Claudia Sheinbaum devient la première femme présidente du Mexique
Par AlAhed avec AFP
«Je ne vais pas vous décevoir»: la candidate de la gauche au pouvoir Claudia Sheinbaum est entrée dans l'histoire dimanche, en étant élue haut la main première présidente dans l'histoire du Mexique, avec pour défi de contenir le fléau du narcotrafic.
L'ex-maire de Mexico, 61 ans, remporte une victoire écrasante avec 58 à 60% des voix, d'après les premiers résultats partiels de l'Institut national électoral (INE) chargé de l'organisation du scrutin.
Portée par la popularité du président sortant, Claudia Sheinbaum devance largement sa rivale de l'opposition, l'ex-sénatrice de centre droit Xochitl Galvez, qui obtient entre 26 et 28% des voix, d'après ces premiers résultats annoncés par la présidente de l'INE Guadalupe Taddei.
Le centriste Jorge Alvarez récolte entre 9,9% et 10,8% des voix.
«Je vais devenir la première femme présidente de la République en 200 ans», en référence à la date de l'indépendance en 1821, a déclaré Mme Sheinbaum en promettant de «continuer à construire un véritable Etat-providence».
Sa rivale Xochitl Galvez a indiqué qu'elle l'avait appelée «pour reconnaître les résultats de l'élection».
Scientifique de 61 ans, l'ex-maire de Mexico prendra le 1er octobre le relais de son mentor en politique, le président sortant Andres Manuel Lopez Obrador, pour un mandat de six ans jusqu'en 2030.
Le président sortant Lopez Obradro a félicité Claudia Sheinbaum, la présidente élue «possiblement avec le plus de voix dans toute l'histoire de notre pays».
Le Mouvement pour la régénération nationale (Morena) et ses alliés obtiennent par ailleurs la majorité qualifiée au Congrès, «et très probablement aussi» au Sénat, a indiqué Mme Sheinbaum.
Morena garde également la ville de Mexico, le fief de la gauche au Mexique depuis 25 ans, avec la victoire de sa candidate Carla Brugada.
Dans la nuit, Mme Sheinbaum est passée saluer ses partisans réunis sur Zocalo, la grande place dans le centre de Mexico.
Un «jour historique»
En votant à Mexico, Mme Sheinbaum a salué un «jour historique».
Elle a confié n'avoir pas voté pour elle-même à la présidentielle, mais pour une pionnière de la gauche mexicaine, Ifigenia Martinez, 93 ans, en hommage à sa lutte.
«Vive la démocratie!», a conclu Mme Sheinbaum, qui devra relever le défi de la narco-violence.
Le Mexique enregistre depuis plusieurs années une moyenne de plus de 30.000 homicides par an, environ 80 par jour.
Les 3/4 des homicides sont liés à des affrontements entre groupes criminels pour le contrôle des marchés locaux de la drogue, affirme l'actuel président Andrés Manuel Lopez Obrador.
Plusieurs cartels se disputent le contrôle de l'acheminement de la drogue vers les Etats-Unis (Jalisco Nueva Generacion, Sinaloa, Golfo).
La violence est devenue exponentielle à partir de décembre 2006, à la prise de fonction de l'ex-président Felipe Calderon (2006-2012) qui a lancé une offensive contre les cartels avec la participation des militaires.
Depuis, le Mexique a enregistré quelque 450.000 homicides et 100.000 disparitions.
«Nous conduirons le Mexique sur le chemin de la paix et de la sécurité», a déclaré la présidente élue.
Elle a promis de s'attaquer aux causes de la violence, de renforcer la Garde nationale, et d'aller vers une politique du «zéro impunité» face à la violence.
File d'attente et violences
Au total 98,3 millions d'électeurs étaient inscrits sur les listes électorales.
De Tijuana à Mexico en passant par Guadalajara, la journée a été marquée par de longues files d'attente devant les bureaux de vote sous un soleil de plomb, d'après des photographes de l'AFP. Et aussi par la violence en certains endroits.
Deux personnes ont été tuées dans deux attaques contre des bureaux de vote dimanche dans l'Etat de Puebla (centre), selon une source de sécurité du gouvernement local.
Un candidat aux élections locales avait déjà été tué dans cet Etat vendredi.
Un autre candidat à un mandat mineur a été tué dans la nuit quelques heures avant l'ouverture des bureaux de vote, dans l'Ouest, d'après le parquet.
Au moins 25 candidats ont été assassinés pendant la campagne, d'après le comptage de l'AFP arrêté samedi.