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Le second round des municipales: l’ex-opposition confirme ses percées

Le second round des municipales: l’ex-opposition confirme ses percées
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Par Soraya Hélou

Après le Mont-Liban, c’était dimanche au tour de Beyrouth et de la Békaa d’élire leurs municipalités et leurs moukhtars. Mais contrairement au scrutin du Mont-Liban, qui était essentiellement marqué par des considérations familiales et qui a donné lieu à des alliances « contre-nature », notamment sur la scène chrétienne, les élections à Beyrouth et dans la Békaa étaient plus politiques.
Certes, dans la capitale, la liste de coalition formée par le Premier ministre Saad Hariri a raflé la mise, mais les élections ont malgré tout été marquées par un faible taux de participation des électeurs, qui constitue en lui-même un revers pour le Courant du Futur. Celui-ci a cherché à mobiliser son électorat à travers de nombreux appels dans les médias, à travers les panneaux publicitaires et dans la rue. Mais avec des chiffres tournant autour de 21% de participation, il semblerait que les électeurs ont été sensibles à l’appel au boycott du scrutin lancé par le général Michel Aoun et par le Hezbollah. De plus, sur le plan des voix sunnites, le taux de participation était assez faible. Ce qui pourrait être interprété comme un affaiblissement de la capacité du Courant du Futur à mobiliser la rue sunnite, lorsqu’il n’utilise pas massivement l’argent et ne fait pas appel à la fibre communautaire.
D’ailleurs, la différence des chiffres dans le taux de participation au scrutin municipal et à celui des moukhtars à Beyrouth montre que les électeurs réagissent plus lorsqu’il y a un enjeu véritable. Sur ce plan, le général Aoun qui avait appelé à une participation massive aux élections des moukhtars dans les secteurs d’Achrafieh de Rmeil, de Médawar et de Saïfi a réussi une bonne mobilisation et, en comparaison avec les chiffres des élections législatives de juin 2009, il a même amélioré son score au niveau des voix chrétiennes. Avec son allié le Tachnag, il a remporté les élections des moukhtars à Médawar et à Rmeil et il a considérablement réduit l’écart entre lui et les chrétiens du 14 mars à Achrafieh.
Mais c’est surtout dans la Békaa, que les changements sont plus perceptibles. D’abord, l’ancien ministre et député Elias Skaff a remporté une éclatante victoire à Zahlé en obtenant 19 sièges sur 21 au Conseil municipal et 16 moukhtars sur 18. Il a en quelque sorte pris la revanche du revers essuyé au cours des élections législatives de juin 2009, en raison notamment de
l’apport massif de voix sunnites dans le caza de Zahlé et surtout, il a rétabli son leadership sur la ville, montrant que son pari sur la volonté des zahliotes de ne pas se faire représenter par des députés membres de partis politiques a été remporté.
Autre changement notable, l’humeur générale des électeurs de la Békaa qui a permis à des figures de l’ex-opposition comme l’ancien vice-président de la Chambre Elie Ferzli et l’ancien ministre Abdel Rahim Mrad d’effectuer des percées notables dans la Békaa ouest et centrale. Des fiefs du Courant du futur comme la bourgade de Majdel Anjar et celle de Jeb jannine ainsi que la localité de Karaoun ont ainsi basculé dans le camp de l’ex-opposition, alors que le PSNS a confirmé son influence dans certaines localités de la Békaa. De même, le CPL du général Aoun a enregistré d’importantes victoires dans les localités chrétiennes de la Békaa , alors que l’entente entre le Hezbollah et Amal a obtenu l’adhésion de la plupart des localités à majorité chiite. Au final, le bilan pour l’ex-opposition est globalement positif au second round des élections municipales.
Il ne reste plus désormais que deux étapes: les élections au Sud et au Nord et dans ces deux mohafazats, les batailles seront limitées à certaines localités si le Courant du Futur concrétise sa volonté de conclure des listes de coalition à Saïda et à Tripoli. Il y a aura ainsi des batailles limitées dans certains villages du Akkar, de Batroun, de Koura et du Sud, notamment là où les électeurs chrétiens sont majoritaires. Mais nul ne s’attend à des changements extraordinaires dans l’équilibre des forces. Au sud, les électeurs devraient renouveler leur appui à la résistance à travers l’élection des listes d’entente formées par le Hezbollah et Amal et au Nord, les électeurs sunnites devraient partager leurs voix entre le Courant du Futur, les familles et les autres formations politiques.
Finalement, les élections municipales qui n’ont pas une dimension essentiellement politique sont en train de montrer qu’elles complètent en réalité les législatives de 2009, corrigeant autant que possible les effets négatifs de l’argent et de la fibre communautaire qui avaient joué sur l’humeur des électeurs en juin 2009…

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