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Large grève de la faim dans la prison de Jaw à Bahreïn: Des proches des détenus témoignent

Large grève de la faim dans la prison de Jaw à Bahreïn: Des proches des détenus témoignent
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Par AlAhed avec France 24

Ils sont 804, incarcérés dans la prison de Jaw dans le sud-est de Bahreïn, à avoir entamé une grève de la faim depuis le 7 août 2023. Ces prisonniers politiques réclament plus de temps hors de leurs cellules que la limite actuelle d'une heure par jour et demandent l'accès à des soins médicaux adéquats. Plusieurs rassemblements de soutien, fait rare, ont eu lieu depuis pour appeler à leur libération et à la chute du monarque Hamed ben Issa al-Khalifa, intronisé en 2002. Les membres des familles des deux prisonniers témoignent.

C’est la grève de la faim la plus large et la plus longue dans l’histoire du royaume : depuis le 7 août 2023, 804 prisonniers d’opinion se sont déclarés en grève ouverte de la faim pour protester contre les mauvaises conditions de leur incarcération.

Détenus dans la prison de Jaw dans le sud-est du Bahreïn, les grévistes représentent près d’un tiers de la population carcérale.

Ils réclament plus de temps hors de leurs cellules que la limite actuelle d'une heure par jour, l'accès à des soins médicaux adéquats et le droit de prier en groupe dans les espaces dédiés.

Trente prisonniers sont conduits à l’hôpital tous les jours

Ce n’est pas la première fois que la prison de Jaw connaît une rébellion de cet ordre. Des émeutes avaient éclaté – avant d'être violemment réprimées – en 2015 pour protester contre la surpopulation carcérale et les mauvaises conditions de vie.

Maryam al-Khawaja est la fille d’un opposant bahreïni, célèbre pour son soutien au soulèvement de 2011, Abdulhadi al-Khawaja. Ce dernier s'est mis en grève le 9 août 2023. Les autorités nient qu’il soit en grève.

«Mon père était déjà en grève quand il a appris que ses coprisonniers s'étaient eux aussi mis en grève. Il a décidé de se joindre à eux. Selon son médecin, il souffre d’une arythmie cardiaque, un diagnostic confirmé par le médecin de la prison. Depuis qu’il s’est mis en grève, il a été transféré à l’hôpital deux fois en urgence, les 11 et 28 août 2023. À ce jour, il se prive de tout aliment sauf lorsqu’il se sent au bord de l’évanouissement.

Au moins 30 prisonniers sont conduits à l’hôpital tous les jours, souvent pour recevoir du plasma, d’après la Commission des affaires des détenus, qui communique régulièrement avec les prisonniers».

Mouhammad Hassan Abdullah, 63 ans, est marié et père de trois enfants. Il est incarcéré à Jaw depuis 2018, depuis sa condamnation à la perpétuité [25 ans selon la loi bahreïnienne, NDLR]. Son frère Abdulhadi s’insurge :

«Nous ne disposons pas de photos de lui car les téléphones portables sont strictement interdits. Il se prive de tout aliment. Depuis le début de sa grève [le 7 août 2023, NDLR], il a été emmené à l’hôpital deux fois. Nous avons appris que sa visite médicale la plus récente à l’hôpital a été annulée, faute d’ambulance.

Nous n’avons pas pu rendre visite à mon frère depuis le début de la crise du Covid-19 en février 2020. Lors de ces visites, il était autorisé à nous voir pendant 30 minutes seulement. Très souvent, nous étions retardés, humiliés, on nous laissait attendre sous le soleil ou on nous interdisait tout simplement de le voir.

Aucun membre de sa famille n'a pu serrer la main de mon frère depuis qu'il est en prison parce qu’il y a un isolant en verre qui nous empêche d'entrer en contact avec le prisonnier. La communication s'effectue avec des écouteurs émettant des sons brouillés qui rendent impossible la compréhension de ce que dit le prisonnier.»

«On veut la chute de Hamad»

La grève, qui a été initiée le 7 août par quelque 400 prisonniers, est désormais la plus longue dans l’histoire du Bahreïn.

Depuis, les autorités ont commencé à isoler les prisonniers en grève et ont refusé de fournir des services médicaux à plusieurs d'entre eux jusqu'à ce qu'ils mettent fin à la grève, selon le parti d'opposition bahreïnien Al-Wefaq, que le royaume a interdit.

Pour attirer l’attention sur leur situation, des membres de familles et des militants se sont rassemblés dans plusieurs villages comme Snabis, Karzakan et Bani Jamra.

Des centaines de Bahreïniens ont même scandé «la chute de Hamad» lors d’une manifestation à Jidhafs, le vendredi 18 août 2023. Une scène rarissime depuis 2011. Hamed ben Issa al-Khalifa est le roi du royaume du Golfe, intronisé en 2002.

Certains prisonniers affirment que leurs gardiens ont répondu aux protestations par la violence.

15 000 personnes arrêtées depuis 2011

Plusieurs organisations bahreïniennes affirment que la majorité des grévistes «sont emprisonnés principalement en raison de leurs opinions politiques ou parce qu'ils ont mené des activités de nature politique, souvent pour avoir osé prendre part à la révolte populaire de 2011», selon Sayed al-Wadaei de l'Institut bahreïnien pour les droits et la démocratie (Bird), une ONG basée au Royaume-Uni qui suit de près la situation des prisonniers grévistes.

Le Bahreïn a été le théâtre de manifestations massives en 2011, réclamant dans un premier temps l’élargissement des libertés politiques pour la population chiite (70 % de la population), avant de se transformer en un soulèvement réclamant la fin de la monarchie des Al-Khalifa. Avec l'aide militaire fournie par les États du Conseil de coopération du Golfe (CCG), les autorités bahreïniennes avaient violemment réprimé la contestation.

Quinze mille personnes ont été arrêtées au Bahreïn en raison de leurs activités et opinions politiques depuis 2011, tandis que 4 500 prisonniers politiques purgent actuellement leur peine, selon un rapport du Centre bahreïnien pour les droits humains publié en septembre 2022.

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