La récente offensive «israélienne» en Cisjordanie…Une nouvelle Nakba sous-jacente ?
Par Donia Chams
La Cisjordanie occupée est la scène d'une offensive «israélienne» barbare, qui ressemble, dans une certaine mesure, à l'agression continue contre la bande de Gaza depuis 11 mois. Cependant, l'agression contre la Cisjordanie n'a pas commencé il y a seulement deux semaines. Depuis l’opération Déluge d’Al-Aqsa, datant du 7 octobre 2023, les forces d'occupation «israéliennes» sèment le chaos en Cisjordanie par des arrestations, des exécutions, des attaques, la destruction de maisons, les barrages et les coupures de routes. L'armée d'occupation s’emploie à détruire les infrastructures civiles de Tulkarem, Jénine et Al-Khalil.
Cette agression barbare de l'occupation «israélienne» contre les Palestiniens en Cisjordanie est la plus féroce et la plus brutale depuis son agression appelée «opération Rempart», en 2002, qui s'est manifestée par l'invasion de la Cisjordanie après la seconde Intifada.
Mais pourquoi l’ennemi «israélien» mène-t-il cette agression contre la Cisjordanie sans raison, ni prétexte ?
À Gaza, il s'est justifié par le Déluge d’Al-Aqsa et ses conséquences, affirmant qu'il voulait se débarrasser du Hamas et détruire sa structure organisationnelle, militaire, industrielle et institutionnelle, après l'avoir diabolisé devant l'opinion publique mondiale, en particulier occidentale, en l'accusant de «terrorisme» et en le présentant comme une menace non seulement pour «Israël», mais pour l'ensemble de l'Occident. En revanche, la Cisjordanie fait partie du territoire sous le contrôle de l'Autorité palestinienne, qui a signé les «accords d'Oslo» et qui coordonne la sécurité avec l’occupant.
Il est évident que le Premier ministre «israélien», Benjamin Netanyahu, ne fait pas de distinction entre le Fatah et le Hamas, ni entre l'Autorité à Ramallah et celle qui gouverne Gaza. Pour lui, ce sont deux faces d'une même monnaie, celle du peuple palestinien qu'il souhaite exterminer ou, au moins, déplacer de la Cisjordanie et de Gaza, et plus tard des territoires de 1948, dans ce qu'on appelle le «Transfert», c'est-à-dire le déplacement des populations palestiniennes de la Cisjordanie vers ce que les «Israéliens» considèrent comme la «patrie alternative» en Jordanie, le déplacement des habitants de Gaza vers le Sinaï, et celui des habitants des territoires de 1948 vers le Liban et la Syrie.
L’entité «israélienne» prétend que l'Iran est derrière la violence en Cisjordanie en finançant les factions de la résistance ; une excuse qui remet en question le patriotisme des Palestiniens en Cisjordanie, alors qu'ils suivent les massacres «israéliens» contre leurs frères à Gaza, comme si la mort de 50. 000 Palestiniens ne les avaient pas émus, et qu'ils ne se seraient pas mobilisés sans l'argent iranien.
L'attaque «israélienne» contre la Cisjordanie cette fois-ci ne se limite pas à l'armée d'occupation et au service de sécurité «Shin Bet», ni à ce qu'on appelle «la garde frontalière» ; il y a également des attaques de milices coloniales violentes et extrémistes. Les deux parties agissent en cohérence et ne perturbent pas les activités de l'autre. Les assaillants, habitants des colonies en Cisjordanie occupée, portent des uniformes militaires, étant membres des «équipes d'intervention rapide».
Ce ne sont pas seulement les massacres en Cisjordanie qui motivent le mouvement des résistants dans la région. Les autorités d'occupation ont confisqué et pillé des dizaines de milliers de dunams au cours des 11 derniers mois. Les barrages des forces d'occupation sont devenus plus fréquents entre les villes de Cisjordanie, rendant tout déplacement d'un endroit à un autre impossible.
De plus, pas moins de 150 000 Palestiniens en Cisjordanie ont perdu leurs sources de revenus après l'interdiction de travailler dans l'entité «israélienne», en une sorte de punition collective.
Selon des données des Nations Unies, 630 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis le 7 octobre, dont 140 par des attaques de drones de l'occupant, similaires à ce qui se passe dans la bande de Gaza. Cette agression sanglante contre la Cisjordanie, qui dure depuis plusieurs semaines, pourrait se transformer en une guerre plus vaste menée par le gouvernement «israélien» extrémiste. L'armée d'occupation prétend qu'elle cherche à détruire des milliers d'armes, à éliminer des dirigeants d'organisations palestiniennes dans les camps de réfugiés et à contrecarrer les attaques de la résistance, dans une opération préventive, afin d'éviter que le scénario du Déluge d’Al-Aqsa ne se répète en Cisjordanie.
La réponse de la résistance se manifeste par des opérations-martyres, des voitures piégées et des actions ciblées, rappelant aux «Israéliens» la seconde Intifada, ce qui pourrait annoncer une nouvelle stratégie palestinienne visant à déclencher une troisième Intifada.
Selon des sources au sein du mouvement Fatah ayant parlé au journal israélien «Haaretz», la retenue des Palestiniens en Cisjordanie découle de leur souhait de ne pas voir la Cisjordanie se transformer en Gaza ; la destruction causée par les forces d'occupation «israéliennes» dans la bande de Gaza et le martyr d'environ 50 000 personnes, dont la plupart sont des enfants, des femmes et des civils, effraient et dissuadent la population.
Bien que l'agression contre Gaza n'ait pas encore réussi à entraîner la Cisjordanie - en particulier la direction de l'Organisation de libération de la Palestine et du mouvement Fatah - dans une «unification des fronts», la guerre menée par les bandes du terrorisme «israélien» contre les localités palestiniennes, en collaboration avec l'armée d'occupation, ainsi que l'effort des «Israéliens» pour contrôler la mosquée d’Al-Aqsa, pourraient créer les conditions propices à un large soulèvement palestinien en Cisjordanie, qui compte trois millions de Palestiniens vivant sous l'occupation «israélienne» directe.
Netanyahu et ses partenaires souhaitent le maintien de l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza.
Lundi, il a même affiché une carte de la «Palestine historique» divisée entre «Israël» et la bande de Gaza. Uniquement.
Cela ouvrirait la voie à la création de nouvelles réalités sur le terrain qui renforcent la présence des colons et des colonies, tout en réduisant le nombre de Palestiniens en Cisjordanie, de sorte que les Palestiniens deviennent une minorité dans les territoires occupés en 1967, comme c'est le cas dans les territoires occupés en 1948. Cela faciliterait le processus d'annexion de la Cisjordanie à l'entité «israélienne», après l'annexion d’Al-Qods et de certaines régions de la Cisjordanie ainsi que du plateau du Golan syrien.
Il ne fait aucun doute que le silence international, l'impuissance arabe et islamique, le soutien américain et occidental à «Israël», ainsi que l'absence de l'Autorité palestinienne, sont autant de facteurs qui ont encouragé Netanyahu à exploiter la guerre à Gaza pour réaliser ses objectifs expansionnistes et d'exclusion en Cisjordanie et à Al-Qods Est.
Alors que le seul moyen d'arrêter cette guerre - même temporairement - réside dans la résistance des Palestiniens et de leurs alliés, tout en infligeant des pertes humaines et matérielles à «Israël» qu'il ne peut supporter.
Certains pourraient dire que cette perspective est pessimiste et décourageante, mais examinez les événements de cette guerre sans précédent, tant par sa brutalité que par ses pertes, par rapport à la taille limitée de la population palestinienne et à l'espace de la Palestine. Analysez les positions des dirigeants «israéliens», ainsi que les positions officielles et le soutien américain et occidental à «Israël», tout en constatant l'immobilisme arabe et islamique. On verra qu'une nouvelle Nakba palestinienne est imminente, à moins que les peuples arabes ne se mobilisent pour contester cette réalité et qu'ils ne soient soutenus par les peuples libres à travers le monde.