Des colonnes de déplacés, de médecins, de malades expulsés de l’hôpital Al-Shifa, forcés par l’occupation
Par AlAhed avec agences
L’armée israélienne a expulsé par la force les malades et les blessés de l’hôpital Al-Shifa à Gaza, a déclaré samedi le directeur général des hôpitaux à Gaza, ajoutant prévoir que des dizaines de patients perdront leurs vies en route après leur expulsion.
Trois jours après le début du raid israélien sur l’hôpital Al-Shifa, des centaines de personnes ont été forcées de quitter ce samedi le plus grand établissement de santé de Gaza, sauf une centaine de patients et de bébés prématurés, selon un journaliste de l’AFP présent sur place. L’origine de ce départ, alors que 2 300 patients, soignants et déplacés se trouvaient dans cet établissement, reste encore floue.
Dans la matinée, les soldats d’occupation auraient lancé l’ordre d’évacuation «sous une heure» via un discours en arabe donné dans un haut-parleur, a rapporté le journaliste de l’AFP présent sur place.
L’armée israélienne aurait également appelé le directeur de l’hôpital Mohammed Abou Salmiya pour lui réclamer «l’évacuation des patients, des blessés, des déplacés et des soignants et que tous se rendent à pied vers la corniche» côtière qui borde l’hôpital, à l’ouest de la ville de Gaza, sous une heure, a rapporté ce médecin-chef à l’AFP.
Le ministère de la Santé du Hamas a précisé que «120 blessés» et des bébés prématurés n’avaient pu être évacués. Des médecins sont restés dans Al-Shifa pour prendre soin de ces patients, ont précisé des responsables de l’établissement à l’AFP, sans donner le nombre exact des bébés encore dans l’enceinte. «Nous sommes en contact avec la Croix-Rouge à leur sujet», a déclaré le ministère de la Santé du Hamas, sans plus de détail.
«De nombreux patients ne peuvent pas quitter l’hôpital car ils sont en soins intensifs ou dans des incubateurs», a expliqué sur X le Dr Ahmed el-Mokhallalati, qui va rester «avec cinq autres médecins (et) 120 patients».
Les colonnes de déplacés, de médecins, de malades et de blessés, certains amputés, certains très faibles, marchaient ce samedi en direction de la route Salaheddine qui mène vers le sud de la bande de Gaza. C’est dans cette zone que l’armée israélienne veut relocaliser les 1,1 million d’habitants du nord du petit territoire palestinien, où se concentrent jusqu’à présent les combats au sol contre le Hamas. Elle a donc ouvert dans la matinée un corridor menant vers la route Salaheddine.
Aucune ambulance n’a été utilisée dans cette évacuation, a encore rapporté le journaliste. Suite à une grande pénurie de carburant à cause du siège israélien, et après des frappes israéliennes continues sur des ambulances, celles-ci ne peuvent plus opérer.
Autour de l’hôpital, le plus grand de la bande de Gaza, des chars israéliens, des transports de troupes et des blindés restent en faction, tandis que des drones israéliens survolaient la zone. Ces derniers jours, au cours de leur raid sur l’hôpital, des soldats israéliens ont détruit à l’explosif plusieurs services, notamment le rez-de-chaussée du département de chirurgie.