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Enfin libres !

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Par Soraya Hélou

Ce n'est pas une libération qui a eu lieu samedi soir, mais un véritable échange d'otages entre le Liban et la Turquie, avec la contribution de la Syrie. Les neuf pèlerins libanais détenus à Aazaz depuis dix-sept mois, alors qu'ils rentraient d'un voyage religieux en Iran ont été libérés via la Turquie, moyennant la remise en liberté des deux pilotes turcs capturés au Liban et de plus de cent prisonnières de l'opposition syrienne détenues par le régime. Le deal tant attendu et espéré et plusieurs fois annoncé sans succès a enfin abouti, sans que le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah n'ait eu à présenter des excuses aux ravisseurs comme l'exigeaient lesEnfin libres ! ravisseurs, et sans qu'il apporte le moindre changement à ses prises de positions politiques à l'égard du conflit syrien. Au contraire, lorsque les pèlerins libanais ont été enlevés en mai 2011, le Hezbollah n'avait pas encore commencé à participer aux combats en Syrie, aux côtés des forces du régime. Il se contentait d'appeler, par la voix de son secrétaire général, à une solution politique par le dialogue. Ce n'est que plus tard, et alors que les Libanais étaient déjà entre les mains de «la brigade de la tempête du Nord» (relevant de l'Armée Libre de Syrie), que le Hezbollah est directement intervenu dans le cours des combats à Qousseir. En attendant, on avait eu droit sur la plupart des chaînes de télévision locales à des reportages en long et en large sur «l'hospitalité d'Abou Ibrahim» le ravisseur en chef, qui avait compris l'avantage qu'il pourrait tirer de la complaisance des médias libanais pour tenter de faire pression sur l'opinion publique interne libanaise et en particulier sur les partisans du Hezbollah. Pendant des semaines, les chaînes ont donc rivalisé de reportages sur Abou Ibrahim qui présentait la capture des Libanais comme une juste punition du Hezbollah pour ses positions en Syrie. Abou Ibrahim a finalement disparu, happé par les combats dans la région d'Aazaz, mais le dossier des 9 pèlerins est resté coincé entre la Turquie et l'opposition syrienne. Le tandem Marwan Charbel-Abbas Ibrahim a multiplié les allers-retours à Ankara et à Doha pour tenter d'aboutir à un déblocage mais rien ne se passait de concret.

Il était clair que le Hezbollah ne cèderait pas sur des questions aussi essentielles que son intervention en Syrie et en tout cas pas par le biais de ce chantage injuste qui utilise la vie d'innocents chiites et les autres parties concernées cherchaient une issue honorable à l'impasse dans laquelle elles s'étaient fourrées. C'est dans ce contexte, où les ravisseurs et ceux qui les protègent ont compris qu'ils détenaient une carte qui n'avait plus de valeur, puisque personne ne voulait l'acheter, que les combats sont intervenus, entre les forces d'Al Qaëda dites «l'Etat islamique en Irak et au Levant» et la brigade de la tempête du Nord dans la région d'Aazaz. Ce sont les forces d'Al Qaëda qui ont remporté les combats, chassant pratiquement l'ASL de cette zone avec ses otages qui ne pouvaient que se réfugier en Turquie. La Turquie ne pouvait que les abriter, devenant ainsi directement impliquée dans l'affaire et cherchant sérieusement à trouver une issue honorable à cette curieuse affaire. Entre-temps, le Qatar, qui était un des principaux soutiens de l'ASL, avait changé d'émir et de politique, cherchant un moyen de retrouver son vieux rôle de médiateur dans la région, abandonné au profit de sa radicalisation aux côtés de l'opposition syrienne. C'est qu'aussi, dans cette période, de grands changements régionaux et internationaux avaient eu lieu, notamment avec l'accord russo-américain sur les armes chimiques syriennes et l'ouverture américaine en direction de l'Iran, sans parler de l'éviction du président égyptien soutenu par Ankara et Doha. Aussi bien la Turquie que le Qatar ont alors compris qu'un changement important était en train de se produire dans la région et que l'affaire des détenus d'Aazaz pouvait servir d'occasion pour adopter une nouvelle position au sujet des dossiers régionaux. Mais, comme il fallait sauver la face, l'idée de faire un échange avec des prisonnières de l'opposition syrienne détenues par le régime syrien est arrivée à point nommé pour donner l'impression qu'il y a eu une contrepartie qui profite à l'opposition syrienne. Mais en réalité, la véritable contrepartie était la libération des deux pilotes turcs qui commençait à peser lourdement sur l'intérieur turc, à la veille d'élections municipales risquées pour le parti du Premier ministre déjà affaibli par la contestation populaire et l'incapacité de trouver une solution au dossier kurde. Voilà comment, un contexte favorable a permis l'échange de détenus entre le Liban et l'opposition syrienne, avec l'aide de l'Autorité palestinienne, de la Turquie, du Qatar et bien sûr du régime syrien, en sauvant la face de toutes les parties, et sans que le Hezbollah n'ai eu à faire la moindre concession. Un seul oublié de la fête, le Courant du Futur qui avait cru pouvoir tirer profit de ce sinistre enlèvement. Mais cela est une autre affaire, qu'en ces jours de joie, il n'est pas bon d'évoquer. Un jour viendra sans doute où le dossier des détenus d'Aaazaz révélera tous ses secrets...

ٍSource : French.alahednews

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