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Hariri à Damas (2): surmonter le froid et préparer l’avenir

Hariri à Damas (2): surmonter le froid et préparer l’avenir
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Par Soraya Hélou

On attendait depuis plus de deux mois une visite de travail élargie en compagnie de ministres et de directeurs généraux et c’est une visite éclair qui a eu lieu et qui s’est limitée à un entretien entre les deux hommes suivi d’un déjeuner. La seconde visite du Premier ministre Saad Hariri à Damas a déjoué tous les pronostics et en dépit du manque d’informations sur la teneur des

entretiens, elle a été qualifiée par les deux camps de "très positive". On sait en tout cas qu’elle a été longtemps attendue et sans cesse reportée. Ce qui avait permis aux analystes de penser qu’un certain froid régnait sur les relations entre Assad et Hariri.
La liste des griefs supposés s’étalait dans les médias et portait essentiellement sur les déclarations de certains membres du Courant du Futur et sur la participation remarquée de ce Courant à la cérémonie organisée par les Forces libanaises au Biel en avril dernier. En gros, les autorités syriennes attendaient une attitude plus positive de la part des alliés et des partisans de Saad Hariri après la première visite prolongée qu’il avait effectuée à Damas en décembre 2009. Or rien de tout cela n’est arrivé. Les critiques continuaient à pleuvoir contre la Syrie, tantôt via les campagnes menées contre des organisations palestiniennes qualifiées de pro-syriennes, tantôt via la dénonciation des accords conclus entre les deux pays via le Traité de Fraternité et de coopération signé en 1991 et tantôt encore à travers la critique du manque de contrôle aux frontières avec la Syrie, et enfin, surtout à travers les critiques répétées des armes du Hezbollah et la remise en question quasi permanente de la légitimité des armes de la résistance.
Face à cette vague de critiques, les autorités syriennes n’ont jamais réagi ouvertement, mais leurs alliés au Liban se faisaient l’écho d’un mécontentement supposé de leur part à l’égard de Hariri, soit incapable de contrôler son camp, soit alors désireux de jouer sur les deux tableaux et de rester dans le flou sur ses options stratégiques. Pendant cette période hésitante, la presse avait même rapporté une tentative de la part du chef de cabinet de Saad Hariri, Nader Hariri avec la conseillère du président syrien, la ministre Bouthayna Chaabane et celle-ci avait promis que le président rappellerait le Premier ministre sans que cela se produise.
Les rumeurs sur le prétendu contenu de l’acte d’accusation du TSL largement véhiculées par les médias proches de Hariri n’ont pas arrangé les choses et si les deux parties ne voulaient pas que le froid entre les deux hommes se transforme en glace, il fallait réagir. Hariri s’est donc rendu en Arabie suivant de près Walid Joumblatt qui lui, avait entendu des propos très

clairs de la part du roi Abdallah sur la nécessité de renforcer ses relations avec Damas et là, il a dû probablement avoir les mêmes échos.
Plutôt que d’attendre la fin de l’étude des accords conclus et qu’une partie du camp de Hariri souhaite annuler par principe bien plus que par nécessité, car ce camp a tout au long des cinq dernières années mobilisé l’opinion publique contre ces accords jugés favorables à la Syrie et injustes pour le Liban, l’idée d’une visite éclair de Hariri à Damas pour coordonner les

positions à la veille du voyage du Premier ministre libanais aux Etats-Unis a été lancée.
Il s’agissait donc d’un prétexte tout trouvé pour reprendre contact, tout en permettant au Premier ministre de sauver la face en plaçant cette visite dans le cadre de concertations avec les capitales arabes et avec la Turquie.
Auparavant, Hariri avait toutefois adopté des positions courageuses en faveur de la résistance et de sa possession d’armes de tous calibres et de tous genres, au risque de mécontenter les hôtes américains. Il avait même été jusqu’à comparer les missiles scuds qu’"Israël" accuse la Syrie d’avoir livré au Hezbollah aux armes de destruction massive qui avaient servi de (faux) prétexte à l’invasion américaine de l’Irak. Ces propos lui avaient d’ailleurs valu des critiques de la part du secrétaire d’Etat adjoint Jeffrey Feltman…
Pour le président syrien qui avait auparavant demandé à toutes les parties libanaises soucieuses d’avoir de bonnes relations avec la Syrie d’appuyer la résistance, un grand pas a été ainsi accompli en direction de l’assainissement du climat entre Assad et Hariri.
La visite a donc eu lie et on peut désormais dire que le froid qui avait régné ces derniers mois a été effacé. Mais, selon les rares informations parvenues à la presse, l’entretien n’a pas été uniquement porté sur la visite de Hariri à Washington. D’ailleurs, même sur ce plan, Assad a été très clair en remerciant son interlocuteur pour sa bonne volonté mais en rappelant que

la Syrie a des contacts directs avec l’administration américaine et elle n’a par conséquent pas besoin de messagers. De plus, Assad a sciemment soulevé la question du retard dans l’examen des accords conclus entre les deux pays et Hariri, selon des informations parues dans la presse, aurait déclaré qu’il ne savait pas qu’il y en avait autant…
C’est dire que la seconde visite de Hariri à Damas a été plus ou moins marquée par un la franchise et si tous les problèmes n’ont pas été réglés, les relations sont désormais sur la bonne voie. Rendez-vous à la prochaine visite qui devrait elle être consacrée à l’examen des accords conclus dans le cadre d’une réunion élargie présidée par les Premiers ministres des deux

pays.   


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