Les Kurdes et les mauvaises options !

Par Akil Cheikh Hussein

Il est possible pour la question kurde d’être à l’origine d’une grande évolution stratégique qui pourrait changer les donnes internationales et contribuer à l’instauration d’un monde nouveau et différent.

Non parce que la création, sous la direction de Barzani ou quiconque d’autre, d’un Etat kurde dans les territoires peuplés par les Kurdes en Turquie, en Iran, en Syrie et en Irak, serait susceptible de changer la forme du monde, mais parce que la résistance face à la création d’un tel Etat serait susceptible de mettre sur la voie de l’union trois grands éléments islamiques, turc, arabe et iranien, dont les interminables zizanies historiques, ou du moins leur peu d’accord, étaient responsables de cet état de délabrement vécu, durant ces derniers siècles, par la région arabo-islamique.

En vérité, la marche unificatrice des trois éléments mentionnés a déjà commencé et elle progresse à la même vitesse de ce positionnement peu réfléchi et peu raisonnable de la part des Kurdes derrière les Israéliens. Positionnement dont les moindres de ses expressions est ce Kurdistan irakien au-dessus duquel flotte une infinité de drapeaux israéliens, avec tout ce que cela signifie en terme d’infidélité à une histoire commune de lutte, si ce n’est pas avec les régimes, elle reste vivante entre des peuples qui ont connu de véritables relations de fraternité.

La même infidélité est présente dans des célébrations organisées récemment par des kurdes «sionisants» à Irbil pour la mémoire de plusieurs juifs tués en Irak, en 1941, lors de manifestations de soutien -sous la protection de l’occupation britannique- aux crimes perpétrés par des gangs sionistes contre les Palestiniens.

Elle est également présente dans l’accord secret conclu par Barzani et Netanyahu pour transférer vers le Kurdistan irakien, à partir de la Palestine occupée, 200 mille Juifs prétendument d’origine kurde. Ne s’agit-il pas là d’une orientation évidente vers la transformation du Kurdistan irakien en quelque chose de semblable à une géante colonie de peuplement juive, ou en une nouvelle entité sioniste au cœur de la région ?

Servir les intérêts propres est devenu un concept politique reconnu et accepté aux dépens des valeurs et des principes. Sous cet angle, on peut trouver des justificatifs pour les Kurdes qui, depuis des décennies, se sont laissés suborner par les gouvernements occidentaux et l’entité sioniste pour fuir, peut-être, la répression que leur imposaient des régimes qui ne manquaient pas de traiter avec la même répression les autres constituantes de la société.

Mais peut-on considérer que l’actuel alignement pro-israélien du gouvernement du Kurdistan irakien est une façon de servir les propres intérêts des Kurdes ?

Un coup d’œil rapide sur la conjoncture internationale et régionale montre que la conduite des Kurdes «sionisants» est une conduite proche de la stupidité.

Ces «sionisants» kurdes ne remarquent-ils pas que les Etats-Unis et les autres pays occidentaux, c’est-à-dire ces pays qui les soutenaient et les encourageaient à se séparer et qui pourraient soutenir leur projet sécessionniste, se sont tous opposés à leur référendum d’indépendance vis-à-vis de l’Etat irakien ?

Ne remarquent-ils pas la peur occidentale de la réaction irakienne qui ne pourrait être qu’une guerre très chaude dont les moindres conséquences seraient la déstabilisation de l’équilibre actuel dans le marché du pétrole, et l’élimination définitive de l’un des foyers de tension utilisés par les Occidentaux et les Israéliens pour répandre le chaos dans la région ?

Ne remarquent-ils pas que les Etats-Unis, les pays occidentaux et l’entité sioniste ont perdu les guerres qu’ils ont attisées dans la région et qu’ils ne pourront plus ouvrir une nouvelle guerre et encaisser une nouvelle défaite rien que pour faire plaisir aux fascistes kurdes ?

Ils brandissent maintenant des drapeaux israéliens et se réjouissent pensant que l’entité sioniste les défendrait et les aiderait à installer leur propre Etat sans se rendre compte du fait que l’entité sioniste n’est pas une fondation de bonnes œuvres et qu’elle les abandonnera à leur sort dès le moment où elle se voit menacée d’anéantissement sous les coups de l’axe de la Résistance.

Et sans se rendre compte du fait que leur sort ne sera pas différent que celui du Sud-Soudan qui, avant sa séparation, recueillait, comme les Kurdes, toutes les formes de soutien et d’encouragement.

C’est de la stupidité politique qui permet aux Kurdes de compter sur les Israéliens sans se rendre compte du fait que ces derniers ont cessé d’être ce qu’ils étaient du temps où ils lançaient leurs guerres/promenades et les emportaient facilement contre les armées arabes. Et sans se rendre compte du fait que le mythe israélien s’est ruiné lorsque, sur les collines du Sud-Liban et devant les portes de Gaza, s’est ruiné le mythe de la prétendue invincible armée israélienne.

Et ce qui est dit à propos des Kurdes se dit aussi à propos de ceux qui se disent «Amazighs», disent qu’ils sont d’origine juive et menacent, dans les pays du Maghreb, d’égorger les Arabes en coopération avec les Israéliens et le Diable pour atteindre cet objectif.

Qu’il s’agisse de ceux-ci ou de ceux-là, il leur est plus profitable, au lieu d’écouter l’ennemi commun, et au lieu de ces aventures qui ne les conduisent qu’à l’abîme, de se conduire en responsables et de se mettre côte à côte avec leurs concitoyens pour reconstruire leurs pays dévastés par la colonisation extérieure et les régimes fantoches.

Source: French.alahednews