Trump condamné à payer 355 millions de dollars d’amende pour fraudes
Par AlAhed avec AFP
Donald Trump a été condamné vendredi par un tribunal de New York à 355 millions de dollars d'amende pour des fraudes financières au sein de son empire immobilier, Trump Organization, et se voit interdit de gérer des entreprises dans l'Etat de New York pendant trois ans.
Cette décision sans précédent porte un coup au patrimoine de l'ancien président républicain des Etats-Unis (2017-2021) un magnat milliardaire qui a bouleversé le système politique américain et qui ambitionne d'être réélu en novembre, face au président démocrate Joe Biden.
Dans un document judiciaire de 92 pages, le juge Arthur Engoron de la Cour suprême de l'Etat de New York a privé Donald Trump de la gestion de «toute entreprise ou entité juridique à New York pour une période de trois ans» et l'a condamné à payer 354,86 millions de dollars d'amendes.
La procureure générale de cet Etat, Letitia James, avait porté plainte contre lui en octobre 2022 et l'avait conduit, avec ses deux fils adultes Donald Jr et Eric Trump et leur groupe familial, à un procès civil pour fraudes, d'octobre à janvier.
La plus haute magistrate de l'Etat de New York, élue du Parti démocrate, réclamait 370 millions de dollars de dédommagement.
Trump père et fils ont comparu lors de ce procès fleuve, souvent dans un climat politique ultra tendu, et étaient accusés d'avoir énormément gonflé la valeur des actifs de leur empire familial Trump Organization.
Fraudes répétées
La procureure Letitia James les accusait d'avoir fait enfler de manière colossale durant les années 2010 la valeur de leurs gratte-ciel, hôtels de luxe ou golfs dans le monde entier, pour obtenir des prêts plus favorables de banques et de meilleures conditions d'assurance.
Certains actifs, comme la Trump Tower sur la 5e Avenue de Manhattan, sont emblématiques de la réussite de l'homme d'affaires, qui s'était lancé en politique sur son image de bâtisseur à succès.
Le juge Engoron, avec qui Donald Trump a des relations exécrables, avait jugé avant même le procès la fraude constituée.
Le magistrat avait estimé que le parquet général de l'Etat de New York avait présenté «des preuves concluantes qu'entre 2014 et 2021, les prévenus (avaient) surévalué les actifs» du groupe de «812 millions (à) 2,2 milliards de dollars» selon les années.
En conséquence de «fraudes répétées», le juge avait ordonné fin septembre la liquidation des sociétés gérant ces actifs, comme la Trump Tower ou le gratte-ciel de style néo-gothique et bientôt centenaire du 40 Wall Street, dans le hall duquel Donald Trump a donné quelques-unes de ses conférences de presse après les audiences au procès.
Cette décision avait été suspendue en appel.
Le juge Engoron a également souligné vendredi que le montant des amendes contre Donald Trump et ses fils (quelque quatre millions de dollars pour Donald Jr et Eric Trump) était justifié par leur comportement durant le procès.
«Leur manque total de contrition et de remord confine au pathologique», a écrit le magistrat dans son ordonnance au vitriol.
«Ils sont simplement accusés d'avoir gonflé la valeur de leurs actifs pour faire plus d'argent (...) Donald Trump n'est pas Bernard Madoff. Pour autant, les accusés sont incapables de reconnaître leurs erreurs», a jugé Arthur Engoron.
Durant le procès, dans le prétoire, dans les couloirs du palais de justice de Manhattan et sur les estrades de meetings de campagne pour les primaires républicaines, Donald Trump, 77 ans, n'a cessé de tempêter contre une justice aux mains selon lui des démocrates du président Joe Biden, dénonçant «un procès digne d'une république bananière».
Ses avocats ont plaidé un dossier d'après eux juridiquement vide.
Contrairement aux procès pénaux cette année - comme celui fixé jeudi au 25 mars pour des paiements afin de faire taire une star du porno - Donald Trump ne risquait pas la prison dans cette affaire civile.