«Epée d’al-Qods»... La manœuvre de la Grande Guerre de Libération
Par AlAkhbar*
Le 10 mai dernier, à 16h40, le porte-parole officiel des Brigades al-Qassam, branche militaire du Hamas, Abou Obeida, a donné à l'ennemi israélien «un délai jusqu'à six heures pour retirer ses soldats et ses agresseurs de la sainte mosquée d’al-Aqsa et du quartier Sheikh Jarrah, et la libération de tous les détenus lors du dernier soulèvement d’al-Qods, sinon la riposte sera imminente».
Suite à cette menace, le commandement de la résistance au Liban a communiqué avec le commandement de la résistance palestinienne pour s’informer sur son évaluation de la situation. La résistance palestinienne a informé «les frères au Liban que le chef du gouvernement de l’ennemi, Benjamin Netanyahu, n'annulera pas la marche des colons à al-Qods occupée (Jérusalem), et que la résistance mettra en œuvre sa menace de bombarder l’intérieur des territoires occupés, a confié un dirigeant de la résistance palestinienne au journal libanais Al-Akhbar.
De même, la direction du Hamas a informé les parties concernées au Liban que la résistance palestinienne s'attend à une réponse israélienne violente et à une escalade qui durera près de deux semaines. Lors de cette séance, les deux directions ont fixé deux lignes rouges à ne pas franchir et qui appellent à l'intervention de l'axe de résistance: la première est que la bataille se poursuive pendant environ 50 jours, comme cela s'est passé lors de la guerre de 2014, et la deuxième est le bombardement du stock de missiles de la résistance palestinienne ce qui pousserait cette dernière à «l'économie» dans les tirs de roquettes sur l'entité sioniste.
A six heures du lundi soir, les Brigades Al-Qassam ont tiré 6 missiles vers la ville occupée d’al-Qods, déclenchant ainsi la bataille «Epée d’al-Qods». Le choix de ce timing particulier, et avec lui ce nombre équivalent de missiles, est dû au fait que la plupart des slogans appelant à l'intervention de Gaza pour défendre la ville d’al-Qods ont été lancés depuis la porte n°6 de l'enceinte de la mosquée al-Aqsa. Avant que la résistance n'exécute sa menace, les évaluations des services de sécurité israéliens contredisaient l'intention du Hamas de lancer une attaque à la roquette au centre de l'entité. Quant au renseignement militaire (Aman), le constat était que le chef du bureau politique du mouvement à Gaza, Yahya Sinwar, n'est pas intéressé par une escalade, et que sa priorité est d'améliorer la situation économique dans la bande. Quant au service de sécurité du «Shin Bet», il a déclaré que Sinwar «est un homme religieux et extrémiste qui se considère comme Salah al-Din, et il veut gagner l'élan actuel pour apparaître comme le protecteur de Jérusalem».
En conséquence, l'Israélien, et en raison de son arrogance, n'a pas pris en considération le «dernier avertissement» émis par le commandant en chef des Brigades Al-Qassam, Muhammad Deif (Abu Khaled), dans lequel il a dit à l'ennemi qu'il paierait cher s'il n'arrêtait pas ses attaques dans le quartier de Sheikh Jarrah. Des sources du Hamas ont déclaré que «l'ennemi, à cause de son arrogance, pensait que la réponse serait soit des manifestations aux frontières, soit des roquettes larguées sur les colonies frontalières de Gaza, mais il ne comprenait pas que Abu Khaled al-Deif était celui qui a fait la menace, et qu’un homme de sa stature ne pouvait pas réduire sa menace au lancement de roquettes sur les colonies autour de Gaza». De retour aux heures qui ont précédé les tirs de roquettes sur al-Qods occupé, l'avis et l'appréciation du «Shin Bet» sont parvenus une heure avant la fin du délai de la résistance, au «cabinet de sécurité». Au cours de la séance, le chef du «Shin Bet», Nadav Argaman, a recommandé une frappe préventive contre Gaza, que le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son «ministre de la Sécurité» Benny Gantz ont rejetée, en attendant de recevoir le premier coup pour apparaître comme une victime, puis de se diriger vers une campagne militaire qui bénéficie du soutien américain, selon ce que le journaliste israélien, Ben Caspit, a écrit au site Al-Monitor.
L’exécution de la stratégie de libération fixée par les deux résistances au Liban et en Palestine est devenue inéluctable
Avec le début de la bataille «Epée d’al-Qods», la résistance au Liban a relevé le niveau d'alerte, qu'elle avait déjà déclenché en prévision de toute agression israélienne lors de la manœuvre que l'armée ennemie entendait mener au début du mois. Cependant, malgré l'annulation de la manœuvre avec le début de la campagne contre Gaza, la vigilance des unités de missiles du Hezbollah a continué. Au cours de la bataille, la frontière nord de la Palestine occupée s’est mobilisée, à travers des manifestations sur la ligne frontalière, un certain nombre de roquettes tirées sur les territoires occupés, dont la plupart se sont abattues en mer, à l'intérieur des terres libanaises ou dans des terrains ouverts en Palestine, tandis que l’une d’elles a été interceptée près de la ville de Haïfa. Des missiles et un drone ont également été lancés depuis la Syrie (l'ennemi n'a pas pu déterminer d’où ils ont été lancés, que ce soit depuis la Syrie ou l'Irak), simultanément avec la bataille en cours dans le sud de la Palestine.
Cette scène était planifiée, et elle peut être considérée comme une manœuvre pour une guerre dans laquelle les fronts seront unis, et pour ce que l'ennemi vivra dans la «Grande Guerre de Libération» de l'axe de résistance. Tout ce qui a eu lieu lors de cette bataille, au niveau de la coordination entre les factions de résistance, fait partie de la manœuvre pour la bataille finale de l’élimination d’«Israël». L'année dernière, le chef du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, s'est rendu au Liban, où il a rencontré le secrétaire général du Hezbollah, sayed Hassan Nasrallah. A cette époque, les équipes de travail du Hezbollah et des Brigades Al-Qassam se sont réunies pour élaborer un plan de bataille pour la libération, et ce que l'entité ennemie a vécu pendant 11 jours fait partie de ce plan. Selon les dirigeants de la résistance palestinienne, rien de plus n'était requis de la frontière du Nord, l'accent étant mis sur les mouvements qui ont eu lieu dans les territoires occupés en 1948, la Cisjordanie occupée, al-Qods et les frontières jordaniennes. Cependant, dans toute future bataille, l'ennemi s’est rendu compte qu'il n'affrontera pas seulement Gaza, mais qu'il devra également affronter Gaza, le Liban, la Syrie, l'Irak et le Yémen. Lors de la récente agression israélienne sur Gaza, le mouvement yéménite Ansarullah a communiqué avec le Hamas et a demandé les repères des emplacements qu'il voulait cibler avec des missiles et des drones, mais le Hamas a informé les dirigeants de Sanaa que la situation sur le terrain et la situation militaire dans la Bande de Gaza était très bonne, et qu’au cas où l'ennemi transgressait l'une des lignes rouges fixées par les parties de l'axe de résistance, Ansarullah pourra alors effectuer sa frappe.
L'unification des efforts de l'axe de la résistance et le rejet d’attaquer en aparté la résistance à Gaza, constituent une nouvelle équation établie par les forces de résistance lors de la dernière bataille, et cette réalité a été bien comprise par les États-Unis, qui ont averti l'ennemi par l'intermédiaire du président du chef d'état-major interarmées, le général Mark Milley, «des dangers d’une déstabilisation à grande échelle au-delà de la bande de Gaza si l'escalade entre Israël et les Palestiniens n'a pas été arrêtée». Cette nouvelle réalité a été confirmée par sayed Nasrallah dans son discours de la Journée de la Résistance et de la Libération il y a quelques jours, lorsqu'il a déclaré que «toute atteinte à al-Qods et à la mosquée al-Aqsa signifie une guerre régionale». Sinwar l'a également confirmé en déclarant lors d'une conférence de presse qu'«une guerre régionale se produira s'il y a violation des lieux saints, et que toutes les forces de résistance seront ensemble dans toute bataille future si les lieux saints nous appellent». L'ennemi est bien conscient de ce fait, et un haut responsable de la sécurité israélienne a mis en garde contre cette réalité au site Al-Monitor: «Nasrallah est l’ennemi le plus crédible pour Israël. Et il ne fait généralement pas de menaces vides de sens. Le fait qu'il a rejoint Sinwar dans ces propos et à ce moment, et sa déclaration que tout mouvement israélien unilatéral à al-Qods occupée conduira à la guerre, devrait être pris à al-Qods comme un avertissement très dangereux». Affronter plus d'une partie au cours de la prochaine guerre est un scénario contre lequel Zvi Hauser, le chef de la «Commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset» (anciennement), a également mis en garde, déclarant: «C'est peut-être la dernière fois qu'Israël affronte le Hamas seul. À l'avenir, Israël devra faire face à un défi sur plusieurs fronts, comme le front nord, ce qui rend la tâche plus difficile».
L’exécution de la stratégie de libération mise en place par les deux résistances au Liban et en Palestine est devenue inévitable, et la récente guerre dans la bande de Gaza en a montré certains aspects, et la manœuvre menée par la résistance dans toute la Palestine occupée a montré des points positifs et d'autres sur lesquels il faut travailler dans un avenir proche pour les améliorer et les investir dans la «grande bataille de libération». La résistance travaillera également, dans la prochaine étape, à consolider son équation (relier al-Qods à Gaza), même si cela conduit à un nouveau round militaire.
*Article paru dans le quotidien libanais AlAkhbar traduit par l'équipe du site