Bolton, le cauchemar collectif de la quasi-totalité de la communauté internationale
par CJ Werleman
Bolton est un homme dangereux, dans une période dangereuse, au service d’un président de plus en plus dangereux.
John Bolton, ancien ambassadeur auprès des Nations Unies sous l’administration Bush, sera le prochain conseiller à la sécurité nationale du président américain Donald Trump en remplacement de H. R. McMaster.
Bien que beaucoup de personnages troublants aient franchi, dans un sens ou dans l’autre, la porte du Bureau ovale, aucun n’était aussi effrayant et dangereux que Bolton – et j’inclus Henry Kissinger, un homme responsable de la mort de trois millions de personnes en Indochine, et Steve Bannon, un nationaliste blanc décomplexé.
Un cauchemar collectif
Bolton représente le cauchemar collectif de la quasi-totalité de la communauté internationale, ou plutôt de ceux qui, à juste titre, tremblent à l’idée que la puissance militaire américaine tombe entre de mauvaises mains.
Car Bolton a démontré qu’il est un néoconservateur dangereux et irréfléchi qui croit que la diplomatie devrait être remplacée par un ultimatum : s’aligner sur les intérêts américains ou faire face aux conséquences infligées par l’armée américaine.
Pendant la présidence de Bush, Bolton était l’homme à consulter pour inventer et faire avaler de fausses justifications et de faux renseignements sur ceux qui résistent ou s’opposent au projet impérialiste américain.
Lorsque Bush a identifié l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord comme «l’axe du mal» dans son discours sur l’état de l’Union en 2002, Bolton a affirmé qu’il existait «un lien étroit entre ces régimes – un “axe” où circulaient des armes et des technologies dangereuses.»
Une affirmation dont nous savons désormais qu’elle était manifestement fausse.
Concernant Cuba, les néoconservateurs américains ont longtemps défendu toutes les ruses imaginables – même l’utilisation de stylos empoisonneurs et de cigares qui explosent – pour renverser le gouvernement communiste à La Havane.
Bolton a élaboré un plan encore mieux, au moins dans son esprit, quand il a accusé Cuba de mener un programme d’armes biologiques actif, une allégation totalement fausse – et à laquelle le propre analyste en chef des armes biologiques du Département d’État américain a refusé d’adhérer.
Le président Bush était clairement satisfait de l’art de la tromperie de Bolton et, en 2005, celui-ci a été nommé ambassadeur américain auprès des Nations unies. Mais c’est au cours des audiences ultérieures du Sénat, comme l’a noté Vox, que le côté déséquilibré et démagogique de Bolton a été clairement démontré.
«M. Bolton m’a poursuivi dans les couloirs d’un hôtel russe – me jetant des choses, glissant des lettres de menaces sous ma porte et, en général, se comportant comme un fou», a témoigné un employé fédéral qui a travaillé aux côtés de Bolton.
«Pendant près de deux semaines, alors que j’attendais de nouvelles directives de la part de mon entreprise et de l’Agence des États-Unis pour le développement international, John Bolton m’a harcelé de manière si consternante que je me suis finalement retiré dans ma chambre d’hôtel et que j’y suis resté. Bien entendu, M. Bolton m’a rendu quotidiennement visite, frappant à ma porte en criant des menaces.»
Erratique et agressif
Bien qu’il puisse être facile d’écarter le témoignage d’une seule personne, cela devient plus difficile lorsqu’une demi-douzaine d’autres parlent également du comportement erratique et agressif de Bolton envers ses subordonnés, comme l’ont documenté Vox et le Washington Post.
Certes, Bolton n’est pas le premier à afficher un comportement irrationnel, agressif et imprudent envers un collègue ou un employé, mais nous parlons du gars qui aura la responsabilité potentielle de conseiller un individu aussi erratique et imprudent – Trump – pour lui dire quand déployer ou pas les armes nucléaires.
Le fait que Bolton entretienne ce qui a été qualifié de «relation chaleureuse» avec une constellation de groupes haineux antimusulmans, lesquels sont plus communément associés à tout ce qui touche à l’islamophobie, est tout aussi préoccupant.
Par exemple, Bolton entretient des relations de travail étroites avec Pamela Geller, décrite par le Southern Poverty Law Center (SPLC) comme «probablement l’idéologue antimusulmans la plus connue et la plus déséquilibrée des États-Unis.» En 2010, Bolton a soutenu un livre qu’elle a coécrit avec un autre extrémiste antimusulmans notoire, Robert Spencer. Le SPLC disait ceci de lui :
«Spencer s’est plaint des “enclaves de la Charia” et a prédit qu’elles s’étendront à travers l’Amérique, a qualifié Barack Obama de “premier président musulman”, a prétendu que l’islam “exigeait de faire la guerre aux infidèles” et a déclaré que “l’islam traditionnel n’est ni modéré ni pacifique”. Il a même suggéré que les médias recevraient de l’argent pour représenter les musulmans sous un jour positif.»
Un complot musulman secret ?
Le livre que Bolton a approuvé a été décrit par le magazine The Nation comme une «série de théories conspirationnistes non fondées sur Barack Obama et de déclarations antimusulmanes radicales» avec un passage affirmant que le 44e président des États-Unis était un musulman infiltré :
«Obama a pris des mesures extraordinaires pour brouiller son origine musulmane. Plus les blogueurs comme moi produisaient de preuves, plus nous étions marginalisés. Obama était si secret qu’il a refusé de publier son certificat de naissance, ses dossiers scolaires, sa thèse, ses dossiers scolaires, le passeport avec lequel il voyageait à l’adolescence… la liste elle-même était un signal d’alarme imminent.»
Dans une interview accordée en 2012 à Frank Gafney, considéré comme l’un des pionniers de l’islamophobie aux États-Unis, Bolton était d’accord avec l’affirmation selon laquelle le gouvernement des États-Unis aurait été infiltré par un complot musulman secret, insinuant qu’il fallait exiger que les responsables du gouvernement prêtent serment pour s’assurer de leur loyauté envers les États-Unis et non envers l’islam.
En 2010, Bolton a pris la parole lors d’un rassemblement organisé par le groupe d’extrême-droite anti-musulman Stop Islamization of America (SIOA), qui protestait contre la construction d’un centre communautaire islamique à New York.
Une menace pour la sécurité mondiale
Pour les populations musulmanes à l’étranger, Bolton a exprimé, dans pas moins d’une demi-douzaine de tribunes, un désir avide de bombarder l’Iran. «La désagréable réalité est que la seule alternative à un Iran nucléaire est de briser le programme de Téhéran par l’utilisation ciblée de la force militaire, par Israël ou par les États-Unis, ou par les deux», écrivait-il dans un article pour The Guardian en 2011
Ce qui rend Bolton encore plus menaçant pour la sécurité mondiale, c’est le fait qu’il conseillera un président qui n’a aucune politique et rien pour limiter ses pouvoirs.
Le Congrès ignore quasiment les propositions politiques fantaisistes et absurdes de Trump, qui sont généralement formulées dans des tweets au hasard à 6 heures du matin plutôt que dans des documents de stratégie, et les dirigeants du Parti républicain ont cessé depuis longtemps d’accorder la moindre attention à leur chef.
De plus en plus isolé et frustré, Trump est en train de renvoyer quiconque lui a tenu tête ou s’est exprimé, selon lui, de manière inopportune. C’est pourquoi Rex Tillerson n’est plus là, et c’est pourquoi le prédécesseur de Bolton, McMaster, est remplacé, ce qui signifie que Bolton peut jouer sur les pulsions et les peurs les plus sombres de Trump.
Tout cela fait de Bolton un homme dangereux, dans une période dangereuse, au service d’un président de plus en plus dangereux.
Source : wikistrike