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Une guerre prolongée, le scénario idéal pour les Américains

Une guerre prolongée, le scénario idéal pour les Américains
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Par Soraya Hélou

La guerre déclarée par les Etats-Unis contre «Daech» a maintenant un mois et la coalition formée par le président Barack Obama ne cesse de prendre de l'ampleur. Pourtant, l'organisation terroriste n'est pas en train de perdre du terrain. Bien au contraire, elle continue de s'étendre géographiquement, politiquement et populairement, continuant d'attirer, selon les rapports des services secrets américains de nouvelles recrues venues des quatre coins de la planète, parUne guerre prolongée, le scénario idéal pour les Américains dizaines. Faut-il en conclure que l'Occident avec toute son armada, épaulé par les pays du Golfe et d'autres Etats régionaux, n'est pas en mesure de vaincre une organisation comme «Daech» ? Au point d'ailleurs qu'Obama lui-même annonce une guerre longue qui devrait durer entre trois et dix ans ? Les analystes occidentaux, et en particulier américains, qui se posent cette question, estiment qu'il y a un enjeu caché à la guerre déclarée contre «Daech» et voulue longue par les Etats-Unis. Selon eux, à travers des articles parus dans le New York Times ou encore le britannique Sunday Times, les Etats Unis ne sont pas encore décidés à détruire «Daech». Ils souhaiteraient simplement contenir cette organisation, dans une zone géographique, tout en essayant de l'utiliser pour obtenir des acquis régionaux. Grâce à cette organisation et son invasion de Mossoul et de la province de Ninive, jusqu'aux portes d'Erbil, ils ont réussi à obtenir le départ de l'ancien Premier ministre irakien Nouri al Maliki, tout comme ils ont réussi à remettre de l'ordre chez leurs alliés du golfe qui commençaient à prendre trop d'initiatives inconsidérées.

Aujourd'hui, «Daech» est donc une menace réelle pour l'Occident, notamment pour les pays européens qui craignent le retour des combattants fanatiques dans leurs pays d'origine, mais elle n'est pas encore de nature à inquiéter foncièrement les Etats-Unis. Ceux-ci pensent pouvoir l'utiliser pour affaiblir l'Iran et ses alliés, le régime syrien et le Hezbollah, estimant que ceux-ci sont encore trop forts pour venir à des négociations en faisant des concessions. Dans cette optique, la carte de «Daech» est donc encore utile en Syrie et au Liban et même aussi en Irak.Une guerre prolongée, le scénario idéal pour les Américains De plus, les Etats-Unis n'étant plus aussi puissants qu'il y a quelques années, lors des précédentes coalitions internationales formées contre l'Irak, en 1991 et en 2003, ils doivent aussi tenir compte des exigences de leurs alliés dans la région. Or, l'Arabie saoudite et la Turquie sont en train de poser des conditions à leur participation à la guerre contre «Daech», exigeant ainsi en contrepartie, la poursuite de la guerre contre le régime syrien. L'Arabie saoudite a ainsi demandé l'autorisation de former, d'entraîner et d'équiper «les forces modérées» au sein de l'opposition syrienne, pour pouvoir combattre le régime syrien. Les Etats-Unis ont accepté sans grande conviction et selon le New York Times, les forces dites modérées que l'Arabie se préparer à former ne sont pas près d'enregistrer des victoires stratégiques sur le régime syrien. De son côté, la Turquie, qui hésite encore à intégrer la coalition conduite par les Etats-Unis, allant même jusqu'à faire preuve d'un grand cynisme à l'égard notamment de la ville de Kobané, pose deux conditions à sa participation : pouvoir créer une zone d'exclusion aérienne à l'intérieur de la Syrie et obtenir des garanties contre la création d'un Etat kurde en Irak et à sa frontière. Dans les deux sujets, les Etats-Unis ne sont pas encore prêts à répondre aux exigences turques d'abord parce qu'ils préfèrent maintenir un équilibre de faiblesse entre tous les pays de la région et ne veulent pas en voir un prendre le dessus sur les autres pour être les seuls à tirer les ficelles et d'autre part, parce qu'accepter les conditions turques c'est aussi compliquer leurs relations avec l'Iran et la Russie.

C'est dans ce contexte compliqué que les Etats-Unis mènent donc leur coalition, multipliant les raids aériens sur soi-disant les positions de «Daech» et envoyant ensuite les factures aux pays du Golfe. Ils peuvent ainsi utiliser leurs armes et faire de nouvelles expériences sans toutefois débourser un dollar. Mais ils savent en même temps, leurs généraux le disent régulièrement, que la bataille contre «Daech» ne peut pas être remportée s'il n'y a pas de déploiement de troupes au sol. Pour l'instant, il n'en est pas encore question car au fond, le scénario d'une guerre prolongée est celui que les Etats-Unis préfèrent et tant pis pour les victimes qui tombent chaque jour, ainsi que pour les destructions. Aux yeux des intérêts stratégiques américains, ils ne sont que «des dommages collatéraux»...

Source : French.alahednews

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