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Discours sur les développements politiques internes

Discours sur les développements politiques internes
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Au nom de Dieu

J’ai le sentiment qu’il est de mon devoir de m’adresser à vous aujourd’hui, après un mois de silence, à cause des développements et des nouveaux éléments qui se produisent, dans ce moment particulièrement délicat que nous traversons, surtout en ce qui concerne la désignation d’un Premier ministre et la formation d’un gouvernement.

Naturellement, le discours d’aujourd’hui est entièrement consacré à la situation libanaise, bien qu’il y ait des événements très importants qui se déroulent dans la région. Mais je préfère consacrer tout le temps à parler de la situation libanaise.

Je vais diviser mon discours en quatre parties, deux longues et deux autres qui pourraient l’être moins.

La première concerne l’approche américaine et les dernières déclarations américaines, qui sont très importantes, la seconde porte sur le dossier gouvernemental : où nous en sommes et vers quoi nous nous dirigeons, la troisième partie concerne la sécurité et la quatrième partie concerne certaines remarques sur les questions de la vie quotidienne.

La première partie : En général, lorsque des protestations et des manifestations éclatent dans un pays, nous voyons aussitôt les Américains s’en mêler. Au départ, ils n’ont rien à voir avec ces mouvements populaires de protestation, ces sit-in et autres manifestations. Mais dès que cela commence, on les voit se précipiter pour essayer de les exploiter et de les utiliser pour servir leurs intérêts propres, non pour servir les intérêts des gens qui descendent dans la rue. Ils cherchent à exploiter les protestations et à les mettre au service de leur projet, qui n’a rien à voir avec les aspirations des manifestants et des protestataires. Ils le font de façon évidente et avec arrogante et ils insistent pour montrer au monde que ce sont eux qui dirigent les manifestations et les protestations, indépendamment de la véracité de cela. Les Américains expriment haut et clair leur appui à ces mouvements et aux protestations populaires et annoncent leur volonté de les aider. Mais en réalité, ils ne cherchent qu’à servir leurs intérêts et leurs projets et à faire en sorte que ces mouvements remplissent leurs conditions.

C’est la règle générale. Nous avons vu cela lors du printemps arabe. Nous l’avons vu aussi en Amérique latine et à Hong Kong, dans les Etats d’Asie et dans ceux d’Europe, même dans les pays alliés ou amis des Etats-Unis.

Au Liban, après le 17 octobre, des manifestations et des protestations ont éclaté dans plusieurs régions du pays, suite à la décision erronée du gouvernement concernant l’imposition de certaines taxes et certains impôts.

Comme je parle des Américains, je veux rappeler que quelques jours à peine après  le déclenchement du mouvement, nous avons entendu Feltman dans de longs exposés. Des Libanais ont été convoqués devant le Congrès et ils ont donné leurs avis personnels. Ensuite, ce fut le début d’un flot de paroles sur le mouvement. Nous avons entendu le secrétaire d’Etat américain, ses adjoints et ses collaborateurs, des membres du Congrès. Tous se sont exprimés, ont donné leur avis, ont posé des conditions, ont évalué, décrit, analysé…et hier, la représentante des Etats-Unis à l’ONU et au Conseil de sécurité s’est exprimée ainsi que Pompeo. Je vais m’arrêter un peu devant les propos de ces deux derniers.

Je commence par ce qu’a déclaré la représentante à l’Onu, Kraft : Les manifestations et les troubles se poursuivront au Liban. Elles ont commencé au Liban, mais aussi en Syrie, au Yémen et partout où se trouve l’Iran. Elle ne dit pas que c’est à cause de la corruption et qu’il y a des revendications sociales justes et du chômage, des crises économiques, de l’injustice etc. Elle a clairement dit que les protestations auront lieu partout où se trouve l’Iran. Autrement dit tant que la campagne dure de pressions sur l’Iran n’aura pas donné ses fruits, les protestations doivent se poursuivre. Les Américains considèrent donc qu’ils ont d’autres instruments pour faire pression sur l’Iran. Ce sont les protestations populaires. Je n’accuse personne, ce sont eux, les Américains, qui le disent. Ils attendent donc les manifestations et les protestations au Liban, en Irak, en Syrie et même au Yémen et ils les considèrent comme des instruments de pression sur l’Iran. Ils considèrent que ce sont des instruments entre leurs mains et ils disent avoir d’autres instruments pour faire pression sur l’Iran afin qu’elle arrête son comportement milicien.

Nous arriverons bientôt à Pompeo. Depuis le début, les Américains ont supposé que les manifestations et les protestations qui ont commencé au Liban le 17 octobre et se sont poursuivies le 18 et le 19 – c’était l’apogée- avec de très grands nombres, étaient dirigées contre l’Iran. Pourtant, au cours des premiers jours, ni même après, il n’y a eu aucun slogan contre l’Iran, il n’y avait rien qui était en rapport avec la République islamique d’Iran et son influence. Dans la plupart des cas, les slogans portaient  sur des revendications sociales, économiques et financières internes.

Dès le premier jour, les Américains ont aussi considéré que ces manifestations étaient la révolution du peuple libanais contre le Hezbollah. Ce qui a été dit dans des médias arabes et du Golfe les ont aidés à croire cela, en disant que c’était dirigé contre les armes du Hezbollah. Pourtant, au cours des premiers jours qui constituaient l’apogée du mouvement, nul n’a évoqué le sujet du Hezbollah et celui des armes de la résistance. Au contraire, les cris appelaient le Hezbollah à se joindre au mouvement. Comment dans ce cas pouvaient-ils protester contre le Hezbollah, tout en lui demandant de se joindre à eux ? Ou encore comment pouvaient-ils lui reprocher de ne pas se joindre à eux et diriger le mouvement contre lui ? Mais les Américains font les suppositions, soit ils se trompent soit ils veulent tromper tout le monde. Ou encore, certains Libanais qui leur remettent des rapports, leur donnent de fausses informations, des informations mensongères. En tout cas, cette évaluation des manifestations est fausse.

Naturellement, vous ne devez pas vous en étonner. Il arrive en effet que les Américains se mentent à eux-mêmes ou mentent aux gens ou encore se basent sur de fausses informations. Une bonne partie de leurs échecs en matière de politique étrangère est due à de fausses évaluations ou à des informations mensongères données par leurs agents, leurs instruments ou leurs amis.    

En tout état de cause, les Américains veulent instrumentaliser toutes les manifestations et les protestations, comme nous l’avons déjà dit, Ils sont donc venus au Liban. Que veulent les Américains au Liban ? Ils veulent résoudre leur problème, non ceux des Libanais. Pompeo l’a dit il y a plusieurs mois et il l’a répété il y a un jour. Selon lui, le problème au Liban et le problème des Libanais, c’est le Hezbollah. La menace pour le Liban et les Libanais vient du Hezbollah et l’impasse dans laquelle il se débat vient du Hezbollah. Donc, selon Pompeo, les Libanais doivent se débarrasser de ce problème, de cette menace et de cette impasse. C’est leur responsabilité à eux et les Etats-Unis sont prêts à les aider pour cela. Mais est-ce la réalité de la situation au Liban ? Il faut signaler que dans un précédent discours Pompeo  avait déclaré que les Etats-Unis sont prêts à aider le peuple libanais pour faire sortir le Hezbollah du système et du pays. Quand il a dit du système, on a compris qu’il voulait aider les Libanais à faire sortir le Hezbollah du gouvernement, de l’administration et du Parlement. Pour le gouvernement et l’administration, je comprends, mais comment pourrait-il faire sortir le Hezbollah du Parlement, selon quelle loi électorale ? Les Américains cherchent à jouer cette carte dans d’autres pays. Mais ils savent qu’au Liban, aucune loi électorale ne pourrait faire sortir le Hezbollah du Parlement en raison de sa large assise populaire. Le plus drôle c’est quand Pompeo dit qu’il veut aider les Libanais à sortir le Hezbollah de leur pays. Croit-il que nous sommes venus d’un autre pays arabe ou islamique ? Ou que nous venons d’Afrique, d’Asie ou encore d’Amérique latine ? Peut-être devons-nous lui montrer que nous sommes Libanais depuis des centaines d’années, non pas seulement depuis dix ans. De toute façon, cela montre l’approche superficielle et idiote de la part des Américains à l’égard de ce sujet.

L’exploitation américaine est donc claire. Les Américains veulent régler leur problème. C’est la même chose quand on écoute les déclarations israéliennes. Je ne veux pas perdre mon temps à commenter les déclarations d’autres parties que les Américains et les Israéliens, car elles suivent toutes les deux autres. Les Israéliens ont donc déclaré qu’il s’agit d’une chance en or pour faire pression sur le Hezbollah, pour l’affaiblir et l’isoler. Plusieurs responsables, actuels et anciens, des ministres, de hauts officiers l’ont dit. Ils ont aussi déclaré que c’est une chance en or pour aboutir au désarmement du Hezbollah, ou au minimum d’obtenir un accord au sujet du pétrole et du gaz dans les régions faisant l’objet de conflits.

Donc, l’Israélien cherche aussi à régler son problème avec ce pays. Ni les Israéliens, ni les Américains n’ont à cœur les Libanais.

Je voudrais encore commenter les déclarations de Pompeo. Je vais d’abord lire le texte pour être fidèle/ Après avoir parlé de pressions sur le Liban, il dit que la responsabilité repose sur les épaules des Libanais eux-mêmes, c’est-à-dire celle de former un gouvernement pour réclamer la souveraineté libanaise, la prospérité et l’indépendance par rapport aux forces étrangères, sauf les Etats-Unis. Or, à ce sujet, il y a une organisation classée parmi les terroristes qui est le Hezbollah. Je sais que le peuple libanais est conscient de la menace que représente cela pour sa liberté et sa capacité à réaliser des choses lui-même. Je voudrais dire d’où Pompéo a perçu cette certitude ? Est-il devenu le porte-parole officiel et celui qui exprime avec sincérité et fidélité l’avis et les convictions du peuple libanais ? Les Américains ont-ils réalisé des sondages  pour déterminer avec cette précision l’avis des Libanais ? Les élections législatives se sont déroulées sur une loi meilleure que les précédentes dans toute l’histoire du Liban, il y a moins de deux ans et tout le monde avait alors vanté leur transparence. Elles ont montré un autre résultat que celui que révèle Pompeo. C’est une des formes des duperies américaines. Notamment lorsque Pompeo dit : Nous sommes prêts à réaliser des choses que le monde peut faire pour aider le peuple libanais à réformer son économie et son gouvernement.

Le premier point de ma réponse porte sur le fait qu’il déclare que le Hezbollah constitue une menace pour le peuple libanais.

Je le répète, les Américains veulent régler leur problème et celui des Israéliens. Ils ne se soucient pas du peuple libanais. En toute fierté je peux dire que le Hezbollah est effectivement une menace pour Israël, pour ses ambitions, ses menaces et son projet, son hégémonie et le contrôle qu’elle souhaite imposer sur la région. Nous savons tous qu’Israël veut s’emparer de la terre, de l’eau et maintenant, du gaz et du pétrole. Et avec tout cela, c’est le Hezbollah qui serait la menace ? Oui, c’est une menace réelle, car il est une force importante dans la résistance, aux côtés des autres composantes  de la résistance libanaise. Tout le monde sait que l’Etat libanais, seul, fait face à des problèmes. En dépit d’une décision du Haut Conseil de Défense d’empêcher les Israéliens de construire un mur à la frontière, les Israéliens le font. En toute simplicité, la résistance a laissé l’Etat régler ce problème. Si nous avions dit que nous allions empêcher la construction des murs, vous auriez vu les Israéliens faire plus d’un calcul avant de construire un mur. Même chose pour le bateau qui est venu inspecter dans les eaux territoriales libanaises, dans la zone économique exclusive. Le dossier est entre les mains de l’Etat, mais les Israéliens savent que si la résistance prend une décision à ce sujet, elle sera déterminante. Jusqu’à cet instant précis, le dossier est encore entre les mains de l’Etat libanais. S’il est entre les mains de la résistance, Israël ne construira plus de murs et ne tendra plus la main pour s’emparer  de notre pétrole et de notre gaz. Oui, le Hezbollah est une menace pour Israël.  Une menace pour ses projets hégémoniques et ceux des Américains au Liban et dans la région. Notamment celui du « Nouveau Moyen Orient », dont avait parlé Condoleezza Rice. La présence du Hezbollah dans plusieurs scènes  et champs de bataille a contribué à être une menace pour les projets américains dans la région. Nous le disons avec une grande fierté. C’est vrai que ce qui s’est passé en Syrie et ailleurs constitue un point de discorde entre les Libanais, mais cela montre que le Hezbollah est une menace pour les projets américains, et non pour les intérêts nationaux du Liban. Il n’est pas une menace pour le peuple libanais. Au contraire, il le défend et défend sa dignité, sa liberté, sa sécurité, sa stabilité et son honneur. Les Américains et les Israéliens n’ont pas réussi à régler ce problème, ils essaient désormais d’exploiter la situation économique, financière et quotidienne des Libanais pour trouver une solution à la menace qui pèse sur eux. Ils sont venus pour exploiter et profiter, non pour aider à trouver des solutions. Ce qu’ils considèrent comme un problème et une menace pour les Libanais, c’est donc le leur, celui d’Israël et des projets d’hégémonie américaine dans la région.

Pourquoi veulent-ils utiliser le peuple libanais pour régler leurs problèmes à eux et aux Israéliens ? En toute simplicité, c’est parce qu’ils n’ont pas réussi au cours des dernières décennies à résoudre le problème que constitue pour eux la résistance. Ils ont essayé les guerres, les conditions régionales, les assassinats, les sanctions et ils ont dépensé des millions de dollars pour détruire l’image de cette résistance, ils ont tout fait pour tenter de monter l’environnement populaire de la résistance contre elle, en vain. Ce qui s’est passé dernièrement est aussi un grand échec pour les Américains, même s’ils se mentent à eux-mêmes. Je ne veux pas entrer dans les détails. Ils ont réalisé un sondage et il leur a montré qu’ils ont échoué dans ce sujet. Dans ce contexte, lorsqu’ils proposent de l’aide au peuple libanais, ils posent en même temps l’objectif qui est de se débarrasser du Hezbollah. Est-ce donc de l’aide ou du chantage ? Sont-ils vraiment des gens amis du Liban, soucieux de ses intérêts et désireux d’aider les pauvres et les nécessiteux ? Proposent-ils de l’aide aux Libanais à partir d’un sentiment moral et humain, sur la base du droit international et de la charte des Droits de l’Homme ? Non, ils utilisent le chantage, eux et les Israéliens. Quelle est donc l’équation proposée par les Américains aux Libanais ? Renoncez à votre force, renoncez à votre force de défense, renoncez à tout ce qui pourrait assurer votre souveraineté, à votre gaz, à votre pétrole et à votre eau, dans l’espoir que nous puissions vous aider. Feltman nous a placés devant deux choix : la faim assurée ou la relance possible. Il a été sincère car la relance n’est pas assurée. Elle n’est qu’une possibilité, dans ces conditions.

Le second point dans mes commentaires est le suivant : avez-vous confiance dans les promesses américaines ? Je vous invite à ne pas avoir confiance en eux. Regardez comment ils ont lâché leurs alliés et leurs amis dans le monde. Comment ils les ont abandonnés au milieu du désert, au plus fort des menaces. Regardez comment ils les ont humiliés, comment ils leur ont fait du chantage, comment ils leur soutirent leur argent, les pillent… C’est cela les Etats-Unis. Malgré cela, avez-vous confiance dans l’administration américaine et dans les Américains ?

Tirez les leçons que nous donne ce qui se passe dans certains Etats. Je ne vais pas les nommer car il y a parmi eux des Etats arabes et nous ne voulons pas augmenter les problèmes du Liban.  Certains Etats ont donc accompli les conditions américaines. Ils ont perdu leur rôle de leader  régional influent et sont devenus des Etats ordinaires, alors qu’ils étaient  des Etats importants dans la région et dans le monde. Tout cela pour recevoir des aides et l’appui des Américains. Mais ces Etats ont-ils pour autant surmonté  leur crise économique, financière et sociale ou bien passent-ils d’une crise à l’autre, d’une impasse à l’autre. Regardez tout cela et tirez-en les leçons qui s’imposent de leur expérience avec les Etats-Unis et avec certaines institutions internationales.  Ce qui est demandé c’est que nous renoncions à notre force, pour nous placer sous tutelle. Nous devons renoncer  à notre indépendance en tant que pays, et en tant qu’Etat, à notre libre et souveraine décision. J’invite les Libanais à l’éveil, à la prise de conscience et à ne pas se laisser influencer par ses appels trompeurs.  Je les invite à ne pas accepter l’incitation. Car c’est ce que font les Américains. Ils veulent inciter les Libanais les uns contre les autres pour pousser vers la discorde ou vers le chaos.

Je le dis en toute sincérité aux Libanais : coopérez entre vous, mettez en avant vos cerveaux, vos capacités, votre volonté. Avec toutes leurs capacités, ils sont en mesure de sortir de cette crise, de cette impasse et de cette situation difficile. Le Liban est dans ce problème à cause de son éparpillement, de sa division profonde au sujet des opinions. Dans ce contexte, il ne s’agit plus d’une simple diversité et cela à cause des sentiments confessionnels et régionaux, des calculs partisans, communautaires et confessionnels. Si nous décidons de nous placer au-dessus de tout cela, si nous nous asseyons ensemble et nous déclarons un état d’urgence au Liban, si nous décidons de travailler ensemble et de réunir nos moyens et nos capacités, nous serons certainement  en mesure de sortir notre pays, avec nos seules capacités nationales, de l’impasse financière et économique dans laquelle il se trouve.

Avant de clore la première partie, je voudrais attirer l’attention sur une question importante. Il y a  toujours – et c’est surtout vrai pour la dernière période- des parties étrangères, dont certaines sont arabes et du Golfe, qui cherchent de temps à autre, à fabriquer des déclarations de responsables iraniens ou à les déformer, qu’il s’agisse d’un haut responsable, d’un député ou d’un ministre, d’un responsable des Gardiens de la Révolution ou encore de l’armée. Nous nous empressons de vérifier ces déclarations et nous découvrons qu’elles sont soit inexistantes, soit déformées. L’objectif est clair : il s’agit d’inciter  certains Libanais qui se sentent immédiatement provoqués par de tels propos avant de s’assurer de leur véracité. Je donne un exemple. Ces gens écoutent les déclarations de Pompeo et comme ils comprennent l’anglais, ils n’ont pas besoin de traduction. Ils écoutent comment s’appelle-t-elle ? Kraft ou Feltman et ils ne se sentent pas provoqués par leurs propos, leur sens de la souveraineté n’est pas heurté par leurs déclarations. Par contre dès qu’ils voient  sur les réseaux sociaux ou sur une agence d’informations, qui  est peut-être hostile à l’Iran, une déclaration précise, ils se sentent insultés et multiplient les commentaires et les réactions de dénigrement. Ils vont même jusqu’à demander au chef de l’Etat et à d’autres responsables de prendre position à ce sujet... C’est arrivé il y a quelques jours, lorsque les propos de l’un des frères au sein des Gardiens de la Révolution, ont été déformés. En toute simplicité je vous le dis, nous avons fait nos contacts. Nous avons vu la déclaration telle qu’elle a été publiée et nous avons tout de suite flairé la déformation, car nous savons qu’il n’est pas possible qu’un de nos frères au sein des Gardiens de la Révolution ait pu dire cela et de cette façon. Lorsque nous avons revu le texte en persan – il se trouve que je comprends cette langue-, j’ai vu qu’il n’y avait nulle part une mention du Liban. Il a été ainsi dit que si Israël attaque l’Iran, il sera détruit à partir du Liban. Or, dans tout le texte persan, il n’est nulle part mention du Liban. Le Liban a été ajouté et il y a eu immédiatement un tollé, sans que les gens offusqués n’aient pris la peine de s’assurer de la véracité de la déclaration. Les frères ont publié un communiqué et nous les en remercions. Ils ont aussi réagi calmement et positivement à la déclaration du ministre de la Défense.  Ce que je veux dire c’est qu’il y a des gens déterminés à inventer des déclarations et à les attribuer aux responsables iraniens pour susciter la colère de certains Libanais et mettre le Hezbollah en difficulté, lui, ainsi que ses alliés et ses amis et les amis de la République islamique. C’est prémédité et c’est voulu. Cela fait partie de la guerre médiatique et psychologique. C’est pourquoi j’ai un souhait : que personne ne se sente ébranlé  ou provoqué. Il vaut mieux attendre et vérifier d’abord si ces déclarations ont réellement été dites par des responsables iraniens. S’il s’agit de fausses déclarations, ni les frères en Iran, ni nous ne l’accepterons.

Je voudrais profiter de cette occasion au sujet de la déclaration rapportée, pour adresser un message. Certains croient que si l’Iran est attaquée, elle comptera sur ses alliés pour la riposte. Je vais donc donner une information précise aux Américains, aux Israéliens et à tout le monde. Si quelqu’un attaque l’Iran, c’est la République islamique qui lui répondra. Même sur le plan moral et au niveau de sa confiance en ses capacités, la République islamique n’accepte pas de se taire et de compter sur ses amis et alliés pour riposter. Maintenant, quelle sera la réaction des alliés et des amis de la République islamique si celle-ci est attaquée, c’est leur problème. Mais la République islamique n’est pas concernée. Si les Israéliens l’attaquent, elle leur répondra. Si les Américains l’attaquent, c’est elle qui ripostera. Donc, les déclarations imputées à des responsables iraniens à ce sujet ne sont pas conformes à l’esprit de la République islamique ni à ses politiques et ses méthodes. Je dis cela pour rassurer ceux qui sont inquiets. Je conclus ce paragraphe en répétant  que ceux qui veulent manifester, protester ou même se battre, au Liban, mais aussi en Irak et en Syrie et même ailleurs, ne doivent pas permettre aux Américains et aux Israéliens de profiter de leurs actions, de leurs manifestations et de leurs protestations pour les détourner en leur faveur. Car ce serait une grande perte nationale.

Je passe maintenant au dossier gouvernemental. Dès les premiers jours- le mouvement a commencé le 17 octobre, le 19 j’ai prononcé un discours à l’occasion du quarantième de l’imam Hussein- j’avais été très clair : nous ne sommes pas d’accord avec la démission du gouvernement. Une des raisons que j’avais évoquées pour expliquer notre position, c’est que si le gouvernement démissionne, il sera difficile d’en former un nouveau au Liban. Cela prendra du temps et ce n’est pas dans l’intérêt du pays, car la situation financière et économique ne supporte pas la vacance. Les conditions de vie des citoyens ne supportent pas non plus le vide au pouvoir. C’est ce que j’avais dit le 19 octobre. Dix jours plus tard, le Premier ministre a présenté sa démission et donc, celle de son gouvernement. Cela fait bientôt deux mois et nous nous trouvons devant un problème de désignation du Premier ministre, en plus de celui de la formation du gouvernement. Je dirais dans quelques instants vers quoi nous nous dirigeons.  Mais pour l’instant, telle est la réalité. Nous espérons en tout cas que les consultations parlementaires auront lieu lundi et qu’un nouveau Premier ministre sera désigné dans ce cadre, par la majorité des députés. Mais même le processus de désignation d’un Premier ministre ne sera pas facile. Beaucoup de temps a été perdu et nous demandons à Dieu que ce ne soit plus le cas. Car ce temps a été perdu pour les Libanais et pour leurs intérêts. D’un autre côté, à notre avis, il aurait été préférable que le gouvernement reste en place et que les manifestations se poursuivent dans la rue et sur les places. J’avais dit cela dans les premiers jours avant de demander par la suite au public de la résistance de se retirer des rues et des places. J’avais expliqué les raisons de cette demande. La meilleure situation aurait été que le gouvernement reste et que les protestations se poursuivent car elles auraient constitué un moyen de pression sur le gouvernement. Cela a d’ailleurs été le cas pour qu’il prenne des mesures rapides et adopte des réformes sur le plan financier et économique de façon efficace au gouvernement et ensuite au Parlement. Ce qui aurait été dans le sens des intérêts des Libanais qu’il s’agisse des réformes ou des mesures économiques et financières. Nous avons vu à ce moment-là que la plus rapide des réalisations a été l’adoption du projet de loi sur le budget sans nouvelles taxes et nouveaux impôts. Si nous avions continué comme cela pendant deux ou trois mois, avec un gouvernement décidé à agir rapidement et la poursuite des manifestations et des protestations populaires on aurait pu accomplir des choses importantes et mener une action sérieuse, tout en lançant un processus de réformes. Mais avec la démission du gouvernement, il n’y a plus un pouvoir en mesure de répondre aux demandes des manifestants. En pratique, il n’y a plus une autorité pour décider des réformes et prendre des mesures sérieuses. Lorsque le gouvernement a démissionné, certains ont pris cela comme une victoire pour le mouvement de protestation. Mais en réalité, la démission du Premier ministre et du cabinet a abouti à une perte de temps.  La partie en mesure de prendre les décisions n’était plus là. Et plus tard, le Parlement a été empêché de travailler. Les institutions en mesure de procéder à des réformes et de prendre des décisions adéquates ont été paralysées. Il n’y avait plus de pouvoir pour répondre aux demandes des gens et alléger leurs souffrances. Au contraire, à mon avis, la situation a empiré. Car, que s’est-il passé depuis ?  Les prix se sont élevés, une grande partie des marchandises ont disparu des marchés, les gens sont menacés de ne pas trouver d’essence, ni de pain. Même chose pour les médicaments. Des compagnies ont commencé à licencier du personnel, des sociétés ont déclaré leur faillite, le chômage a augmenté, il y a aussi la crise des banques et des dépôts des particuliers. La situation sécuritaire est ébranlée avec l’augmentation des vols, les affrontements se multiplient et les ordures sont jetées devant les maisons des responsables. C’est d’ailleurs un phénomène nouveau je ne sais pas d’où il vient.  La saison des fêtes de fin d’année a été compromise et la confiance dans le pays a régressé. Si le gouvernement était resté en place, et les manifestants avaient continué à protester dans les rues pour exercer des pressions pacifiques sur lui, sans insultes et sans comportement indécent, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Je ne fais pas assumer la responsabilité de tout cela à une seule partie.  Tous ceux qui ont entraîné le pays vers cette situation assument la responsabilité. De plus, sur le plan pratique, depuis la démission du gouvernement, on ne parle plus dans le pays de la faim, des médicaments, des emplois ou de la situation financière et économique. Il n’est plus question que de l’identité du futur Premier ministre et de la forme du prochain gouvernement : sera-t-il composé de technocrates, d’experts ou de politiciens ? Sera-t-il un gouvernement techno-politique ? Que veulent les Américains ?  Que veulent les Européens ? Quelles sont les conditions d’untel ? Le pays est devenu dans un autre contexte que celui pour lequel les gens sont descendus dans la rue, au début du mouvement le 17 octobre dernier. Je dis cela pour évaluer la situation. Je sais que certains ne sont pas d’accord avec cette évaluation. Mais en tout cas, c’est notre façon de voir les choses. En tout cas après la démission du gouvernement, nous sommes face à une situation nouvelle qui se résume ainsi : le pays veut un nouveau gouvernement. Les forces politiques et en particulier la majorité parlementaire assume en premier lieu la responsabilité de la formation du gouvernement. Je dis bien la majorité parlementaire, dont nous faisons partie. Certes, le chef de l’Etat et le régime en général sont essentiels dans cette majorité, dans ce grand camp politique. Nous sommes donc désormais devant des choix, qui ont fait l’objet de discussions et celles-ci se poursuivent encore.  Je parle en toute transparence car cela touche le sort des Libanais, leur présent et leur avenir. Certains responsables  qui appartiennent à notre camp politique ou qui sont des amis et des alliés, ont exprimé des positions en accord ou en contradiction avec ces choix. Nous respectons toutes les opinions.

Le premier choix est d’aller vers la formation d’un gouvernement à coloration unique, comme on le dit au Liban. Autrement dit, il serait formé du CPL, du Mouvement Amal, de la Rencontre Consultative, des Maradas, du PSNS et de nos autres amis et alliés...J’espère n’avoir oublié personne, mais je l’ai sûrement fait. En tout cas, tous ceux-là  devraient nommer un Premier ministre qui formerait un gouvernement lequel obtiendrait la majorité au Parlement.  Certaines voix dans le camp adverse réclamaient cela et poussaient dans ce sens. Au sein de notre camp politique, les avis étaient partagés. Le premier voulait que nous allions dans ce sens et le second y était opposé. Il est certain qu’une telle décision exige du courage. Or, dans notre camp politique, les courageux sont nombreux, tous le sont. Autrement dit, ceux qui étaient opposés à l’option du gouvernement à coloration unique n’étaient pas lâches. Ils sont aussi courageux. Mais la question est liée à l’appréciation  des intérêts et des menaces qui pèsent sur le pays, surtout dans cette période exceptionnelle. Nous au Hezbollah, nous sommes opposés à cette option. C’est aussi le cas de nos frères à Amal. Nos autres amis et alliés s’exprimaient dans les médias sur ce sujet, alors que nous et Amal le faisions peu, car nous étions encore en train d’en discuter entre nous.

Il y a eu des propos sur le consensualisme qui empêche la formation d’un gouvernement à coloration unique. Certaines interprétations de la Constitution disent qu’on ne peut pas former un gouvernement qui exclut une communauté, petite ou grande, car il serait contraire à l’esprit de la Constitution. Je ne veux pas discuter de cela, ni de l’interprétation de la Constitution. Laissons cela de côté. Je veux parler des intérêts de la nation et des menaces qui pèsent sur elle. Je voudrais d’abord rappeler qu’avant les dernières élections législatives, la majorité parlementaire était entre les mains du camp adverse. Mais nous et l’ensemble de notre camp réclamait la formation d’un gouvernement d’union nationale parce que c’était dans l’intérêt du pays. Aujourd’hui que nous avons la majorité parlementaire, nous devons être conséquents avec nous-mêmes et avec notre passé. Lorsqu’ils sont majoritaires nous réclamons un gouvernement dans lequel toutes les parties soient représentées et lorsque nous devenons majoritaires, nous changeons d’avis ? Non, nous ne sommes pas comme ainsi. Cela sur le plan du principe. D’un autre côté, la situation du pays qui traverse une crise financière et économique  sans précédent qui exige pour être traitée de la stabilité interne. Le gouvernement qui devrait traiter cette crise a donc besoin de stabilité interne et de calme interne. Il a besoin que les écoles les universités, les usines fonctionnent, que les terres soient cultivées, que le commerce se porte bien, que la production soit efficace et le tourisme prospère, que l’opération d’exportation et d’importation fonctionne bien...

Si un gouvernement à coloration unique est formé, la tension actuelle ira en grandissant, la fermeture des routes, les manifestations et les protestations se poursuivront. Les accusations de violer le Pacte et de sortir du cadre de Taëf se multiplieront. Dans ce contexte, comment un gouvernement à coloration unique pourra-t-il régler la crise et être à la hauteur des dangers qui pèsent sur le pays ?

De plus, la crise actuelle exige la participation de tous. Nous devons tous ensemble assumer les responsabilités, personne ne doit s’enfuir, car nous sommes tous responsables de la situation actuelle. Or, cela aussi n’est pas en harmonie avec un gouvernement à coloration unique. S’il y a une majorité et une opposition et des surenchères politiques, médiatiques et populistes, ce sera difficile de travailler. D’autant que le gouvernement qui sera formé à cette période précise, devra prendre des décisions impopulaires. S’il y a un gouvernement à coloration unique, en plus que l’étranger attend au tournant, si en plus il doit affronter les surenchères et la tension, le pays en pâtira et sera au bord de l’effondrement.

En plus des dangers extérieurs qui guettent un gouvernement à coloration unique, notre présence, même modeste, poussera à le critiquer encore plus. Nous avons participé aux deux derniers gouvernements de façon discrète et réduite et malgré cela, certains les ont accusés d’être les gouvernements du Hezbollah.

Personnellement, je veux tenir compte  des intérêts partisans et confessionnels. Dans le gouvernement à coloration unique, nous serons certainement plus influents et présents, mais ce n’est pas dans l’intérêt du pays, ni dans celui du peuple libanais.

Dans ce contexte, il y a une autre option : que le CPL ? Amal, le Hezbollah et les autres amis et alliés décident de ne pas participer au gouvernement. Nous dirons alors au Courant du Futur et aux autres forces politiques qui sont ses alliées : formez vous-mêmes le gouvernement et assumez les responsabilités. C’est aussi une opinion qui existe. La logique est la, suivante : si le pays doit s’effondrer, que ce soit eux qui assument les responsabilités. Nous ne sommes pas d’accord sur cette option. Certes, ce serait plus simple pour nous d’aller vers ce choix, mais la situation du pays le supporterait-elle ?  Ce que nous voulons c’est sauver le pays ou bien nous dégager des responsabilités ? La responsabilité nationale nous pousse à rejeter cette option. La responsabilité nationale nous pousse à partager les responsabilités entre tous. Il faut que tous soient présents, coopèrent et fassent des concessions pour sauver le pays. C’est cela la responsabilité nationale.

Une question : si le camp adverse veut former un gouvernement à coloration unique, comment pourrait-il obtenir la confiance au Parlement, puisque c’est nous la majorité ? Si nous leur accordons la confiance, cela fera de nous des responsables. Si nous ne la leur donnons pas ce sera un appel vers la vacance. Ce n’est donc pas réaliste.  C’est pourquoi un gouvernement à coloration unique, qu’elle soit la nôtre ou la leur,  n’est pas une option adéquate et ne sert pas les intérêts nationaux. De même, cela n’aidera pas à sauver le pays, dans cette étape cruciale.

La troisième et la quatrième option sont basées sur l’idée d’un gouvernement de partenariat, avec la plus grande représentation possible. Je ne veux pas parler d’un gouvernement d’union nationale. Car, en fait, le gouvernement qui a démissionné, nous ne pouvions pas l’appeler ainsi, car il y a des forces politiques respectables qui n’en faisaient pas partie ; Disons donc un gouvernement de partenariat national, avec la plus grande représentation possible. Certains ont suggéré que le mouvement de protestation populaire fasse partie du gouvernement. Nous avons dit que nous n’avions aucun problème à cela. Le problème c’est que le mouvement refuse de nommer quelqu’un. Il affirme ne pas vouloir se doter d’un commandement et il refuse de former une délégation pour ouvrir un dialogue avec le chef de l’Etat. Il refuse de présenter des porte-paroles en son nom. Comment dans ce cas pourrait-il participer au gouvernement ? En tout cas, ce point sera posé lorsque nous arriverons à la formation du gouvernement.

L’élément commun entre la troisième et la quatrième option, c’est la formation d’un gouvernement de partenariat nationale, avec la plus large représentation possible, qui ne soit pas en contradiction avec le consensualisme dans sa dimension actuelle. Ce gouvernement ne devrait pas être en contradiction avec l’accord de Taëf, et il serait basé sur la volonté de coopérer de tous, pour assurer la stabilité à l’intérieur, calmer la rue et se consacrer au travail, dans un climat de responsabilité. Mais la différence entre les deux options porte sur la personne du Premier ministre.

La troisième option porte sur un gouvernement présidé par Saad Hariri. Dès le début, nous n’avions aucune objection à ce choix. Mais en même temps, ce qui se dit dans certains médias et sur les réseaux sociaux que nous n’acceptons pas d’autre choix est faux.  La preuve c’est que nous évoquons la quatrième option qui repose sur un Premier ministre autre que Saad Hariri.

Nous sommes conséquents avec nous-mêmes. Nous ne voulions pas que le gouvernement démissionne et il était présidé par Saad Hariri. C’était la troisième option, mais Saad Hariri n’en a pas voulu. Il a posé une série de conditions que notre camp politique a trouvées inappropriées, certaines ont été considérées comme inadéquates et d’autres comme injustes ou de nature à exclure les autres. Nous avons demandé à en discuter mais cela a abouti à la quatrième option qui porte sur un gouvernement présidé par une personnalité choisie par Saad Hariri et dans lequel le Courant du Futur serait représenté, ainsi que la communauté sunnite, avec l’accord de la majorité parlementaire, qui doit donner la confiance au gouvernement. Il est donc normal qu’elle approuve les noms choisis. Nous avons donc accepté cette option. Des noms ont été proposés. Il y a eu d’abord celui de Mohammed Safadi. Ce n’est pas nous qui l’avons proposé. Je ne dirais pas qui l’a fait car c’est un détail. . On nous l’a proposé et nous avons répondu que nous n’avions aucun problème. Il y a eu ensuite des controverses et cette option est tombée à l’eau.  Un autre nom a été proposé, celui de Bahige Tabbarah ? Nous avons aussi accepté et ensuite, l’option est aussi tombée à l’eau. Un troisième nom a été proposé, celui de Samir el Khatib. Ce n’est pas nous non plus qui l’avons proposé. Donc, les trois noms, ce n’est pas nous qui les avions proposés. A chaque fois, l’affaire allait aboutir puis ensuite, c’était l’échec. Ce n’est pas nous qui proposions les noms. Nous disions simplement, si le président Hariri et le Courant du Futur sont d’accord, nous le sommes, par respect pour le consensualisme et la participation.

Au sujet de Samir el Khatib, il y a eu un accord sur le nom et sur les principes généraux du gouvernement. Certes, nous ne sommes pas entrés dans les noms et les portefeuilles, car c’est une étape ultérieure. Mais quelques heures avant le rendez- vous prévu pour les consultations parlementaires, l’option s’est évaporée. Je n’entrerai pas dans les détails. Les consultations ont été reportées, à la demande de la plupart des blocs parlementaires. Le président de la République a décidé de reporter les consultations pour quelques jours pour y voir un peu plus clair dans la situation.

La troisième option reste toujours valable.  Mais il faut naturellement que le PM Saad Hariri soit plus souple sur certaines conditions. De même, la quatrième option est toujours valable. S’ils s’entendent sur un nom et sur le principe d’un gouvernement de partenariat, nous n’y voyons aucun inconvénient. Nous sommes ouverts et positifs. Pour nous, la solution à la situation actuelle est dans la troisième ou la quatrième option.

Le groupe international de soutien au Liban a déclaré qu’il voulait un gouvernement qui fasse des réformes. Très bien. Pas de problèmes. Un tel gouvernement ne signifie pas forcément un gouvernement de technocrates, ni politique, ni techno-politique, ni encore d’experts. Nous en discuterons plus tard. Ce qui compte c’est qu’il s’agisse d’un gouvernement capable de faire les réformes demandées et de sauver le pays. Or, un tel gouvernement a besoin de la participation de tous. Tout comme nous avions refusé le gouvernement à coloration unique et nous avions insisté sur la participation du Courant du Futur,  nous insistons aujourd’hui sur celle du CPL ou de ceux qui le représentent.  Nous n’acceptons pas  un gouvernement qui exclut une partie politique importante qui pourrait aider à travers ses représentants à sauver le pays de cette crise.

Lundi, nous devrons en principe aller vers les consultations parlementaires. Jusqu’à cet instant, les blocs parlementaires ne se sont pas entendus sur un nom précis. Il se peut que lundi, chaque bloc désigne son candidat sans entente préalable entre les députés.  Nous verrons ce qui se passera. Le bloc de la résistance divulguera sa position lundi. Je ne veux pas devancer les choses. Nous espérons qu’un Premier ministre sera désigné lundi avec la majorité requise des voix. Après la désignation, nous parlerons de la forme du gouvernement, nous négocierons avec le PM désigné, chacun à partir de sa position  et nous essaierons de coopérer pour former le gouvernement le plus vite possible. C’est ce que nous avons jusqu’à cet instant, sauf si un événement quelconque se produit ce soir ou la veille de lundi. C’est tout ce que j’avais à dire sur le plan gouvernemental.

Il reste le dossier sécuritaire. Je voudrais dire deux mots. Je voudrais commencer par remercier les gens dans toutes les régions libanaises qui continuent à patienter face à la fermeture des routes. Nous connaissons tous les méfaits de cette action de fermer les routes, les dangers qu’elle représente pour la population et les souffrances qu’elle cause aux gens. Surtout que cela se prolonge. Je veux saluer les gens qui ont patienté et se sont comporté de façon responsable, car il est certain que certains cherchaient, à travers ce procédé à répandre le chaos. Certains voulaient  pousser vers des affrontements, en répandant par exemple de fausses informations, parfois anciennes et parfois nouvelles. Cela s’est produit et a provoqué des tensions dans plus d’un endroit. Les gens ont patienté et ont gardé leur calme. Et je les appelle à le faire encore. Inchalllah cette situation tire à sa fin. Inchallah nous nous approchons d’une solution.  Dans ce cas, ceux qui coupent les raisons, quelques que soient leurs motivations, n’auront plus de raison de le faire. En attendant, il faut encore plus de patience, encore plus d’éveil pour éviter d’être entraînés vers des confrontations dangereuses.

Deuxièmement, nous devons aussi contrôler certains affrontements qui se déroulent dans les rues, certaines tensions qui se déplacent d’un endroit à l’autre. Certes, certaines chaînes de télévision locales et d’autres occidentales ou du Golfe disent que c’est le fait du public du Hezbollah et de Amal. Ces chaînes les accusent de frapper, de casser, d’agresser, etc. C’est faux. Le Hezbollah et Amal n’ont pris aucune décision en ce sens. Au contraire, ils ont formé  des comités de quartiers pour empêcher les gens de procéder à ce genre d’actes. Il y avait un grand climat de provocation sur le plan populaire. Ceux qui sont sur place le connaissent et ceux qui l’ont provoqué le savent aussi. Nous avons donc exercé de grandes pressions pour contrôler notre rue et l’empêcher de réagir. Certes, dans certains cas, la colère est devenue incontrôlable mais nous avons immédiatement cherché à reprendre le contrôle de la situation. En tout état de cause, je dis aux jeunes et aux individus qui se sentent provoqués -et il y a de fortes raisons pour cela- de rester maîtres de leurs nerfs. Je les appelle donc encore une fois à se contrôler, à être patients et à supporter. Ce qui est habituel pour eux. Car, le président de la Chambre et moi sommes d’accord sur le fait qu’il est primordial de préserver le calme. Nous ne devons pas nous laisser entraîner vers des affrontements, vers la tension. Car ce n’est pas dans l’intérêt du pays ni dans le nôtre.

Franchement, c’est même mauvais, surtout que certains slogans brandis et certaines pratiques n’appartiennent pas à cet environnement ni à ce public.  Nous ne devons pas laisser de la place aux réactions impulsives et au contraire contrôler nos nerfs, pour ne pas donner à nos adversaires et à ceux qui nous attendent au tournant un prétexte  pour en profiter contre nous.

Le Hezbollah n’a donc pas pris une décision de réagir, ni Amal non plus. Lorsque le Hezbollah et Amal, ainsi que les autres alliés décideront de descendre dans la rue, ils savent comment le faire et comment s’organiser. Ils savent aussi préparer leurs slogans pour que leur mouvement ait des objectifs précis et ciblés.

En tout cas, tout cela a besoin de contrôle. Il est clair que l’armée et les forces de l’ordre sont sérieuses dans leur volonté d’ouvrir les routes. C’est un point qui doit être enregistré en leur faveur. Nous demandons au commandement de l’armée et aux services de sécurité de s’empresser d’ouvrir les routes dès que celles-ci sont fermées, où que ce soit. Il ne faut pas attendre des heures, mais au contraire, ouvrir rapidement les routes. Car ceux qui ferment les routes ne disposent pas d’une couverture politique, actuellement, ni partisane, ni populaire. Nous écoutons certains qui se disent des chefs dans le mouvement de protestation et ils affirment qu’ils ne sont pas d’accord avec ces pratiques.

De même, il ne faut pas être coulant avec les incidents sécuritaires qui se produisent, comme les vols et les enlèvements. Si les forces de sécurité et les services se montrent coulants sur ces sujets, ces opérations prendront de l’ampleur et pourraient représenter un véritable danger. DE plus, cela signifierait pousser les gens à chercher à protéger eux-mêmes leurs biens, leurs échoppes et leurs quartiers. C’est dangereux et inapproprié.

Sur le plan sécuritaire, les Libanais se sont donc comportés jusqu’à présent avec un haut degré de responsabilité.  Ils sont appelés à continuer à le faire et inchallah nous nous approchons de la fin de ce processus.

Le dernier point porte sur la situation sociale et économique. Jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement soit formé nous continuerons à appeler le gouvernement démissionnaire à gérer les affaires courantes. Ni le président du Conseil, ni les ministres de ce gouvernement ne peuvent considérer qu’ils ne sont plus responsables. Ils sont responsables devant les gens et devant Dieu. La loi leur donne les prérogatives de la gestion des affaires courantes. Ils doivent assumer leurs responsabilités. Surtout si demain, la formation gouvernement prend du temps. Le gouvernement démissionnaire doit assumer ses responsabilités sur le plan financier, économique et sur celui de la vie quotidienne des gens.

Les gens doivent aussi assumer une responsabilité sociale. Ce que nous appelons la solidarité sociale.

Il y a actuellement beaucoup de propos sur des parties qui chercheraient à profiter de la situation actuelle pour augmenter les prix. Je ne parle pas ici des boulangeries, des pharmacies et des commerçants en particulier. Je parle en général. Je voudrais appeler ceux qui haussent leurs prix et à ceux qui veulent augmenter leurs bénéfices pour les faire passer de 50% à 70% ou même 100% à penser aux autres, car l’heure est à la solidarité. La situation économique du pays peut s’effondrer sur nous tous. A ce moment-là, il ne sera plus important de savoir qui est responsable et qui est la principale victime. Tout le monde sera atteint et toutes les régions. C’est pourquoi nous avons besoin de solidarité et de coopération. Il ne faut pas relever les prix. Au contraire, il faut chercher à réduire les bénéfices pour aider les plus défavorisés.

Il y a des initiatives individuelles dans une boulangerie, une échoppe, une coopérative. , une station d’essence ou une pharmacie... Ce sont des initiatives individuelles. Mais le plus important est que nous soyons solidaires. Je ne dis pas que les gens doivent perdre ou ne pas faire de bénéfices. La question porte sur le pourcentage des bénéfices. Si nous nous supportons les uns les autres, nous préserverons notre sécurité et notre stabilité sociale et nous protégerons le tissu social de ce pays. Ensemble, nous pouvons surmonter cette période difficile.

Mais si certains veulent profiter de la situation et enregistrer de larges bénéfices, si d’autres se dirigent vers le monopole et font disparaître les produits des étalages, c’est un crime sur le plan religieux, juridique, moral et humain.

Certains syndicats appellent à la grève ; Mais à mon avis, certaines formes de grève n’ont pas de sens aujourd’hui. S’il y a un problème sur le plan du carburant, vous ne pouvez pas aller vers la fermeture des stations d’essence. Cherchez un autre moyen d’exprimer votre mécontentement, pour faire pression ou pour aller vers une confrontation avec ceux avec lesquels vous avez un problème. Manifestez, faites des si tins, faites la grève de la faim, mais ne fermez pas les stations d’essence, car si nous le faisons, que serions-nous en train de faire au pays ? Un autre exemple, à un moment donné, il a été question de fermer les boulangeries et de priver les gens de pain. Cela peut déplaire aux syndicats, mais cce n’est pas possible d’agir ainsi. Tout ce qui a trait à la vie des gens ( carburants, mazout, médicaments, hôpitaux, boulangeries...) ne doit pas être utilisé. Ce n’est pas permis d’utiliser les choses essentielles dans la vie des gens dans le cadre d’une lutte ou d’une protestation, selon tous les critères. Il faut trouver d’autres moyens de pression.  La station d’essence doit continuer à vendre son carburant, jusqu’à l’épuisement de ses réserves. C’est son devoir. Même chose pour le boulanger, jusqu’à l’épuisement de ses réserves de farine. Même chose aussi pour la pharmacie, jusqu’à l’épuisement de ses stocks de médicaments. Mais nous n’avons pas le droit de toucher aux choses essentielles dans la vie des gens,  pour un conflit sur le pourcentage des bénéfices ou pour une question d’import –export. Les marchandises importantes et vitales pour les gens ne doivent pas faire partie des moyens de pression. Nous avons plus que jamais besoin de solidarité entre nous pour parvenir à surmonter cette étape dangereuse.

Je conclus en souhaitant qu’il y ait lundi des consultations parlementaires et qu’une personnalité soit désignée sur la base des voix des parlementaires. A ce moment, nous aurons un Président du conseil désigné et il faudra alors parler de la forme du gouvernement et de ce qui lui est demandé. Peut-être que la discussion sera alors plus utile, plus sérieuse, car nous serons alors en plein dans l’échéance. En tout cas plus que jamais.

Que Dieu vienne en aide à tous pour qu’ils assument tous leurs responsabilités nationales et historiques dans cette période difficile, afin que le pays puisse être sauvé, sa sécurité, sa stabilité interne et sa paix civile préservées et pour qu’il puisse sortir des crises multiples.

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