Liban, «Israël»: Les nouvelles règles du jeu
Par Antoine Charpentier
Sans aucun préavis ou signe avant-coureur, «Israël» a attaqué le 24 août à deux reprises le Liban. La première agression a eu lieu en Syrie contre des combattants du Hezbollah libanais, coûtant la vie à deux de ses membres. La seconde attaque a eu lieu dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, par l’envoi de deux drones chargés d’explosifs.
Pourquoi «Israël» a attaqué le Liban ? Que cherchent exactement les dirigeants israéliens ? Netanyahu et son équipe tentent-ils d’enliser le Proche-Orient dans une guerre régionale, sur fond d’affrontement entre l’Iran et les États-Unis ?
Cependant, les dirigeants israéliens savent pertinemment qu’ils n’ont pas les moyens d’affronter le Hezbollah libanais. Ceci est l’avis de beaucoup d’experts politiques et militaires israéliens qui défilent quotidiennement sur les écrans des télévisions et sur les radios.
Il semblerait que la décision de déclencher une guerre régionale en attaquant l’Iran a été prise, et les manœuvres israéliennes au Liban comme en Irak sont un moyen de prendre la température.
Hormis le fait de vouloir envoyer un message fort à destination de l’opinion publique israélienne avant les élections législatives, le premier ministre Benjamin Netanyahu semble préoccupé par le virage politique qu’est en train d’effectuer le président américain Donald Trump au Moyen-Orient, notamment dans le dossier iranien.
Actuellement Donald Trump cherche à assouplir ses positions envers l’Iran, afin de trouver une porte de sortie, plus au moins honorable. Il refuse pour le moment de mener des opérations militaires contre l’Iran, dans le but de ne pas voir voler en éclat son rêve d’un second mandat. C’est pourquoi Trump s’est séparé de John Bolton le plus favorable au sein de l’administration américaine pour une attaque militaire contre L’Iran. Toutefois, il continue à imposer des sanctions sur l’Iran afin de satisfaire deux objectifs. Le premier est de calmer les ardeurs des faucons de son administration, pour qu’il ne l’enlise pas dans une guerre, le second est de montrer qu’il est présent, qu’il tient toujours les rênes des choses.
Les deux agendas politiques américain et israélien semblent ne pas se concorder en ce moment au Moyen-Orient. Les deux dirigeants Donald Trump et Benjamin Netanyahu travaillent pour leurs intérêts particuliers et électoraux, mais chacun d’une façon différente. Le président américain à l’air de suivre la stratégie de sauve-qui-peut, tandis que le premier ministre israélien suit la stratégie du pire.
Toutefois, le comportement et la stratégie politique du premier ministre israélien se retourne contre lui. Ceci a été constaté lors des dernières élections législatives israéliennes.
La réponse du Hezbollah à la suite des attaques israéliennes du 24 août contre le Liban a également contribué à la débâcle israélienne, mettant le premier ministre Netanyahu en très grande difficulté.
La réponse promise par le secrétaire général du Hezbollah sayyed Hassan Nasrallah à l’attaque israélienne contre le Liban a accentué le manque de confiance des israéliens envers leurs chefs politiques et militaires. La vulnérabilité israélienne s’est révélée dans toute sa splendeur, ce qui n’est pas sans conséquence sur l’avenir politique du premier ministre Benjamin Netanyahu, ainsi que sur l’avenir d’«Israël».
Américains comme israéliens ont bien conscience de la montée en puissance de la résistance au Moyen-Orient, notamment au Liban. D’une façon directe ou indirecte cette dernière impose le ton et se défait au fur et à mesure de l’hégémonie et de l’impérialisme occidental.
Netanyahu a voulu se frotter à la résistance libanaise et a obtenu une réponse cuisante, ce qui semble la stratégie actuelle de la résistance au Liban. En premier lieu la collaboration avec les autres mouvements de la résistance dans la région, avoir une cohésion dans l’action, se montrer présente sur le terrain, épauler les alliés tel que c’est le cas en Syrie, serrer l’étau sur «Israël», militairement, psychologiquement et médiatiquement, ce qui est sans impact direct sur le plan intérieur de cette dernière.
Les dernières élections législatives israéliennes ont révélé en premier lieu le fossé qui se creuse entre les israéliens et leurs dirigeants politiques, sur fond de crise de confiance. La malédiction semble s’abattre sur le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, des règlements de comptes politiques vont avoir lieu en «Israël».
«Israël» traverse une phase politique très sensible, sur fond des désaccords profonds entre israéliens, perte de prestige et vulnérabilité sur le plan international. Enfin, la question qui doit être posée est où va «Israël» ?