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Les sanctions ne sont pas une option: des recommandations américaines pour cesser l’échec en Syrie

Les sanctions ne sont pas une option: des recommandations américaines pour cesser l’échec en Syrie
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Par Al-Akhbar

La remise en question des politiques adoptées par les Etats-Unis en Syrie se poursuit, à la lumière de l'échec de «la stratégie de l'étranglement», dans la réalisation de ses objectifs, aboutissant même à des résultats opposés. Plusieurs responsables appellent à une approche différente dans la méthode de la protection des intérêts de Washington dans ce pays.

En effet, la polémique s'est accentuée aux Etats-Unis sur la stratégie à adopter par la nouvelle administration américaine en Syrie, sous le commandement de Joe Biden.

Une polémique entamée même avant l'investiture du président, avec la participation d'ex-responsables américains, de chercheurs et d'experts, ayant travaillé sur le dossier syrien.

Dans ce contexte, on évoque les déclarations de Jeffrey Feltman et de Hrair Balian, le premier en tant que ex-sous-secrétaire des Nations- Unies pour les affaires politiques, ayant occupé plusieurs postes dans le secrétariat américain des AE, alors que le second est un ex-directeur du programme du règlement des conflits, dans le centre Carter, ayant travaillé au Balkan, en Europe de l'est et dans les pays de l'ancienne Union  soviétique, le Moyen Orient et l'Afrique et dans les organisations gouvernementales internationales et autres organisations non-gouvernementales.

Les deux responsables ont détaillé dans leur tribune commune sur le site (Responsible Statecraft), les politiques américaines et occidentales adoptées en Syrie depuis 2011, et les intérêts américains dans ce pays, les sanctions économiques et leur faisabilité et les choix futures devant l'administration de Biden.

Au début de l'article, les deux écrivains ont évalué la précédente politique américaine, estimant qu'elle a été vouée à l'échec, sans assurer les intérêts américains. Ils ont ajouté qu'elle n'a point aidé à instaurer la stabilité et à cesser le conflit. Les deux écrivains ont précisé les intérêts américains en Syrie englobent l'annulation des menaces illustrées dans les groupes terroristes, l'interdiction de l'usage des armes chimiques et leur propagation, la réduction des souffrances de millions de civils dont la vie a été détruite en raison de la guerre, de la répression, de la corruption et des sanctions.

De surcroit, la Syrie constitue pour eux, le foyer du déchainement du conflit entre les forces étrangères, y compris le conflit entre les Etats-Unis et la Russie, Israël et l'Iran, la Russie et la Turquie et le conflit de la Turquie et les groupes kurdes soutenus par les Etats-Unis, aux côtés du problème des refugiés dans les pays du voisinage et en Europe, dans la mesure ou l'immigration massive continue d'exacerber les réactions.

Echec de la politique des sanctions

Les deux auteurs sont d'accord sur le fait qu'à l'exception de la lutte contre la menace de «Daech» dans le nord-est de la Syrie, on peut déduire que la politique américaine à l'égard de la Syrie depuis 2011 a essuyé un revers, d'où la nécessité de la modifier.

Feltman et Balian estiment que la politique actuelle, basée sur l'isolement de la Syrie et l'imposition des sanctions, a réussi à paralyser l'économie du pays déjà détruite par la guerre, mais sans provoquer aucun changement dans les comportements du gouvernement syrien.

Les efforts déployés dans le passé pour entrainer les groupes de l'opposition et les armer pour exercer des pressions sur le président Bachar Assad et le pousser à changer son attitude ou à quitter le pouvoir, ont été tous voués à l'échec, et ont même contribué à ce que la Syrie compte davantage sur la Russie et l'Iran, selon le texte.

«Ces sanctions ont également gravement affecté la monnaie syrienne, provoquant son effondrement total, mais sans affaiblir le soutien du public local au président Assad et sans changer les comportements de l'élite au pouvoir». Par contre, ces politiques ont placé les Etats-Unis à la marge, pour que la Russie, la Turquie et l'Iran contrôlent l'avenir de la Syrie.

Dans le même contexte, les efforts diplomatiques menés par les Nations Unies à Genève ont cessé, après qu'ils étaient axés sur les réformes constitutionnelles.

De surcroît, selon les deux auteurs, les sanctions imposées à la Syrie aboutissent indirectement à des crises humanitaires graves, ce qui a approfondi et prolongé les souffrances des Syriens, tout en autonomisant ceux qui exploitent la guerre, alors que  la classe moyenne qui constitue un important facteur de la stabilité à long terme, a été détruite. Par contre, il est difficile de supposer que celui qui contrôle la Syrie à l'heure actuelle souffre de ces sanctions.

Options devant l'administration de Biden

A partir des données susmentionnées, les deux écrivains proposent ce qu'ils jugent comme le meilleur choix devant l'administration de Biden. Un choix résumé par le lancement d'un nouveau processus diplomatique visant à créer un cadre de travail détaillé pour impliquer le gouvernement syrien dans une série limitée de mesures tangibles et réalisables. Des mesures en cas d'application, seront accompagnées d'une aide orientée et de la révision des sanctions de la part des Etats-Unis et de l'Union européenne".

L'objectif de ce nouveau cadre, selon les deux experts, est de cesser la ligne descendante en Syrie, la réactivation de la diplomatie par une méthode périodique qui pourrait assurer un progrès dans les différentes affaires, tout en donnant au gouvernement syrien et à ses partisans une voie claire pour sortir de la crise économique et humanitaire en cours.

Par ailleurs, «Washington doit exonérer tous les efforts humanitaires de lutte contre la covid-19 en Syrie des sanctions, et faciliter la reconstruction des infrastructures de base, comme les hôpitaux, les écoles et les installations d'irrigation. Une action suivie d'une réduction progressive des sanctions américaines et européennes».

«Cependant, ces facilités ne seront mises en œuvre que lorsque les Etats-Unis et ses alliés européens soient assurés de l'application de mesures tangibles, négociées au préalable avec le gouvernement syrien».

Par contre, les deux écrivains reconnaissent qu'ils ne doivent pas avoir de grandes illusions, notant que les entraves devant cette solution sont multiples, surtout si le commandement syrien ne se dit pas prêt à faire des concessions.

Réaliser un progrès dans cette nouvelle méthode progressive, nécessite une réponse syrienne mesurable. Si le régime Assad se suffit à parler des réformes, il faudra dans ce cas suspendre les facilités américaines et européennes, voire imposer des sanctions diligentes.

L'article publié par Feltman et Balian rappelle celui du dernier ambassadeur américain en Syrien, Robert Ford, dans la revue Foreign Affairs. Il a considéré que l'administration de Biden éprouve le besoin de la coopération avec la Turquie et la Russie pour régler les problèmes de la région et lutter contre l'organisation «Daech», affirmant que la stratégie de l'ex-président américain, Donald Trump a été vouée à l'échec.

Ford a noté que Washington a échoué à pousser le régime Assad à accepter de larges réformes constitutionnelles et à créer une zone d'autodétermination aux Kurdes dans l'est du pays, malgré le recours à la force militaire et aux pressions financières contre ce régime.

«Sous la supervision américaine, la zone du Nord-est de la Syrie, a été transformée en un mini-Etat doté de sa propre armée, mais qui ne peut se défendre sans les ressources américaines».

Ford a estimé que les intérêts des Etats-Unis ne nécessitent pas de garantir la gestion des zones de l'est de la Syrie par les Kurdes, mais plutôt contenir les menaces terroristes dans cette région.

Il a affirmé que la reconnaissance par l'administration de Biden des intérêts turcs et russes en Syrie, aboutira à des résultats plus positifs.

Ford a appelé la nouvelle administration américaine à donner plus de confiance à la Russie et à la Turquie dans la lutte contre «Daech» au lieu de poursuivre la stratégie actuelle à l'égard de la Syrie.

Ce n'est point un cadeau pour Damas

Revenant à l'article écrit par Feltman et Balian, ces deux diplomates considèrent que leur proposition sur une nouvelle politique en Syrien ne constitue pas un cadeau offert au gouvernement syrien qui assume la responsabilité de la plus grande partie des décès et de la destruction durant les dix dernières années. Ils expliquent que selon leur point de vue, maintenir la situation actuelle n'aboutira pas à des résultats différents de ceux observés depuis 2011.

Ils affirment que par le biais de l'élaboration d'une liste des négociations entre la Syrie et les Etats-Unis, ce pays ainsi que l'Europe seront en mesure pratiquement d'exercer un type différent de pression contre la Syrie, pour réaliser les réformes refusées jusqu'au moment.

Ils affirment également que le changement actuel dans l'administration américaine, assure une chance pour plancher sur cette nouvelle méthode et l'expérimenter.

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