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«Pas un Noël comme les autres»: Avec la guerre «israélienne», des fêtes moroses à Bethléem

«Pas un Noël comme les autres»: Avec la guerre «israélienne», des fêtes moroses à Bethléem
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Par AlAhed avec AFP

Des milliers de visiteurs devraient normalement se presser dans l'église de la Nativité à l'approche de Noël, mais pour la deuxième année consécutive, l'ambiance n'est pas à la fête à Bethléem en raison de la guerre à Gaza et des entraves «israéliennes» à la circulation en Cisjordanie occupée.

L'emblématique édifice est aussi dépeuplé que la place de la Mangeoire attenante, où seuls résonnent les chants de moines arméniens depuis le site de la grotte dans laquelle Jésus a vu le jour selon la tradition chrétienne.

«Entre 3.000 et 4.000 personnes devraient normalement visiter quotidiennement l'église à cette date», affirme un agent de sécurité, Mohammed Sabeh.

Les touristes étrangers ne sont pas les seuls à avoir déserté Bethléem, dont l'économie repose quasi exclusivement sur eux. C'est aussi le cas des Palestiniens, rebutés par un trajet de plus en plus compliqué.

«Les chrétiens de Ramallah (distante d'une vingtaine de kilomètres) ne peuvent pas venir à cause des checkpoints. Les soldats israéliens nous malmènent, c'est dangereux et ça provoque de gros bouchons», dénonce M. Sabeh.

Le maire de Bethléem, Anton Salman, regrette que l'armée d’occupation «israélienne» ait ajouté de nouveaux points de contrôle à ceux existant déjà, ce qui dissuade les visiteurs potentiels.

«Certains d'entre eux arriveront peut-être à venir», dit-il à l'AFP. «Mais les autres vont se heurter aux barrières et aux checkpoints mis en place par Israël».

L'économie affectée

L'élu estime qu'organiser de fastueuses célébrations de Noël dans sa ville n'est pas de mise, quand la bande de Gaza est chaque jour encore davantage ravagée par la guerre lancée par «Israël» le 7 octobre 2023.

«Nous souhaitons montrer au monde que ce n'est pas un Noël comme les autres à Bethléem», témoigne-t-il.

Des messes auront lieu et le patriarche latin d’al-Qods occupée (Jérusalem) fera le déplacement, comme d'habitude, mais les festivités se cantonneront au religieux, sans parade ni grand rassemblement.

«Bethléem est un lieu à part à Noël et en Terre sainte. C'est ici qu'est né Jésus», dit Souad Handal, une guide local de 55 ans. «Ce qui se passe est regrettable car l'économie de Bethléem dépend du tourisme».

Propriétaire de l'une des boutiques les mieux placées de la ville, sur la place de la Mangeoire, Joseph Giacaman n'ouvre qu'une fois ou deux par semaine, pour «faire le ménage».

«Beaucoup de familles ont perdu leur commerce à cause de l'absence de touristes», soupire Abood, gérant d'un autre magasin de souvenirs.

Dans la vieille ville d’al-Qods occupée, à seulement une quinzaine de kilomètres au nord, de l'autre côté du mur de séparation construit par «Israël», le quartier chrétien n'arbore pas non plus ses décorations habituelles, dont le grand sapin de l'emblématique porte Neuve.

«Quittons cet endroit»

De nombreux habitants de Bethléem ont choisi de quitter la ville en raison du renforcement des mesures de sécurité depuis le début de la guerre «israélienne» contre la bande de Gaza et des difficultés économiques.

«Quand vous ne pouvez pas subvenir aux besoins de votre enfant, ce n'est pas possible d'en faire abstraction», avance le maire, selon lequel environ 470 familles chrétiennes ont déménagé au cours des 12 derniers mois.

Les chrétiens, qui représentaient en 2017 autour de 11% des 215.000 habitants du gouvernorat de Bethléem, ne sont pas les seuls concernés et le phénomène, s'il n'est pas nouveau, «s'est accéléré et amplifié avec les récents événements», relève le père Frédéric Masson.

«Un nombre considérable de gens partent», poursuit ce prêtre syriaque catholique de la paroisse de Bethléem. «Surtout des jeunes qui ne peuvent pas se projeter dans l'avenir. Il n'y a plus d'espoir quand le pouvoir politique en place confisque votre avenir».

Fayrouz Aboud, directrice de l'Alliance française de la ville, fait le même constat. Pour elle, «l'espoir est plus douloureux que le désespoir» dans le contexte actuel.

Alors que des responsables politiques «israéliens» évoquent de plus en plus souvent une annexion de la Cisjordanie occupée, où la guerre à Gaza a attisé les violences, des jeunes viennent apprendre le français auprès de son institut dans l'optique de partir vivre à l'étranger.

A commencer par son propre fils, âgé de 30 ans. «Viens, quittons cet endroit», lui a-t-il demandé. «Ils (les «Israéliens») vont venir et vont nous tuer».

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