États-Unis: le ministre de Biden chargé de l’immigration menacé de destitution
Par AlAhed avec AFP
Une sanction historique, que le Congrès américain n'a pas prise en près de 150 ans: les républicains vont tenter mardi 6 février d'inculper Alejandro Mayorkas, ministre de Joe Biden qu'ils accusent d'avoir provoqué une crise migratoire à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
«C'est l'architecte en chef de la catastrophe», a tonné Mike Johnson, le chef de la Chambre des représentants - institution qui tranchera sur le sort du ministre de 64 ans dans l'après-midi.
Les chances qu'Alejandro Mayorkas soit démis de ses fonctions à l'issue de cette procédure de destitution sont extrêmement faibles, mais la situation n'en reste pas moins un casse-tête pour Joe Biden, à neuf mois de la présidentielle.
Les républicains, pour la plupart proches de l'ancien président Donald Trump, accusent le président démocrate d'avoir laissé le pays se faire «envahir», prenant pour exemple le chiffre record de migrants arrêtés à la frontière, 302.000 en décembre.
Les démocrates balayent cette procédure d'un revers de main, accusant les républicains de faire du ministre un bouc émissaire en pleine année électorale.
L'immigration s'est imposée comme un des sujets phares de la campagne pour la présidentielle de novembre, qui opposera selon toute vraisemblance le président Joe Biden à son rival républicain Donald Trump.
Le principal intéressé, Alejandro Mayorkas, a lui maintes fois rejeté la procédure en destitution des républicains, leur reprochant de «gaspiller du temps précieux et l'argent des contribuables» dans une «manœuvre politique».
La dernière inculpation d'un ministre par le Congrès remonte à... 1876. Le ministre de Guerre William Belknap, accusé de corruption, avait démissionné avant la fin de la procédure de destitution.
Peu de chance d'aboutir
La Constitution prévoit que le Congrès peut destituer le président, un ministre, ou des juges fédéraux en cas de «trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs».
La procédure se déroule en deux étapes. D'abord, la Chambre des représentants vote, à une majorité simple, des articles de mise en accusation détaillant les faits reprochés au président: c'est ce qui s'appelle «impeachment» en anglais. C'est ce vote qui aura lieu mardi après-midi.
Si la plupart des élus républicains sont en faveur d'une inculpation d'Alejandro Mayorkas, deux parlementaires de ce camp ont déjà fait savoir qu'ils voteraient contre, estimant la sanction largement disproportionnée.
En cas de mise en accusation, le Sénat, chambre haute du Congrès, fera le procès du ministre.
Au terme des débats, les 100 sénateurs voteront sur chaque article. Il faut une majorité de deux tiers pour condamner, auquel cas la destitution est automatique et sans appel.
Dans le cas contraire, Alejandro Mayorkas sera acquitté.
En tout état de cause, le Sénat américain est actuellement aux mains des démocrates, ce qui rend une destitution du ministre très improbable.