan Nasrallah à la chaîne Al Alam

L’interview accordée par sayed Hassan Nasrallah à la chaîne Al Alam
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Par AlAhed

Q-Une première question inspirée par le moment : A l’occasion de la victoire de la révolution islamique en Iran, dans quel esprit sayed Hassan Nasrallah célèbre-t-il le 43ième anniversaire de cette victoire ?

R-Au nom de Dieu, naturellement, l’homme revit les sentiments de joie et de bonheur qui l’ont étreint au moment de cette victoire. Je me souviens qu’en 1979, le monde entier, les amis et les ennemis, suivait les actes de l’imam Khomeiny à Paris. Je crois même que les cœurs de dizaines de millions de personnes étaient avec lui, alors qu’il montait dans l’avion qui allait le mener de Paris à Téhéran. Ces cœurs étaient suspendus avec lui entre ciel et terre et se demandaient si l’avion allait réellement atterrir à l’aéroport de Téhéran ou s’il allait être attaqué ? Ils se demandaient aussi de quoi sera faite la prochaine étape ? L’être humain revit toujours les moments intenses qu’il vit. Par conséquent, l’arrivée de l’imam Khomeiny à Téhéran et l’accueil que des millions de personnes lui ont réservé qui n’a pas son pareil dans l’histoire sur la tombe des martyrs, les événements qui se sont succédé jusqu’à l’annonce de la victoire... ce sont des moments inoubliables, de ceux que l’homme peut se considérer comme heureux de les avoir vécus, ce sont des moments qui donnent un avant-goût du bonheur final et on ne cesse de les revivre...

Q: Depuis la victoire et la gouvernance de l’imam Khomeiny jusqu’à aujourd’hui, sous la guidance de l’imam Khamenei, quelles sont selon vous les particularités de cette révolution ?

R- Que l’on parle de l’imam Khomeiny ou de son successeur l’imam Khamenei, on ne peut que constater des caractéristiques exceptionnelles, d’abord sur le plan du savoir en matière de religion, au niveau notamment de l’islam et de la charia. On se trouve aussi devant des êtres croyants, qui ont atteint un niveau de foi inégalé et qui ne craignent que Dieu. La pensée, la profondeur intellectuelle, le courage, en même temps que la sagesse, le cerveau stratégique et le background historique sont des caractéristiques particulières à ces chefs qui ne voient pas seulement les intérêts de leur ville ou de leur pays, mais ils ont une vision stratégique globale, basée sur un arrière- plan idéologique et croyant. Ils ont de plus, une grande patience et une capacité infinie à supporter les épreuves et à faire des sacrifices, renforcées par le cumul des expériences vécues, et pas seulement lues. Enfin la personnalité hors du commun de l’imam Khomeiny a joué un rôle considérable dans la victoire de la Révolution et celle de l’imam Khamenei a joué un rôle déterminant pour sa survie et son développement.

Q- Certes, le charisme du leader inquiète les ennemis. D’ailleurs, les généraux israéliens le disent. Mais, selon vous, où en est l’Iran aujourd’hui, 43 ans après la victoire de la Révolution et tout le blocus qui lui est imposé ?

R- On peut aborder cette question de différentes manières. On peut commencer par parler du modèle qu’offre aujourd’hui la République islamique d’Iran et qui est le fruit de la Révolution populaire qui s’y est déroulée. C’est un modèle pour le monde musulman pour le Tiers monde et pour le monde en général. C’est un Etat qui a une souveraineté véritable, car vous le savez, dans le Tiers Monde, nous avons un problème  de souveraineté, d’indépendance et de liberté. Ce sont des slogans qui sont lancés par plusieurs peuples, mais sur le plan de leur application, la réalité est différente. Beaucoup de ceux qui parlent de souveraineté sont en réalité des personnes qui suivent les ambassades. Beaucoup de ceux qui parlent d’indépendance suivent en réalité des Etats étrangers et privilégient les intérêts de ceux-là sur ceux de leurs pays. Si on regarde l’Iran sous cet angle, on peut dire qu’elle est aujourd’hui un Etat doté d’une souveraineté totale, d’une indépendance véritable et d‘une liberté absolue. Celui qui gouverne en Iran c’est le peuple iranien, il choisit le Leader, le président de la République, les députés, les membres du Conseil des Experts, ceux des municipalités. Il y a donc une véritable souveraineté populaire. C’est donc un modèle que l’Iran offre au monde. De même, sur un autre plan, nous sommes face à un modèle magnifique celui de l’Etat islamique. Dans le monde, lorsqu’on parle en général d’un Etat islamique, on veut dire un pays dont la plus grande partie de la population est issue de parents musulmans. Mais en réalité, l’Etat islamique est celui qui applique la gouvernance de l’islam. Or la République islamique, depuis sa naissance et à travers toutes ses instances dirigeantes cherche à instaurer le pouvoir de l’islam réel et ils disent que leur objectif est de présenter au monde le modèle d’un Etat islamique véritable. Si l’on parle sur le plan politique, on peut dire que l’on se trouve aujourd’hui face à une puissance régionale. Cette évaluation ne vient pas de moi, tout le monde traite aujourd’hui l’Iran comme une puissance régionale importante présente dans plusieurs dossiers de la région et même au niveau du sort du monde. On ne peut pas l’ignorer ni la combattre facilement.

La République islamique a réussi à surmonter toutes les épreuves. Si l’on parle sur le plan du développement, il faut se rappeler ce qu’était l’Iran du temps du Shah, notamment pour ne pas remonter trop loin, dans les années 1978-79 et voir ce qu’elle est aujourd’hui. Un petit coup d’œil sur le plan du développement technologique, de l’urbanisme, des universités, du savoir, des découvertes scientifiques, de l’infrastructure, autoroutes, ports, aéroports, l’essor financier, l’autosuffisance agricole, industrielle et commerciale, la fabrication d’armes, les capacités militaires etc. pour le quarantième anniversaire de la Révolution, j’avais prononcé un discours dans lequel j’avais donné des chiffres sur le développement que je n’avais pas pris des instances iraniennes mais de l’ONU. C’est-à-dire ce que disent les Nations Unies au sujet du développement en Iran. Aujourd’hui, lorsqu’on parle de l’Iran, on parle essentiellement du dossier nucléaire et des problèmes politiques, mais il faudrait aussi mettre l’accent sur cet aspect du modèle iranien, sur son commandement sage et courageux et sur son développement dans plusieurs domaines. Mais parler de tout cela prend du temps.

Q-Tout cela peut être consulté. Mais aujourd’hui, l’Iran se trouve dans un milieu hostile. A la tête des ennemis de l’Iran il y a les Etats-Unis. On le sait et l’imam Khamenei l’a répété. Mais peut-on dire que cette hostilité américaine  n’aura jamais de fin, car elle est basée sur le principe de l’hostilité contre un régime révolutionnaire ou bien elle peut finir un jour si les l’intérêt des Etats-Unis est réalisé ?

R- Il faut revenir à l’origine du problème. A l’époque du Shah, l’Iran était dirigée par les Etats-Unis, même s’il y avait théoriquement un Shah et son gouvernement, mais dans un pays où la population à l’époque était entre 30 et 35 millions de personnes abritait 60000 conseillers américains. Ceux-ci étaient présents dans tous les secteurs, la sécurité, l’armée, le pétrole, l’habitat, l’économie, les finances, la culture... Les conseillers américains faisaient ce qu’ils voulaient. Les Etats-Unis qui contrôlaient le pays, le pillaient, notamment ses ressources naturelles, en gaz et pétrole et ils ont essayé pendant des décennies de changer son identité idéologique, culturelle et spirituelle. Le Shah et son père ont beaucoup travaillé pour occidentaliser l’Iran. Le Shah était connu pour être à la solde des Etats-Unis et il servait les projets américano-sionistes dans la région. Il était considéré comme le gendarme du Golfe (persique) et l’allié stratégique des Israéliens. L’imam Khomeiny et le peuple qui était avec lui, ainsi que la Révolution islamique en général ont fait chuter ce régime. Ils ont expulsé cet agent américain et les 60 000 conseillers américains avec lui. Autrement dit, ils n’ont pas fait chuter le Shah et laissé les conseillers. Ils ont expulsé le Shah, les conseillers et les Israéliens, puisque la Révolution islamique a rompu les relations avec l’entité israélienne et elle a investi l’ambassade israélienne à Téhéran avant de la confier à l’OLP qui a eu à partir de ce moment une ambassade dans la capitale iranienne. Donc, le Shah est tombé et avec lui les Américains ont quitté l’Iran. Selon l’imam Khomeiny, la main des Etats-Unis a été coupée en Iran. Le problème avec les Etats-Unis n’est pas religieux. Il ne s’agit pas d’accepter que l’on prie ou que l’on fasse le jeûne. Le problème pour les Etats-Unis n’est donc pas qu’il s’agit d’un régime islamique. Pas du tout. Il porte sur le fait qu’il s’agit d’un régime authentique qui veut réellement un pays souverain et indépendant, qui n’accepte pas que ses ressources soient pillées. C’est cet islam-là qui dérange les Etats-Unis. Par contre, un islam qui prie et fait le jeûne tout en fermant les yeux sur l’occupation, en normalisant ses relations avec elle et en acceptant l’hégémonie, cet islam-là, les Américains n’ont aucun problème avec lui, ni avec l’islam qui accepte, comme l’avait dit l’imam Khomeiny «la paix américaine».  Les Américains n’ont donc aucun problème avec l’islam qui prie, fait le jeûne et effectue le pèlerinage à La Mecque. Cet islam-là a construit des mosquées au sein des Etats-Unis. Ils n’ont aucun problème avec cela. Par contre, il s’agit de voir où vous vous situez par rapport à la cause palestinienne, par rapport à AlQods (Jérusalem), à votre propre pays, aux options du peuple, par rapport aux décisions de la oumma et de la patrie. Il faut être leur esclave, leur instrument et sous leur domination, sinon, les Etats-Unis sont contre vous et contre cet Islam qui a remporté la victoire en Iran.

Q- Autrement dit, la dimension globale révolutionnaire et libératrice ne se limite pas à l’Iran. Comment qualifiez-vous le régime en Iran ?

R- Ils ont hérité des Anglais qui, dans leur longue expérience n’ont aucun problème avec l’islam. Vous pouvez l’appeler comme vous voulez : un mouvement islamique, un mouvement laïc, vous pouvez prier et jeûner ou ne pas le faire, cela leur importe peu. Ce qui compte pour eux c’est votre position au sujet de l’hégémonie, l’autoritarisme, la colonisation et l’arrogance. L’islam authentique vous place dans une situation de confrontation et de refus de ces situations. L’islam authentique rejette l’injustice, l’autoritarisme, l’hégémonie et la supériorité arrogante. C’est pourquoi cet islam authentique est rejeté et c’est lui qui a inspiré l’imam Khomeiny et mené à cette révolution qui a remporté la victoire en 1979.

Q- Donc, il ne semble pas possible que cette hostilité avec les Etats-Unis change avec ce régime islamique en Iran ?

R- Même à l’intérieur de l’Iran, certains mélangent les questions en raison des confusions que cherchent à instaurer les médias étrangers. Certains disent par exemple que la position de l’Iran par rapport à la Palestine et à AlQods (Jérusalem) est la raison de l’hostilité à son égard. Moi, je dis que c’est l’une des raisons mais pas la seule. Certes, il s’agit d’une raison importante, mais il y a aussi le fait que le régime en Iran est souverain, libre et indépendant. Il n’accepte pas de céder et devenir un instrument entre les mains des Etats-Unis et il n’accepte pas que ses ressources soient pillées. Tant qu’un tel régime continuera à régner, avec ce genre de commandement et tant que la volonté populaire en Iran est une volonté d’indépendance, de souveraineté et d’exploitation des richesses en empêchant les arrogants hégémonistes de les piller, cette hostilité demeurera.

Q- Les Etats-Unis ont essayé tous les genres de guerres, militaires à travers les confrontations, sécuritaires à travers les assassinats des chefs, économiques à travers le blocus et les interdictions et toutes ont échoué. Malgré cela, leur hostilité à l’Iran demeure. Nous nous trouvons aujourd’hui devant de nouvelles menaces. La Maison Blanche, le Pentagone, le Département d’Etat parlent de choix non diplomatiques qui pourraient être utilisés contre l’Iran. Croyez-vous que ces menaces sont réelles et que les Etats-Unis veulent faire la guerre à l’Iran ?

R- Ce n’est pas probable avec l’administration actuelle. Cela était envisagé, en tout certains disaient qu’il y avait de fortes chances que cela arrive sous la présidence de Trump, qui avait placé la situation au bord de la guerre. Mais il n’a pas été jusqu’à la faire. Cette administration a encore moins de possibilités de faire la guerre. Parler de la guerre est toujours destiné à faire peur et à faire pression sur l’Iran. Mais les Etats-Unis sont-ils prêts à entrer réellement en guerre contre l’Iran ? Il ne s’agit pas d’un pays banal. C’est un Etat régional une puissance qui a une véritable présence dans la région.  Je l’ai dit et d’autres aussi l’ont dit, une guerre contre l’Iran pourrait embraser la région et ce n’est donc pas dans l’intérêt des Etats-Unis. Il faut ajouter à cela que la guerre contre l’Iran ne fait pas partie des priorités de l’administration actuelle. On dirait plutôt que sa priorité est de chercher une entente avec l’Iran au sujet de l’accord sur le nucléaire. Les priorités des Etats-Unis sont plutôt du côté de la Chine et de la Russie. C’est ce que disent en tout cas le président américain, le Pentagone, le ministre des Affaires étrangères et d’autres responsables américains. Il est clair que la priorité n’est donc pas de déclencher une guerre contre l’Iran. Le choix des Américains est d’aller vers une entente sur le nucléaire, autrement dit, la situation se dirige vers des certains apaisements. Si un accord n’est pas trouvé, ils se dirigeront vers l’augmentation des sanctions, vers encore plus d’incitations contre l’Iran et encore plus de pressions en misant sur des changements à l’intérieur de l’Iran comme cela était le cas avec l’administration Trump.

Q- Il y a aussi des menaces israéliennes de bombarder les installations nucléaires. Les généraux israéliens disent qu’ils ont dressé les plans et qu’ils sont prêts à les exécuter. Si les Etats-Unis ne veulent pas mener la guerre, serait-il possible que l’entité israélienne la fasse avec les alliés qu’elle a désormais dans la région ?

R- Les alliés de l’occupation israélienne ne lui servent à rien. Ils cherchent au contraire une protection. Je pense donc pour l’hypothèse de considérer les propos des Israéliens comme des menaces destinées à faire peur. Selon mes informations, il y a une véritable division en «Israël» sur le plan politique, mais aussi sur les plans militaire et sécuritaire. Ce que je sais, c’est que les militaires et les sécuritaires rejettent l’idée d’une attaque militaire contre l’Iran pour deux raisons : la première est que, selon eux, une telle frappe ne sera pas efficace, car ce que les Israéliens pensent être des installations nucléaires ne se trouvent pas dans un seul lieu. Elles sont dispersées. DE plus, ce qui est plus important que les installations matérielles, c’est le savoir scientifique. En Iran, il y a des milliers de spécialistes. Par conséquent, les frappes pourront-elles tuer ces milliers de spécialistes ? Même les assassinats ciblés n’ont pas réussi à stopper le développement du programme nucléaire pacifique iranien. C’est pourquoi d’une part, ils disent que les frappes ne seront pas efficaces et d’autre part, elles pourraient au contraire accélérer le programme nucléaire iranien, alors que ni eux ni les Américains ne veulent croire que les Iraniens ne cherchent pas à se doter d’un programme nucléaire militaire, ni de l’arme nucléaire comme l’a déclaré à plusieurs reprises l’ayatollah Khamenei.

La seconde raison porte sur l’ampleur de la riposte iranienne. L’ayatollah Khamenei et d’autres responsables iraniens ont dit que l’Iran ripostera. Certains ont dit que si l’Iran est bombardée, elle demandera à ses alliés dans la région de riposter. Mais si la République islamique d’Iran est bombardée par les Israéliens, elle ripostera directement et sa riposte sera dure, violente et forte. Les Israéliens le savent très bien. C’est pourquoi dans les milieux militaires et sécuritaires, ils ont peur d’aller vers une opération militaire de ce genre. Personnellement, je ne pense pas que l’ennemi ira vers cette option. Mais s’il le fait, il sera en train de commettre une grave erreur qui aura des conséquences très dangereuses.

Q- Est-ce que ce sera une large guerre, avec la participation de l’ensemble de l’axe de la résistance ?

R- Ce qui est clair c’est qu’il y aura une riposte violente de la part de la République islamique d’Iran. A partir de là, on verra  quelles en seront les conséquences et quels seront les développements et c’est à ce moment-là que la décision sera prise, mais l’axe de la résistance est aussi prêt et il décidera en fonction des circonstances du moment.

Q- Les responsables sionistes parlent actuellement d’une alliance militaire avec les Etats qui ont normalisé leurs relations avec eux, comme Bahreïn, les Emirats et peut-être l’Arabie. Ils disent qu’il est possible que cette alliance soit contre l’Iran et ces propos reviennent très souvent surtout dans le cadre des manœuvres qui ont lieu. Croyez-vous dans ce cas que les menaces israéliennes resteront à ce stade ?

R- Lorsque des Etats normalisent leurs relations avec l’entité sioniste, cela peut lui être bénéfique sur le plan financier, à travers des investissements de certains Etats du Golfe en Palestine occupée. Dans le sens qu’il pourrait y avoir un bénéfice économique à travers les relations économiques. Il pourrait aussi y avoir un intérêt médiatique et politique, ainsi qu’une destruction des barrages psychologiques. Cela peut aussi être utile au niveau des armées électroniques, sur les réseaux sociaux. Mais sur le plan militaire, ces Etats ne peuvent pas apporter de l’aide aux Israéliens. Au contraire, ils pourraient devenir un poids pour cette entité. Le dernier exemple à ce sujet est ce qui s’est passé récemment entre Ansarullah et les Emirats Arabes Unis, indépendamment des circonstances. Mais ce qui est étrange c’est que les EAU, qui sont un Etat récent, ont acheté  depuis leur création des dizaines de milliers de missiles, d’avions de guerre, des armes une technologique militaire. Malgré cela, à la première confrontation directe avec Ansarullah, les cris se sont élevés aux Emirats et ils ont commencé à réclamer que les Américains envoient des navires de guerre, des missiles et des avions pour protéger les Emirats. Ils ont aussi demandé l’aide de la France et de la Grande Bretagne, ainsi que celle des Israéliens. L’Etat des Emirats face à Ansarullah, dans une première confrontation, ils ont demandé l’aide de toutes les grandes puissances et celle des Israéliens pour protéger leur Etat. Que peuvent donc donner les EAU par exemple ou Bahreïn  sur le plan militaire aux Israéliens dans la région du Golfe persique ou ailleurs ?

Q- ils espèrent une protection israélienne pour eux ?

R- Ils bâtissent des espoirs sur du sable ou au mieux sur du verre.

Q- Restons avec les menaces israéliennes mais cette fois à l’adresse du Hezbollah. La sécurité nationale sioniste a axé son intérêt sur la ceinture de feu qui entoure l’entité et sur les missiles à haute précision du Hezbollah, tout en poussant vers l’option militaire contre le Hezbollah et contre cette ceinture. Cette évaluation est-elle logique et quelle est votre réponse sur ce sujet, surtout qu’il s’agit d’une menace claire de recourir à l’option militaire ?

R- Les Israéliens parlent toujours de menaces, depuis 1948, c’est-à-dire bien avant le Hezbollah, et avant que nous ne naissions vous et moi. Le Liban a toujours été sous la menace israélienne, cette menace contre le Liban existe donc depuis le début et elle va se poursuivre. Au sujet de la résistance, cette menace se précise. Nous prenons au sérieux ces menaces et nous ne les considérons pas comme un élément de la guerre psychologique. Elles font certes partie de la guerre psychologique, mais nous les prenons aussi au sérieux. Mais la question qui se pose est la suivante : l’ennemi est-il en mesure d’exécuter ses menaces ? Par exemple, lorsque les Israéliens disent qu’ils veulent détruire les missiles de haute précision du Hezbollah, en connaissent-il le nombre exact ?  Savent-ils où ils sont cachés ?ils ne se trouvent pas dans un seul ou deux ou même trois et quatre lieux, pour qu’ils les bombardent et le sujet est clos. Le nombre de missiles, l’ampleur et le déploiement de la capacité en missiles du Hezbollah, les mesures de protection qui les entourent ne lui permettent pas d’agir pour s’en débarrasser. L’ennemi exagère donc ses capacités lorsqu’il évoque cette question de cette façon. Lorsqu’il dit vouloir se débarrasser des missiles de haute précision de la résistance, cela signifie qu’il veut faire une guerre, car une opération militaire ne suffit pas. De toute façon, à toute opération militaire, il y aura une réponse adéquate, forte et dissuasive de la part de la résistance au Liban. C’est un engament public. Nous ne nous tairons pas. Nous ne nous taisons pas devant ses provocations que serait-ce s’il bombarde des cibles réelles ? De toute façon, s’il veut se débarrasser des missiles de la résistance (il ne peut pas le faire, mais je dis s’il le veut) il devra aller vers la guerre. Est-il prêt à aller jusque-là ? Une vraie guerre, une guerre totale ?

Q- Il existe un point de vue au sein de l’entité israélienne au sujet de la force du Hezbollah. Selon ce point de vue, s’il la laisse, elle se développera et le Hezbollah deviendra une force de plus en plus puissante. A ce moment-là, il sera bien plus difficile de le frapper, de le liquider ou même de l’affronter. Nous parlons donc d’une question de temps ; il y a donc au sein de cette entité, un courant qui dit, il faut frapper le Hezbollah, même s’il faut pour cela mener une guerre, car il faut éviter qu’il ne développe ses capacités militaires...

R- Grâce à Dieu, nous avons dépassé l’étape à travers laquelle l’ennemi israélien pouvait mener une guerre pour venir à bout des capacités de la résistance, les capacités du Hezbollah au Liban. Nous avons dépassé cela. Preuve en est, l’ampleur des capacités que nous possédons sur les plans militaires en qualité et en quantité et sur le plan humain...Ces capacités n’ont pas leurs pareilles dans l’histoire du Liban et dans celle des mouvements de résistance face à l’ennemi sioniste... Nous avons dépassé cela. Ils ne peuvent donc rien faire de ce genre. Même s’ils se lancent dans une guerre, celle-ci n’atteindra pas ses objectifs. C’est pourquoi leur véritable choix au cours des dernières années n’était pas la guerre. Certes, je ne nie pas totalement cette option. Mais nous parlons de tendance et de probabilité. Si les responsables politiques et les généraux israéliens pensaient qu’une guerre avait 50% (je ne parle pas de 51%) de chances de détruire la capacité militaire du Hezbollah, ils l’auraient menée. Mais parce qu’ils ne sont pas confiants dans les résultats et ils ont peur de l’ampleur de la riposte, ils craignent l’échec et la défaite et même plus, ils ne se lancent pas dans une telle démarche, de cette ampleur...Leurs paris sont ailleurs. Ce sont les mêmes que ceux dont nous avons parlé au cours des dernières années : les pressions économiques, le blocus économique, pousser le Liban en tant qu’Etat, que patrie et que peuple, vers l’effondrement économique qui sera suivi d’un effondrement sécuritaire et vers ce qu’ils appellent une révolution populaire contre la résistance… Autrement dit, les pressions internationales et régionales, l’utilisation des problèmes de la vie quotidienne, de la crise financière et économique pour tenter d’aboutir à une demande de ramasser les armes de la résistance. Si vous vous rappelez, il y a quelques mois, le ministre de la guerre ennemi Benny Gantz s’est rendu en France. Il y avait alors des informations sur une volonté française d’aider le Liban et d’organiser une conférence internationale pour le Liban et ainsi de suite... Gantz s’est donc rendu en France et il a rencontré le président Macron. Cela a été dit dans la presse. Il ne s’agit donc pas d’informations particulières. Il a dit : je suis venu en France et j’ai demandé aux responsables français de ne pas aider ni économiquement ni financièrement le Liban sauf s’il y a une contrepartie précise, au minimum, il s’agirait de régler la question des missiles de haute précision... s’il y a un moyen pour cela.

Q- Il a été en France pour cela...

R- S’il y avait un moyen pour se débarrasser de ces missiles, il l’aurait utilisé depuis longtemps. Même s’il y avait des options militaires et sécuritaires, il n’aurait pas hésité à les utiliser. Mais il sait très bien qu’il n’atteindra aucun résultat. C’est pourquoi les Israéliens continuent de miser sur la situation interne au Liban et sur la situation économique et populaire...Jusqu’à présent, ils ont été déçus. Même leur pari sur les élections législatives, dont nous parlerons si l’occasion se présente, je leur dis qu’il s’agit d’illusions.... La présence de la résistance et l’appui populaire dont elle jouit, sa force sociale et populaire, son unité son homogénéité, sa solidité, sa confiance et son moral tout cela n’est pas affecté. A mon avis, nous avons dépassé la période dangereuse pour la résistance. Mais cela ne signifie que nous pouvons dormir. Il faut rester prêt et vigilant.

Q- Après les missiles de haute précision, l’entrée en Galilée et les 100 000 combattants, préparez-vous d’autres surprises à l’occupant israélien ?

R- Les surprises existent toujours. Mais si je vous dis, ce ne sera plus une surprise. Certes, au Hezbollah, nous ne voulons pas la guerre et nous ne l’aimons pas. Mais si elle devait avoir lieu, il y aura certainement des surprises pour l’ennemi. Je le répète, nous ne voulons pas la guerre et nous sommes conscients de ses conséquences  et des effets, mais cela ne signifie pas pour autant que nous cédons face aux menaces. Nous ne les craignons pas et nous ne renonçons pas à  nos intérêts nationaux face aux menaces. Donc si par malheur, il y a une guerre, les Israéliens seront surpris par nos capacités. IL y a un dossier qui s’est développé au cours des dernières années et les Israéliens commencent eux-mêmes à en parler. Il s’agit de la défense aérienne. Après l’incident des drones envoyés au-dessus de la banlieue sud et nous avions alors annoncé que nous les affronterons avec nos drones, nous avons donc commencé à développer nos défenses aériennes. Jusqu’à présent, cet effort a donné de très bons résultats ; certes, il ne s’agit pas seulement de faire chuter les drones, mais aussi d’éloigner leur danger. Le plus grand danger qu’ils représentent en période de calme, c’est les informations qu’ils recueillent et transmettent. Or, les drones ennemis passaient leur temps à survoler notre espace aérien et à photographier des détails  quotidiens ; or, depuis deux ans, depuis que nous avons commencé à développer ce secteur, je peux dire aux téléspectateurs que l’activité des drones ennemis a sérieusement baissé. Les frères ont d’ailleurs réalisé un documentaire sur ce sujet avec des chiffres  et des détails, ils pourraient le diffuser ; il y a des informations précises sur la baisse impressionnante des survols de drones israéliens sur la Békaa. Il arrive qu’un mois, ou deux  ou même trois se passent sans qu’il y ait un seul survol. C’est certainement une première depuis que l’ennemi a commencé à utiliser les drones au-dessus du Liban. Au Sud, les survols ont aussi considérablement baissé, mais là certes, je ne peux pas dire qu’il se passe une ou deux semaines sans survol. Les drones ne peuvent pas totalement disparaître de notre ciel. Mais ils ont modifié les parcours. Par exemple, au lieu de survoler les villes et les villages, ils se dirigent plus vers l’Ouest, vers la mer et ils font des percées horizontales, pour réduire les survols au-dessus de la terre ferme. De plus, ils restent à une hauteur élevée, car ils croient que les capacités de la résistance se sont développées à ce niveau.

Q- Vous parlez d’armes contre les drones. Mais les renseignements de l’armée israélienne disent que le Hezbollah possède un véritable système de défense antiaérienne. Ils parlent de missiles russes SI 8 et SI 17...Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

R- Evidemment, je ne peux rien dire. (Rires). Tout cela devrait apparaître... s’il existe.

Q- Pouvons-nous dire que les règles de la confrontation aérienne avec l’ennemi israélien ont changé désormais ?

R- Une partie a changé, ce dont j’ai déjà parlé, le développement et la dynamisation de ce volet. Lorsqu’on dit que les règles de la confrontation ont changé c’est que nous avons dynamisé notre potentiel, pour faire face aux drones. Cette décision a été prise après les drones au-dessus de la banlieue sud qui ont contraints à tomber. La banlieue sud  est un autre niveau... je laisse cela aux circonstances. Ce système existe-t-il ou non, on verra cela si la guerre a lieu...

Q- Il y a une campagne large, violente et systématique interne et externe contre le Hezbollah à cette période. Certains accusent le Hezbollah d’être un parti iranien et non libanais, pour dire que vous n’avez pas d’allégeance nationale libanaise. Que répondez-vous à cela ?

R- Nous entendrons beaucoup de choses de ce genre jusqu’aux élections. Mais il s’agit d’anciens propos, et je peux dire qu’ils sont creux. Je veux répondre concrètement à ce sujet. Ce parti qui se trouve au Liban compte 100 000 combattants, sans parler de ses institutions civiles, qui regroupent aussi un grand nombre d’adhérents. Au final, un parti qui compte autant d’adhérents et qui a une assise populaire aussi large, comment peut-on dire qu’il est iranien ? Ou autre d’ailleurs ? Il y a des critères pour définir l’identité d’un parti. Sur quoi se base-t-on pour dire que le Hezbollah n’est pas Libanais ? Parmi ces critères l’identité de son commandement, de ses cadres et de ses membres, petits et grands, tous sont Libanais, sur le plan personnel. Ils ont tous la nationalité libanaise, depuis des dizaines, voire des centaines d’années. On dira alors que ceux qui prennent les décisions au Hezbollah ne sont pas Libanais. Cela aussi c’est faux. Tous, du plus grand au plus petit, au Hezbollah sont Libanais. L’autre critère, qui est le plus important, est le suivant : ce parti travaille-t-il pour l’intérêt du Liban ou pour celui de l’étranger ?  Le Hezbollah est un parti libanais qui appartient à l’histoire, à la culture et au tissu social de ce pays. Quant à savoir s’il travaille dans l’intérêt de ce pays ou de l’étranger, quel est donc le critère pour définir l’intérêt national ? Considère-t-on qu’Antoine Lahad et son armée sont-ils une organisation libanaise ? C’est une armée de collabos au service de l’occupation israélienne, dans la bande frontalière occupée à une certaine période. Il travaille donc au service de l’ennemi et pour le défendre. C’est donc le critère de l’intérêt national.

Q- Quel était l’objectif de cette démarche, surtout que la campagne américaine contre vous est très grande ?

R- Ils n’ont pas de problème. Ils peuvent lancer une guerre contre vous, vous imposer des sanctions et un blocus et chercher à négocier avec vous de façon directe et vous parler directement pour utiliser tout ce qu’ils font contre vous, comme ils le font avec l’Iran. Quelle est donc l’histoire aujourd’hui avec l’Iran et les négociations de Vienne ? Les Américains veulent parler directement avec l’Iran. C’est toute l’histoire. Le processus bloque principalement sur ce point. Ils vous disent : nous voulons nous asseoir avec vous. Il y a eu une discussion à ce sujet à travers des médiateurs. Nous n’y voyons aucune utilité, nous ne voyons aucune utilité à nous rencontrer alors que nous sommes des ennemis. Je ne veux pas discuter avec les Américains de ce qu’ils font dans la région et dans le monde. Je veux parler uniquement du Liban. Vous appuyez l’ennemi israélien, toutes les guerres menées par «Israël» contre le Liban, ce sont eux qui en assument la responsabilité. Ils assument la responsabilité de tous les massacres commis par les Israéliens au Liban. Ils sont des espions au Liban pour le compte des Israéliens. Qu’y a-t-il donc entre nous pour que nous nous asseyons avec eux et discutons avec eux ? Ils nous ont répondu que les ennemis ouvrent entre eux  des canaux arrières et au final, ils discutent entre eux. Nous avons répondu que nous ne sommes pas de ces ennemis qui parlent avec vous. Mais eux veulent ouvrir un canal de contact. C’est cela le problème des contacts avec les Américains. Au final, ils veulent parler avec vous pour vous dire : 1, 2, 3, 4, 5. Ils veulent faire pression sur vous et vous amener à faire des compromis, sur des questions essentielles sur lesquelles vous ne voulez pas céder. Même si nous voulons laisser de côté les principes et l’idéologie hostile à Israël, si nous voulons être réalistes, les Américains veulent parler des missiles de haute précision, des armes, de la Palestine, de Jérusalem et de la position à l’égard d’ «Israël». Ils n’ont pas de problème particulier avec nous, au Liban, indépendamment du dossier israélien. Ils n’ont pas de problème avec un parti libanais qui a un bloc parlementaire et deux ou trois ministres au gouvernement, quelques directeurs généraux. Ils n’ont pas de problème avec la structure de l’Etat. Ce qu’ils veulent, ils nous l’ont proposé en 2000 : si vous voulez que la campagne contre vous s’arrête et que ceux qui écrivent des insultes contre vous cessent de le faire, vous devez faire 1, 2, 3 etc. Or, nous ne voulons pas le faire.

Q- En quoi consistent ces 1, 2, 3 … ?

R- J’en ai déjà parlé en 2001 après les attaques du 11 septembre. Mais je vais le rappeler rapidement. Une personne est venue me voir. J’ai dit son nom par la suite. Cet homme a dit être venu de la part de Dick Cheney ; qui était à l’époque vice-président des Etats-Unis. Il m’a dit : nous sommes prêts à vous retirer de la liste des organisations terroristes et il m’a lu une lettre. J’ai fait une erreur ce jour-là, en n’acceptant pas de prendre la lettre. J’étais à ce point révolté. Il m’a dit : je vous donne cette lettre, gardez-là avec vous. J’ai refusé en lui disant que je ne reçois pas une lettre des Américains. Il a alors commencé à la lire : Nous vous retirons de la liste des organisations terroristes, nous œuvrerons pour qu’on vous reconnaisse internationalement comme un mouvement de libération nationale dans le monde, nous enlèverons le véto que nous avions posé face à votre participation au gouvernement. A cette époque, nous ne demandions pas cela. Nous n’avons pas de problème à ce que vous gardiez vos armes. Par contre, vous ne pouvez pas garder les missiles. Il n’y a pas de problème à garder les armes de la guerre civile, mais les missiles, non. Nous vous reconnaissons comme un parti politique et nous trouverons une solution légale pour votre formation militaire. Nous vous donnerons un milliard de dollars. J’ai alors demandé en guise de plaisanterie : à nous ou à l’Etat libanais ? Et il a répondu : A vous, dans des valises.  J’ai demandé : Que ferons-nous avec tout cet argent ?  Et il a répondu : Vous construirez, car nous sortions de la libération de 2000. Vous reconstruirez les villages et les régions détruites à cause de la guerre, vous paierez des indemnisations aux gens et vous augmenterez ainsi votre popularité. Vous ferez des projets de développement… Bref vous aurez des milliards de dollars. J’ai alors demandé : Quelle est la contrepartie de toute cette générosité ? Il a répondu : Vous pourrez continuer à faire des discours contre «Israël». Nous n’avons aucun problème à cela. Nous voulons trois choses : Il faut que cesse l’appui, la formation et le financement de la résistance palestinienne, de Jérusalem, de la Palestine et du peuple palestinien. Il ne faut pas attaquer «Israël». Aucune balle ne doit être tirée contre lui. J’ai alors demandé dans une tentative de discuter : Même si «Israël» attaque le Liban ? Il ne m’a pas répondu. La troisième chose qu’il voulait c’était à l’époque de jouer le rôle d’un service de sécurité qui travaille pour lui face à Al Qaëda. Les Américains sortaient alors encore à peine des événements du 11 septembre 2001. Cette histoire est ancienne. Mais les Américains ne veulent absolument pas que l’on s’attaque à «Israël» ou qu’il soit menacé. Ils sont prêts à tout faire pour cela et à accepter tout le reste, même que nous possédions des armes, même que nous changions le système libanais. A un moment, il a même été question d’un partage du pouvoir en trois tiers (chrétiens, sunnites et chiites), à la place de la parité entre musulmans et chrétiens. Ils n’ont pas de problème avec tout cela et ils nous proposent même des garanties. A condition de lâcher la Palestine, la résistance. Mais pour nous cette question ne peut pas être discutée car la résistance et ses armes est la seule garantie pour la protection du Liban.

Q- Je voudrais parler du problème du tracé des frontières et du médiateur américain qui visite Beyrouth pour parler de ce dossier. Avez-vous une position particulière à ce sujet ou bien vous appuyez la position du gouvernement libanais ?

R- Je vais revenir sur cette question parce qu’elle est actuellement d’actualité. A la veille de la libération en 2000, on avait dit qu’«Israël» pourrait se retirer d’une partie du territoire et en garder une autre. Nous avions alors dit : nous avons étudié cette question au Hezbollah et nous avons pris notre décision. En tant que résistance, nous n’intervenons pas dans le dossier du tracé des frontières, car pour nous, il n’y a rien qui s’appelle «Israël». Il n’y a rien qui s’appelle des frontières avec «Israël» pour qu’elles aient un tracé. Nous ne reconnaissons pas «Israël». Pour nous, il y a la Palestine, sur terre et sur mer. C’est une position de principe, idéologique. C’est la première fois que je l’explique comme cela.

C’est pourquoi nous n’intervenons pas dans le tracé des frontières. C’est normal que l’Etat libanais veuille tracer ses frontières, qu’il le fasse, mais nous, nous n’intervenons pas. A cette époque, les propos étaient généraux et englobaient la terre et la mer. En 2000, il n’était pas question de tracer les frontières, mais de confirmer celles qui existent. Il y avait des points conflictuels, comme les fermes de Chebaa. Nous ne sommes pas intervenus et nous n’avons pas dit cette colline ou cette vallée ne sont pas à nous. Que dit l’Etat ? C’était lui qui décidait et à l’époque c’était l’armée qui était en charge du dossier. C’est elle qui était concernée. Lorsqu’il a été question des frontières maritimes, la situation est différente car il n’y a pas de tracé des frontières, comme c’était le cas sur la terre ferme. Depuis le début, nous n’étions pas concernés par ce processus. C’est L’Etat qui décide ce qu’il peut accepter ou refuser dans ce domaine. Non pas une personne, mais l’Etat car il s’agit d’une question de souveraineté, liée à la souveraineté, à l’eau, à la zone économique exclusive. En tant que résistance, nous respecterons  ce que décidera l’Etat libanais. S’il dit : voilà où sont nos frontières, nous respecterons cette décision et nous n’intervenons pas dans ce dossier. On nous a beaucoup posé cette question. Mais nous avons des cartes, nous discutons de ce sujet, nous avons aussi des informations et des institutions concernées par ce dossier, mais nous n’avons jamais une discussion interne pour dire voilà où sont nos frontières…Si vous me demandez-vous êtes avec la ligne 29 ou avec la ligne 23, je réponds que nous n’avons pas discuté de cela et nous ne voulons pas le faire. Nous considérons que nous ne sommes pas concernés par ce débat, ni de près ni de loin. En tant que Libanais, je souhaite bien sûr que la superficie qui sera libérée à travers ces négociations soit la plus grande possible. Nous avons seulement une condition : qu’il n’y ait rien qui ressemble à une coordination avec l’ennemi ou à une normalisation, ou une coopération. D’ailleurs, il y a une décision libanaise en ce sens. Nous n’imposons donc rien, mais pour nous ce sujet n’est pas discutable. La décision de l’Etat libanais est de refuser toute normalisation avec l’ennemi. J’espère que cette décision restera fixe et stable. Mais s’il y a une tendance à se diriger vers une autre option, nous serons tous contre. Mais à part cela, nous n’intervenons pas.

Q- Je voudrais que l’on parle du document koweitien présenté au Liban et auquel le Liban a répondu. Que pensez-vous des conditions arabes posées au Liban, notamment l’application de la 1559, de la politique de distanciation et de la nécessité de ne pas attaquer verbalement les Etats du Golfe ?

R- Au moment où l’on en a parlé, nous avons préféré ne pas commenter. Personne ne nous a demandé une réponse. C’est à l’Etat libanais qu’une réponse était demandée. Les responsables devaient répondre. Ils se sont concertés entre eux, ils ont envoyé une réponse et ils attendent la réaction des Etats du Golfe. C’est pourquoi nous n’avons pas commenté, parce que nous n’étions pas concernés par le fait de répondre à ce document. Ce n’est pas à nous que le document a été envoyé et nous n’avions pas à y répondre. Je vais donc vous donner un commentaire général sur ce document, sur la forme et sur le fond.

Sur le plan de la forme, le Liban est en définitive un Etat souverain, en tout cas nous voulons qu’il soit ainsi. Par conséquent, il est inacceptable qu’on cherche à lui imposer des décisions. Je parle de la forme : voilà donc 12 points et vous avez 5 jours pour donner votre réponse. Cela pour la forme. Par exemple, on pouvait dire : nous sommes les Etats du Conseil de Coopération du Golfe, nous aimons le Liban et nous voulons vous aider. Voilà un projet avec des points sur lesquels nous avons un avis et nous aimerions discuter avec vous, nous avons des demandes à vous présenter. Il serait utile que nous mettions au point un mécanisme de dialogue arabo-libanais ou libano-Golfe si l’on peut dire. Nous ne voyons aucun inconvénient à ce qu’un dialogue de ce genre soit mené. Au contraire, nous ne voulons pas dire à l’Etat libanais de ne pas lancer un tel dialogue et nous ne voulons pas prendre une position politique ni organiser des manifestations dans ce but. Au contraire, qu’ils fassent un dialogue et même un dialogue libano-saoudien ou libano-émirati ou ce qu’ils veulent. Il n’y a aucun problème dans le dialogue. Nous aurions préféré que les choses soient présentées ainsi, non qu’une partie ait l’air de faire passer un examen à l’autre et lui dise : ça c’est juste et cela c’est faux. Sur le plan du fond, nous préférons qu’il y ait un dialogue, que l’Etat libanais mène un dialogue. Si on veut que nous en fassions partie, nous étudierons cette question, même si avec les frères nous ne sommes pas très chauds pour cela. Un dialogue…

Q- Sur les points existants ?

R- De plus, le Liban reçoit les exigences et il n’a pas à donner son avis. Par exemple, il est dit qu’il faut arrêter d’intervenir dans les affaires  internes des Etats du Golfe (persique). D’accord, mais venez qu’on parle. Pourquoi n’est-il pas question des interventions saoudiennes dans les affaires libanaises ? Tout le monde sait qu’elles existent, il ne faut pas perdre du temps à discuter cela. Les Emirats interviennent au Liban, d’autres Etats du Golfe et des Etats arabes aussi. Tout le monde intervient dans les affaires internes libanaises. Si on veut demander au Liban de ne pas intervenir dans les affaires internes des autres, la moindre des choses est de réclamer la pareille de leur part. Concernant notre position aux côtés du peuple yéménite victime d’une guerre féroce et injustement traité, il s’agit d’une position d’appui à un peuple attaqué, non d’une intervention dans les affaires internes saoudiennes. Ce n’est pas le peuple yéménite qui a attaqué l’Arabie mais le contraire. Il ne s’agit donc pas d’une intervention dans les affaires internes saoudiennes. Malgré cela, je veux bien accepter qu’on dise : vous vous mêlez. D’accord, mais vous aussi vous le faites. En disant cela, le Liban montrera qu’il est un Etat respectable, souverain et indépendant. Vous voulez que le Liban, ou toute partie libanaise n’interviennent pas dans vos affaires internes, soit, alors n’intervenez pas non plus dans les leur. C’est une logique responsable et sage, n’est-ce pas ? Tous les Etats réagissent comme cela. Vous ne vous mêlez pas seulement des affaires internes du Liban, mais de celles de toute la région. Vous intervenez en Syrie, vous y menez une guerre depuis 10 ans. N’est-ce pas une intervention ?  En Irak, vous intervenez toutes les heures, en Libye, au Soudan… Celui qui veut demander à l’Etat libanais ou à une partie libanaise de ne pas intervenir dans ses propres affaires doit commencer par appliquer lui-même ce principe. C’est cela le dialogue. Nous ne devons pas être une partie qui reçoit. C’est un point. Le second c’est qu’il est question d’atteintes verbales à l’égard des Etats du Golfe. Mais qu’en est-il de toutes les atteintes verbales et écrites à l’encontre du Liban, du chef de l’Etat, dans les médias du Golfe et sur les réseaux sociaux, de la part des armées électroniques du Golfe ? Nous voyons qu’il est interdit que quelqu’un ouvre la bouche au Liban, mais eux, rien ne leur est interdit.

Nous en arrivons au sujet de la résistance et de la résolution 1559. Je veux bien aborder cette question et celle de la résistance. Mais commençons depuis le début : le Liban n’est-il plus menacé par les Israéliens, dans ses ressources pétrolières et gazières, dans ses frontières ? Quelle est la protection que vous proposez à la place de la résistance ? Nous protégeons notre pays. Que nous proposez-vous comme solution de rechange ? En réalité, ils n’ont aucune logique, aucune solution à proposer. Tout ce qu’ils veulent c’est réaliser la demande américaine que j’ai évoquée au début de cet entretien. Tout ce qui est demandé à travers toute cette démarche, c’est aboutir au résultat qu’ils ont essayé d’atteindre à travers la guerre de 2006. Comme elle a échoué, ils ont essayé d’autres moyens, comme le dossier économique, la vie quotidienne, en cherchant à faire assumer au Hezbollah la responsabilité de cette crise. Ils sont en train de dire aux Libanais : vous voulez du pain ? Enlevez les armes de la résistance. C’est dans ce contexte qu’il faut placer le document. Nous autres, en tant que Hezbollah, nous n’avons aucun inconvénient à ce que le gouvernement libanais mène un dialogue libano-Golfe ou libano-arabe, en se basant sur la logique et en discutant sur la base des intérêts nationaux du Liban.

Q- Selon vous, ce document a-t-il été proposé pour être discuté ou imposé ? Autrement dit s’il n’est pas accepté il y aura des sanctions ?

R- Les sanctions existent. Elles sont imposées sur tout. Tout ce qu’ils peuvent faire, ils l’ont fait. Ce que je sais c’est que le Liban a répondu à ce document, il n’a pas dit : venez qu’on en discute.

Q- Que pensez-vous de la décision de l’ancien Premier ministre Saad Hariri de suspendre ses activités politiques et celles de son Courant ? Aura-t-elle un impact sur les élections et sur le paysage politique libanais ? Va-t-elle laisser un vide qui risque d’avoir des conséquences sur la modération sunnite au profit des extrémistes ?

R- Nous ne publions pas un communiqué, ni nous n’annonçons une position, surtout que depuis l’annonce du Premier ministre Saad Hariri, le climat est livré aux surenchères. Mais pendant les quelques jours où il était au Liban, nous avons eu des contacts avec lui via des amis communs. J’ai même envoyé avec un ami commun une demande pour qu’il change sa décision, avant qu’il ne l’annonce, puisque nous l’avons connue avant. J’ai dit aussi que s’il souhaite la maintenir, c’est son choix, mais pour nous, c’est malheureux. Car les possibilités de coopération avec le Courant du Futur existaient et existent toujours. Dans les gouvernements où nous nous trouvions ensemble, nous avons coopéré positivement et nous avions même appuyé sa nomination pour le poste de Président du Conseil. Nous n’avons rien dit publiquement pour ne pas que l’on croit que nous faisons des amabilités et ment. Bien que le Hezbollah ne fait jamais cela. On aurait aussi pu dire que le Hezbollah cherche à exploiter cette position et veut influer sur la scène sunnite. Nous disons donc que c’est malheureux et nous aurions préféré qu’une telle décision ne soit pas prise. Mais c’est arrivé. Cette décision a-t-elle un impact sur les élections ? Certainement. L’absence d’un courant aussi important que celui du Futur a un grand impact sur les élections. Jusqu’à présent, la situation n’est pas claire. Il faudra attendre un peu pour voir comment les choses vont évoluer, après le retrait du Courant du Futur des élections.

Concernant la modération, je crois que c’est exagéré de dire que le retrait du Courant du Futur va ouvrir la voie aux extrémistes. En général, la tendance de nos frères sunnites est la modération. C’est dans leur culture et dans leur structure. Les phénomènes extrémistes qui sont apparus sont restés limités. On peut même dire qu’ils sont restés isolés. Par conséquent, il n’y a pas une grande crainte que les sunnites du Liban se dirigent vers l’extrémisme. Non, la crainte est dans le fait que le retrait d’un courant aussi important créé un malaise et un désenchantement général au sein du pays et il a des conséquences sur les alliances et sur la formule politique. Cette décision aura certainement des conséquences. Mais cela ne signifie pas que les sunnites iront vers l’extrémisme et vers les groupes takfiristes. C’est faux ; pou si cela arrive, cela restera limité. Les sunnites ont des leaders, des commandements, des figures et des personnalités. Sur ce plan-là, nous ne sommes pas inquiets.

Q- Comment voyez-vous le paysage électoral à la lumière de la campagne menée contre le Hezbollah et ses armes ?

R- Nous autres, nous nous préparons et nous adopterons un slogan clair, comme à chaque élection. Cette fois, ce sera : «nous restons pour protéger et construire» ou quelque chose de ce genre. C’est important, car cela nous servira de base. D’ailleurs, toute notre présence au Parlement a un point de départ clair et fixe. Le principal titre était « protéger le projet de la résistance» et « protéger son environnement». Aujourd’hui, cela est réalisé, au point que les slogans utilisés par de nombreuses parties impliquées dans les élections et les Etats qui les financent est de faire la guerre à la résistance. Ce titre n’était peut-être pas très clair en 2018 ou en 2009 ou même avant. Aujourd’hui, certaines parties disent que leur programme électoral est l’application de la résolution 1559 et le désarmement de la résistance. Cela signifie qu’ils croient avoir besoin de ces slogans pour mener la bataille. En contrepartie, nous parlerons de «protéger la résistance», qui, elle, protège le pays. Nous ne sommes pas étrangers à ce pays et nous disons aux électeurs : protégez-nous, protégez cette résistance qui vous protège. Vous avez besoin de la fortifier politiquement au sein du Parlement, au gouvernement et auprès de l’opinion publique.

Indépendamment de la majorité ou de la minorité, il est important pour nous d’avoir des amis de la résistance au Parlement. Cela constitue pour nous une protection de la résistance. Au Parlement aujourd’hui, il n’y a plus de 8 et de 14 Mars. Il y a des amis de la résistance et ses adversaires. Il y a aussi des personnes qui se tiennent à l’écart, qui n’ont pas de problème avec la résistance mais ne la défendent pas. Ils cohabitent avec cette réalité, sans s’y impliquer. Ceux-là, nous ne les considérons pas comme des adversaires, ni comme une menace pour la résistance. Ils sont en dehors de la division 8 et 14 Mars, en dehors de ce qu’on appelle la majorité ou la minorité. C’est le premier point. Le second point, et nous l’avons déjà dit, c’est que nous voulons, à travers notre présence au Parlement et à travers les lois, servir les intérêts des gens et chercher à alléger leurs souffrances. C’est ce que nous essayons de faire depuis des années. Par conséquent, notre présence au Parlement a un impact sur l’élection du chef de l’Etat, sur la nomination d’un Président du Conseil et sur la formation du gouvernement. Tout cela sert deux objectifs : la protection de la résistance qui est une garantie pour le Liban face aux menaces israéliennes et ses appétits au Liban et le second porte sur la situation interne, la construction de l’Etat, les lois, les dossiers économiques au service des gens et de leurs intérêts. C’est cela l’esprit du slogan «Nous protégeons et nous construisons».

Q- Que pensez-vous du pari qui est fait sur un changement au Parlement à la suite des élections, avec l’arrivée d’une majorité hostile au Hezbollah qui entraînera l’arrivée d’un président lui aussi de ce camp et d’un gouvernement qui lui ressemble ? A ce moment-là, le Liban sera sauvé disent vos adversaires…

R- A mon avis, il y a beaucoup d’exagération dans ces propos. D’abord, je ne suis pas d’accord sur le pronostic concernant les résultats des élections. Beaucoup de facteurs peuvent encore jouer, même si le pas de temps est assez court. Il faut voir quel sera l’impact du retrait du Courant du Futur et de son chef. Il faut voir aussi comment se noueront les alliances, que diront les ambassades qui financent les ONG… Beaucoup de plaisanteries circulent à ce sujet sur les réseaux sociaux. Notamment qu’il y a eu une grande mobilisation pour réclamer l’application de la 1559 avec une grande quantité de banderoles et de pancartes, mais … bien peu de gens. On dit que des centaines de millions de dollars ont été versés au cours des deux ou trois dernières années pour mobiliser les gens contre le Hezbollah et au final, il y a eu combien ? 15, 20 personnes et … un chien. Nous avons entendu que ces derniers temps, plusieurs réunions se sont tenues à l’ambassade des Etats-Unis avec des représentants des ONG et ils ont été sermonnés pour leur manque d’efficacité en dépit des sommes  considérables qui leur ont été versées. En tout cas, il y a une exagération au sujet des ONG et de leur influence au sein de la société. De plus, il y a de plus en plus d’accusations lancées aux représentants de la société civile, sur le fait qu’ils étaient des hommes politiques ou qu’ils sont les fils d’hommes politiques. On entend de plus en plus des questions du genre : Ceux-là vont réellement faire un changement ? En tout cas, rien n’est encore très clair. Majorité ou minorité, chacun a un objectif. Il n’y a pas de problème à cela.  Mais au final,  quatre ou cinq députés de plus ou de moins, ne feront pas une grande différence, je parle au niveau des blocs et des coalitions. Pour l’élection du chef de l’Etat, il faut une majorité des deux tiers. Quant à la question des armes de la résistance, elle est bien plus importante qu’une minorité ou une majorité ou que 5 députés de plus ou de moins. C’est pourquoi miser sur cela ne sert à rien.

Q- Nous assistons actuellement à une recrudescence des attaques israéliennes contre la Palestine et le peuple palestinien, à Naqab, à cheikh Jarrah, des arrestations, des projets de colonies. Aujourd’hui trois martyrs d’Al Aqsa sont tombés à Naplouse tués par l’occupation israélienne. Comment évaluez-vous cette situation ?

R- D’abord, je voudrais présenter mes condoléances aux familles des martyrs d’Al Aqsa. En général nous présentons nos félicitations aux familles des martyrs. Mais ce qui s’est passé est douloureux, notamment dans la façon dont ils ont été tués. J’ai vu le film aujourd’hui. Il s’agit d’une agression claire de la part des Israéliens. Cela s’inscrit dans le comportement actuel du gouvernement ennemi. Le premier ministre actuel cherche à faire de la surenchère sur Netanyahu. Il n’y a donc aucune place pour des négociations sérieuses politiques palestino-israéliennes. Même les propos sur la création des deux Etats n’a pas de place actuellement. Bennet dit si quelqu’un veut nous imposer des négociations sur la création des deux Etats, je ferai chuter le gouvernement. Il dit qu’il n’y a aucune possibilité pour qu’il soit question de cela tant qu’il est Premier ministre. Du côté américain, cela ne fait pas partie des priorités. Les Américains sont occupés en Ukraine, en Chine et ailleurs. A Vienne aussi. La Palestine ne figure pas sur sa liste. Et si elle s’y trouve, elle est au bas de la liste. Tout ce que veut le gouvernement de l’ennemi c’est une coopération sécuritaire avec l’Autorité palestinienne en contrepartie de fonds. Il n’ y a pas plus que cela. Les responsables de l’Autorité palestinienne disent que l’horizon politique n’est pas totalement bouché. Pourtant s’il l’est cela favorise l’option de la résistance et cela pourrait favoriser les pressions sur les Israéliens et contre eux surtout qu’ils poursuivent la confiscation des territoires et la judaïsation de Jérusalem et de ses environs en s’emparant de  milliers de bâtiments d’habitation dans les localités proches de Jérusalem. Ils continuent dans la politique de l’oppression et multiplient les arrestations de Palestiniens. La politique de destruction des maisons des Palestiniens se poursuit. En tout cas, toutes ces données montrent qu’il n’y a pas d’autre choix devant le peuple palestinien, quelles que soient ses options ou ses opinions politiques, que la résistance et la confrontation.

La confrontation palestinienne commence à revêtir différentes formes, surtout depuis la bataille de l’Epée AlQods à aujourd’hui. C’est clair en Cisjordanie. Il y a un mouvement beaucoup plus soutenu que lors des années précédentes. C’est pourquoi l’ennemi est plus inquiet et il devient plus dur. Cela se voit particulièrement dans sa manière de se comporter en Cisjordanie.

Q- L’équation qui dit que toute attaque contre Jérusalem est une attaque contre l’axe de la résistance tient-elle toujours ?

R- Bien sûr, même si elle n’est pas déclarée. Nous avons mené des discussions avec des forces politiques dans la région à son sujet. Nous travaillons sur cette question quotidiennement et de façon sérieuse.

Q- En parallèle, il y a un processus de normalisation. Hertzog et Gantz se rendent aux Emirats et à Bahreïn. Selon vous, qu’attendent les normalisateurs de ce processus et à quoi sert-il ?

R- Que veut l’Israélien de ce processus ? Que la Palestine  soit à lui ; il veut en convaincre la communauté internationale, car quelque part, chez celle-ci, l’idée deux Etats existe indépendamment de leurs frontières, de la viabilité de l’Etat palestinien et de sa souveraineté.  Les Israéliens quand ils parlent des deux  Etats considèrent  que leur Etat s’étend sur toute la Palestine historique. Ils concèdent simplement la bande de Gaza. Quant à la Cisjordanie, elle sera soumise à une auto-administration, mais il n’y a pas de lien géographique entre elle et Gaza. Les Palestiniens de la diaspora seront installés dans les pays d’accueil. C’est cela la solution qu’ont en tête les Israéliens et nous voyons beaucoup de pays présenter des avantages aux Palestiniens  pour qu’ils obtiennent leurs nationalités et oublient la Palestine. Ils leur proposent des habitations et du travail et souhaitent que leurs enfants et petits- enfants oublient la Palestine. Cela ne s’est pas encore produit  à cause de l’attachement du peuple palestinien à la Palestine, non pas seulement à Gaza et en Cisjordanie, mais à l’intérieur palestinien, ce qu’on appelle les territoires de 48 et dans les pays d’accueil. Les paris faits sur l’oubli de la Palestine ont échoué et la bataille de Seif al Qods en est la preuve.

Les Israéliens pensent ainsi qu’en normalisant le srelations avec les Etats arabes, en établissant des relations économiques, politiques et diplomatiques avec eux, ils isolent le peuple palestinien qui n’aura plus d’appui. Il ne pourra plus rien faire et il devra, comme l’a dit Trump, accepter «le deal du siècle». Il doit accepter les miettes qu’on lui laisse. Mais aucun Palestinien ne peut accepter cela. Les Israéliens misent sur le temps, sur le désespoir. C’est pourquoi ils misent sur la normalisation des relations avec les Etats arabes. Maintenant, s’ils pensent que cette normalisation leur permettra de faire face militairement  à l’axe de la résistance, ils se trompent, car ces Etats sont un poids  militaire pour les Israéliens et pour les Américains. Ces Etats ont besoin d’être protégés et aidés. C’est pourquoi, à mon avis, la menace réelle dans le processus de normalisation avec les Etats arabes réside dans le fait de pousser les Palestiniens  au désespoir, en se sentant lâchés, à la défaite et à l’abandon de la Palestine.

Face à cela, le peuple palestinien insiste et tient bon. Il supporte les souffrances. C’est un peuple courageux. Au sein des populations arabes, il y a un débat. Certains appuient la normalisation et il faut vérifier s’il ne s’agit pas d’armées électroniques qui s’activent sur les réseaux sociaux ; nous voyons ainsi des films de milliers de jeunes universitaires devant leurs ordinateurs appuient le processus. Mais jusqu’à présent, il n’y a pas encore de signes réels de l’appui populaire à la normalisation des relations avec les Israéliens. A Bahreïn, par exemple, il y a eu des manifestations populaires contre et si le pouvoir laisse le peuple exprimer son opinion, on aurait sans doute vu beaucoup plus de gens. Aux Emirats, on apprend qu’untel ou une telle veut étudier dans les universités israéliennes. Mais cela reste des cas limités et ne signifie pas que le peuple des Emirats est en harmonie avec ce processus. De même, on ne sait pas réellement ce que pense le peuple saoudien, en dépit du conflit politique avec ce pays. Il y a aussi l’Egypte, la Jordanie, l’Afrique du Nord, le monde musulman, la Malaisie, l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak, le Pakistan, l’Inde... Qui dit que le monde islamique se limite aux Emirats et à Bahreïn ? Chacun a son poids et son volume.

Nous avons aussi un phénomène significatif. De nombreux artistes, sportifs, économistes et autres qui ont renoncé à des distinctions et à des honneurs auxquels ils aspiraient et auxquels aussi ils avaient droit pour ne pas à avoir à côtoyer des Israéliens. Ce phénomène s’est étendu à l’ensemble du monde islamique. Ces jeunes rêvaient d’obtenir les distinctions et ils se sont malgré tout retirés de la compétition, à cause de la Palestine. C’est une réalité. C’est pourquoi les partisans de la normalisation sur les réseaux sociaux peuvent ne pas être réels. A tous ces jeunes, nous rendons un hommage sincère.

Q- Il y a aussi une position remarquable de l’Algérie, qui a refusé d’accorder le titre d’observateur à l’entité israélienne au sein de l’union africaine...

R- Certes, il s’agit d’une décision remarquable, même si elle était prévisible de la part de l’Etat algérien qui essaie constamment de ramener la cause palestinienne au premier plan des questions arabes, notamment dans le cadre du prochain sommet. Elle lui a d’ailleurs choisi un titre, la Palestine, mettant ainsi les autres pays arabes au pied du mur. L’Algérie déploie aussi de grands efforts pour réunir les différentes factions palestiniennes. Des délégations se sont rendues dans ce pays et ont tenu des réunions à ce sujet. Nous assistons donc à un retour de cet Etat important et influent l’Algérie, vers le dossier palestinien. Sa position au sein de l’Union africaine est aussi extraordinaire. L’Algérie déploie aussi de grands efforts au sujet de la Syrie, pour la ramener au sein de la Ligue arabe  et pour arranger les relations avec elle. Tout cela est très important et signifie qu’il y a de l’espoir pour les peuples. Je peux dire que la normalisation n’aura donc pas lieu.

Q- C’est refusé. Preuve en est la Jordanie et l’Egypte...

R- Il s’agit d’une normalisation dans les télévisions, les stations de radios et à travers les armées électroniques. Chez les vrais gens, chez les peuples du monde arabe et islamique, cela reste une illusion. La seule tentative sérieuse est celle de pousser le peuple palestinien au désespoir, mais cela ne réussira pas inchallah.

Q- Au Yémen, il y a un nouveau développement qui consiste à viser la profondeur émiratie de la part de l’armée yéménite et Ansarallah. Ce développement a d’ailleurs suscité un tollé international, régional et arabe. Quel sera l’impact de ce développement sur l’agression contre le Yémen, selon vous ?

R- Dans quelque temps, cette agression bouclera sa huitième année et Ansarallah n’avait pas eu recours à cette démarche. Son porte-parole a déclaré qu’elle l’a fait parce que les Emirats ont recommencé à participer activement à cette agression. Ansarallah avait annoncé qu’elle riposterait et que cette riposte durera tant que la cause qui l’a provoquée le fera. Par conséquent, la solution est facile avec les Emirats. S’ils reviennent à leur précédente attitude et se retirent de la guerre et n’y interviennent pas, la riposte cessera. C’est ce qu’ai entendu dire de la voix de sayed Abdel Malak al Houthi. Que les Emirats se retirent de cette guerre et l’armée yéménite et Ansarallah n’auront pas de problème avec eux. Les choses sont aussi simples que cela.

Q- Qui a poussé les Emirats à intervenir de nouveau dans cette guerre ?  Selon vous, s’agit-il d’une décision interne ou ont-ils été poussés dans ce sens ?

R- Les Emirats ont certainement été poussés à prendre cette décision. Si on veut faire une analyse rapide de la situation, Maareb et ses environs sont devenus pratiquement sous le contrôle de l’armée yéménite. Il ne reste plus que la ville proprement dite. Les Américains, officiels et chercheurs ont clairement dit que si Maareb tombe, cela signifie que les Saoudiens et les Américains ont perdu la guerre. IL faut donc empêcher cette ville de tomber, ou disons qu’elle soit libérée. C’est pourquoi il y a eu toute cette pression militaire, les bombardements aériens quotidiens et malgré tout, ils n’ont pas pu changer l’équation sur le terrain.

Il y a des brigades appelées les brigades des géants, présentes dans la région de Hodayda. Leur allégeance et leur financement vient des Emirats. Il semble qu’on ait demandé aux Emirats d’intervenir activement. Les Saoudiens et ceux qui les appuient n’ont pas pu modifier la situation à Maareb. Il fallait donc introduire un élément nouveau. Les brigades des géants ont donc été retirées de la côte pour les envoyer à Chabwa et ouvrir ainsi un nouveau front et baisser la pression sur Maareb.

En même temps, les Emirats ne se sont pas contentés d’aider leurs gens à mener la guerre. Ils sont intervenus directement avec les avions et les drones, à Chabwa. C’est ce qui a entraîné la riposte.

C’est sans doute le besoin saoudien et américain face à l’échec sur le terrain à Maereb qui a poussé ces derniers à solliciter l’aide des Emirats pour rétablir un certain équilibre et empêcher Ansarullah d’enregistrer une grande victoire. Il se peut aussi que les Emirats n’aient pas prévu une telle riposte  suite à de mauvais calculs liés à des lectures régionales fausses.

J’ai déjà dit que la lecture erronée entraîne de faux résultats. Ils se trompent s’ils croient qu’Ansarullah avant de prendre une décision demande l’autorisation à l’Iran ou attend ses directives. C’est faux. La décision a été prise par le commandement d’Ansarullah et tous ceux qui les appuient dont l’Iran l’ont apprise en même temps que les Emirats au moment des bombardements.

Q- Le résultat est qu’il y a désormais une protection américaine pour les Emirats. Croyez-vous que cette position américaine aura un impact sur la situation ?

R- Cela montre l’ampleur de la panique et de la confusion au sein des Emirats. Depuis des décennies, les Américains leur donnent des navires, des armes aériennes de haute technologie. Ils achètent des armes à la France, aux Américains, aux Britanniques, des Allemands et à tous les pays du monde. Face à la première menace, ils appellent à l’aide le monde entier. C’est un signe de faiblesse. Il existe un proverbe qui dit que celui dont la maison est en verre ne doit pas jeter des pierres sur les autres. Je l’avais dit et cela avait irrité les Emiratis. Mais c’est un Etat en verre. Par conséquent, il ne doit pas s’impliquer dans une guerre de ce genre. Depuis le début, Ansarullah disent qu’ils n’ont pas de problème avec les Emirats. Ce sont ces derniers qui les ont agressés et ils ont riposté. Ce qui protègerait en réalité les Emirats, c’est leur retrait du Yémen et le fait de ne plus intervenir dans d’autres affaires arabes.

Q- Au sujet de la Syrie, le Hezbollah est intervenu pour combattre le terrorisme et protéger le Liban. Il a réussi. Mais jusqu’à quand restera-t-il en Syrie ? Y a –t-il une date de retrait ?

R- Nous pouvons dire qu’en Syrie, la guerre universelle et régionale s’est terminée. Elle n’a pas atteint ses objectifs. Mais la situation en Syrie nécessite encore une grande vigilance et beaucoup de prudence. Car dans le Nord, il y a des dizaines de milliers d’éléments armés et de groupes armés, dont des groupes extrémistes et takfiristes qui constituent une menace. Le front est calme en raison de la présence de l’armée syrienne et de ses alliés. En face il y a la Turquie. Dans l’équation truque et russe, une sorte de calme  et de trêve sont réalisés. Mais la scène reste ouverte, et la situation au Nord n’est pas réglée et stabilisée. La situation à l’Est de l’Euphrate reste précaire. La présence américaine qui pille les richesses, notamment le pétrole et le gaz reste une menace. Il y a aussi un projet de relancer Daech à Hassaké et en Irak. Il y a eu des incidents en ce sens en Syrie et en Irak. Ce qui s’est passé à la prison al Sinaa n’est pas banal. Des centaines de Daechistes dont des chefs se sont enfuis et n’ont toujours pas été capturés. Il se peut qu’ils aient quitté la région, qu’ils aient été envoyés ailleurs, c’est déjà arrivé. Mais les dangers demeurent.

Q- Le Hezbollah se considère-t-il comme un partenaire dans la bataille contre ces groupes ?

R- Aujourd’hui par exemple, les SR russes ont dit à travers les médias avoir des informations sur une volonté américaine de contacter ces groupes extrémistes à damas et à Lattaquié. Ce ne serait pas étonnant de la part des Américains.

Q- Les Américains veulent-ils relancer «Daech» pour justifier le maintien de leur présence en Syrie ? Ou pour changer la situation ?

R- Les Etats-Unis veulent la reddition de l’Etat et du commandement syriens. Cela n’a pas eu lieu. Mais la situation en Syrie exige que nous restions ensemble. Nous sommes là -bas selon les besoins. Une grande partie des frères sont revenus, lorsque des fronts entiers ont été fermés et que leur présence n’était plus nécessaire.

Q- Donc, vous restez en Syrie ?

R- Nous restons dans les limites des besoins.

Q- Il y a des attaques sionistes contre la Syrie. La question qui se pose régulièrement est pourquoi il n’y a pas de riposte de la part de l’armée syrienne et même de ses alliés ?

R- Ils disent parfois que les cibles qu’ils bombardent nous appartiennent. Cela arrive, mais nous avons établi une équation qui se résume ainsi : si nous avons des martyrs à cause des bombardements israéliens, nous riposterons, car nous considérons qu’il s’agit d’un même front. Nous l’avons fait et nous continuons et nous avons un martyr à cause d’eux.

Q- Il y a aussi un seul pied...

R- Nous avons eu un martyr et ils sont restés deux ou trois mois sur un seul pied... Pour des raisons relatives au terrain, nous avons reporté la question pour trouver le bon timing. Nous avons un martyr en Syrie et un autre à la frontière...
Nous avons établi cette équation. Mais il est aussi utile de faire peur à l’ennemi de la riposte. D’ailleurs, lorsque l’ennemi bombarde, il fait attention à ne pas faire de martyrs.  Lorsque nous avons eu deux martyrs en Syrie, au moment du survol de la banlieue sud par les drones, Pompeo qui était alors ministre des Affaires étrangères dans son pays a contacté un responsable libanais pour lui dire que le Premier ministre israélien affirme qu’il ignorait qu’il y avait des Libanais du Hezbollah dans la permanence qu’il a bombardée... Imaginez un peu, c’est «Israël» qui dit cela....

Tout cela pour que nous ne ripostions pas. Nous avons certes riposté. Nous respectons donc cette équation. Dans la partie qui concerne la Syrie, les défenses aériennes syriennes ripostent. Il arrive qu’il y ait des martyrs, parfois suite à l’actionnement des défenses aériennes. Ces défenses interceptent de nombreux missiles. Donc, les bombardements israéliens n’atteignent pas leurs objectifs.

La question qui se pose toujours est la suivante : pourquoi la Syrie ne riposte-t-elle pas ? Il s’agit d’une question qui dépend des considérations régionales, de déclencher une guerre et des priorités de l’Etat syrien dans cette période qui consistent à combattre les takfiristes et à traiter les questions économiques  des citoyens en raison des sanctions et du blocus américain. C’est donc à l’Etat syrien de décider combien il peut supporter ces agressions.

Q- Que pensez-vous du maintien des forces américaines en Irak, sachant que dans l’axe de la résistance vous aviez réclamé leur départ ?

R- Cette position est prise par les Irakiens, après la mort en martyrs de deux grands chefs. Le Parlement irakien avait alors pris cette décision. Une manifestation regroupant plus d’un million de personnes avait même été organisée à Bagdad pour réclamer le départ des troupes étrangères. Le gouvernement irakien devait suivre cette décision. Il faut un suivi. Le Parlement, le nouveau gouvernement et le peuple irakiens sont concernés pour faire le suivi de cette décision.

La décision du retrait des troupes américaines en Irak est ferme de la part des Irakiens. C’est à eux de voir comment ils veulent obtenir son application, par des pressions politiques, populaires par les factions de la résistance… C’est à eux de voir.

Q-Etes-vous en train d’aider les parties irakiennes à surmonter leurs divergences pour former un gouvernement ?

R- Nous avons un vaste éventail de relations et d’amitiés en Irak, avant 2000 et après 2000, après la chute du régime. Nous avons de solides amitiés et parfois on nous demande de l’aide pour rapprocher les points de vue et pour unifier les propos dans le traitement de certaines crises. Notre rôle se limite à ce cadre.

Q- Comment voyez-vous la situation à Bahreïn et pensez-vous que le peuple y est en mesure de réaliser ce qu’il veut, face aux exactions commises ?

R- Le peuple de Bahreïn a exprimé sa volonté lorsqu’il s’est lancé dans une intifada le 14 février, avec des manifestations monstres. Mais il s’est heurté à une oppression sans précédent, suivie d’arrestations d’ulémas, de figures symboliques et de leaders, ainsi que des milliers de jeunes, hommes et femmes. Il y a eu des tortures dans les prisons, des expulsions, on a enlevé la nationalité à de nombreux Bahreïnis. Le régime a  même eu recours à l’étranger, avec le Bouclier d’Al Jazira, une armée réglementaire,  bref tout a été mis à contribution pour mater le peuple. Tout le monde se souvient des blindés arrivant sur le pont reliant Bahreïn  et l’Arabie. Ils ont cru avoir réussi à mater la population. Mais celle-ci continue de manifester pacifiquement sans avoir recours aux armes, même si le régime lui, le fait. Malgré cela, la population n’est pas désespérée. Elle continue à être attachée à ses droits et à les réclamer. Elle continue à manifester malgré les menaces, la violence et les arrestations. Elle continue à s’exprimer et à protester. Ce fut ainsi le cas lorsqu’il s’est agi de refuser la normalisation avec les sionistes et de rejeter la visite de certains sionistes à Manama. Je crois que le peuple de Bahreïn tient  à continuer son combat, avec les moyens dont il dispose qui dépendent aussi des conditions politiques et sécuritaires. Mais quelles qu’elles soient, le plus important reste la détermination et la volonté du peuple. Et cela existe.

Merci sayed Nasrallah pour cet entretien global. 

 

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