L’Irak: la guerre contre la division...cherchez les empreintes de l’Arabie
Plusieurs facteurs, locaux et extérieurs, se sont conjugués pour plonger l'Irak dans les périls suite à la chute de Ninive et de parties d'autres gouvernorats, comme Salaheddine, Diyala, arrivant au voisinage de la capitale, aux mains de l'EIIL, formé d'un mélange de Baasistes, de groupes takfiris et de pro-Al-Qaïda.
Dans le contexte des risques de la discorde tout au long du Levant arabe, les regards sont attirés vers le rôle saoudien dans le nouveau chapitre de la crise de l'Irak.
Puisque l'Arabie est directement concernée par le renversement des équations géopolitiques dans la région, les données à sa disposition font d'elle une cible dans la prochaine période.
Quelles sont ces plus importantes données ?
Premièrement, les pertes successives subies par l'Arabie depuis l'annulation de l'offensive américaine contre la Syrie, en septembre dernier, ce qui fut une victoire pour l'axe adverse qui s'étend de l'Iran, passant par l'Irak et la Syrie arrivant au Liban et puis à la Palestine, aux côtés bien sûr de la Russie et de la Chine.
Ces pertes sont illustrées dans les faits suivants :
1- Les exploits militaires réalisés par l'armée syrienne au cours de l'année dernière. Des exploits qui ont avorté les paris sur la chute du régime et poussé le commandement saoudien, en fin de compte, à émettre une décision royale d'incriminer les combattants saoudiens à l'étranger. Depuis cette décision, le discours saoudien hostile a reculé, tout en maintenant le soutien des groupes armés en Syrie, dans le but de se prémunir de leurs abus et non de renverser le régime syrien.
Cependant, le blocage de l'horizon des batailles en Syrie, la cessation de l'appui des rebelles surtout des combattants étrangers et la dissipation progressive des milieux populaires favorables aux rebelles dans les régions syriennes, tous ces faits ont poussé les groupes armés à rechercher d'autres arènes afin de contenir le surplus de combattants et de réaliser des compensations morales...
2- La victoire écrasante remportée par la coalition de l'Etat de Droit en Irak, présidée par Nouri Maliki dans les dernières législatives, en face de la défaite absolue subie par les alliés de l'Arabie comme Ayyad Allawi et Oussama Noujeifi...en d'autres termes, l'Arabie se considère la plus lésée dans les élections, son adversaire Nouri Maliki étant devant une grande chance d'être reconduit à la tête du pouvoir pour un troisième mandat.
Dans ce contexte, il convient d'évoquer les propos de Turki el-Faysal, ex-chef des renseignements saoudiens, lequel joue le rôle de porte-parole de son frère, Saoud el-Faysal, ministre des Affaires étrangères. Cet homme avait dit, lors de la conférence sur la sécurité, organisée par le Centre du Bahreïn pour les études internationales stratégiques et de l'énergie le 22 avril dernier, «qu'en cas de victoire du premier ministre Nouri Maliki dans les élections, l'Irak sera divisé». Ce n'étaient pas de simples prémonitions, mais un message clair adressé au camp adverse. Turki el-Faysal a appelé les pays du Golfe à soutenir ce qu'il a qualifié de «forces nationales irakiennes non confessionnelles», les exhortant à récupérer l'Irak et à aider ce pays à rejoindre son voisinage arabe, vu son importance pour la sécurité régionale.
Interpréter ces déclarations ne nécessite pas des efforts intellectuels. En effet des journalistes saoudiens en ont révélé les dessous. Saad Abdul Kader koweihi a écrit dans le journal saoudien al-Jazeera, un article dans lequel il explique les propos de Turki el-Faysal. «Le maintien de Nouri Maliki au pouvoir pour un troisième mandat, encouragerait à la division de l'Irak en trois provinces kurde, sunnite et chiite», a-t-il écrit.
«De fait, l'intention de diviser le pays sera renforcée au cas où Maliki remporterait les législatives ou serait soutenu par la coalition chiite».
Toutefois, l'attention de Turki el-Faysal et de celui qui a expliqué ses propos, n'a pas été attirée par un fait : les législatives ont été effectués sous une supervision internationale, conformément aux normes de l'intégrité. En d'autres termes, Turki el-Faysal a voulu éliminer la volonté de l'électeur irakien ou la truquer, si elle est dans l'intérêt de Maliki !
Ce qui a eu lieu en Irak suite à l'offensive de l'EIIL contre Mossoul est la traduction en actes des positions saoudiennes. La mise en garde de Turki Faysal, contre la victoire de Maliki, provoquera la division de l'Irak, dont des régions sont désormais contrôlées par l'EIIL et ses frères.
3- Les périls du retour des combattants saoudiens au royaume sur la sécurité de la région en entier sont déjà connus . Est aussi connu le mandat donné au ministre de l'Intérieur, Mohammad Ben Nayef, pour gérer le dossier de ces combattants, sur la base de dispositions sécuritaires avec les services de sécurité américains. En effet, les responsables de ces derniers l'ont rencontré lors de sa visite à Washington le 12 février dernier, où les pourparlers ont évoqué des «questions régionales communes et l'engagement des deux pays à la lutte antiterroriste dans la région», selon le quotidien al-Hayat, citant des responsables américains.
Indépendamment de la ligne de conduite de Mohammad Ben Nayef, lequel a bénéficié du feu vert pour frapper ses adversaires, y compris les réformateurs et les activistes politiques, il s'est avéré plus tard que le ministère saoudien de l'Intérieur n'a point élaboré de plans pour contenir et réhabiliter ceux qui regagnent leur pays. De surplus, le nombre de ceux qui sont rentrés dans le royaume était très restreint. Ce fait a poussé les autorités saoudiennes à recourir au plan B. Ce dernier consiste à créer une nouvelle arène, vu le danger du retour de ces combattants pour le régime qui traverse une période des plus délicates de son histoire. Dans ce contexte s'inscrit le conflit sur le pouvoir entre le roi et la branche «Sadiri» qui perd de terrain en faveur de la montée en puissance des fils du roi, à l'ombre d'une colère populaire croissante contre le régime, de la dégénérescence de la popularité et du prestige de ce dernier. Ces faits pourraient provoquer un certain chaos sécuritaire et par la suite le démantèlement de l'entité...
D'ailleurs, la succession des développements d'une manière orchestrée, l'évacuation des postes militaires, les ordres donnés aux chefs militaires de Mossoul de ne pas combattre et le déplacement de groupes de combattants de la Syrie à Mossoul, ne fut pas une décision prise dans les dernières heures ou même les derniers jours...
Le régime saoudien s'est trouvé assiégé par des réalités qui pourraient l'isoler, voire l'étrangler. Il n'avait que le choix de saper l'équation politique en Irak, après avoir perdu tous ses paris en Syrie.
La soumission à ces réalités signifie certainement l'extension de l'EIIL et l'avancée de ses combattants vers le Golfe. A ce moment, la stabilité sécuritaire et politique sera du passé. En effet, les scenarios prévus par les experts dans cette région en cas de l'extension des groupes armés, sont sombres. Effrayants.
Le roi Abdallah avait promis lors d'une rencontre avec une délégation politique irakienne en 2007, de fournir le double des sommes dépensées par le royaume sur le régime de Saddam Hussein dans sa guerre contre l'Iran (1980-1988) dans le but de renverser le gouvernement de Nouri Maliki. Ce dernier avait indiqué dans un entretien en 2011, que le chef du courant du Futur, Saad Hariri, lui avait rapporté, citant le roi Abdallah, que ce dernier refusait de maintenir la capitale des Abbassides aux mains de Maliki, ou la capitale des Omeyyades aux mains d'Assad. Sur ce, il était nécessaire de libérer une des deux capitales au moins.
De tels rêves sont possibles d'être réalisés dans des circonstances où l'Arabie serait en mesure de jouer des rôles efficaces dans le système régional. Mais les périls qui cernent l'entité la pousse à baisser le plafond de ses perspectives.
Alors que dans l'état de faiblesse dont souffre le régime saoudien, ce dernier suit le scénario syrien en Irak dans le but de dévier les regards et d'apaiser la colère populaire.
Rappelons qu'en mars 2011, le royaume était sur le point de devenir la scène d'un Printemps arabe qui déborderait d'une région vers l'autre. Mais le régime a réussi à dévier ce parcours par une campagne à laquelle ont participé des instituions médiatiques, religieuses, politiques et sécuritaires, en créant une cause alternative consistant à renverser «le régime nousseiri en Syrie» selon le discours wahhabite. C'est alors que plusieurs saoudiens ont oublié leur propre cause. Cependant lorsque le projet de renverser Assad s'est effondré, les répercussions se sont profilées dans l'horizon, dont les menaces de l'EIIL d'arriver au cœur du royaume et de régler les comptes avec la dynastie (Souloul), Al-Saoud, selon le discours D'Al-Qaïda... l'Irak fut le substitut.
Suite à la prise du contrôle de Mossoul par l'EIIL, des films vidéo ont été diffusés sur You Tube montrant des combattants saoudiens qui examinent les butins et raillent des soldats irakiens prisonniers...
Les Saoudiens ont repris leur rôle comme auteurs des opérations suicides ; l'EIIL pousse ses éléments saoudiens à exécuter ce qu'ils estiment être des opérations martyres. Ces opérations ont été exécutées, au début, par Abou Sleiman et Abou Awad el-Jazraoui, pour que soit lancée plus tard la vague des kamikazes saoudiens...
Une autre donnée attire l'attention : un officier saoudien a été tué par les forces irakiennes près de Mossoul... en plus, les médias sociaux abondent d'histoires sur des combattants saoudiens à Mossoul, Salaheddine et Diyala. Les prochains jours montreront d'ailleurs les nombres et les rôles des Saoudiens dans la structure militaire de l'EIIL.
En tout cas, empoisonner le climat dans l'Arabie saoudite par les facteurs de la provocation et l'incitation sectaires n'a pas nécessité un long moment. Il a suffi de tourner la boussole vers la droite, dans la direction du nord-est, pour que l'Irak devienne la scène de l'engagement des combattants saoudiens, avant qu'ils n'exécutent le plan d'envahir le Golfe à partir du Koweït, comme ils ont révélé dans leurs récents communiqués. Un fait qui a poussé le Koweït à déclarer la mobilisation générale sur la frontière avec l'Irak.
Turki el-Faysal et les Gardiens de la Révolution
A la lumière des données précitées, l'Arabie est à l'heure actuelle dans une situation peu enviable. Elle est obligée de parier avec tout. Sur tout. Et pour comprendre l'ampleur de la déception dont souffre le régime saoudien, nous citons une déclaration de Turki el-Faysal lors de la réunion du Conseil européen pour les relations étrangères, à Rome, le 13 juin. «L'ironie du sort serait de voir les Gardiens de la Révolution iranienne combattre aux côtés des drones américains pour tuer les Irakiens... Un tel fait suscite la colère et nous pousse à s'interroger vers où nous nous dirigeons» ?
Une déclaration qui révèle l'ampleur de l'inquiétude saoudienne croissante de voir disparaitre l'entité...
Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site
Dans le contexte des risques de la discorde tout au long du Levant arabe, les regards sont attirés vers le rôle saoudien dans le nouveau chapitre de la crise de l'Irak.
Puisque l'Arabie est directement concernée par le renversement des équations géopolitiques dans la région, les données à sa disposition font d'elle une cible dans la prochaine période.
Quelles sont ces plus importantes données ?
Premièrement, les pertes successives subies par l'Arabie depuis l'annulation de l'offensive américaine contre la Syrie, en septembre dernier, ce qui fut une victoire pour l'axe adverse qui s'étend de l'Iran, passant par l'Irak et la Syrie arrivant au Liban et puis à la Palestine, aux côtés bien sûr de la Russie et de la Chine.
Ces pertes sont illustrées dans les faits suivants :
1- Les exploits militaires réalisés par l'armée syrienne au cours de l'année dernière. Des exploits qui ont avorté les paris sur la chute du régime et poussé le commandement saoudien, en fin de compte, à émettre une décision royale d'incriminer les combattants saoudiens à l'étranger. Depuis cette décision, le discours saoudien hostile a reculé, tout en maintenant le soutien des groupes armés en Syrie, dans le but de se prémunir de leurs abus et non de renverser le régime syrien.
Cependant, le blocage de l'horizon des batailles en Syrie, la cessation de l'appui des rebelles surtout des combattants étrangers et la dissipation progressive des milieux populaires favorables aux rebelles dans les régions syriennes, tous ces faits ont poussé les groupes armés à rechercher d'autres arènes afin de contenir le surplus de combattants et de réaliser des compensations morales...
2- La victoire écrasante remportée par la coalition de l'Etat de Droit en Irak, présidée par Nouri Maliki dans les dernières législatives, en face de la défaite absolue subie par les alliés de l'Arabie comme Ayyad Allawi et Oussama Noujeifi...en d'autres termes, l'Arabie se considère la plus lésée dans les élections, son adversaire Nouri Maliki étant devant une grande chance d'être reconduit à la tête du pouvoir pour un troisième mandat.
Dans ce contexte, il convient d'évoquer les propos de Turki el-Faysal, ex-chef des renseignements saoudiens, lequel joue le rôle de porte-parole de son frère, Saoud el-Faysal, ministre des Affaires étrangères. Cet homme avait dit, lors de la conférence sur la sécurité, organisée par le Centre du Bahreïn pour les études internationales stratégiques et de l'énergie le 22 avril dernier, «qu'en cas de victoire du premier ministre Nouri Maliki dans les élections, l'Irak sera divisé». Ce n'étaient pas de simples prémonitions, mais un message clair adressé au camp adverse. Turki el-Faysal a appelé les pays du Golfe à soutenir ce qu'il a qualifié de «forces nationales irakiennes non confessionnelles», les exhortant à récupérer l'Irak et à aider ce pays à rejoindre son voisinage arabe, vu son importance pour la sécurité régionale.
Interpréter ces déclarations ne nécessite pas des efforts intellectuels. En effet des journalistes saoudiens en ont révélé les dessous. Saad Abdul Kader koweihi a écrit dans le journal saoudien al-Jazeera, un article dans lequel il explique les propos de Turki el-Faysal. «Le maintien de Nouri Maliki au pouvoir pour un troisième mandat, encouragerait à la division de l'Irak en trois provinces kurde, sunnite et chiite», a-t-il écrit.
«De fait, l'intention de diviser le pays sera renforcée au cas où Maliki remporterait les législatives ou serait soutenu par la coalition chiite».
Toutefois, l'attention de Turki el-Faysal et de celui qui a expliqué ses propos, n'a pas été attirée par un fait : les législatives ont été effectués sous une supervision internationale, conformément aux normes de l'intégrité. En d'autres termes, Turki el-Faysal a voulu éliminer la volonté de l'électeur irakien ou la truquer, si elle est dans l'intérêt de Maliki !
Ce qui a eu lieu en Irak suite à l'offensive de l'EIIL contre Mossoul est la traduction en actes des positions saoudiennes. La mise en garde de Turki Faysal, contre la victoire de Maliki, provoquera la division de l'Irak, dont des régions sont désormais contrôlées par l'EIIL et ses frères.
3- Les périls du retour des combattants saoudiens au royaume sur la sécurité de la région en entier sont déjà connus . Est aussi connu le mandat donné au ministre de l'Intérieur, Mohammad Ben Nayef, pour gérer le dossier de ces combattants, sur la base de dispositions sécuritaires avec les services de sécurité américains. En effet, les responsables de ces derniers l'ont rencontré lors de sa visite à Washington le 12 février dernier, où les pourparlers ont évoqué des «questions régionales communes et l'engagement des deux pays à la lutte antiterroriste dans la région», selon le quotidien al-Hayat, citant des responsables américains.
Indépendamment de la ligne de conduite de Mohammad Ben Nayef, lequel a bénéficié du feu vert pour frapper ses adversaires, y compris les réformateurs et les activistes politiques, il s'est avéré plus tard que le ministère saoudien de l'Intérieur n'a point élaboré de plans pour contenir et réhabiliter ceux qui regagnent leur pays. De surplus, le nombre de ceux qui sont rentrés dans le royaume était très restreint. Ce fait a poussé les autorités saoudiennes à recourir au plan B. Ce dernier consiste à créer une nouvelle arène, vu le danger du retour de ces combattants pour le régime qui traverse une période des plus délicates de son histoire. Dans ce contexte s'inscrit le conflit sur le pouvoir entre le roi et la branche «Sadiri» qui perd de terrain en faveur de la montée en puissance des fils du roi, à l'ombre d'une colère populaire croissante contre le régime, de la dégénérescence de la popularité et du prestige de ce dernier. Ces faits pourraient provoquer un certain chaos sécuritaire et par la suite le démantèlement de l'entité...
D'ailleurs, la succession des développements d'une manière orchestrée, l'évacuation des postes militaires, les ordres donnés aux chefs militaires de Mossoul de ne pas combattre et le déplacement de groupes de combattants de la Syrie à Mossoul, ne fut pas une décision prise dans les dernières heures ou même les derniers jours...
Le régime saoudien s'est trouvé assiégé par des réalités qui pourraient l'isoler, voire l'étrangler. Il n'avait que le choix de saper l'équation politique en Irak, après avoir perdu tous ses paris en Syrie.
La soumission à ces réalités signifie certainement l'extension de l'EIIL et l'avancée de ses combattants vers le Golfe. A ce moment, la stabilité sécuritaire et politique sera du passé. En effet, les scenarios prévus par les experts dans cette région en cas de l'extension des groupes armés, sont sombres. Effrayants.
Le roi Abdallah avait promis lors d'une rencontre avec une délégation politique irakienne en 2007, de fournir le double des sommes dépensées par le royaume sur le régime de Saddam Hussein dans sa guerre contre l'Iran (1980-1988) dans le but de renverser le gouvernement de Nouri Maliki. Ce dernier avait indiqué dans un entretien en 2011, que le chef du courant du Futur, Saad Hariri, lui avait rapporté, citant le roi Abdallah, que ce dernier refusait de maintenir la capitale des Abbassides aux mains de Maliki, ou la capitale des Omeyyades aux mains d'Assad. Sur ce, il était nécessaire de libérer une des deux capitales au moins.
De tels rêves sont possibles d'être réalisés dans des circonstances où l'Arabie serait en mesure de jouer des rôles efficaces dans le système régional. Mais les périls qui cernent l'entité la pousse à baisser le plafond de ses perspectives.
Alors que dans l'état de faiblesse dont souffre le régime saoudien, ce dernier suit le scénario syrien en Irak dans le but de dévier les regards et d'apaiser la colère populaire.
Rappelons qu'en mars 2011, le royaume était sur le point de devenir la scène d'un Printemps arabe qui déborderait d'une région vers l'autre. Mais le régime a réussi à dévier ce parcours par une campagne à laquelle ont participé des instituions médiatiques, religieuses, politiques et sécuritaires, en créant une cause alternative consistant à renverser «le régime nousseiri en Syrie» selon le discours wahhabite. C'est alors que plusieurs saoudiens ont oublié leur propre cause. Cependant lorsque le projet de renverser Assad s'est effondré, les répercussions se sont profilées dans l'horizon, dont les menaces de l'EIIL d'arriver au cœur du royaume et de régler les comptes avec la dynastie (Souloul), Al-Saoud, selon le discours D'Al-Qaïda... l'Irak fut le substitut.
Suite à la prise du contrôle de Mossoul par l'EIIL, des films vidéo ont été diffusés sur You Tube montrant des combattants saoudiens qui examinent les butins et raillent des soldats irakiens prisonniers...
Les Saoudiens ont repris leur rôle comme auteurs des opérations suicides ; l'EIIL pousse ses éléments saoudiens à exécuter ce qu'ils estiment être des opérations martyres. Ces opérations ont été exécutées, au début, par Abou Sleiman et Abou Awad el-Jazraoui, pour que soit lancée plus tard la vague des kamikazes saoudiens...
Une autre donnée attire l'attention : un officier saoudien a été tué par les forces irakiennes près de Mossoul... en plus, les médias sociaux abondent d'histoires sur des combattants saoudiens à Mossoul, Salaheddine et Diyala. Les prochains jours montreront d'ailleurs les nombres et les rôles des Saoudiens dans la structure militaire de l'EIIL.
En tout cas, empoisonner le climat dans l'Arabie saoudite par les facteurs de la provocation et l'incitation sectaires n'a pas nécessité un long moment. Il a suffi de tourner la boussole vers la droite, dans la direction du nord-est, pour que l'Irak devienne la scène de l'engagement des combattants saoudiens, avant qu'ils n'exécutent le plan d'envahir le Golfe à partir du Koweït, comme ils ont révélé dans leurs récents communiqués. Un fait qui a poussé le Koweït à déclarer la mobilisation générale sur la frontière avec l'Irak.
Turki el-Faysal et les Gardiens de la Révolution
A la lumière des données précitées, l'Arabie est à l'heure actuelle dans une situation peu enviable. Elle est obligée de parier avec tout. Sur tout. Et pour comprendre l'ampleur de la déception dont souffre le régime saoudien, nous citons une déclaration de Turki el-Faysal lors de la réunion du Conseil européen pour les relations étrangères, à Rome, le 13 juin. «L'ironie du sort serait de voir les Gardiens de la Révolution iranienne combattre aux côtés des drones américains pour tuer les Irakiens... Un tel fait suscite la colère et nous pousse à s'interroger vers où nous nous dirigeons» ?
Une déclaration qui révèle l'ampleur de l'inquiétude saoudienne croissante de voir disparaitre l'entité...
Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site