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Bolivie: le président Evo Morales démissionne, premières arrestations d’ex-dirigeants

Bolivie: le président Evo Morales démissionne, premières arrestations d’ex-dirigeants
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Par AlAhed avec AFP

Le président bolivien Evo Morales a démissionné dimanche après trois semaines de protestations contre sa réélection, tandis qu'une foule joyeuse célébrait la nouvelle dans les rues et que les premières arrestations d'anciens dirigeants avaient lieu.

«Je renonce à mon poste de président», a déclaré à la télévision le leader indigène de 60 ans, au pouvoir depuis 2006, au terme d'une journée marquée par de nouveaux affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ainsi que des démissions en série de ministres et députés.

Evo Morales a annoncé dans la soirée qu'un mandat d'arrêt «illégal» avait été émis contre lui. Une information démentie par le commandant de la police, Vladimir Yuri Calderon. Seuls sont visés les magistrats du Tribunal suprême électoral (TSE), a-t-il déclaré.

Un peu plus tôt, la police a arrêté la présidente du TSE, Maria Eugenia Choque, sur ordre du parquet, qui enquête sur des irrégularités commises dans le scrutin d'octobre, ainsi que le vice-président du TSE, Antonio Costas. Tous deux, emmenés par des hommes encagoulés ou masqués, ont été présentés aux médias au pied d'une estrade où se trouvaient assis des gradés de la police.

«Coup d'Etat»

Dénonçant comme une «décision politique» l'appel de l'Organisation des Etats américains (OEA) à l'organisation d'un nouveau scrutin, Evo Morales a affirmé: «Mon péché (est) d'être indigène, d'être producteur de coca».

Né dans la misère, cet ancien berger de lamas avait gravi les échelons syndicaux jusqu'à devenir il y a 13 ans le premier chef d'Etat indigène du pays.

Il est l'un des derniers représentants de la «vague rose» qui a déferlé au tournant des années 2000 sur l'Amérique latine, faisant virer à gauche le Brésil, l'Argentine, le Chili, l'Equateur et le Venezuela, la majorité de ces pays ayant depuis rebasculé à droite.

Dimanche soir, il a d'ailleurs reçu le soutien immédiat des présidents cubain et vénézuélien, Miguel Diaz-Canel et Nicolas Maduro, qui ont dénoncé un «coup d'Etat» et exprimé leur solidarité envers leur «frère président» Evo Morales.

Le siège de l'ambassade du Venezuela à La Paz a été occupé dimanche par des manifestants cagoulés. Nicolas Maduro, pour l'heure, n'avait pas réagi.

Le président élu argentin Alberto Fernandez a également condamné «un coup d'Etat». Le Mexique a offert l'asile à Evo Morales et accueilli dans son ambassade à La Paz des fonctionnaires et des parlementaires boliviens.

Vacance du pouvoir

L'annonce dans la matinée par le président d'un nouveau scrutin - une option qu'il rejetait jusque-là - visait à «pacifier la Bolivie» mais n'a pas réussi à apporter le calme.

Vice-président, présidents du Sénat et de la Chambre des députés, ministres, députés: la cascade de démissions depuis l'annonce de M. Morales a entraîné une vacance du pouvoir.

Après les démissions du président et du premier vice-président du Sénat, la deuxième vice-présidente de la chambre haute, l'opposante Jeanine Anez, a revendiqué dimanche son droit à devenir chef de l'Etat par intérim. «Je suis la deuxième vice-présidente et dans l'ordre constitutionnel, je devrais assumer ce défi [de la présidence de la République] avec le seul objectif d'appeler à de nouvelles élections», a-t-elle dit sur la télévision Unitel.

Durant la journée, plusieurs dirigeants de l'opposition avaient exhorté le chef de l'Etat à lui aussi démissionner.

Le président avait promis de «renouveler l'ensemble des membres du Tribunal électoral suprême (TSE)», puis de «convoqu(er) de nouvelles élections», sans spécifier la date de ce nouveau scrutin, ni s'il s'y représenterait.

L'Organisation des Etats américains (OEA) avait demandé dimanche matin l'annulation du scrutin, «entaché d'irrégularités» selon elle.

Le scrutin du 20 octobre avait abouti à l'élection d'Evo Morales pour un quatrième mandat allant jusqu'en 2025.

Son score annoncé par le TSE, dépassant de plus de 10 points celui de Carlos Mesa, avait aussitôt été qualifié de «frauduleux» par l'opposition.

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