Pressions physiques, «drogué»... Comment l’ex-prince héritier d’Arabie saoudite a été débarqué
Mohammed ben Nayef, ancien ministre de l'Intérieur du royaume a été déposé manu militari par son rival, le tout-puissant fils du roi, Mohammed ben Salmane, selon le Wall Street Journal et le New York Times.
Ils étaient deux pour un trône. Il n'y en a plus qu'un. Selon le Wall Street Journal et le New York Times, l'ancien prince héritier d'Arabie saoudite et ministre de l'Intérieur, Mohammed ben Nayef (MBN), a été déposé manu militari par son rival, le tout-puissant fils du roi, Mohammed ben Salmane (MBS), 32 ans, le 20 juin dernier. Quelques heures avant qu'un décret royal ne soit publié et écarte de la succession du roi Salmane le premier au bénéfice du second, Mohammed ben Nayef a été l'objet de pressions physiques.
L'homme de 57 ans qui avait la haute main sur la sécurité nationale et le contre-terrorisme a été retenu contre son gré toute la nuit du 20 juin dans le palais Al Safa du roi Salmane à la Mecque, où des proches du roi et de son fils ont exigé son abdication rapportent les deux journaux.
Mohammed ben Nayef a cédé au matin, affaibli physiquement par une tentative d'assassinat d' «Al-Qaïda» en 2009 pour laquelle il a développé une dépendance à des antidouleurs. Des proches de MBS l'auraient décrit cette nuit-là auprès du Conseil de l'Allégeance comme un drogué inapte à régner un jour.
Selon les deux journaux, l'ex prince héritier ainsi que ses filles seraient placés en résidence surveillée. Ils seraient interdits de quitter le palais et de voyager hors du pays. Des informations démenties mercredi par un responsable saoudien qui a assuré que l'ancien héritier du trône n'est pas sous le coup de restrictions, quelles qu'elles soient.
Divergences sur le Qatar et le Yémen
Pour expliquer la destitution du neveu du roi Salmane, le Wall Street Journal avance aussi des divergences de vue entre les deux hommes concernant le Qatar. MBN se serait montré à plusieurs reprises opposé à une mise au ban de Doha par Riyad et ses alliés parmi lesquels les Émirats arabes unis dont le prince héritier d'Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed, est très proche de MBS.
Autre opposition entre les deux hommes: le Yémen. MBN était également très réticent à une entrée en guerre du royaume wahhabite.
Le retrait de MBN laisse le champ libre à MBS, fils préféré du roi Salmane, en charge notamment du plan Vision 2030.
Dévoilé le 25 avril, il vise à rendre l'économie saoudienne moins dépendante au pétrole. Une vraie révolution pour un pays qui tire 70% de sa richesse de l'or noir. Ce plan prévoit surtout la mise en Bourse de près de 5% du capital du géant pétrolier Aramco en 2018. Ce chantier sera la plus grosse introduction boursière de l'histoire, et son produit permettra à Riyad de se doter d'un méga-fonds souverain de 2.000 milliards de dollars, quatre fois mieux doté que Sama, créé dans les années 1950.
Source: Challenges.fr