Assassinat de Soleimani: Pour la famille des Moughniyeh, haj Imad est tombé en martyre une nouvelle fois
Par Qassem Qassem
Le commandant de la brigade al-Qods Qassem Soleimani est apparu au grand public pour la première fois en 2008, suite au martyre de son ami le commandant militaire de la résistance islamique au Liban Imad Moughniyeh. Les connaisseurs de Soleimani rapportent que son irruption médiatique fut une réaction au martyre de Moughniyeh.
La relation entre les deux était traquée par l'ennemi. Le journaliste israélien Ronin Bergman raconte dans son livre «Lève-toi et tue», qu'au lendemain de l'assassinat de haj Radwane, le 12 février 2008, les renseignements israéliens ont détecté haj Moughniyeh se tenant à côté de son ami Qassem Soulemani près de la voiture piégée. Selon l'écrivain, l'administration US n'a pas autorisé l'assassinat des deux à la fois pour plusieurs considérations. Parmi elles, le meurtre de Soleimani provoquera une guerre avec l'Iran, et l'objectif est de garantir le meurtre de la cible. Après l'assassinat de Moughniyeh, Soleimani a gardé la blouse noire que portait haj Imad au moment de son martyre. Il l'a mise dans un coffre en verre dans le salon de sa maison à Téhéran. Sur ce coffre, il la installé une photo des dirigeants et martyrs iraniens et libanais (dont sayed Moussa Sadr et sayed Hassan Nasrallah), ainsi que des martyrs palestiniens, irakiens et afghans, et le grand révolutionnaire Omar Mokhtar.
Haj Qassem Soleimani a exprimé maintes fois son manque de haj Imad et comment il a perdu l'un de ses proches amis dont la perte est difficile à remplacer. Il montrait de doigt la chemise à ses visiteurs et leur demandait de remarquer les multiples trous des balles qui ont criblé son corps. Haj Qassem a pris l'habitude de se rappeler du moment du martyre de Moughniyeh et comment l'un de ses amis l'a trouvé dans une posture de prosternation. Soleimani aimait raconter à ses visiteurs sa relation avec Moughniyeh et ne pouvait pas contenir ses larmes. Après le martyre de haj Imad, Soleimani est devenu membre de la famille de Moughniyeh. Il a considéré qu'il était responsable de ce martyre.
Certains membres de la famille de haj Imad avaient rencontré Soleimani, mais ils ne savaient pas son identité. Ils savaient seulement qu'il était un ami de Imad. Lors de la guerre de juillet 2006, l'épouse de haj Imad Saada Badreddine, a vu Qassem Soleimani avec son mari alors qu'ils se préparaient à recevoir un plat à manger dans un endroit dans la Banlieue Sud. Elle les regardait, et se demandait qui était cet homme qui ne se séparait pas de son mari, et qui pourrait mourir avec lui n'importe quand. Elle n'a pas su que c'était Qassem Soleimani qu'après le martyre de son époux.
Avant son martyre, haj Qassem s'est rappelé les jours de la guerre de juillet, lui qui était présent au Liban avec haj Imad et sayed Nasrallah. Un jour, ils étaient très proches de la mort, ils se sont réfugiés sous un grand arbre lorsqu'ils ont senti que leur siège sera bombardé. Imad a demandé à Soleimani d'assurer la protection de sayed Nasrallah. Il s'est absenté pour quelques minutes puis il est revenu à bord d'une voiture. Juste après leur démarrage, des missiles israéliens se sont abattus sur leur siège. Haj Imad a roulé à grande vitesse et ils sont arrivés à un endroit lointain. Ils ont commencé à rire. Haj Soleimani commente cet incident: «Ce qui ne quitte pas mon esprit c'est d'où il a cherché la voiture?».
Après la guerre, la relation de Soleimani avec la famille de Moughniyeh s'est raffermie. Après le martyre de Moughniyeh, Soleimani tenait à rendre chez sa famille et s'enquérir de ses nouvelles. De sa part, la famille de Moughniyeh l'a considéré comme l'un des siens. Hajeh Om Imad lui reprochait d'avoir pris des risques et de ne s'être pas reposé.
Avec le martyre de Jihad Imad Moughniyeh, Soleimani a senti avoir perdu un sien. Il est venu à Ghobeiry dans la Banlieue Sud de Beyrouth. Il est venu pour participer aux condoléances, négligeant les menaces israéliennes de l'assassiner suite à l'attaque militaire sur le Golan syrien. La nuit du martyre du «grand jihad» (comme le surnomme sa famille), Soleimani s'est recueilli sur sa tombe, et une vidéo a été diffusée de lui en train d'y réciter les sourates du Saint Coran. En Iran, il a organisé une tente de condoléances pendant deux jours.
Au 10ème anniversaire du martyre de haj Imad, haj Qassem s'est attelé de raconter ses souvenirs avec son ami. A la question de savoir les raisons pour lesquelles il a pris cette décision, haj Qassem a dit qu'il aime parler de lui, mais qu'il avait peur de ne pas citer toutes ses mérites. Il a supervisé les moindres préparatifs pour la cérémonie organisée à son mémoire.
Avec le décès de haj Fayez Moughniyeh en 2017, haj Qassem s'est précipité de contacter la famille pour présenter ses condoléances. Il n'a pas pu assister aux funérailles en raison des batailles en cours en Syrie et en Irak, mais il s'est informé de tous les détails pour s'assurer que les funérailles ont lieu parfaitement. Lorsque hajeh Amina, Om Imad, est tombée dans le coma, il a appelé sa famille et demandé de placer le téléphone à son oreille. Il lui a exprimé son amour et lui a demandé de prier pour lui. Ensuite après sa mort, il a demandé une pierre de prière que la défunte fabriquer de ses propres mains. Il en a choisi une sur lesquelles apparaissent les empreintes de ses doigts.
Ceux qui ont rencontré haj Soleimani quelques heures avant son martyre en Irak, rapportent qu'il était très calme et qu'il avait pris son temps dans la prière et les invocations, plus que d'habitude. Avec la diffusion de la nouvelle de son martyre, ce n'est pas seulement sa famille qu'il a perdu, mais aussi la famille d'Imad Moughniyeh. Pour eux, Imad est tombé en martyre une nouvelle fois.
Article paru dans le quotidien libanais AlAkhbar, traduit par AlAhed