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Discours du 10 novembre 2017 à l’occasion du quarantième de l’imam Hussein et de la Journée du martyr du Hezbollah

Discours du 10 novembre 2017 à l’occasion du quarantième de l’imam Hussein et de la Journée du martyr du Hezbollah
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Bismillah al rahmane al Rahim

Je vous souhaite la bienvenue dans le cadre de cette rencontre bénie dans la banlieue sud, à Baalbeck, à Nabatiyé, à Hermel et à Deir Kanoun al Nahr.

Je réitère mes sincères condoléances à vous tous, à l’imam, et, avant et après au Prophète à l’occasion du quarantième  de Hussein.

Quarante jours se sont passés depuis ce martyre à la fois injuste et grandiose qui s’est déroulé en l’an 61 après l’hégire. Aujourd’hui, nous nous retrouvons à cette occasion et à celle de la Journée du martyr. En cette journée, le premier des martyrs volontaires dans le cadre d’opérations de résistance, Ahmed Kassir avait attaqué le QG du gouverneur militaire israélien dans la ville de Tyr  en 1982. Il a ouvert ainsi une nouvelle ère dans le jihad et les opérations martyres. C’est pourquoi nous pouvons le qualifier d’émir des kamikazes martyrs.

L’émir Ahmed Kassir  n’est pas comme les autres princes. C’est un émir dans le sacrifice et le don de soi pour la dignité, l’honneur et la liberté du Liban et ceux de toute la oumma. Nous avons choisi ce jour pour célébrer la Journée du martyr du Hezbollah  pour lui rendre hommage et à travers lui à tous nos moujahidins qui ont déjà pris ce chemin et qui continuent de se présenter pour le suivre.

Je vais commencer chers frères et sœurs, par évoquer le souvenir du quarantième de l’imam Hussein. Ce ne sera pas long. Une autre partie sera consacrée à la Journée du martyr et enfin j’aborderai la nouvelle situation politique qui est notre principal centre d’intérêt aujourd’hui.

Au sujet du quarantième de l’imam Hussein, je voudrais attirer l’attention sur cette foule immense qui se rend sur les lieux saints de Karbala aujourd’hui et dans les jours précédents et ceux qui suivent, chaque année et en particulier, ces derniers temps. La foule porte le noir pleure et marche  des kilomètres pour exprimer son amour à l’imam. On parle de 20 millions de visiteurs. Certains pourront dire comment la ville de Karbala peut-elle contenir 20 millions de personnes ? La réalité est que la plupart des visiteurs, se recueillent un moment avant de laisser la place aux autres.

Ces 20 millions de personnes viennent du monde entier. De l’Iran seulement, on estime le nombre de visiteurs à plus de deux millions…Tous ces gens viennent à pied certains de Najaf vers Karbala et d’autres de Bagdad à Karbala.

De l’intérieur irakien, les visiteurs marchent de Bassorah, plus que ceux qui viennent de Najaf qui est à 80 kms. D’autres aussi viennent de Machhad et Tabas en Iran et d’autres encore des zones frontalières entre l’Iran et le Pakistan. Ils font près de 300 kms à pied. Il y en a même qui ont fait 1000kms à pied pour arriver jusqu’à Karbala.

Ce phénomène mérite qu’on s’y arrête.  Ces gens marchent pendant des kilomètres sur de grandes distances, sur des routes où les Etats concernés ne fournissent que la sécurité. Les autres services, comme l’eau, la nourriture et le logement, sont donnés par les citoyens irakiens et par d’autres Etats ou des parties privées.

Le long du chemin, de nombreux Irakiens vident leurs maisons pour pouvoir accueillir les pèlerins, les nourrir et même leurs baiser les mains, voire les pieds. Ils se rapprochent ainsi de Dieu. J’ai vu de nombreux documentaires sur ce phénomène, sur cette émotion et cette larme qui brille dans tous les yeux. On peut  d’ailleurs en tourner encore des dizaines, tant il y a des histoires à raconter et des témoignages poignants.

La question qui se pose est la suivante : d’où vient tout cet amour ? Qui est donc cet homme tombé en martyr il y a 1372 ans et qui continuent d’attirer des millions de personnes qui viennent à pied, certains de très loin, se recueillir et lui rendre hommage avec une si grande émotion ?

Ce mystère exige un examen approfondi sur le plan social, humain et rationnel.  Il faut une étude sérieuse pour essayer de comprendre ce phénomène humaniste.  On peut ainsi parler d’un amour infini, d’une passion inépuisable, d’une capacité de don de soi et de sacrifice qui se concrétisent à travers cette foule qui se recueille à Karbala. Cela ne se produit nulle part ailleurs : 20 millions de pèlerins pour se recueillir devant son mausolée ! Pourquoi lui ? Parce qu’il est le martyr fils de martyr, l’imam fils d’imam, le petit-fils du Prophète, le moujahid qui a offert sa vie et son âme, ses proches et ses biens pour défendre sa religion et celle de son Grand-père, pour défendre les valeurs  humaines et morales, pour défendre sa oumma et l’avenir de l’humanité, la dignité que Dieu nous a donnée !

Cette dignité divine, qui est une Grâce, se concrétise dans cette foule qui se réunit chaque année à Karbala à l’occasion du quarantième de l’imam Hussein.  Elle se concrétise aussi à travers le martyre qui constitue la forme la plus élaborée de la Grâce divine. Les moujahidins qui donnent leurs vies dans la lutte à laquelle ils croient n’attendent pas des remerciements. Ils sont heureux d’avoir été choisis pour être des martyrs. Leur gloire est dans ce martyre et leur dignité s’exprime ainsi. Ce qu’ils vivent dans l’autre monde, nous ne pouvons pas l’imaginer tant c’est Grand, noble et digne. Mais dans la vie sur terre, les choses sont différentes. Ils laissent derrière eux des familles, des proches fiers et à la fois qui souffrent de leur absence. Vous le savez,  vous, les familles de nos martyrs.

Grâce à eux, nous avons réussi à libérer notre terre et le 25 mai, nous avons eu notre première fête de la libération. Nous avons ainsi réussi à mettre en échec tous les plans israéliens liés à l’invasion de 1982. Le Grand Israël est tombé ainsi qu’Israël la Toute Puissante est tombée en 2006. Nous avons donc libéré notre territoire et nos détenus retenus dans les geôles israéliennes. Nous avons réalisé un équilibre de la dissuasion pour protéger notre pays des ambitions des menaces israéliennes et, avec les autres Libanais, nous contribuons à la sécurité et la stabilité du pays. Cela aussi s’est réalisé grâce à nos martyrs. Nous contribuons aujourd’hui à mettre en échec  le plus important complot contre la région et contre les peuples de la région, dans toutes leurs appartenances religieuses, confessionnelles, ethniques et dans toutes leurs allégeances nationales. Ce complot est aussi le plus important contre l’Islam, la religion du Prophète, contre les valeurs humanistes et morales. Il a été concrétisé par Daech, cette organisation terroriste, wahabiste, qui a été créée par Obama et Clinton, par l’administration américaine et l’Arabie saoudite et dont beaucoup de forces régionales ont facilité le travail.    

Daech en est aujourd’hui à son dernier souffle. Au Liban, en tout cas, Daech est finie. En Irak et en Syrie, elle vit ses derniers jours ou ses dernières semaines. Le temps importe peu. Ce qui compte, c’est que cette organisation est aujourd’hui en déclin, surtout après le grand progrès à Bou Kamal et dans le désert syrien, à Deir Ezzor,  à Mayadeen et à Qaëm en Irak. La jonction s’est donc faite entre les forces irakiennes et syriennes, ainsi qu’avec les autres forces de la résistance sur les points de passage internationaux le long de la frontière entre les deux pays.

Cela aussi s’est réalisé grâce à nos martyrs. Nous avons aujourd’hui suffisamment de dignité, de fierté et de capacités grâce à nos martyrs. Ceux du Hezbollah et ceux de tous les groupes de résistance, de l’armée libanaise, des forces de sécurité, du peuple libanais, des Palestiniens, des Syriens qui sont tombés sur le sol libanais et dans toute la région.

Les familles des martyrs peuvent donc être fières d’eux. Notre sentiment de sécurité, la paix que nous vivons aujourd’hui, la liberté, la force et la fierté que nous éprouvons, c’est à eux que nous les devons.

Nous sommes toutefois responsables de l’héritage qu’ils nous ont laissé. Nous sommes responsables de préserver la valeur de leur sacrifice. Quand je dis, ce n’est pas seulement le Hezbollah, une communauté, une ville, une région ou un village. Le don qu’ils nous ont fait, nous devons le préserver. Surtout qu’il nous a permis de remporter de grandes victoires.  

A partir de là, nous entrons dans le sujet de notre situation actuelle. Depuis samedi, le Liban a été placé face à une crise politique et devant une nouvelle étape politique importante. Qu’elle soit dangereuse ou non, cela dépendra de l’attitude et de la volonté des Libanais. Nous entendons des menaces çà et là. Quelle est donc la situation ? Nous évoquerons un peu ce développement avant d’aborder la situation régionale.  Je ne voudrais pas que la situation régionale prenne le pas sur la situation interne, alors que tous les Libanais, et même la région ont les regards tournés vers les derniers développements. Que se passe-t-il donc ?

Si nous procédons à une rapide évaluation de l’année écoulée, nous constatons que le Liban est entré dans une situation de stabilité politique. Un président a été élu, un Premier ministre désigné, un gouvernement d’union nationale a été formé qui a travaillé avec efficacité. L’action du Parlement a été relancée, une loi électorale a été adoptée et des élections doivent avoir lieu inchallah, la loi sur le budget a été adoptée, des nominations militaires, judiciaires et diplomatiques ont été faites et le dialogue est noué avec la plupart des composantes du pays après des années d’escalade politique, de division et rivalité et d’éloignement. La stabilité et la sécurité qui règnent au Liban n’ont pas leurs pareilles dans la région et dans le monde.

La dernière fois, j’avais dit que la stabilité et la sécurité au Liban étaient meilleures qu’aux Etats-Unis. Certains m’avaient dit que j’exagérais un peu. C’était le dixième jour de Achoura. Regardez ce qui s’est passé au cours de ces quarante derniers jours aux Etats-Unis, les attaques, les tirs, les morts même dans une église…

Nous avons donc une stabilité et une sécurité qui n’ont pas leurs pareilles. Les Libanais vivent dans une sorte de tranquillité d’esprit. Certes, il y a de nombreux problèmes, mais il y a quand même un grand développement. Même le Premier ministre Saad Hariri déclarait il y a deux semaines que les chiffres des arrivants et des partants de l’aéroport international Rafic Hariri étaient bien plus importants que les années précédentes. Et là, il ne s’agit que de l’aéroport. Nous ne parlons pas de sports et des postes frontaliers terrestres. Deux millions de personnes en juillet et août ! N’est-ce pas l’indice de la sécurité, de la stabilité et de la tranquillité qui ont régné pendant cette année ?

Certes, je le répète, il y a de nombreux problèmes, politiques, sociaux, économiques, de corruption, de développement etc, mais ils ne peuvent pas effacer le climat positif qui règne dans le pays et qui est dû à la coopération entre toutes les forces politiques. Nul ne peut donc dire : c’est moi qui suis responsable de la situation dans laquelle baigne le Liban. C’est la coopération entre toutes les parties qui a abouti à ce résultat. Elle s’est couronnée par la libéraion du jurd à la frontière libano-syrienne, le jurd de Ersal, de Qaa et d’autres.

Dans ce contexte de calme et d’apaisement nouveau au Liban, dans ce climat de bonnes intentions chez toutes les parties politiques pour renforcer le travail du gouvernement et chercher à régler autant que possible les problèmes en suspens, l’Arabie saoudite convoque soudain  et à la hâte le Premier ministre. Elle lui demande de venir sans ses conseillers et ses collaborateurs. Et là, il est obligé de présenter sa démission en lisant un communiqué qui lui a été écrit. Le Liban a été ainsi placé devant une étape nouvelle. A ce moment, les déclarations se sont multipliées- certaines ont précédé ce développement-  pour lancer des menaces et annonciatrices de nouvelles mesures. Jusqu’à ce que nous vivons aujourd’hui.

Qu’ont-ils donc fait jusqu’à présent ? je veux dire qu’a fait l’Arabie saoudite jusqu’à présent ? Il faut préciser qu’une intervention aussi directe et publique est une première au Liban. Si quelqu’un intervenait auparavant  pour suggérer une démission ou autre chose, cela se faisait discrètement. C’est la première fois  qu’un Premier ministre est obligé de démissionner de cette façon.  Avant je pouvais dire certaines choses en précisant qu’il s’agit de mon opinion. Mais cette fois, tout est clair, aux yeux du monde entier. Même l’administration américaine a déclaré qu’elle n’a pas été informée de la démission. Peut-être que Trump savait parce que la coordination existe avec les dirigeants saoudiens. Mais je crois le Département d’Etat lorsqu’il dit ne pas avoir été informé de la décision. Le Premier ministre est donc obligé de démissionner et de lire un communiqué qui n’a pas été écrit par lui avant d’être placé en résidence surveillée et d’être empêché de rentrer au Liban.  Certains peuvent émettre des réserves sur la terminologie par prudence. Mais laissez-moi m’exprimer en toute franchise.  Le Premier ministre est retenu de force en Arabie et il est empêché jusqu’à cet instant de revenir au Liban. Cela doit être dit clairement et franchement.  Il y a donc une tentative saoudienne de rayer le Premier ministre et sa position de zaïm et de chef du Courant du Futur. Nous sommes en conflit politique avec ce courant, mais il s’agit d’une importante composante politique. La rivalité politique ne nous pousse pas à renier cela. Il s’agit donc aujourd’hui d’enlever un leader pour en imposer un autre, sans consulter le Courant du futur lui-même. Non, celui-ci est obligé de suivre le nouveau commandement sans avoir son mot à dire.

Je dirais même plus, il s’agit d’une tentative d’imposer un nouveau Premier ministre au Liban, au chef de l’Etat, au Parlement et à son chef et à tous les Libanais. Demain, en effet, les Saoudiens diront : nous voulons untel comme Premier ministre et si vous n’acceptez pas, vous verrez ce qui vous arrivera ! N’est-ce pas vers cela que se dirige l’Arabie ? Elle croit donc être en mesure d’imposer aux Libanais un Premier ministre, selon sa conception propre de son rôle. De plus, l’Arabie est en train d’inciter clairement les Libanais les uns contre les autres, de les pousser à échanger des insultes, à manifester les uns contre les autres et à se faire la guerre. N’est-ce pas ce que cherche l’Arabie ? Et lorsqu’elle ne trouve pas de répondant, elle accuse les Libanais de lâcheté et de faiblesse. Ce qui constitue aussi une insulte à leur égard.

L’Arabie cherche aussi à monter les pays arabes et ceux du Golfe contre le Liban. Elle les pousse à prendre des mesures contre le lui. Elle rappelle ses ressortissants présents au Liban et pousse les autres pays du golfe à en faire de même. Plus grave encore-même si cela ne nous effraie pas- elle pousse Israël à attaquer le Liban. Il ne s’agit pas d’analyses ou de supputations, mais d’informations précises. L’Arabie a demandé aux Israéliens d’attaquer le Liban et elle est prête à verser des milliards de dollars dans ce but.

Il y a d’ailleurs actuellement un débat au sein de l’entité israélienne sur ce sujet. Aujourd’hui, on entend aussi dans les médias israéliens que la guerre de 2006 a été aussi menée à la demande des Saoudiens et grâce à leur incitation. Lorsque l’ennemi a voulu arrêter cette guerre, des contacts saoudiens ont été entrepris pour le pousser à la continuer jusqu’à l’élimination de la résistance au Liban. C’est donc aujourd’hui ce qui se passe de plus grave. Mais il est évident que les calculs des Israéliens sont différents. Comment Israël va réagir, j’en parlerai plus tard. Il y a d’autres moyens que la guerre car celle-ci exige certaines conditions.

En résumé, je peux dire qu’il est clair que l’Arabie saoudite et les dirigeants saoudiens ont déclaré la guerre au Liban, au Hezbollah qui se trouve au Liban. Je voudrais préciser ici qu’il ne s’agit pas d’une guerre contre le seul Hezbollah, mais contre tout le Liban. Je voudrais ici m’adresser à tous les Libanais, en toute franchise et amitié. La stabilité et la sécurité dans lesquelles nous vivons depuis un an et que j’ai développées plus haut, ne sont pas un détail dans la situation régionale actuelle.  De nombreux peuples de la région se mordent les doigts parce qu’ils se sont laissés entraînés dans la tourmente, avec leurs pays et leurs Etats. Nous devons donc mesurer l’importance du climat qui règne dans notre pays et combien le calme et l’apaisement son précieux. Or, l’Arabie vous appelle à vous lancer dans une guerre contre le Hezbollah et par conséquent, elle vous demande de détruire vous-mêmes vos maisons. Le ferez-vous ? En faisant une telle demande, l’Arabie veut-elle l’intérêt du Liban et de sa population ? Veut-elle sauver ce pays et l’aider ? Ou au contraire le détruire ?

Nous reconnaissons qu’il existe un problème entre le royaume saoudien et le Hezbollah. Nous ne nous cachons pas derrière notre doigt. Je développerai ce point plus tard. Mais est-ce que les mesures et les déclarations ainsi que les menaces actuelles sont dirigées contre le Hezbollah ou contre le Liban ? Les Libanais doivent tirer les leçons de ce qui s’est passé et se passe encore autour d’eux. Les témoignages et les enregistrements sont désormais légion et montrent comment des émirs saoudiens installés à Amman ont mené les batailles contre la Syrie et ont détruit ce pays, notamment dans le Sud. Quel a été le résultat pour la Syrie ? La destruction. Même chose en Irak et au Yémen. J’invite les Libanais à réfléchir longuement sur l’image qu’offre aujourd’hui la région. Chaque personne qui désire prendre une position, lancer un appel oavons un cu quelque chose de ce genre doit réfléchir longuement vers sur l’impact de son attitude sur le climat général et où cela va mener le pays. Dans le contexte actuel régional, les Libanais se trouvent face à une étape existentielle. Ils doivent choisir le chemin qu’ils veulent emprunter.  Je vais donc adopter un langage clair et franc. Sur la base de ce que je viens de dire, nous condamnons cette intervention flagrante saoudienne dans nos affaires internes. Nous condamnons en particulier le traitement indécent infligé à notre Premier ministre. Ils n’ont pas le droit et ne peuvent pas traiter ainsi le Premier ministre : sa convocation, son arrivée à l’aéroport les pressions pour qu’il lise le communiqué etc…Tout cela est inacceptable.   Au Hezbollah, et je crois que c’est le cas de tous les Libanais, nous considérons que l’insulte infligée au Premier ministre est une insulte à tous les Libanais. Même si nous avons des politiques divergentes, il reste le Premier ministre de tout le Liban. Nous traitons avec lui sur cette base. Le traiter de cette façon est donc inacceptable et condamnable.

Nous ajoutons ensuite notre voix à celle de tous les Libanais, notamment  au contenu du communiqué du Bloc et du courant du Futur pour insister sur la nécessité d’obtenir le retour du Premier ministre au Liban. Il doit revenir au Liban. Il présente, s’il le souhaite, sa démission au président de la République. Il doit revenir et exprimer ici son intention. S’il veut continuer à assumer les fonctions de Premier ministre ou présenter sa démission. Mais il est inacceptable qu’il reste en résidence surveillée à Riyad. Le Liban ne se taira pas sur ce sujet. Et le monde entier ne devrait pas se taire. Sur la base de tout cela, je dis oui, le Premier ministre est retenu contre sa volonté à Riyad. Les Libanais doivent tout faire pour qu’il puisse revenir au Liban. Après cela, il sera libre de faire ce qu’il veut et d’aller là où il veut. Il pourra même retourner en Arabie s’il le souhaite.

Par conséquent, jusqu’à présent, nous considérons que la démission présentée à Riyad est illégale et non constitutionnelle. Elle n’a donc aucune valeur car elle a été présentée sous la contrainte.  Tout le monde sait que si quelqu’un est obligé à divorcer de son épouse, celle-ci n’est pas considérée comme divorcée. Les hommes de loi, les juges, les ulémas, tout le monde sait cela. Si quelqu’un vend sa maison,  alors qu’il a un revolver sur la tempe, la vente est inexistante et non reconnue. Cela sur le plan individuel. Que serait-ce alors lorsqu’il s’agit des affaires d’un pays, d’une nation ou d’une oumma ? Nous ne reconnaissons donc pas la démission et à nos yeux, celle-ci n’existe pas. Pour nous, le gouvernement est toujours en fonction et les consultations parlementaires n’ont donc pas lieu d’être.

Les consultations sont organisées lorsqu’il y a un Premier ministre et un gouvernement démissionnaires. Ce n’est pas le cas actuellement. Nous avons un Premier ministre et un gouvernement. Si le Premier ministre revient au Liban et y présente sa démission- à supposer qu’il le fasse sans contrainte et en toute liberté-, nous serons alors devant une nouvelle situation légale et constitutionnelle. Mais pour l’instant, nous considérons que la démission n’existe pas.

La gestion sage, calme et responsable du président Michel Aoun, en coordination et consultation avec le président de la Chambre Nabih Berry et avec toutes les forces politiques doit fait faire l’objet d’une approbation unanime de tous les Libanais. Ceux-ci doivent se montrer solidaires et se tenir derrière le président de la Républiques. Cette gestion a permis jusqu’à présent de neutraliser les effets néfastes de cette démission forcée. Elle a pu préserver le pays et maintenir sa stabilité et sa sécurité, ainsi que ses conditions financières acceptables. Cela doit se poursuivre.

Je voudrais encore appeler à une prise de conscience  générale encore plus poussée, tout en saluant l’éveil des forces politiques et des leaders politiques. Les Libanais ont refusé de se laisser entraîner vers la division en dépit des appels télévisés et autres à la discorde. Nous savons que certains reçoivent des coups de fils pour leur demander pourquoi ils n’ont pas encore bougé ou fait des communiqués ou encore attaqué et organisé des réunions et des manifestations…Le Liban vit une situation différente aujourd’hui. Ceux qui complotent contre le Liban doivent prendre en considération cela… Celui qui prépare une guerre doit le faire calmement et en tenant compte de toutes les données, au lieu de réagir avec colère et impulsivité. La guerre qui est actuellement déclaré au Liban et contre le Hezbollah au Liban – je ne cache pas cette réalité- est désordonnée, chaotique, colérique et improvisée. Quelle est donc l’expérience de ceux qui la préparent ? Lorsqu’on agit sous le coup de la colère et de la haine, on commet beaucoup d’erreurs.  L’éveil libanais, l’éloignement des Libanais de la rue, leur attachement à la sécurité et à la stabilité, je dis que le maintien des contacts et des concertations pour voir comment gérer cette crise doivent se poursuivre. En ce qui nous concerne, nous tenons à maintenir les contacts avec tout le monde dans ce but.

Comme je l’ai dit dimanche, ne soyez pas inquiets et n’ayez pas peur. La volonté nationale qui rassemble autour de la préservation du pays constitue la véritable protection.

Aujourd’hui, plus que jamais, face à l’insulte, à la contrainte, aux pressions et aux menaces de mener le pays vers une mauvaise direction, nous devons, nous, Libanais, prendre conscience de nos responsabilités, de notre nationalisme et de notre allégeance à notre pays ainsi que de notre attachement les uns aux autres. Nous devons nous tenir les uns à côté des autres, nous protéger les uns les autres, nous défendre les uns les autres et surmonter les susceptibilités, les rivalités et les peurs que nous pouvons avoir les uns envers les autres.

Je voudrais maintenant m’arrêter, même si j’ai déjà évoqué ce sujet dimanche, devant l’information donnée par la chaîne Al Arabiya samedi 4 novembre, sur la découverte d’une tentative d’assassinat contre le Premier ministre Saad Hariri, sachant que les différents services de sécurité libanais ont démenti la connaissance d’un tel projet. Malgré cela, la chaîne Al Arabiya a maintenu son information et l’a développée, allant même jusqu’à faire des interviews autour de ce sujet, dimanche, lundi et mardi.

Donc, l’information vient de l’Arabie saoudite, tout comme le communiqué lu par le Premier ministre, dans lequel il annonce sa démission et précise qu’il craint pour sa vie. C’est faux, mais c’est ce que les Saoudiens ont écrit. Enfin, il a été de l’existence de dispositifs de brouillage installés sur la route de l’aéroport et tenez-vous bien et admirez la précision, ces dispositifs sont de fabrication iranienne. Ce qui constitue une indication claire et une accusation à peine déguisée. Il faut ajouter à cela les informations données par un  des instruments saoudiens au Liban au sujet d’un plan d’assassinats politiques. Ce personnage a répété cela à plusieurs reprises. Je pense que tout cela est grave car cela montre qu’il y a une volonté de mettre un tel plan en avant et une insistance sur la logique des assassinats politiques. Je ne souhaite pas faire peur à quiconque, mais je lance un appel à la vigilance. Car pourquoi une telle insistance sur de telles hypothèses et de telles accusations ? C’est comme s’ils préparaient quelque chose…

Sur le plan israélien, il faut certainement rester vigilant. Au sujet de la guerre que réclamerait l’Arabie, je ne peux pas confirmer cela.  Je ne peux pas confirmer car avec les Israéliens, cette hypothèse est toujours à envisager. Toutefois, les rapports actuels des forces,  les lectures, les informations, les données, les indices et les estimations, les données régionales et internationales, le climat diplomatique et international ne montrent pas qu’Israël est sur le point de lancer une guerre contre le Liban. Ce qui confirme encore cette impression, c’est qu’Israël a aujourd’hui une chance de régler ses comptes avec le Hezbollah, avec la résistance et avec le Liban sans déclencher une guerre et en assumer le prix et les conséquences,  dont l’ennemi sait qu’ils seront énormes. Oui, les Israéliens interviennent, mais indirectement. Ils ont donné des directives  aux médias et à leurs ambassades dans le monde pour apporter tout le soutien politique, diplomatique et médiatique et celui de leurs lobbys à l’Arabie saoudite dans la guerre qu’elle mène contre le Hezbollah et pour la liquidation de « cette organisation terroriste » ou en tout cas pour son encerclement.

Il est certain que dans ce contexte, les Israéliens travailleront main dans la main avec eux. Ils cherchent à semer la discorde. S’ils peuvent le faire, ils n’hésiteront pas. Il y a une dizaine de jours, un incident grave s’est produit dans le Sud de la Syrie. Des groupes de l’opposition armée syrienne, dont certains appartiennent au Front al Nosra ( Ils disent qu’ils sont islamistes ou quelque chose de ce genre) sont entrés dans la localité de Hadar en Syrie, dont les habitants sont druzes en venant des lignes israéliennes. En disant que les attaquants sont membres du Front al Nosra, il sera dit aux druzes qu’ils sont sunnites.  Les Israéliens ont facilité leur passage vers Hadar et ils y ont lancé des attentats suicide. Ils ont aussi lancé des attaques sur tous les fronts et pris le contrôle de nombreux points. Sans la réaction magnifique et déterminante des habitants de Hadar, de l’armée syrienne et des forces populaires présentes sur place, la situation aurait évolué de façon très dangereuse.  Pourquoi Israël a-t-il facilité le passage des combattants d’al Nosra ? N’est-ce pas pour susciter des combats confessionnels ? Les israéliens peuvent faire des tentatives du même ordre au Liban. C’est pourquoi nous devons rester vigilants et faire attention à ceux qui font de l’incitation, à travers les agents ou des moyens sécuritaires…Tout cela doit faire l’objet d’un suivi.

%ais au sujet de la possibilité de mener une guerre ou un peu moins, je vous dis que nous surveillons la situation attentivement. Nous, l’armée libanaise, l’Etat libanais, tout le monde. Je dois aussi vous dire que les Israéliens se méfient. En cette Journée du Martyr, en cet hommage à Ahmed Kassir qui, en 1982, avait poussé les Israéliens à décréter trois jours de deuil, je dis aux Israéliens que nous sommes aujourd’hui plus forts, plus coriaces et encore plus déterminés. Qu’ils fassent donc bien leurs calculs et ne se lancent pas dans un projet manqué, en croyant pouvoir profiter de la situation Les Israéliens ne doivent pas croire que nous sommes perturbés ou effrayés ou encore inquiets. Non, pas du tout. S’ils étudient bien la situation, avec nos propres éléments, ils verront que nous sommes aujourd’hui plus conscients de notre force face à toute menace.

Donc, au sujet de la menace d’une guerre israélienne, nous devons rester vigilants et attentifs. Mais comme je l’ai dit, les Israéliens sont eux-mêmes réticents sur ce point. Il y a des débats au sein de l’entité israélienne, dans les cercles fermés et dans les médias sur l’opportunité de mener une guerre contre le Liban pour le compte de l’Arabie jusqu’au dernier soldat israélien.  C’était un peu ce qui se disait à propos d’une guerre contre le Liban.

Ils sont donc très attentifs sur ce point : pour qui faudrait-il mener la guerre ? De plus, ils suivent attentivement ce qui se passe dans la région. En voyant ce qui se passe  en Syrie, en Irak, l’évolution en Iran et les développements dans la région, ils comprennent que tout ce qu’ai dit dans mes précédents discours au sujet du potentiel, des scènes de la guerre et des fronts est vrai. Ils suivent attentivement la situation sur le terrain et ils savent que ce que je dis ne s’inscrit pas dans le cadre de la guerre psychologique. Ils savent qu’il s’agit d’une réalité sur le terrain, d’un rapport de forces réalisé et ils tiennent compte de ces données.

Je vais parler maintenant de ce qu’il y a entre nous et l’Arabie pour que personne ne dise que nous évitons de parler du vrai problème, nous contenant d’évoquer la démission du Premier ministre retenu contre son gré, sans évoquer le fond ou l’ensemble du problème.

Nous n’occultons pas le véritable paysage. Il y a une grande colère saoudienne principalement dirigée contre l’Iran. Mais comme nous sommes sur le chemin, une partie de cette colère est dirigée contre nous.  Dans ce paragraphe, je vais décrire avec précision la situation.  Ils sont en colère et nous le comprenons, mais ce que nous ne pouvons pas comprendre, c’est pourquoi ils ont eu cette réaction insultante que nous n’acceptons pas. Pourquoi comprenons-nous leur colère ?

En résumé, je peux dire qu’ils regardent autour d’eux. En Syrie, ils avaient d’immenses espoirs pour charger la carte de la région et tous ces espoirs se sont évaporés.

Aujourd’hui, dans Bou Kamal, la ville à l’est de la Syrie, Daech, qu’ils ont fabriquée et sur laquelle ils ont bâti de grands espoirs,  est en train de tomber. En Irak, le même scénario s’est produit.  Nous savons tous qui a envoyé Daech en Irak et dans quel but, pour faire chuter l’Etat irakien et modifier l’ensemble du pays. Cette entreprise a échoué et  c’est Daech qui est en train de tomber. Nous savons aussi tous qu’ils appuyaient la séparation du Kurdistan irakien du reste du pays.  Ce projet a été aussi mis en échec.

Au Yémen, la guerre a dépassé les 1000 jours et il n’y a toujours pas de victoire pour eux. Il n’y a même aucune réalisation. Au contraire, il y a encore plus de colère, de bombardements et de massacres. Il y a même maintenant un blocus total, terrestre, maritime et aérien. L’ONU dénonce cela et précise que si le blocus se poursuit des millions de Yéménites sont menacés de mort à cause de la famine. Il s’agit d’une famine telle qu’on n’en a plus vu depuis des siècles.

Si je dis que je condamne la guerre du Yémen, la famine et les massacres, ils se fâchent. Mais c’est l’ONU  qui les a placés sur la liste noire pour les massacres et les tueries d’enfants au Yémen, non le Hezbollah.  Pourtant, ce parti devient l’auteur d’un horrible crime, d’un crime historique, parce qu’il s »oppose aux massacres, à l’agression et à la guerre ainsi qu’au choléra et à la famine qui menacent désormais les Yéménites !

Si certains se taisent pour des calculs précis, nous ne pouvons  pas le faire, même si cela les fâche. Ils  accomplissent les pires massacres et ils se fâchent si quelqu’un  ose les critiquer.

Ils ont échoué au Yémen, mais pour monter les Libanais les uns contre les autres, ils ont dit que le  fameux missile balistique qui a explosé au-dessus de l’aéroport de Riyad a été introduit secrètement d’Iran et c’est le Hezbollah libanais qui l’a lancé à partir d’une zone contrôlée par les Houthis. Notez au passage combien les SR saoudiens sont précis et efficaces, ils connaissent tous les détails. D’une part, ils veulent nous impliquer et de l’autre, ils ne peuvent pas admettre les capacités  des Yéménites. Si vous leur dites par exemple que les Yéménites fabriquent eux-mêmes des missiles, ils refusent de vous croire.  Ils parlent des Yéménites avec mépris. Mais moi je vous le dis et je suis prêt à prêter serment pour que vous me croyez, les Yéménites ont acquis une grande expérience et d’importantes connaissances au cours des deux dernières années. Ils fabriquent maintenant des missiles.  Sayed Abdel Malak al Houthi, ce jeune chef courageux dit qu’avec ses hommes, ils fabriquent des drones ou des  avions téléguidés qui seront utilisés au cours de la prochaine étape de cette guerre. Il faut le croire et faire vos calculs sur cette base. Les Yéménites fabriquent des avions téléguidés et vous continuez à les écraser de votre mépris. C’est la raison de votre échec dans cette  guerre. Lorsqu’on méprise l’autre et qu’on le sous-estime, qu’il  soit un allié ou un ennemi, on va vers l’échec.  C’est ce qui vous est arrivé. Mais à qui faut-il adresser les reproches ? A l’Iran ? Au Hezbollah ? Où sont l’Iran et le Hezbollah au Yémen ? Que peuvent-ils faire ?  N’est -ce pas le peuple yéménite qui a résisté, patienté, souffert et a étonné le monde par ses grandes capacités de résistance  face à une injustice et une oppression qui n’ont pas d’égales dans l’histoire? Pour ne pas affronter leur échec, ils jettent la responsabilité sur l’Iran et sur le Hezbollah.  Ok, l’Iran est une puissance régionale. Mais le Hezbollah ? Avez-vous réellement échoué au Yémen à cause du Hezbollah ? Même les Libanais qui ont des doutes ne peuvent pas croire cette   version. Car si l’Arabie a échoué au Yémen à cause du Hezbollah, cela signifie que celui-ci est devenu une force immense. Tout cela est faux. On veut nous faire assumer des responsabilités dans lesquelles nous n’avons rien à voir pour échapper à leurs propres responsabilités.

Toujours en parlant de leur échec dans la région, nous n’avons rien en Arabie et au Qatar. Ils étaient ensemble pendant toute la période dite du printemps arabe. Maintenant, ils sont en crise et veulent contrôler le Qatar. Nous autres, non seulement nous n’avons rien à voir dans cette crise et nous n’avons même pas pris position à ce sujet. Mais on ne peut pas ne pas constater qu’il s’agit d’un nouvel échec pour l’Arabie et ceux  qui sont avec elle, dans la volonté de faire plier le Qatar.

A Bahrein, vous avez interdit les manifestations, placé de grandes figures en résidence surveillée, comme le cheikh Issa Kassem, après avoir tué devant son domicile les jeunes qui voulaient le défendre. Des milliers de Bahreinis sont en prison, mais tout cela n’a pas découragé le peuple. Votre politique a poussé le royaume de Bahrein vers la faillite et à chaque fin de  mois, le roi est contraint d’aller à Riyad et à Abou Dhabi pour amener des fonds et pouvoir payer les salaires des soldats des policiers et des fonctionnaires. Est-ce un Etat cela ? Non certainement, mais la politique d’oppression, de mépris du peuple et de sa volonté, la violence tout cela mène vers l’échec dans lequel vous vous trouvez aujourd’hui.

Face à tous ces échecs, les  Saoudiens se disent : essayons de faire quelque chose au Liban où nous avons de l’influence. C’est vrai, nous ne pouvons pas le nier, comme nous ne pouvons pas nier le fait que l’Iran a une influence au Liban. Mais la différence entre les deux est fondamentale. L’Arabie se mêle des affaires internes libanaises alors que l’Iran respecte ce pays et à ma responsabilité, je peux dire que l’Iran ne se mêle pas des affaires internes libanaises. On n’a jamais dit que l’Iran a placé tel Premier ministre, tel ministre ou tel député, ou encore elle a choisi la loi électorale ou elle est intervenue dans la loi sur le budget. Elle n’est pas non plus intervenue dans le dossier du pétrole, du gaz ou de l’électricité, suggérant de prendre d’ici et interdisant toute transaction avec d’autres. L’Iran ne se même d’aucun dossier interne libanais. Elle a certes de l’influence, elle est respectée, mais elle ne se mêle pas des questions internes. Les propos du président cheikh Hassan Rouhani ont été traduits d’une façon peu précise. L’Iran a donc une influence au Liban, mais elle ne l’utilise pas pour intervenir dans les affaires internes de notre pays ou pour obtenir des privilèges. Je défie le monde qui assiste aujourd’hui à une intervention saoudienne flagrante dans les affaires internes du pays, de donner un seul exemple, pas des accusations ou des présomptions, mais un exemple concret qui montre l’intervention de l’Iran dans les affaires internes du pays.

Donc, l’Arabie a vu qu’elle avait de l’influence au Liban et elle s’est dit : allons-y, ouvrons une bataille au Liban. Excusez-moi si j’ai l’air de simplifier un peu la situation. Certains pourront me dire que les choses ne sont pas aussi simples. Mais la réalité est que l’Arabie a décidé de se défouler au Liban, parce qu’elle ne peut le faire avec l’Iran.  La veille, un ami a dit à la télévision : si votre problème est avec l’Iran, elle est plus proche de vous que de nous. Allez donc là-bas et ouvrez une guerre avec elle. Certains m’ont dit : comment peut-il dire cela ? J’ai répondu qu’il fallait le laisser faire.  Si leur problème est avec l’Iran , ils veulent par conséquent se venger sur le Liban, le détruire et y semer le chaos, pour prouver qu’ils y sont influents ? Nous reconnaissons leur influence sur le Liban. Mais s’ils croient pouvoir à travers cette influence  vaincre les Libanais et la résistance, ainsi que les forces politiques qui refusent de plier devant cette influence et d’accepter leurs conditions et leurs exigences, ainsi que leurs insultes, ils se trompent.  Non seulement ils se trompent, mais ils sont aussi suspects et vont droit à l’échec, ce même échec qui les poursuit dans toutes les arènes où ils se sont rendus jusqu’à présent. L’échec est le résultat inévitable de toutes ces tentatives.

Je vais être encore plus précis. L’objectif est de se venger du Hezbollah, de le punir, de le vaincre et de le détruire, n’est-ce pas ? Je vais donc les aider un peu. Si l’objectif est de détruire le Hezbollah, je vais vous dire que quoique fasse l’Arabie, même si elle mobilise le monde entier et pousse  Israël à lancer une guerre contre nous, même si elle utilise tous les moyens possibles, rien ne parviendra à détruire le Hezbollah. C’est une réalité incontestable et vérifiée. Ne fixez donc pas des objectifs que vous ne pouvez pas atteindre, car vous allez droit à l’échec.

Donc, on veut exercer des pressions pour que le Hezbollah modifie des positions. Là, on devient plus réaliste. On veut donc punir le Hezbollah pour qu’il modifie son attitude, par exemple qu’il retire ses forces de Syrie. Ok, la guerre en Syrie va se terminer et ce sera bientôt le cas probablement en Irak. .. Je ne simplifie pas les choses, je les expose. Concernant le Yémen, la situation est différente, notre  position ne peut pas changer à l’égard de ce dossier car elle est dictée par la morale, l’humanité, l’arabité. Elle est au-delà de la politique et nous pensons que nous devrons en rendre compte le jour du Jugement denier.

Donc, si l’objectif, comme l’a dit le ministre saoudien des AE Adel  Al Joubayr, est de punir le Hezbollah  (Al Joubayr a dit que « le peuple libanais est innocent ». je ne discuterai pas cette déclaration car je ne crois pas que les Libanais croient vraiment qu’ils sont sous la coupe du Hezbollah), nous devons trouver un moyen  d’aider les Libanais à se dégager de l’emprise de ce parti.  Al Joubayr a même mis un grand titre : comment sauver le peuple libanais. Moi, je vais demander : ce que vous faites aujourd’hui est pour sauver le peuple libanais ? Ce que vous avez fait depuis le samedi 4 novembre était-il  un sauvetage du peuple libanais ? Les moyens que vous avez utilisés sont-ils en harmonie avec cet objectif ? Ou bien voulez-vous sauver le peuple libanais comme vous êtes en train de sauver le peuple yéménite ?  Le titre de la guerre contre le Yémen n’était-il pas de sauver les yéménites des groupes hors-la loi ? Comment le peuple yéménite est-il sauvé aujourd’hui ? Des dizaines de milliers de martyrs, dont la plupart sont des femmes et des enfants, des dizaines de milliers de personnes atteintes du choléra, des millions d’autres menacées par la famine. Toutes les écoles, les hôpitaux, les villages, les mosquées ont été bombardés, ainsi que les lieux historiques, les marchés… C’est comme cela que vous avez sauvé le peuple yéménite ? En l’affamant, en le tuant, en l’encerclant et  en versant son sang ? C’est en tout cas ce que l’on voit jusqu’à présent. C’est votre méthode pour sauver le peuple yéménite. Est-ce de la même manière que vous voulez sauver le peuple libanais ? Les mesures que vous avez prises sauvent-elles le peuple libanais ? Comment ? En humiliant le Premier ministre ? En humiliant un courant politique et à travers lui une communauté et tout le Liban ? Sauvez-vous le peuple libanais en menaçant la stabilité politique, sécuritaire, militaire et financière dont il bénéficiait ? Sauvez-vous le peuple libanais en créant un climat de panique et d’angoisse et en annonçant que les armées vont lancer des attaques ? Hier une rumeur a circulé sur le fait que plusieurs avions s’apprêtent à lancer des raids contre des positions du Hezbollah à partir de la base saoudienne à Chypre…Les gens ont peur face à de telles rumeurs. Vous voulez donc que les Libanais vivent dans la peur, à travers les rumeurs sur une guerre israélienne imminente. Est-ce ainsi que l’on sauve le peuple libanais ? Ou encore le sauve-t-on en montant les sunnites contre les chiites pour les pousser à échanger des insultes et à se combattre ? C’est une punition du Liban, parce qu’il est réellement un pays libre, indépendant, cher à ses fils, un pays digne qui n’obéit pas aux instructions et à la volonté extérieure, un pays qui a donné des martyrs… C’est pour cela qu’il doit être puni parce qu’il n’exécute pas les ordres royaux, parce qu’on ne peut le soumettre… J’ai entendu sur certaines chaînes satellitaires des pays du Golfe, des membres du Courant du Futur dire que la priorité est au retour du leader national Saad Hariri. Ils vont sans doute être punis car ils ont commis là « une haute trahison ». Il n’est donc pas permis de respirer pour tenter de sauver un Premier ministre. Il faut oublier sa dignité, celle de son pays, de son courant et du peuple en général…

S’ils veulent donc punir le Hezbollah, qu’ils m’envoient quelqu’un, je pourrais les aider ou leur donner une idée ou encore un plan, qui ne punira pas tous les Libanais, ni l’Etat libanais. Faites donc travailler vos méninges, au lieu de laisser la haine et la rancoeur prendre le pas sur tout le reste. Ce qui se passe aujourd’hui entre l’Arabie saoudite et le Liban se résume ainsi : « Je suis aveugle, je ne vois rien et je lance mon épée à l’aveuglette ».

En ce jour béni d’hommage aux martyrs, nous devons nous attacher à nos réalisations, à nos victoires, à notre stabilité interne et à notre sécurité. Nous devons nous attacher à notre Etat et à notre armée, à nos forces de sécurité et à notre unité. Nous ne devons pas avoir peur face à toutes les menaces, car notre unité nous permettra d’être plus forts et de surmonter cette crise.  

Source : French.alahednews

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