Discours du secrétaire général à l’occasion de la naissance du Prophète
Au nom de Dieu
Je voudrais commencer mon discours en présentant mes vœux à tous les musulmans dans le monde et à tous les Libanais, en tant que peuple qui participe à toutes les célébrations, les joies et les peines de toutes les composantes du pays.
Je voudrais fêter les musulmans et le monde entier pour la naissance du Prophète et celle de Son petit-fils l’imam Jaafar ben Mohammed al Sadeq.
Je commencerai par parler de cette occasion bénie avant d’évoquer des sujets liés à la situation actuelle.
Notre sayed Mohammed ben Abdallah est né il y a 1495 ans à peu près lors de ce qu’on appelle l’année de l’éléphant, au premier mois du printemps, ce mois-ci. Maintenant, certains disent le 1é du mois, d’autres le 17.
Cette naissance bénie a été l’introduction naturelle pour l’élaboration du message divin final, après lequel il n’y a pas de modification, ni de changement. Cette naissance a été l’introduction naturelle à une nouvelle vie pleine d’humanité pour des générations entières qui sont passées de l’obscurité vers la lumière à travers ce nouveau-né. En même temps, ce fut le prélude à la naissance d’une oumma éternelle jusqu’au jour du Jugement dernier.
Nous connaissons tous les prophètes et les envoyés de Dieu, ce qu’ils ont fait et les miracles qu’ils ont réalisés. En particulier les plus grands d’entre eux, comme Abraham, Moussa et Issa. Ces réalisations et ces miracles nous ont été transmis par les livres sacrés, en particulier le Coran, ainsi que les livres d’Histoire qui sont parvenus à tous les humains, chrétiens, musulmans et juifs et autres, quelles que soient leurs religions.
Les réalisations du Prophète Mohammed nous sont aussi parvenues à travers les livres d’Histoire. Mais la réalisation la plus importante qui continue jusqu’à aujourd’hui et qui restera jusqu’au jour du Jugement dernier. Il s’agit du Livre sacré, le Coran qui lui a été révélé par Dieu et qui reste intact dans ses mots et dans son contenu, sans la moindre modification et sans la moindre falsification depuis plus de 1450 ans. Ce Livre reste intact malgré des tentatives de le modifier ou de le falsifier de la part de Musulmans ou de non Musulmans, du cercle islamique ou non. Mais le fait que ce Livre soit resté intact comme Dieu l’a voulu en dépit de toutes les tentatives pour le modifier ou pour le détourner pour des raisons idéologiques, confessionnelles ou politiques. Ce défi se poursuivra jusqu’au Jour du Jugement Dernier. Mais ce Livre continuera à être vivant et à éclairer les gens pour les sortir de l’ombre vers la lumière. C’est la grande réalisation du Prophète qui a initié ainsi un profond changement dans la société de la péninsule arabique qui était le principal terrain de son action et de son appel. Si nous jetons un regard sur comment vivaient les gens de cette péninsule avant l’appel du Prophète et après, nous constatons les grands changements qui se sont produits dans leurs vies sur tous les plans, humains, idéologiques, spirituels, dans leurs valeurs et dans leurs cultures. Il y a eu ainsi une immense évolution humaine qui a constitué le point de départ du développement de cette oumma qui a pu faire entendre sa voix dans le monde. Le plus marquant c’est que ce développement a été réalisé en une période de 23 ans. Ce qui est relativement court dans l’histoire des peuples.
Ce Prophète extraordinaire porte son amour à tous les musulmans. Et ceux-ci lui rendent le respect, l’estime, la passion et le dévouement.
Les musulmans ont pu être divisés et avoir des divergences tout au long de l’Histoire sur plus d’un sujet, qu’il soit spirituel ou idéologique ou encore plus récemment, politiques et sociaux. Ils peuvent même mener des guerres, mais leur fois en Mohammed reste intacte. Ils le voient comme le dernier des Prophètes, l’homme le plus parfait et complet, car après Lui, il n’y aura plus d’être humain de ce niveau.
Pour toutes ces raisons, les musulmans ne peuvent pas supporter toute insulte ou atteinte adressées au Prophète et ils considèrent que la défense de la dignité de leur Prophète est une priorité absolue, qui prend le pas sur toutes les autres et sur tous les calculs et intérêts, qu’ils soient politiques, économiques ou sociaux. La défense de la dignité du Prophète est en tête de toutes les priorités. Ils ne supportent pas la moindre atteinte à cette dignité et ils ne peuvent pas être coulants à ce sujet. Tout comme ils ne peuvent pas se taire et par conséquent considérer que l’atteinte n’a pas eu lieu.
A partir de cette introduction, j’entame le premier sujet de mon discours ce soir. Il ne s’agit pas d’un problème qui concerne un pays ou les musulmans dans un pays. Cette question touche tous les musulmans dans le monde. Le problème qui existe actuellement entre les autorités françaises du plus haut de la pyramide et les musulmans les concerne tous. Je voudrais en parler avec calme et d’une façon objective et scientifique pour d »faire ce problème et essayer de trouver des solutions sur la base de la volonté de résoudre, non de confirmer des animosités et d’en hercher de nouvelles.
Je vais commencer par le dernier incident pour qu’il n’y ait pas de confusion et le droit sera perdu. Je commence donc par ce qui s’est passé dans la ville de Nice en France, lorsqu’un homme de religion musulmane a tué 3 personnes et blessé d’autres. Nous condamnons violemment cet acte et les musulmans dans le monde l’ont fait, les communautés musulmanes en Europe l’ont fait aussi, quelles que soient leur position, leur fonction ou leurs croyances politiques et autres. Nul ne peut imputer cet acte à l’islam. L’islam rejette le fait de tuer des innocents ou même de leur faire le moindre mal pour la seule raison de l’existence de divergences sur le plan idéologique. Tout acte similaire passé ou à venir est condamné de la même façon indépendamment du lieu où il a lieu. Donc, les autorités françaises ou d’autres n’ont pas le droit de faire assumer la responsabilité d’un acte accompli par un individu à la religion de ce dernier. Surtout à l’islam qui condamne ce genre d’actes. C’est le point de départ dont il faut partir. De plus, si un homme de religion musulmane a accompli un tel acte, il est impossible d’en faire assumer la responsabilité à tous les musulmans et à l’islam. C’est une vision fausse, irréaliste, illégale et immorale. Lorsqu’un individu accomplit un crime, c’est lui qui en assume la responsabilité, quels que soient ses mobiles et même si, de son point de vue, il croit que ce sont des mobiles religieux. C’est arrivé en France, en Europe et dans d’autres coins du monde. A ce stade, nous sommes contraints de parler de chrétiens et de musulmans et nous n’approcherons pas des juifs. Si un chrétien commet un tel crime – et cela arrive en France et en Europe et même ailleurs, même si les médias n’y accordent pas beaucoup d’importance-, est-il possible d’en faire assumer la responsabilité à Jésus Christ ou à la religion chrétienne ? Ou que les chrétiens dans le monde assument la responsabilité de cet acte ? Est-il encore possible de faire assumer la responsabilité de cet acte aux chrétiens du pays où il a eu lieu ? Nul n’accepte cela. Malheureusement, les autorités françaises se comportent ainsi. Lorsque le président Macron et les autres responsables français parlent de « terrorisme islamique », ou du « fascisme islamique », cela s’inscrit dans ce cadre. Il n’y a rien qui s’appelle « le terrorisme islamique » ou « le fascisme islamique ». Si quelqu’un commet un acte terroriste, c’est un terroriste. S’il commet un crime, c’est un criminel. Aujourd’hui les Etats-Unis et ce depuis, 2000 ou depuis les attaques du 11 septembre 2001 commettent des crimes dans le monde en Afghanistan, en Irak et dans la région. Ils mènent des guerres et je ne veux pas parler des deux guerres mondiales et de Hiroshima. Nous parlons seulement de notre époque contemporaine. Des millions de personnes ont été tuées et les Américains reconnaissent avoir tué des centaines de milliers de gens dans ces guerres que ce soit par erreur, comme ce fut le cas en Afghanistan où ils disent avoir bombardé par erreur une cérémonie de mariage, ou de façon préméditée. Est-ce que quelqu’un dit pour autant que comme le président des Etats-Unis et les membres du gouvernement sont chrétiens ainsi que la plupart des militaires, il s’agit d’un terrorisme pas seulement américain, mais chrétien ? Fait-on assumer au Christ et à la religion chrétienne, dont les principes sont en contradiction totale avec ces actes, la responsabilité de ce terrorisme ? De même, après ce qu’ont accompli les armées européennes , dont l’armée française lorsqu’elle est venue en Algérie et ce qu’elle y a fait, ce qu’ont fait d’autres armées en Libye et dans d’autres pays de notre région, aucun musulman n’est venu dire : il s’agit d’un « terrorisme chrétien » et que c’est la religion chrétienne qui en assume la responsabilité. Pas du tout. Et si quelqu’un l’avait fait, il serait dans l’erreur. Ce phénomène n’existe pas. Il n’est donc pas permis lorsqu’un chrétien, un musulman ou un juif commet des actes terroristes d’en faire assumer la responsabilité à sa religion et à la oumma qui partage cette religion. Il ne faut pas généraliser. C’est une erreur et cela doit s’arrêter. Les Français et les responsables français agissent pourtant ainsi aujourd’hui. Certains cherchent à stopper ce processus et à refuser la généralisation et ils disent : nous respectons l’islam en tant que religion. Si c’est vrai, il faut cesser de dire « terrorisme islamique » ou de fascisme islamique ». Il faut aussi cesser d’appuyer et de suivre Trump qui utilise ces appellations.
Nous avons entendu au cours des derniers jours que vous vous opposez au fait que quelqu’un en France a porté atteinte à votre Prophète. Le plus important c’est que certains musulmans portent atteinte à votre Prophète et à votre Islam. Je voudrais dire ici qu’il est certain que certains musulmans portent atteinte au Prophète de l’Islam. Certains portent donc de très dangereuses atteintes. Ce que nous avons vu au cours des dernières années, sur le plan des actes terroristes, des crimes, de la destruction des mosquées , des églises et des vestiges historiques, le fait de tuer les gens, de les égorger, de couper les têtes sur plusieurs catégories de personnes, selon leurs allégeances – que les médias étrangers ont largement diffusé- est une grave atteinte à notre religion et à notre Prophète. Nous nous opposions d’ailleurs à ces actes et nous les dénoncions vivement. Mais nous disions aussi si certains musulmans nuisent à notre Prophète, cela vous donne-il une justification pour nuire à notre Prophète ? Si certains nuisent à vos symboles sacrés, cela justifie-t-il que nous le fassions à notre tour ? Ce n’est pas du tout logique. Les Prophètes, les religions, les envoyés divins, les symboles sacrés doivent être respectés, même si certains au sein de chaque religion ou groupe choisissent de ne pas les respecter.
Je poursuis mes propos à l’adresse des responsables français et ceux qui forment l’opinion publique : au lieu de faire assumer à l’islam et à la oumma musulmane la responsabilité d’actes terroristes qui se déroulent en France, en Europe et ailleurs, essayons de voir ensemble quelle est votre propre responsabilité au sujet de ces actes et de ces groupes. Revenons un peu au passé, à 2011 et un peu après ( Je ne parle donc pas de remonter 50 ans en arrière) : il y a une pensée takfiriste et terroristes qui préconise l’assassinat dès qu’il y a une divergence non pas idéologique, mais sur des détails confessionnels politiques ou sur n’importe quel détail. Cette pensée accomplit des crimes odieux et barbare mais c’est vous qui l’avez protégée, notamment les Américains et l’administration américaine, les gouvernements français et européens. Vous avez protégé ce courant et vous lui avez fourni toutes les facilités possibles à travers le monde, qu’il s’agisse de donner des visas ou de pratiquer leurs activités dans vos pays, ce qui est difficile, voire impossible pour tous les autres. Toutes les portes se sont ainsi ouvertes devant les adeptes de cette pensée et la protection leur a été offerte. C’est même vous qui avez facilité l’arrivée de ces groupes en Syrie et en Irak et c’est vous qui avez contribué à les appuyer, à les armer et à les financer. Au point que ces groupes ont acquis une expérience et un esprit de combat assez importants. C’est pourquoi je vous demande aujourd’hui : vous êtes surpris si un égorgement ou un coupage de tête se produit ça et là ? Où cela a-t-il commencé ? Dans notre région et dans nos pays. Qui a accompli ces actes ? Ceux que vous avez appuyés, en les soutenant politiquement, médiatiquement et financièrement, ceux auxquels vous avez ouverts vos frontières et auxquels vous avez donné des passeports et des visas…Cherchez donc avant tout votre propre responsabilité. Vous assumez une responsabilité dans ce domaine. Je vous invite à revenir aux archives de 2011-2012. Moi et d’autres vous ont dit à cette époque, surtout aux Européens : ne faites pas partie de la guerre universelle contre la Syrie et l’Irak et contre la région. (Ils n’ont pas réussi à s’infiltrer sérieusement au Liban). Ne vous engagez pas aux côtés de ces groupes, ne les défendez pas, ne facilitez pas l’arrivée de ces groupes et ne cherchez pas à les renforcer. Car cette bataille, vous allez la perdre et ces groupes se retourneront pas contre vous. Cette pensée se retournera contre vous. Ces groupes et ces individus reviendront dans vos pays et ils les rempliront de terrorisme et de destructions. Ce qu’ils ont exécuté en Syrie, en Irak et un peu au Liban et dans d’autres pays, ils le feront chez vous. Nous vous l’avions dit : les Etats-Unis sont loin de notre région. L’Europe est plus proche et c’est vers elle qu’ira la menace principale. Soyez donc prudents. Mais vous n’avez pas pris cela au sérieux. Et vous avez cru que vous sortiriez victorieux de cette guerre. Vous devez donc chercher aujourd’hui votre propre responsabilité dans ce qui arrive. Ne faites donc pas assumer la responsabilité à ceux qui n’ont rien à voir dans tout cela. Qu’a donc à voir le Prophète des musulmans dans tous ces crimes ? Qu’ont donc avoir sa religion et son Coran dans tous ces crimes ? Qu’a donc à voir la oumma de deux milliards de musulmans dans tous ces crimes ? Ceux qui sont responsables de ces crimes sont ceux que vous avez entourés, protégés, dont vous avez facilité le départ vers la Syrie et ailleurs. Vous devez revoir votre politique à ce sujet car jusqu’à présent, vous poursuivez sur la même lancée. Sinon je devrais répéter ce que je vous avais dit lorsque nous étions en train de définir notre position : nous avions dit que nous ne pouvons pas être dans un front où il y a aussi les coupeurs de tête, les égorgeurs et ceux qui mangent les foies. Ceux-là étaient vos alliés, vos gens et vous les protégiez. C’est pourquoi vous, les Français, les Européens et même les Américains et leurs alliés dans la région, vous devez tous revoir votre comportement et votre politique d’appui aux groupes terroristes takfiristes. Vous devez revoir vos méthodes et vos moyens ainsi que l’utilisation de ces groupes dans des projets politiques et dans des projets de guerres. Vous avez déjà fait cela en Afghanistan et vous en avez payé le prix le 11 septembre 2001. Vous avez commis des erreurs et vous recommencez à le faire. L’utilisation de ces groupes comme instruments dans des projets politiques ou guerriers doit cesser. Sinon, vous devrez vous aussi payer une partie du prix pour ces erreurs.
Par ailleurs, les autorités françaises se sont impliquées et avec elles la France qui veut aussi entraîner l’Europe et l’Union européenne dans une bataille contre l’islam et les musulmans pour des raisons peu convaincantes et parfois incompréhensibles. Je dis cela par souci des autres et non pour marquer des points. Quelle est donc la base du dernier problème ? Les développements des dernières semaines ont montré, d’après les médias, que la France de la tête au gouvernement, au Parlement et jusqu’à la rue sont impliqués dans une guerre ouverte et claire. Quelle en est la raison ? Qui a commencé et a ouvert ce problème ? Qui a attaqué l’autre ? Qui a nui à l’autre ? Ce problème a commencé lorsque ce maudit hebdomadaire français a publié les caricatures qui portent atteinte au Prophète des musulmans d’une façon perverse. Les musulmans ont aussitôt protesté dans plusieurs endroits de la planète. Les événements se sont développés et il y a eu plusieurs incidents dont l’attaque contre le professeur d’histoire dont la tête a été coupée. Au lieu de chercher à contenir la colère et à limiter les développements dans une tentative de traiter ce conflit, les autorités ont cherché à traiter avec les résultats non avec les causes. Si les autorités françaises avaient réagi en cherchant à limiter les dégâts et en poussant les gens à ne pas faire d’amalgame et de confusion, leur position aurait mérité toute la considération. Je reviens à ce que j’avais dit tout à l’heure : il faut traiter le problème à la racine. Mais au lieu d’agir ainsi, les autorités françaises ont préféré déclaré une sorte de guerre et considérer que cette affaire fait partie de la liberté d’expression, allant encore plus jusqu’à déclarer qu’elles vont poursuivre dans cette voie et aller jusqu’au bout de la liberté d’expression et des caricatures. Quel message sont-elles ainsi en train d’adresser aux deux milliards de musulmans dans le monde ? Il ne s’agit pas d’une question banale, économique, politique ou autre. Ce sujet touche au Prophète des musulmans dont j’ai dit au début ce qu’Il représente pour tous les musulmans. Cela ne mérite-t-il pas une concession de la part des autorités françaises ? Cela ne mérite-t-il pas que vous preniez la situation avec un peu de compréhension et de tolérance pour ne pas aiguiser le conflit et envenimer le climat général ?
On vous dit : il s’agit de la liberté d’expression qui est sacrée et qui fait partie de nos valeurs, auxquelles nous ne voulons pas renoncer. Soit, discutons un peu de cela. J’ai d’ailleurs dit au début que nous devons mener un débat calme et rationnel. Si vraiment il s’agit d’une question de liberté d’expression, nous aurions pu essayer de développer ce point. Mais il faut d’abord convaincre les musulmans de cela. Mais nous avons beaucoup d’exemples qui montrent que la liberté d’expression peut être sérieusement opprimée dans certains cas en France et en Europe. Et sur des sujets bien moins importants que le Prophète de deux milliards de musulmans dans le monde. Pour gagner u temps, je me contenterai d’un seul exemple, celui du penseur et philosophe Roger Garaudy. Cela est documenté dans les médias. Tout ce qu’a fait cet homme, c’est d’écrire un livre qui est une étude documentée sur les légendes de l’holocauste. Il a présenté une argumentation scientifique étayée de chiffres et il a ouvert le débat sur l’exploitation politique de ces éléments, sachant que jusqu’à présent, les sionistes exploitent cette histoire avec l’Allemagne. Roger Garaudy n’a pas insulté et il ne s’est pas moqué et il n’a pas du tout mis en cause la religion juive. Il a seulement traité une question importante et sensible qui s’est déroulée en Europe. Comment ont réagi les autorités françaises avec ce philosophe ? La justice a porté plainte contre lui. Il a été jugé et condamné à la prison et il a été insulté et dénigré. Peut-être parce qu’il est d’un certain âge, la peine de prison n’a pas été appliquée. Mais il a été opprimé. Est-ce cela la liberté d’expression ? Est-ce là la valeur que vous défendez ? Certains disent que la liberté d’expression s’arrête dès qu’on aborde Israël, les sionistes et une certaine religion. Mais lorsqu’il s’agit d’une affaire qui touche une oumma de deux milliards de personnes et ses croyances, la liberté d’expression est sans limites. Toutefois, des exemples comme celui de Roger Garaudy- et il y en a plusieurs- montrent que la liberté d’expression en France et en Europe en général n’est pas absolue. Elle est limitée par la loi, la politique et les considérations sécuritaires. On ne peut donc pas dire lorsqu’il s’agit de caricatures contre le Prophète des musulmans que la liberté d’expression est totale et qu’il faut respecter cette valeur. C’est inacceptable. Nous pouvons présenter une liste des atteintes à cette liberté d’expression totale avec les médias quels qu’ils soient lorsqu’ils exposent une idée, une pensée qui est différente ou en contradiction avec la vôtre. C’est un aspect du débat. L’autre aspect est le suivant : la liberté d’expression est-elle réellement aussi absolue que vous le dites ? Dans ce cas pourquoi s’arrête-t-elle et parle-t-on parle d’antisémitisme ? La liberté d’expression consiste-t-elle à insulter les autres, à leur nuire et à les mettre en cause en leur attribuant des crimes qu’ils n’ont pas commis ? Tout cela est acceptable et fait partie de la liberté d’expression en France et en Europe en général. Est-ce vrai ou non ? Si quelqu’un divulgue des secrets d’Etat qui touchent à la sécurité nationale, comment les autorités françaises et européennes se comporteront avec lui ? Comment se comporteront avec lui les Etats-Unis et l’Occident en général ? Si quelqu’un tient des propos ou avance des documents qui pourraient mettre en cause la paix civile et mener vers des discordes internes, une guerre civile ou quelque chose de ce genre, comment les autorités se comporteront-elles avec lui ? La liberté d’expression ne s’arrête-t-elle pas devant la dignité des autres ? Nous demandons à ce que cette attitude soit revue, car elle est contraire à la morale et aux valeurs humaines. C’est pourquoi pour clore ce sujet, je voudrais adresser un message aux autorités françaises. Je voudrais leur dire : aujourd’hui, dans le monde musulman, nul ne cherche de nouvelles animosités, ni de nouvelles batailles. Je ne crois pas que quiconque parmi les deux milliards de musulmans dans le monde pense de cette façon. Au contraire, les musulmans cherchent à réduire les animosités et à écarter le spectre des guerres dont ils paient toujours le prix. Vous devez donc songer à réparer cette grande faute qui a été accomplie. J’ai entendu les responsables français déclarer qu’ils ne cèderont pas face au terrorisme. Il n’est pas demandé que vous cédiez devant le terrorisme. Il faut réparer la faute et réparer une faute ce n’est pas céder au terrorisme. Au contraire, insister sur une faute et poursuivre dans le même sens en se dirigeant vers des confrontations qui ne servent les intérêts d’aucune partie, c’est céder au terrorisme. C’est se laisser entraîner dans le sens des demandes des terroristes qui veulent faire sauter toutes les scènes dans le monde. Vous devez donc revenir à l’essentiel et traiter cette faute. Ce n’est donc pas céder au terrorisme. Cette idée vous l’appliquez d’une façon erronée. Commencez donc par l’appliquer d’une façon juste, c’est-à-dire, appliquez-là aux musulmans comme vous le faites pour les non-musulmans. Soyez justes et équitables. Porter atteinte à notre Prophète, aucun musulman dans le monde ne peut l’accepter. Même si les régimes politiques dans les mondes arabe et musulman peuvent vendre et acheter et trouver des arguments pour justifier devant leurs peuples le fait d’entrer dans des complots et de faire des concessions et des trahisons, ils ne peuvent pas pour autant se taire devant la mise en cause du Prophète que leurs peuples aiment et vénèrent. C’est pourquoi cette bataille que vous insistez à mener est une bataille perdante pour vous. Où sont les intérêts de la France et ceux du peuple français, les intérêts politiques et économiques de la France et ses relations avec les peuples du monde musulman et avec le monde musulman en général si elle insiste pour continuer dans cette voie ? Cette question doit être traitée et vous êtes en mesure de le faire. Je conclus en disant cela : au lieu de chercher à traiter les conséquences et à mobiliser encore plus de soldats et de services de sécurité pour empêcher de nouvelles attaques terroristes de ce genre, retirez les prétextes et traitez le fond du problème. Ne permettez pas la poursuite de cette mascarade, de ces attaques et de ces violations des dignités. A ce moment-là, le monde entier sera avec vous.
En tout état de cause, les actes terroristes sont condamnables et condamnés, comme je l’ai dit au début. Mais votre responsabilité et celle de tout le monde est de traiter les problèmes à partir de leurs racines.
On peut prendre en considération la proposition de cheikh al Azhar. Il a appelé à adopter une législation mondiale qui condamne ce genre d’actes qui touchent les musulmans et la oumma musulmane. On peut adopter la même formule ou une formule similaire pour condamner tout ce qui porte atteinte aux Prophètes et symboles religieux et ceux des nations ainsi qu’à tout ce qui porte atteinte aux religions célestes. Une formule de ce genre. Bien entendu, si une législation internationale de ce genre constituera une limite légale à la liberté d’expression et cela pourrait constituer une issue pour le gouvernement français et pour tous les gouvernements qui prétendent protéger la liberté d’expression et qui considèrent que celle-ci fait partie de leurs législations propres et de leurs valeurs.
Il faut trouver une solution à cette question. Le monde n’a pas besoin d’un problème en plus, ni de nouvelles confrontations et de nouvelles guerres. Il n’est pas permis, pour des raisons secondaires et douteuses sur le plan d eleur valeur humaine, morale et légale, de pousser les peuples du monde et en particulier notre oumma islamique et les Etats européens qui ont une telle place, vers des confrontations et des guerres de ce genre. La responsabilité de trouver des solutions repose aujourd’hui sur les autorités françaises en premier lieu, mais tout le monde doit coopérer pour traiter ce dossier et couper court à une telle discorde.
C’était le premier sujet, dans le cadre de la célébration de la naissance du Prophète et suite aux images que nous avons vues hier sur les foules à Sanaa au Yémen et dans d’autres villes et mohafazats du pays. On ne peut pas ne pas tenir compte devant ces images et les indices qu’elles portent.
Lorsque nous parlons de guerre, cela signifie qu’il y a des morts, des blessés, des destructions, des exodes. Cette guerre au Yémen en est aujourd’hui à sa sixième année. Malgré toutes ces violences, le blocus et les conditions de vie difficiles, une foule immense est descendue dans la rue, dans les villes du pays pour quoi faire ? Célébrer la naissance du Prophète et pour défendre ses valeurs et le symbole sacré qu’il représente.
J’ai voulu m’arrêter sur ce point. Nous au Liban, nous savons ce que cela signifie que le pays soit en guerre et que la menace pèse sur la population. Nous savons ce que représentent les risques sécuritaires, de santé et écologiques en période de guerre. Malgré tous ces dangers et ces risques, le peuple du Yémen est descendu dans la rue pour exprimer sa foi dans le Prophète, en dépit de la possibilité permanente d’un bombardement aérien qui ne respecte aucune limite. Il s’agit là d’un message fort d’un grand courage devant lequel le monde entier devrait s’arrêter. J’invite en particulier les musulmans dans le monde qui aiment et respectent le Prophète à s’arrêter devant ce spectacle de gens qui défilent malgré toutes les difficultés et les menaces et qui scandent leur amour du Prophète et écoutent le discours de leur leader sayed Abdel Malak al Houthi, qui l’achève en rappelant la cause palestinienne et en se tenant aux côtés du peuple palestinien. Regardez donc les Yéménites, encerclés, agressés, étrangers au monde d’aujourd’hui, qui font face à la faim et à la maladie et vivent dans des conditions impossibles et pourtant, ils ne cherchent aucun prétexte pour renoncer à la cause palestinienne. Au contraire, ils confirment leur appui au peuple palestinien, alors qu’ils sont privés de tout, pendant que ceux qui ont tout et baignent dans le confort et le luxe et ne sont jamais entrés en guerre contre l’ennemi israélien s’empressent de lâcher la Palestine et de normaliser leurs relations avec Israël. Les Yéménites se tiennent aux côtés des Palestiniens, alors qu’ils ont, eux, besoin que l’on se tienne à leurs côtés. Les musulmans et tous les peuples de de la région arabe et musulmane ainsi que tous les peuples du monde doivent bien observer cela et le regarder à travers les préceptes moraux et religieux, avec les yeux de la foi. Cela devrait être une raison supplémentaire pour les ulémas , les responsables, les élites et les peuples arabes et musulmans dans le monde pour qu’ils sortent de leur mutisme et protestent contre la poursuite de l’agression contre le Yémen. Cette guerre injuste et criminelle doit s’arrêter. Il faut faire pression sur les dirigeants qui insistent pour poursuivre l’agression et pour ceux qui se taisent. Il faut qu’il y ait un grand courant populaire fort et puissant dans les monde arabe et musulman pour réclamer l’arrêt de cette guerre. C’est un signe de Dieu et en cette journée du Prophète, ce que les musulmans peuvent faire de mieux, c’est de se tenir aux côtés de ces croyants qui donnent leurs vies, leur sang, leur argent, leurs enfants au service de l’islam et de la cause palestinienne. Je demande aussi au peuple soudanais de faire pression sur ses dirigeants pour ne plus soutenir l’agression contre le Yémen.
Le temps presse désormais. J’aurais voulu en réalité évoquer le processus de normalisation dans la région et les négociations pour le tracé des frontières avec la Palestine occupée, la situation sécuritaire à la frontière sud du pays avec la Palestine occupée, les manœuvres militaires israéliennes, ainsi que la situation générale au Liban. Mais comme il n’y a plus beaucoup de temps et le premier sujet a pris beaucoup de temps, j’espère- si Dieu me prête vie- m’exprimer sur ces sujets le 11-11 à l’occasion de la Journée du martyr du Hezbollah. Je vais donc reporter ces sujets et je me contenterai de parler un peu de la formation du gouvernement au Liban.
Naturellement, nous souhaitons que le Président du Conseil désigné, en coopération et en entente avec le président de la République, c’est-à-dire que tous les deux, en coopération avec les autres blocs parlementaires parviennent à former un gouvernement dans les plus brefs délais. Tout le monde sait que la situation financière, économique, sociale et autre au Liban ne peut être traitée sans un gouvernement en fonction. On ne peut pas continuer avec un gouvernement chargé des affaires courantes. C’est pourquoi nous portons donc cet espoir. Nos données disent que l’atmosphère est acceptable et positive. Nous ne voulons pas verser dans un excès de positivité, mais le climat général est acceptable. De notre côté, nous ferons de notre mieux pour faciliter les choses. Beaucoup de ce qui se dit dans les médias n’est pas vrai ou en tout cas pas précis. Certaines choses sont fausses, notamment en ce qui concerne notre approche de la question gouvernementale. Nous sommes positifs et nous le resterons. Nous ferons de notre mieux pour aider les responsables à former un gouvernement le plus vite possible. Nous ne lésinerons pas sur nos efforts sur ce plan. Surtout qu’aujourd’hui, c’est l’échéance réelle qui nous attend. Actuellement, c’est le premier anniversaire du 17 octobre. Ce qui attendait le pays et ce que certaines personnes attendaient, nous en parlerons inchallah plus tard. L’heure n’est pas aux conflits, aux tiraillements et aux contradictions. L’heure est à l’entente, à la coopération et à l’ouverture autant que possible pour aboutir à la formation d’un gouvernement de cette nature si Dieu le veut.
Je voudrais terminer mon discours par les chiffres alarmants, dangereux et qui font mal des atteintes du coronavirus. Nous sommes à la limite des 2000 cas par jour. Ce qui est très dangereux. Au début, lorsque les chiffres étaient de 60, 70 et 100 nouveaux cas par jour, les gens rouspétaient. Maintenant, ils sont entre 1600 et 1800. Nous arrivons à la barre des 2000. Les hôpitaux crient et les décès augmentent chaque jour. Il semble que beaucoup de gens se sont habitués à cette situation. Je répète que cette attitude à l’égard de l’expansion de la maladie est inhumaine, immorale et n’est pas conforme aux préceptes religieux. C’est une honte et une faute. Nous voyons de nombreux pays dans le monde qui se dirigent vers une plus grande fermeture. Nous parlons de la France, elle en fait partie. L’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, les Américains ont aussi des chiffres très élevés. Dans le monde, beaucoup de gens paniquent et d’autres continuent à prendre les choses à la légère. Au Liban, nous ne pouvons plus continuer de cette manière. Il ne s’agit plus d’une question qui concerne le seul ministère de la Santé. Ce problème concerne tout le gouvernement, l’Etat dans son ensemble, les ulémas, les autorités religieuses et politiques, le père, la mère, les époux, les proches, les frères et les sœurs, c’est une responsabilité humaine qui concerne tout le monde. Tout le monde parle de la nécessité de porter le masque, d’adopter la distanciation sociale, de nettoyer les lieux et les mains. Tout cela peut éloigner la maladie. La fermeture du pays n’est donc pas le seul choix pour ne pas dire que les gens vont mourir de faim sans travail. Autrement dit, on peut essayer de traiter la situation en prenant des habitudes particulières. J’invite tout le monde à respecter les consignes à partir de mes responsabilités morales religieuses et humaines. Nous devons donc respecter les consignes sinon nous serons en train de nous diriger vers un processus très grave sur le plan de la santé. Cela exige un engagement sérieux et le refus de la situation actuelle.
Je demande à Dieu de protéger tout le monde, de guérir les malades et de veiller sur tout le monde.
De nouveau, je vous présente mes vœux pour la naissance du Prophète et je demande à Dieu de nous aider à poursuivre sur le chemin qu’Il a tracé, de continuer à l’aimer et d’arriver au jour Dernier le cœur pur. J’espère que nous continuerons à célébrer cette naissance en préservant notre santé, dans le bonheur et la victoire.