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Zasypkine: Toute frappe contre le régime syrien est inacceptable, la Russie en contact permanent avec Damas

Zasypkine: Toute frappe contre le régime syrien est inacceptable, la Russie en contact permanent avec Damas
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Interviewé par Fatima Salamé, photos : Issam Qoubeissi

La Russie occupe une place importante au sein de la communauté internationale. Nul ne peut ignorer, dans ce contexte, l'effet des décisions prises par Moscou sur le plan international. Le droit du veto en Conseil de Sécurité, confère à ce pays la possibilité de contrer les complots et les projets américains.

L'ambassadeur de Russie au Liban, Alexandre Zasypkine, évoque les dossiers régionaux et internationaux, à partir de la position importante qu'occupe son pays sur la scène internationale.
Selon lui, la coalition internationale de lutte contre «Daech» en Syrie, n'est qu'une violation de la souveraineté de Damas. D'après son point de vue, la mise en place de cette coalition hors de l'ombrelle des Nations Unies, constitue une violation des chartes internationales. Il n'écarte pas la possibilité qu'il y ait d'autres objectifs non annoncés de l'action de cette coalition.

Ci-dessous le texte de l'interview accordée par le diplomate russe à Al-Ahednews.


Q- Dernièrement, l'équation sécuritaire au Liban a été déstabilisée. Que prévoyez-vous dans l'avenir dans ce pays ?

R- L'avenir de la situation sécuritaire au Liban est lié à celui de la région. Dans les dernières années, des conflits ont secoué plusieurs pays arabes. Mais la position de la communauté internationale est connue quant au soutien de la stabilité du Liban. La Russie partage ce point de vue. Il y a toujours une opportunité pour que le Liban traverse cette période délicate, loin des impacts des crises du voisinage.

Q- Les tensions sécuritaires ont placé l'armée libanaise et les Forces de Sécurité devant de grandes responsabilités. Dans quelle mesure la Russie est-elle prête à fournir des aides militaires au Liban ? Et quels types d'armes peut-elle fournir ?


R- Ces questions ont été discutées entre les deux parties, russe et libanaise. A l'heure actuelle, les experts poursuivent les négociations en vue de livrer quelques équipements militaires russes à l'armée et aux forces de l'ordre.
En effet, la Russie a pris la décision politique de soutenir le Liban sur le plan militaire. Cette décision a été récemment confirmée, en attendant l'accord final sur les détails.

Zasypkine: Toute frappe contre le régime syrien est inacceptable, la Russie en contact permanent avec Damas

Q- Le ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk, a-t-il été informé de cette décision, lors de sa dernière visite en Russie ?


R- Cette visite fut réussie. Le ministre Machnouk a tenu d'importants entretiens avec les responsables russes. Nous estimons que les négociations seront poursuivies avec une délégation de l'armée libanaise, qui se rendra prochainement à Moscou. Nous souhaitons parvenir à des résultats finaux dans les prochains rounds de négociations.

Q- Concernant le dossier syrien, Washington a mis en place une coalition pour combattre «Daech». La Russie en a été exclue. Certains considèrent ce fait comme une défaite pour Moscou. Qu'en dites-vous ?

R- La Russie a toujours affirmé que la lutte contre le terrorisme doit se dérouler dans le cadre de l'ONU. Mais lorsqu'une initiative unilatérale est prise à ce propos et qu'une alliance est composée de certaines parties, non de toutes les parties concernées par cette lutte, ce fait aboutit à la prise de décisions partielles, non compatibles avec l'opinion de la communauté internationale. L'expérience des dernières années a montré que les campagnes menées au Moyen Orient sous différents slogans, étaient dirigées en premier lieu contre des régimes légitimes dans le but de les renverser, comme fut le cas en Irak, en Lybie et les tentatives actuelles en Syrie. Sur ce, nous estimons que le slogan de la lutte contre le terrorisme, a d'autres objectifs.

Q- On comprend de vos propos que l'action de la coalition internationale constitue une violation de la souveraineté syrienne ?

R- Nous nous attachons toujours à la charte de l'ONU. Cette dernière stipule que toute action militaire doit être coordonnée avec les autorités du pays concerné, simultanément avec la coordination avec le Conseil de Sécurité. A l'heure actuelle, nous suivons ce qui a lieu dans la région à partir de ce principe. Pour cette raison, nous insistons sur la coordination entre la coalition internationale et la Syrie lors de toute opération sur le territoire syrien. Nous devons prendre en compte l'opinion du gouvernement syrien avant toute mesure à entreprendre. Mais l'exclusion de la Russie de cette coalition n'est guère une perte.

Q- Des informations signalent que l'avancée de l'armée syrienne sur le terrain, est due à la qualité des armes fournies par la Russie à Damas. Quelle est la taille du soutien russe à la Syrie ?

R-
Je ne suis pas en mesure de discuter des détails relatifs à ces armes. Mais la Russie coopère de près avec la Syrie dans le domaine militaire et selon les règles internationales.

Q- On parle ces jours d'une frappe imminente contre le régime syrien. Dans ce cas, quelle sera la riposte russe ?

R- La réponse à une telle question dépasse mes prérogatives. Une frappe contre la Syrie est inacceptable. D'ailleurs, nous communiquons constamment avec les autorités syriennes et ce serait la base de la position que prendra la Russie dans l'avenir.

Q- On évoque une zone tampon entre la Syrie et la frontière avec ses voisins. Accepterez-vous l'installation d'une telle zone ?


R- Ceci est catégoriquement refusé. Nous le considérons comme une violation de la souveraineté syrienne et de l'unité de son territoire. Nous nous y opposons fermement.

Q- De retour à la coalition internationale. Estimez-vous que ses frappes soient suffisantes pour éliminer le danger de «Daech» de la région ?

R- La Russie souhaite que tout effort de lutte antiterroriste réalise des résultats positifs. Mais nous avons des doutes quant à l'efficacité des frappes en cours, de leurs résultats et de leurs effets sur la situation dans la région.

Zasypkine: Toute frappe contre le régime syrien est inacceptable, la Russie en contact permanent avec Damas

Q- M. l'ambassadeur, vous avez indiqué que la participation de certains pays à la coalition suscite le doute. Voulez-vous dire que ces pays ont soutenu et financé le terrorisme ?


R- Ceci est clair pour tout le monde. Certaines parties, y compris l'initiateur de la coalition, étaient les mêmes à avoir soutenu l'opposition syrienne armée, tout au long de la période précédente. Nous considérons que toutes les factions qui combattent l'armée syrienne sont illégales. Celles qui se considèrent aujourd'hui indépendantes, rejoignent les rangs de «Daech» plus tard. Sur le plan de la doctrine, ces groupes pourraient avoir des positions distinctes. Mais en fin de compte, ils combattent tous le régime syrien. De ce fait, nous estimons que la stratégie de l'appui des factions dites modérées, est fausse. Certains considèrent cette méthode comme moyen de lutte contre le terrorisme. Mais c'est une erreur, puisque tout groupe dit modéré dérive plus tard vers l'extrémisme. La meilleure méthode consiste à coopérer avec le régime contre les groupes terroristes.

Q- Dernièrement, il s'est avéré que le péril de «Daech» ne menace pas seulement le Levant, mais s'est étendu vers l'occident. Qu'en pensez-vous ?


R- Je répète de nouveau que la question ne concerne pas seulement «Daech», mais le terrorisme en général. Dans l'avenir, nous pourrions voir la naissance de nouveaux groupes terroristes. Pour cette raison, il faut lutter contre ce phénomène, traiter ses causes et appliquer une stratégie globale comprenant les aspects sécuritaires, mais aussi politiques.

Q- Quelles sont les raisons de ce phénomène d'après vous ?

R- Durant 70 ans, la communauté internationale n'est pas parvenue à une solution au conflit arabo-israélien. Ce conflit provoque le désespoir des gens. En plus, certaines parties étrangères ont utilisé les terroristes dans des actions de sabotage contre les autorités locales de plusieurs pays, en exploitant les problèmes intérieurs de ces derniers.

Q- Estimez-vous que «Daech» puisse menacer la Russie ? Et quelles sont les mesures que vous envisagez dans ce contexte ?

R- La vague du terrorisme date depuis des dizaines d'années. Ce n'est pas la première fois que nous l'affrontons. Dans les années 90, par exemple, des attentats terroristes eurent lieu sur le territoire russe. Nous avions alors réussi à contrer ce grand problème. Pour ces raisons, nous sommes conscients des périls ces jours-ci. lorsque les évènements dits «printemps arabe» ont éclaté dans le Moyen Orient, nous étions des premiers pays à avoir mis en garde contre la transformation des mouvements populaires et des manifestations en milieu propice pour les mouvements terroristes. Quant à l'avenir, nous sommes confiants de la solidarité du peuple syrien et nous ne craignons pas des attentats terroristes à Moscou. Mais nous sommes favorables à une cohésion internationale dans le projet de lutte antiterroriste.

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Q- Certains jugent que la participation du Hezbollah au combat en Syrie est une erreur. Quelle est votre avis à ce propos ?

R- A la suite du début des évènements en Syrie, nous avons constaté «le transit» des combattants et le passage massif des groupes terroristes via le territoire libanais. Nous avions appelé à cesser l'infiltration des rebelles dans le contexte des efforts des autorités libanaises pour cette fin. Nul n'ignore que plus de 80 pays combattent en Syrie. De fait, l'intervention du Hezbollah est survenue en riposte à celle des autres factions armées. Notons à ce propos que l'intervention du Hezbollah a eu lieu aux côtés du régime légal. Certains disent que si le Hezbollah n'avait intervenu, «Daech» n'aurait pas attaqué le Liban. Mais cette hypothèse est erronée.

Q- Dans le dossier ukrainien, les tensions ont éclaté, à la suite du cessez-le-feu censé être convenu. Kiev accuse la Russie de déstabiliser le pays. Comment répondez-vous ?

R- Les autorités ukrainiennes sont un instrument aux mains des Etats-Unis qui mènent une campagne de grande envergure contre la Russie. Cette campagne englobe tous les domaines politiques, militaires et culturels. Nous plaçons ce combat dans le cadre du conflit autour de l'avenir de l'humanité et de la nature du système international. Nous œuvrons pour établir un système international pluraliste marqué par un large partenariat. Un système jugé préférable pour remplacer le système unipolaire qui a sévi à la suite de la guerre froide. Mais il parait que Washington refuse le pluralisme. En riposte à l'augmentation du poids politique de la Russie au sein de la communauté internationale, Washington a préparé une offensive contre Moscou. Un fait qui a eu des impacts négatifs sur les relations internationales, y compris celles concernant le Moyen Orient, puisque nous œuvrions avec Washington pour murir un compromis en Syrie par un processus politique pacifique. Les Etats-Unis ont ouvert un nouvel front contre nous en Ukraine, par un coup d'Etat dans ce pays et l'encouragement des forces radicales hostiles à la Russie. Pour ces raisons, les doutes de la Russie autour de la coalition de lutte antiterroriste augmentent puisque les pays qui déclarent la guerre contre le terrorisme au Moyen Orient, encouragent les fascistes dans le centre de l'Europe. Cet antagonisme a provoqué l'incrédibilité.

Q- On rapporte que des obstacles entravent les négociations entre l'Iran et le G 5+1. Quelles sont vos informations à ce propos.


R- Les négociations se déroulent selon l'accord conclu l'année dernière et comprenant un programme global. Sur le plan politique, nous avions déterminé les objectifs et souligné la dimension pacifique du programme nucléaire iranien ainsi que le droit de ce pays à le développer. Les négociations se déroulent positivement. Peu importe l'accélération des pourparlers. Il faut plutôt parvenir à des accords équilibrés et constants qui ne suscitent pas les doutes dans l'avenir.

Source : Al-Ahednews

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