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Discours de sayed Nasrallah à l’occasion du quarantième de hajj Fayez Moghnié

Discours de sayed Nasrallah à l’occasion du quarantième de hajj Fayez Moghnié
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Et en commémoration de la mémoire des martyrs d’Al Quneïtra

Bismillah al rahmane al rahim

Je dédie ce discours à l’âme du cher Abou Imad et aux martyrs d’Al Quneïtra, ainsi qu’à tous les martyrs.

Je voudrais d’abord vous remercier d’être là pour cette commémoration qui nous est chère. Je réitère aussi mes condoléances à la famille de Hajj Fayez, son épouse Oumm Imad et à tous les membres de la famille. Tout comme je réitère mes vœux à la mémoire des martyrs tombés à Al Quneïtra. Ils sont tombés suite à l’agression israélienne qui se poursuit contre la résistance et contre la Syrie, le Liban, la Palestine et toute la région. Je vais citer leurs noms, ces nobles martyrs : le chef Hajj Abou Issa, Mohammed Ahmed Issa, Jihad Imad Moghnié, Mohammed Ali Abou al Hosn, Abbas Ibrahim Hijazi, Ali Hassan Ibrahim, Ghazi Ali Daoui et le frère membre des gardiens de la Révolutions en Iran, le général martyr Mohammed Ali Allah Dadi, que nous connaissons entre nous sous le nom de Hajj Abou Ali Reda. Que Dieu ait leurs âmes.

Discours de sayed Nasrallah à l’occasion du quarantième de hajj Fayez Moghnié

Dans toute cérémonie en hommage aux martyrs, nous devons commencer par saluer le rôle des martyrs et ce que nous leur devons, dans notre pays, dans notre région et dans notre oumma.

Aujourd’hui, lorsqu’un responsable au Liban parle de la sécurité qui règne dans le pays, il doit être conscient que cette sécurité n’aurait pas pu régner sans le sacrifice de ces martyrs. Lorsque nous parlons dans la région, de la défaite du projet américano-sioniste dans plus d’un pays et sur plus d’un champ de bataille, ainsi que de la victoire de gouvernements et de peuples dans la région face aux défis, lorsque nous énumérons les facteurs et les éléments qui ont permis cette situation ( il est certain qu’il y en a plusieurs), nous devons penser forcément aux martyrs et aux blessés qui continuent à souffrir dans leur chair, aux combattants, officiers et soldats et aux résistants dans plus d’un pays qui remplissent les champs de bataille.

Nous ne devons pas oublier un seul instant que tous ceux-là ont contribué à la victoire ou en tout cas à la défaite du projet opposé. Il faut reconnaître leur rôle dans la nouvelle équation sur le terrain, sachant qu’ils représentent une partie importante de nos peuples, au Liban, en Palestine, en Syrie, en Irak, au Yémen, en Iran, au Yémen, à Bahrein  et dans tout pays où se déroule une confrontation du même genre.

J’ai divisé mon discours en trois parties. La première est consacrée à hajj Abou Imad Moghnié, à cette génération et à notre responsabilité. Je parlerai ensuite de la situation interne puis de la situation régionale.

Nous connaissons tous désormais Abou Imad, ce père, cet homme, ce croyant, pieux, bon, modeste, pur, tendre. Tous ceux qui ont connu hajj Abou Imad de près connaissent toutes ses qualités, en plus de la patience, surtout au cours des dernières années. Abou Imad et Oum Imad ont passé le restant de leur vie à appuyer  le chemin suivi par Imad et Jihad. Ils n’ont laissé passé aucune occasion de se tenir aux côtés des autres parents de martyrs, toujours prêts à aider, à réconforter et à encourager, pour renforcer la détermination des moujahidins et de leurs proches dans cette grande confrontation qui se déroule dans la région.

Avec Abou Imad, nous nous trouvons devant une famille particulière dont tous les fils sont tombés en martyrs. Il y a certes des familles qui ont deux ou trois martyrs, mais il leur reste un fils vivant. Mais dans la famille de hajj Fayez Moghnié, tous les fils sont tombés en martyrs, du plus jeune, Jihad Imad Moghnié, à Fouad Fayez Moghnié et jusqu’à Imad Fayez Moghnié.

C’est une particularité rare, précieuse qui montre un grand dévouement, de la conviction jusqu’au sacrifice, de la patience et de la foi.

Au sujet de Abou Imad, j’ai choisi quelques thèmes rapides que j’évoquerai pour notre génération, les quinquagénaires qui approchent la soixantaine,  ainsi que pour celle de nos fils et de nos petits fils. La génération  de Abou Imad est celle qui a connu les privations, la faim ainsi que la négligence de l’Etat et des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir.

Si quelqu’un lit sur cette période, il a les larmes aux yeux, en apprenant ce qu’ont vécu les gens de cette génération qui ont été contraints à quitter leurs villages de la Békaa ou du Sud ainsi que d’autres mohafazats, pour venir vers Beyrouth. Ils ont ainsi formé ce que l’imam Moussa Sadr ( que Dieu le ramène sain et sauf avec ses compagnons) a appelé « la ceinture de misère » qui s’est étendue de Nabaa vers la Quarantaine, Borj Hammoud et Tell Zaatar.

Comment ces gens, la génération de nos pères, sont venus autour de Beyrouth, ce qu’ils ont enduré et souffert, combien ils ont travaillé de jour et de nuit pour tenter d’assurer un avenir à leurs enfants. Je connais personnellement  des familles qui ont trimé sans arrêt pour nourrir leurs enfants et les envoyer à l’école. Ces gens ont tout supporté pour faire vivre leurs familles et leur assurer des vies décentes. Ils ont fait comme les moujahidins, à leur manière.  Nous avons besoin d’eux. Tout comme les moujahdins doivent rester aux fronts pour que les régions ne tombent pas entre les mains des ennemis, les travailleurs doivent continuer à exister dans nos sociétés.  Sinon, celles-ci ne seraient plus formées que de paresseux. La misère grandira ainsi que les crimes et les larcins. La génération de nos pères, dont hajj Abou Imad fait partie ont beaucoup supporté, beaucoup trimé dans leur vie. Ceux qui ont connu ces gens le savent.

Il faut aussi préciser que cette génération s’est bien occupée de ses enfants. Ces gens ont inculqué des valeurs à leurs enfants. Ils discutaient avec eux, s’occupaient d’eux et leur ont enseigné des coutumes agréables et chaleureuses qui sont une bénédiction pour nos sociétés.

Pourquoi je dis tout cela aujourd’hui ? Parce que je veux rappeler aux nouvelles générations qu’en se mariant et en fondant des familles, il faut assumer de lourdes responsabilités. Malheureusement, dans la réalité actuelle, les familles ne sont plus ce qu’elles étaient. Les parents et les enfants parlent-ils ensemble, passent-ils du temps ensemble ? Chacun passe du temps avec sa tablette et les gens ne se parlent presque plus. Ils deviennent des étrangers les uns pour les autres, tout en vivant sous le même toit. A l’ère des whatsapp, de l’internet, à l’ère de la révolution des télécommunications, que deviennent les relations humaines et familiales, les relations sociales ? Les fils vivent désormais dans un autre monde que celui de leurs parents. On ignore qui les éduque, comment ils forment leurs convictions, leur bagage culturel, leurs valeurs et leurs habitudes...Il ne faut donc pas s’étonner si dans une ou deux générations, on trouvera des jeunes complètement coupés de l’histoire, du passé, si les parents ne prennent pas l’initiative de les éduquer, de les former et d’assumer leurs responsabilités.

Je voudrais encore parler de la façon dont la génération de nos pères  a encadré la résistance. Quand nous parlons de nos pères et mères, nous revenons  aux années 70 et 80. Nos parents étaient jeunes et les moujahidins qui, à cette époque, avaient rejoint les rangs de la résistance avaient entre 19, 20 et21 ans. La génération de nos parents, celle d’Abou Imad, a donc ouvert les portes. En fait, les parents étaient alors divisés en deux catégories. La première encourageait les jeunes à rejoindre les rangs de la résistance et la seconde ne s’y opposait pas.  En tout cas, les deux catégories n’ont pas été avares de leurs enfants pour le Liban, sa terre, sa dignité et sa souveraineté. Heureusement, cette caractéristique est encore présente aujourd’hui dans notre société. Il faut le rappeler sans cesse.

Hajj Abou Imad aurait pu se dire après avoir donné au Liban et à la résistance son premier martyr : ça y est, c’est fini. Il ne l’a pas fait. Il a donné son second fils hajj Imad et tout le monde sait désormais quel chef important il était. C’est l’une des grandes caractéristiques de cette famille bénie et exceptionnelle qui a donné au Liban et à la Palestine ainsi qu’au mouvement de la résistance, un chef aussi exceptionnel que l’était hajj Imad.

La famille ne s’est pas contentée de donner ses deux fils. Elle est passée aux petits-fils, l’un d’eux est ainsi tombé en martyr. On sait pourtant que lorsque les fils meurent, la relation entre les grands parents et leurs petits fils devient plus étroite. Malgré cela hajj Abou Imad a donné un de ses petits -fils comme martyr.

Le dernier point que je voudrais évoquer dans cette partie consacrée à hajj Abou Imad porte  sur le testament des obsèques. Cela peut paraître étonnant, mais je vais expliquer où je souhaite en venir.

Lorsque hajj Abou Imad est mort, il y a eu des concertations avec la famille qui souhaitait naturellement qu’il soit enterré auprès  de ses fils et petits- fils martyrs, à Raoudat al Chahidayn. Mais hajj Abou Imad avait déclaré à plus d’une personne que lorsqu’il mourra, il souhaite être enterré dans son village du Sud Tayr Debba.  Nous nous sommes demandés pourquoi et la réponse a été la suivante : pour que les membres de ma famille, mes filles ( il n’a plus de fils), mes petits- enfants, mes proches ...continuent à se rendre dans notre village. Il était une école dans sa vie et dans sa mort aussi.

Je voudrais m’arrêter sur ce point.  L’un des méfaits de l’époque que nous vivons avec la révolution des télécommunications, c’est que les jeunes se coupent de leurs racines et des villages de leurs pères et grands-pères. Hajj Abou Imad a donc voulu que cette relation spirituelle entre les jeunes et le village des aïeux se poursuive. Je souhaite donc que le testament de Hajj Abou Imad devienne un vœu spirituel et culturel. Autrement dit, il doit nous pousser à chercher à maintenir nos liens avec le passé, avec les vieilles coutumes et avec les racines. Je demande » même plus que cela. Je souhaite que les familles qui ont quitté leurs villages pour la banlieue de Beyrouth renouent leurs liens avec ces lieux, si les moyens financiers et affectifs le permettent. Une petite chambre suffit pour se souvenir des parents et des ancêtres. Il faut tout faire pour maintenir cette mémoire affective vivace.

Ce sujet est important et mérite un véritable débat. Je pense qu’il serait bon, avec l’accroissement de la population à Beyrouth et dans ses banlieux, l’Etat, les ONG et la société civile pourraient dresser des plans pour repeupler les villages. Et cela pourrait être une solution pour de nombreux problèmes qui se posent aujourd’hui, au niveau de l’environnement, des déchets, des conditions sanitaires, sans parler des effets sociaux de la surpopulation, comme la consommation des drogues, la délinquance, les crimes de droits communs et les délits. Il faudrait peut-être songer sérieusement à des plans pour repeupler les villages et les campagnes, en y créant des emplois et en y assurant un réseau de communications et une infrastructure routière. D’ailleurs, de nombreuses familles sont revenues dans leurs villages, lorsque les routes ont été adaptées. C’est le cas notamment dans la région de Nabatiyé et de Zahrani, puisqu’à cause de l’autoroute, il est plus facile de venir de Zahrani à Beyrouth que de Hay el Sellom à  Beyrouth.  Il faut y songer sérieusement. Que ceux qui travaillent dans la Békaa ou le Sud puissent rester sur place au lieu de rentrer vers Beyrouth...Même chose pour les autres mohafazats. Je ne parle pas ici d’une classe sociale déterminée ou d’une confession ou religion précises. C’est un principe, celui du retour vers les campagnes et les villages, sachant que le Liban a déjà une petite superficie. Si le problème de l’infrastructure routière est réglé, la répartition de la population pourrait être plus saine et équilibrée, d’autant que les conditions de vie dans les campagnes sont bien meilleures que celles des villes. Les enfants peuvent y jouer à l’air libre. Je ne me parle pas de moi puisque je ne sors pas, mais dans les campagnes, la vie est plus saine et plus facile.

Je ne pense pas que Hajj Abou Imad ait pensé à cette dimension lorsqu’il a formulé son vœu d’être enterré dans son village, mais il a certainement voulu maintenir les liens affectifs et garder vivace le souvenir et le lien avec le village. Ce lien renforce la cohésion sociale dans notre environnement.

Sur le plan de la situation interne, j’aimerais soulever quelques points.

Le premier point est le suivant : au cours des dernières semaines, beaucoup d’accusations américaines ont été portées contre nous. Ce n’est pas nouveau. Mais l’élément nouveau  c’est que le ministère américain de la Justice a formé une commission d’enquête qui doit venir au Liban. Je ne sais pas d’ailleurs si elle n’est pas déjà arrivée. Les médias en ont beaucoup parlé, mais je n’ai pas vérifié. Cette commission doit rencontrer des responsables libanais et des parties libanaises. Elle doit enquêter sur les liens entre le Hezbollah et le trafic de drogue. Il y a une histoire qui circule en Amérique sur le fait qu’Obama aurait bloqué l’enquête sur le dossier concernant les liens entre le Hezbollah et le trafic de drogue, alors que Trump aurait au contraire décidé de former la commission, parce qu’il ne veut pas fermer les yeux sur aucun trafic. Même chose en France où il a été dit qu’il y a eu des arrestations, des trafics de drogue et du blanchiment d’argent etc. Je ne compte pas m’étendre sur ce sujet, mais je veux rappeler la position de base :

Je veux vous dire ainsi qu’à tous les téléspectateurs de façon claire et ferme : tout cela c’est de la diffamation et des accusations injustes qui n’ont aucun fondement. Concernant ces questions, le Hezbollah a une position religieuse et morale très claire. Le trafic de drogue est condamné et nous l’interdisons même lorsqu’il s’agit d’envoyer la drogue chez l’ennemi. Même si certains peuvent dire : où est le problème puisqu’il s’agit de détruire la société ennemie§ Pour nous, même cela est interdit par la religion. Le trafic de drogue et le fait de propager la consommation de la drogue sont interdits par notre religion. C’est, pour nous, un engagement absolu. C’est pourquoi les accusations portées contre nous à ce sujet sont dénuées de tout fondement.

De même, nous au Hezbollah, nous sommes très loin de tout ce qui concerne le commerce et le profit matériel  douteux. Ce n’est pas parce que nous sommes des anges mais parce que c’est interdit par notre religion. Je ne parle pas bien sûr du commerce équitable  et honnête. En tout cas, nous au Hezbollah, nous avons décidé de ne pas entreprendre la moindre activité commerciale. Nous ne faisons pas investissements et nous n’avons pas de fonds à investir. Les fonds dont nous disposons suffisent à peine à nos dépenses dans les différentes scènes, d’autant que nous participons à des batailles. Par conséquent nous n’avons pas d’argent à investir et nous ne possédons pas des sociétés commerciales ni des parties qui font des investissements. Je voudrais ajouter quelque chose dont j’ai déjà parlé. Avec la victoire en Irak et l’approche de la victoire en Syrie, et le début du processus de reconstruction dans ces deux pays,  il y a des sociétés libanaises et des commerçants libanais qui y participeront. Je tiens d’ores et déjà à préciser que le Hezbollah ne participe pas à cette opération. Le Hezbollah n’a pas de fonds à investir où que ce soit. Il n’est pas partenaire dans aucun projet et ne participe à aucun projet d’investissement ou commercial.

Certes, il se peut  qu’il y ait des commerçants qui appuient la ligne de la résistance. Il se peut qu’il y ait des gens fortunés  qui veulent investir ou participer à un projet. Nous ne l’interdisons pas, car il s’agit d’une fortune personnelle ou d’une société privée. En tant que parti, le Hezbollah n’a mandaté  personne et n’autorise personne à utiliser son nom pour diriger des projets d’investissement qui lui appartiennent. Ces projets n'existent pas.

Pour en revenir au trafic de drogue, je vous ai dit qu’il s’agit pour nous d’une interdiction religieuse. Mais les accusations contre nous s’inscrivent dans le cadre de la guerre menée contre nous. C’est d’ailleurs normal. Feltman n’avait-il pas reconnu dans le passé que l’ambassade américaine au Liban avait dépensé 500 millions de dollars pour détruire l’image du Hezbollah et pousser les jeunes à ne plus rejoindre ses rangs ? L’accusation de participer au trafic de drogue est une façon de ternir l’image du Hezbollah. Les Américains veulent aussi convaincre les gens que le Hezbollah est une organisation terroriste. Ils ont réussi avec certains et avec d’autres, ils ont échoué. Même certaines parties qui ont accepté de mettre le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, nous contactent en douce et veulent établir des relations avec nous.

L’idée que nous sommes une organisation terroriste n’a pas marché, car elle n’est pas logique.  Le Hezbollah a prouvé, surtout au cours des dernières années,  qu’il est l’une des principales forces qui combattent le terrorisme et les organisations terroristes dans la région. Comment dans ce cas pourrait-il être lui-même une organisation terroriste ? Il combat ceux que le monde entier a qualifiés de terroristes.  Ils veulent donc travailler maintenant dans une autre direction  et considérer le Hezbollah comme une organisation criminelle. Je souhaite attirer l’attention de l’opinion publique sur ce point.  L’organisation criminelle est celle qui s’occupe du trafic de drogue, qui vole les voitures, bref qui regroupe des voleurs, des mercenaires et des délinquants. On veut nous coller cette étiquette.

Ils veulent donc mener une enquête sur cette question. Je souhaite que la commission de la justice américaine vienne au Liban dans ce but et que les Libanais qui la rencontreront disent la vérité et soient honnêtes. J’espère qu’ils diront tous la vérité et ne feront pas de l’incitation contre nous. Car il y a des gens qui le font au Liban. Au Liban, tout le monde sait qui a une position au sujet du trafic de drogue et des trafiquants. Ceux qui ont un indice contre nous qu’ils le montrent. Nous souhaitons que la vérité soit dite. Même si la commission américaine ne cherche pas la vérité. Elle veut essayer de nous coller une accusation quelconque pour pouvoir mettre le Hezbollah sur la liste des organisations criminelles. Je vais me contenter de cela sur ce point. Je résume donc : nous rejetons ces accusations  de façon catégorique. Dans ce domaine, il n’y a aucun flou à notre sujet. Nous n’avons rien à nous reprocher sur ce sujet. Au lieu de chercher à trouver des indices contre nous, qu’ils commencent leur enquête chez eux. Les services américains et la CIA en particulier utilisent le trafic de drogue pour détruire des sociétés en y répandant la consommation de la drogue. Qu’ils aillent former une commission d’enquête pour creuser ce sujet. Ce sont les Américains, leurs responsables et leurs services de sécurité qui sont impliqués dans le trafic de drogue.

Le second point porte sur les frontières sud du Liban. Il existe treize points  le long de la frontière sur lesquels il y a un conflit entre le Liban et l’ennemi israélien. Naturellement, en ce qui nous concerne nous considérons que dans les points conflictuels, la terre appartient au Liban. Nous ne reconnaissons pas le fait qu’il existe une terre israélienne. Pour nous, de l’autre côté, la terre est israélienne et elle est occupée par les sionistes.  Il existe donc treize points conflictuels. Récemment, le côté israélien a informé la FINUL qui a, à son tour informé le  Liban de son intention de construire un mur qui pourrait toucher les points conflictuels. Quand on dit un point, c’est en réalité une grande superficie et le mur pourrait donc être construit sur une partie de ce territoire controversé. L’Etat libanais, je veux dire les responsables et les parties concernées- je ne parle pas de la position du gouvernement- a déclaré qu’il refusait la moindre mesure israélienne dans les 13 points conflictuels. Il en a informé la FINUL qui a à son tour transmis le message aux Israéliens. Le Liban attend la réponse des Israéliens. Cette affaire a été évoquée ces derniers jours dans la presse libanaise et le Liban a précisé être prêt à faire face à toutes les exactions israéliennes. Aujourd’hui, en cette commémoration du souvenir de Hajj Abou Imad, le père des martyrs de la résistance et des martyrs de Quneïtra, je voudrais aussi annoncer la position de la résistance aux côtés de l’Etat libanais, de la position officielle et aux côtés de l’armée libanaise. Je dis donc aux Israéliens : Vous devez prendre au sérieux les menaces de l’Etat libanais. Le Liban sera uni derrière son Etat et son armée pour empêcher le côté israélien de prendre la moindre mesure dans les 13 points conflictuels. La résistance assumera aussi pleinement ses responsabilités. Qu’il ne prenne pas ce sujet à la légère.

Le troisième point porte sur la normalisation avec l’ennemi israélien. C’est un sujet qui a suscité des débats et qui a provoqué des conflits les derniers temps au Liban. J’appelle donc à un débat calme dans les cadres institutionnels, au gouvernement ou au Parlement, ou au sein de la commission parlementaire qui pourrait s’occuper de ce dossier pour définir la normalisation avec l’ennemi israélien. Sur ce sujet, la position officielle libanaise est claire. Le Liban s’engage à refuser toute normalisation  avec l’ennemi israélien tant qu’il n’y a pas ce qu’il appelle « une paix globale et juste ». Donc, où est aujourd’hui « la paix globale et juste » ? Le Liban doit donc appliquer son engagement sur ce sujet. Il faut traiter ce sujet pour qu’il ne se provoque pas des problèmes dans le pays. Dans le sens que demain, par exemple, sous prétexte qu’il s’agit d’art, de culture, de tourisme etc, il est permis de passer outre cet engagement. Ne faisons pas intervenir le religieux et la théorie dans ce débat. Pour nous, c’est un sujet politique. Un réalisateur libanais qui en Palestine occupée, se rend à l’ambassade pour prendre un visa, passe des mois sur place pour tourner un film, si cela ne s’appelle pas de la normalisation, de quoi s’agit-il alors ? Dites-moi donc que signifie la normalisation avec l’ennemi. C’est pourquoi il s’agit d’un sujet délicat, surtout maintenant, après les derniers développements dans la cause palestinienne. Beaucoup au Liban n’acceptent pas la moindre concession sur ce sujet. Ils ne sont pas une quantité négligeable. Il faut les prendre au sérieux. Ils n’acceptent pas les mesures de normalisation qui sont prises çà et là, sous le nez de l’Etat et parfois avec l’aval de certains responsables. Nous voulons des explications sur ce sujet. Nul n’est opposé à l’art. Nul ne dit qu’il faut fermer les cinémas, ou ne pas y aller. En fait, nul ne se mêle de cela. Mais sous le titre de préserver l’art, le tourisme ou autre chose, on travaille en douce pour la normalisation avec l’ennemi. C’est contraire à l’engagement officiel de l’Etat libanais. Il s’agit d’une décision prise par les gouvernements successifs.  Respectez-là. Et que nul ne vienne dire demain que c’est le Hezbollah qui prend la décision de la guerre ou de la paix. C’est une décision officielle. Respectez donc votre décision et votre stratégie. ça, c’est le principe.

Passons maintenant à l’application. Certains frères au Liban n’arrêtent pas de dire que le Liban est engagé à respecter les décisions de la Ligue arabe, en affirmant à tout bout de champ qu’ils sont  des Arabes, alors que nous ne le sommes pas et qu’ils respectent les décisions de la Ligue arabe, (que certains pays arabes ne respectent d’ailleurs pas). L’une de ces décisions concerne le refus de toute normalisation avec l’ennemi israélien. La Ligue arabe a même créé un bureau chargé du boycott de l’ennemi israélien, avec une commission formée de représentants de pays arabes. (Le Liban en fait partie mais je ne sais pas s’il l’est encore). Les membres de cette commission se réunissent et discutent. Il ne faut pas confondre normalisation et boycott, même si les deux processus peuvent se rencontrer. Comment ? On prend une société étrangère et on voit si elle est israélienne ou non. Si elle ne l’est pas, il faut voir si elle a des actionnaires israéliens ou si elle appuie l’ennemi israélien. La commission du boycott de l’ennemi israélien étudie le dossier et décide ensuite de placer ou non la société sur la liste noire qui sera ensuite distribuée aux pays arabes. Pour donner un exemple, la commission formée de 14 membres peut décider de placer une société sur la liste noire et seuls 3 ou 4 pays appliquent la décision. C’est cela l’engagement arabe…Mais cela arrive. Cette commission arabe a dressé une liste de personnes et de sociétés à boycotter. Je suis désolé de parler de ce sujet, mais certaines précisions doivent être faites. Parmi ceux-là, il y a un réalisateur américain, juif, mais nous n’avons rien à dire sur sa religion. Il s’appelle Steven Spielberg. Il a réalisé le film « The post ». Certes, il n’y a pas de normalisation avec l’ennemi dans ce film qui parle plutôt du Vietnam   Je n’ai pas vu le film mais le rapport que j’ai reçu dit cela. Le problème n’est pas avec le film mais avec le réalisateur. Ce dernier figure sur la liste noire de la Ligue arabe et le représentant du Liban au sein de la commission a participé à cette décision. Pourquoi ? Pas à cause de la Palestine, mais ce réalisateur avait déclaré son appui à l’ennemi israélien pendant la guerre de 2006. Autrement dit, plus de 2000 martyrs et des milliers de blessés, des milliers de maisons détruites pendant cette agression qui a duré 33 jours ont été balayés par le réalisateur qui a versé de sa propre fortune un million de dollars pour aider les Israéliens dans cette guerre. Je voudrais que les responsables, le président de la République, le président de la Chambre, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères écoutent cela. Lorsque le film est projeté au Liban et que les Libanais vont le voir, l’argent qu’ils paient pourrait en partie aller dans les poches des Israéliens. La commission de la Ligue arabe formée de 14 membres, dont le représentant du Liban a pris cette décision parce que Spielberg avait appuyé la guerre israélienne au Liban, il avait payé de l’argent de sa fortune personnelle pour tuer nos enfants, détruire nos maisons. Faut-il donc le récompenser sous prétexte de préserver la liberté et l’art ? Ne voyez-vous donc aucun problème à ce que le film de Spielberg soit projeté dans les salles de cinéma libanaises ? Ne voyez-vous donc aucun problème à ce que le film de Spielberg soit projeté dans les salles de cinéma libanaises ?

Nous autres, nous refusons la décision de projeter le film et nous considérons qu’elle est erronée. Je ne veux pas dire plus pour l’instant. Pour nous, cette décision est une erreur. Ceux qui l’ont prise peuvent avoir des informations imprécises. Mes informations peuvent être fausses. Alors qu’on me les corrige. Je n’ai pas de problème avec cela. Nul ne prétend être parfait. Mais ce que je dis est le résultat d’une petite enquête sur le sujet aujourd’hui. Nous ne sommes pas contre l’art, ni contre le cinéma, ni contre la télévision ou l’internet. Nous ne sommes pas contre le tourisme. Pas du tout. Il ne faut pas confondre les sujets et simplifier les choses. Au sujet de l’ennemi israélien, il devrait y avoir une unanimité au Liban pour le considérer comme tel et pour le boycotter. Il devrait aussi y avoir un engagement officiel à respecter les décisions de la Ligue arabe concernant le boycott des sociétés qui soutiennent les Israéliens. Nous demandons donc que les décisions soient respectées.

L’avant dernier point porte sur l’explosion qui a eu lieu à Saïda, malheureusement. Je ne veux pas être catégorique, même si nous suivons de près l’enquête menée par les services de sécurité officiels. Tous les indices montrent jusqu’à présent que c’est l’ennemi israélien a exécuté cet attentat, c’est-à-dire l’explosion qui a visé un frère du Hamas à Saïda. Lorsque le Liban officiel affirme que les Israéliens ont accompli cet attentat, nous souhaitons que les responsables, les parties et les Libanais considèrent cette agression d’abord, comme un crime et ensuite comme une atteinte à la souveraineté du pays. Enfin, il doit être considéré comme une agression contre le Liban. J’ajoute qu’il s’agit là d’un début inquiétant et dangereux, surtout que le pays est occupé ailleurs. Cela faisait longtemps que les Israéliens n’avaient pas mené une telle agression sur la scène libanaise. Hélas, certaines parties prennent la chose à la légère et demandent en quoi cela concerne le Liban, puisque la personne visée par l’attentat n’est pas libanaise. Il s’agit d’un Palestinien. Pourtant, lorsqu’un Palestinien est visé sur le sol libanais, c’est une agression contre le Liban. C’est donc un début dangereux. Que planifie l’ennemi israélien ? Nous commençons à comprendre à quoi étaient consacrées les réunions du Conseil des ministres restreint israélien au cours des dernières semaines. Netanyahu multiplie les réunions pour parler du front sud. ;;Que signifie tout cela ?

Je vais maintenant poser des questions. Mais lorsque l’enquête sera achevée, je tiendrai un autre langage en harmonie avec ce que nous ferons. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur le retour des Israéliens sur la scène libanaise pour y mener des attentats. Nous affirmons être fiers de la sécurité qui règne dans notre pays, nous parlons de la stabilité etc..Nous ne pouvons pas accepter que le Liban redevienne un champ d’action pour les services de renseignements israéliens et pour leurs attentats. Nous ne pouvons pas être permissifs dans ce dossier. Le peuple libanais ne peut pas le permettre. Certes, l’armée libanaise et les services de sécurité doivent être remerciés. Ils assument leurs responsabilités. Mais un tel événement exige un comportement de leader, souverain et politique différent.

Moi je ne veux pas condamner l’attentat de Saïda. Je veux tirer la sonnette d’alarme. Cet attentat est un début dangereux sur le plan de la sécurité au Liban. Que personne ne cache cela ou le prenne à la légère. On ne peut pas se taire sur cette question. Lorsque l’enquête sera achevée, le gouvernement doit voir comment traiter cette question. Mais je voudrais poser une question. Supposons qu’une explosion ait eu lieu à Haïfa ou plus près encore à Nahariya et qu’elle ait failli tuer un Israélien, alors que l’enquête aurait prouvé que le Liban est impliqué dans cet acte, comment auraient réagi le gouvernement israélien, Netanyahu et les Israéliens en général ? Bon, comment le Liban devrait-il réagir ? C’est une question à laquelle l’Etat devrait répondre. Nous ne demandons pas à prendre la place de l’Etat et nous ne sommes pas à sa place. Que celui-ci assume donc ses responsabilités. L’Etat dit aux Israéliens au Sud qu’il leur est interdit de s’approcher des 13 points conflictuels. Nous sommes derrière l’Etat et à sa disposition. Nous ne sommes pas devant lui et ne faisons pas de surenchère sur ses positions. Nous sommes membres du gouvernement et en principe, nous devons participer aux décisions. L’Etat dit qu’il y a un problème dans le tracé des frontières et dans les frontières maritimes. Nous ne voulons pas donner un avis. Nous ne voulons pas intervenir dans la décision et nous nous tenons derrière l’Etat. Comme nous l’avions dit après la victoire de 2000, nous voulons laisser l’Etat assumer ses responsabilités.

Pour en revenir à la sécurité, oui, il s’agit d’un début dangereux. L’Etat doit assumer ses responsabilités et lorsque l’enquête sera terminée, nous tiendrons un autre langage.

Le dernier point dans le dossier libanais porte sur les élections législatives. Nous sommes sans aucun doute entrés dans la période électorale. Je n’ai pas le temps d’évoquer largement ce dossier. De plus, nous devons, avec les frères, achever certaines discussions et concertations. Je laisse donc le sujet à la semaine prochaine ou plus tard peut-être, dans le cadre d’un entretien télévisé, non d’un discours. Je parlerai des élections, de la loi électorale, des alliances, de l’objectif des élections, des émigrés, à la suite de la séance du gouvernement consacrée à ce sujet. Il a d’ailleurs besoin d’une heure d’explication. Aujourd’hui, je me contenterai d’une seule idée. On lance actuellement des accusations sur l’existence d’une volonté de reporter les élections. Pour être juste, je dirais que je ne crois pas qu’il y a une partie politique libanaise qui souhaite reporter cette échéance. Si nous sommes en conflit sur certains points, cela ne nous autorise pas pour autant à nous lancer des accusations de vouloir reporter les élections.. Je crois que tout le monde veut que les élections aient lieu à la date prévue.

Il est normal que chaque partie cherche à améliorer ses chances pour tenter de parvenir au meilleur résultat possible. Nous autres, au Hezbollah, nous ne lançons pas d’accusations, même s’il faut se dire que plus l’échéance se rapproche et plus le climat général sera violent politiquement parlant. Mais cela doit rester contrôlé. Au final, je voudrais dire une chose : ce pays ne peut pas être gouverné par une majorité ou une minorité. J’en parlerai plus longuement une autre fois. Dans ce pays, on ne peut pas isoler une partie ou la briser. Cela a eu lieu dans le passé et cela a abouti à des résultats négatifs.

L’une des qualités du mode de scrutin proportionnel, c’est qu’il permet à tous d’être représentés au Parlement, chacun selon son volume réel. Car, souvent, on prétend être ce qu’on n’est pas. Dans ce mode de scrutin, toux ceux qui ont une représentation populaire acceptable seront au Parlement. Nous appuyons la proportionnelle  et nous ne voulons écarter personne, même ceux qui se déclarent nos ennemis. Nous disions et nous disons toujours que ce pays survit à travers le dialogue, le contact, la complémentarité, la coexistence, le refus d’isoler ou d’écarter, la tolérance. J’en parlerai plus longuement plus tard.

Je vais conclure par quelques points sur la situation régionale.

Ce qui s’est passé au cours des derniers jours confirme ce que nous avons dit et que nous disons sur les objectifs américains dans la région.

Hier, le secrétaire d’Etat américain Tillerson a déclaré que les forces américaines vont rester en Irak et en Syrie. Ce n’est pas Trump qui l’a dit, car il peut parfois faire des écarts de langage dans ses tweets. Non, c’est Tillerson qui a parlé, ce qui signifie qu’il y a eu une concertation et une décision. Pourquoi les forces américaines doivent-elles rester en Irak et en Syrie ? Lorsque les américains sont venus en Irak et en Syrie et lorsqu’ils ont créé la coalition, ils avaient dit qu’ils n’avaient pas l’intention de rester dans ces pays. Ils avaient dit qu’ils voulaient aider à vaincre Daech. Vous voyez un peu combien ils peuvent mentir. Car les derniers à avoir combattu ou à avoir participé au combat contre Daech sont les Américains. Aujourd’hui que disent-ils ? Que les forces américaines et les bases américaines vont rester dans la région pour empêcher le retour de Daech. Je voudrais que vous reveniez à ce que nous avions dit il y a quelques années. Nous n’avions d’ailleurs pas été les seuls à le dire, sur le fait que les Américains ont créé Daech pour avoir un prétexte de revenir militairement dans la région. Surtout en Irak, après l’action de la résistance irakienne et le refus du gouvernement irakien de garder des bases américaines dans le pays et de donner aux militaires américains en Irak une immunité diplomatique. Obama avait alors pris la décision du retrait. Comment faire pour revenir en Irak ? Il fallait un prétexte. C’est pourquoi ils ont créé Daech qui leur a permis de revenir en Irak et en Syrie. Pourtant tout le monde sait, Trump lui-même l’a dit Aujourd’hui pour éviter que l’opinion publique ne soit détournée de la vérité, je voudrais dire aux Américains : vous voulez que Daech ne revienne pas dans la région, alors ne revenez pas vous-mêmes.  Ne demandez pas à vos alliés dans le Golfe de payer de l’argent et les armes ne reviendront pas. Ne demandez pas à vos alliés dans le monde d’offrir des facilités à Daech et elle ne reviendra pas. Pour que Daech ne revienne pas en Irak et en Syrie, on n’a pas besoin de vos troupes. Les Irakiens et les Syriens sont en mesure de le faire. Ce que dit le secrétaire d’Etat américain est donc un mensonge. C’est de la désinformation et une façon d’inventer des prétextes pour maintenir les forces américaines dans la région. C’est là le but réel de toute cette propagande.

Aujourd’hui, les choses sont claires. Le gouvernement  syrien a annoncé sa position de refus total de la moindre coordination avec les américains. Pour l’Irak, on ne sait pas encore. Y at-il eu un accord entre le gouvernement irakien et le gouvernement américain pour maintenir des forces américaines dans le pays ? Nous n’avons pas d’informations sur ce sujet. Il se peut que les américains soient en train de faire une annonce pour s’imposer aux Irakiens. Je considère en tout cas qu’il s’agit d’un test important pour le gouvernement irakien, les forces politiques irakiennes et le peuple de ce pays.

Encore un point lié à celui-ci. La politique arrogante, raciste et discriminatoire de l’administration américaine et de Trump lui-même à l’égard des musulmans se poursuit. Il avait été insultant pendant sa campagne et il l’est resté après sa victoire aux élections. Lorsqu’il parle du terrorisme islamique c’est un indice concluant de son hostilité à l’islam. Serait-ce acceptable que nous disions nous, musulmans, que le bombardement américain de Hiroshima pendant la seconde guerre mondiale est un terrorisme chrétien ? Pouvons-nous dire que tout ce que font les Américains dans le monde est un terrorisme chrétien ? Non, nous refusons une telle classification. En parlant de terrorisme chrétien, nous attaquons le christianisme et tous les chrétiens. Je ne dis pas cela pour faire plaisir aux chrétiens. C’est bien ce que nous pensons et les chrétiens devraient à leur tour refuser l’expression de terrorisme islamique ou musulman. Trump aurait pu parler de terrorisme takfiriste ou wahabiste ( ce sont ses hommes). Il parle sciemment de terrorisme musulman pour pouvoir dire que l’islam tout entier et son Prophète peuvent être qualifiés de terroristes.

Aujourd’hui, il ne s’est pas contenté d’insulter un milliard et 400millions de musulmans et au sujet de Jérusalem, il a ajouté des centaines de millions de chrétiens. Il a aussi insulté les Africains et Haïti, en qualifiant les peuples d’ordures. Il complète ainsi sa politique raciste et arrogante. Les Etats-Unis que certains considèrent comme les faiseurs de solutions dans le monde, ou comme un modèle de justice et d’humanisme, ont un chef raciste, arrogant, haineux… sur quoi misent donc ceux qui croient encore dans le rôle des Etats-IUnis ?

De même, l’administration américaine poursuit ses efforts pour liquider la cause palestinienne. Après la décision sur Jérusalem, il y a eu celle d’arrêter le financement de l’UNRWA. Trump poursuivra ses pressions sur les Etats arabes qui doivent à leur tour exercer des pressions sur les Palestiniens. Les dernières déclarations le prouvent. Nous, nous demandons aux Arabes d’être avec les Palestiniens pour qu’ils puissent tenir face aux pressions. Malheureusement, certains Arabes, pour des questions liées à leurs postes et à leurs trônes font pression sur les Palestiniens pour qu’ils acceptent les miettes humiliantes qui leur sont proposées. Mais comme nous l’avons déjà dit, le pari véritable est sur le peuple palestinien qui continue à occuper les places chaque vendredi en particulier et défie les limites de la confrontation à Naplouse et avec héroïsme à Jenine, face à l’échec israélien sur le terrain.

Tant que les Israéliens sont unanimes pour refuser ce qu’on appelle « le deal du siècle », nous devons miser sur eux. Ce « deal » est un camouflet terrible et assourdissant pour les Palestiniens et les Arabes et aussi pour un milliard et 400 millions de musulmans. C’est un camouflet pour tous les arabes et leurs gouvernements. Pourtant, nombre d’entre eux n’ont pas bougé et au lieu de couper totalement les ponts avec les Israéliens, certains songent à rouvrir les ambassades…

En cette journée d’hommage aux pères de nos martyrs, nous réitérons notre refus total de l’hégémonie américaine sur la région. Nous réitérons notre refus total du projet sioniste et nous réaffirmons notre appui permanent au peuple palestinien. Nous réaffirmons notre détermination permanente à relever ces défis et à leur faire face. Avec le sang de nos martyrs et surtout celui de notre chef hajj Imad, nous remporterons les victoires, nous protègerons notre pays ; nos frontières, nos ressources, nos lieux sacrés. C’est une responsabilité que nous assumerons quelle que soit l’ampleur des sacrifices.

Traduit par l'équipe du site

    

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