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Le défi du déplacement massif des Syriens… la solution retardée

Le défi du déplacement massif des Syriens… la solution retardée
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Par AlAhed

La crise du déplacement syrien au Liban est à nouveau au cœur de l’actualité. Cette question refait surface, pour sonner l'alarme : ce dossier pourrait se transformer en un problème multidimensionnel si les solutions continuent de manière rhétorique et inefficace.

Plusieurs parties ont commenté l’expulsion de déplacés contrevenants. Mais la plupart de ces commentaires ont été marqués par la polarisation politico-démographique, dont les objectifs sont connus.

Il est possible de comprendre les motivations légitimes et les inquiétudes des groupes libanais concernant le maintien du déplacement syrien pendant une période incertaine, à un moment où le Liban traverse une difficile crise.

Cependant, le Liban ne semble pas près de développer des politiques décisives face à cette question, malgré les décisions rendues par le gouvernement intérimaire.

Il faut retenir plusieurs faits concernant la question des déplacés :

Premièrement : plusieurs rapports confirment la poursuite du déplacement de la Syrie vers le Liban via des passages illégaux (routes frontalières ou montagneuses), notamment par le biais de passeurs qui reçoivent de l'argent en échange du transport de Syriens déplacés de la Syrie vers le Liban et vice versa, loin des yeux des autorités.

Cela indique que le processus du déplacement depuis la Syrie ne s'est pas arrêté à ce jour, malgré la cessation des hostilités dans la plupart des régions syriennes.

Le Liban est devenu une destination stable pour de nombreuses familles et individus syriens, d'une manière qui coïncide étrangement avec les difficultés de vie croissantes que traverse le Liban. Cette situation impose des charges supplémentaires au pays et à ses infrastructures d'eau, d'électricité, de logement, d’installations sanitaires et environnementales...

En outre, des informations sont disponibles sur de nombreux Syriens résidant au Liban en tant que personnes déplacées qui visitent la Syrie de temps à autre, ce qui dément l'existence de risques sécuritaires les empêchant de rentrer dans leur pays.

Le ministre sortant du Travail, Moustafa Bayram, a déclaré dans ce contexte que 37 000 Syriens sont entrés en Syrie pendant la période de l'Aïd al-Fitr, puis sont retournés au Liban après la fin des vacances, ce qui les prive de statut de réfugié.

La raison de la poursuite des déplacements est principalement due à la détérioration des conditions de vie résultant de la baisse de la valeur de la monnaie syrienne et du blocus américain, qui a eu des effets négatifs sur l'économie syrienne, en plus du contrôle, par les États-Unis, ces forces d'occupation et les forces alliées «SDF» des installations pétrolières et gazières et les riches champs de blé dans l'est de la Syrie.

Deuxièmement : Beaucoup de déplacés ne souhaitent pas rentrer dans leur pays pour plusieurs raisons. Les enquêtes menées dans les lieux où les déplacés se rassemblent en Turquie, en Jordanie et au Liban prouvent ce climat dominant.

Par exemple, la Turquie a construit des complexes de logements dans les zones sous son contrôle dans le nord de la Syrie pour loger des dizaines de milliers de Syriens qui ont été déplacés. Mais ce projet n'a pas attiré l'enthousiasme des Syriens de sorte que le pourcentage des rapatriés a été inférieur à ce qu'on espérait.

En plus, de nombreuses personnes déplacées reçoivent une aide financière de la part de pays étrangers et des gouvernements locaux dans les pays hôtes, ce qui les encourage à demeurer où ils sont actuellement. Certains d'entre eux disent que l'aide a été suspendue au début de cette année, tandis que d'autres disent que l'aide n'est plus suffisante en raison de la baisse de sa valeur et de la cherté de vie.

Cette baisse peut être due au rationnement de l'aide à certains déplacés en raison des nouvelles conditions économiques en Europe, de l'inflation, et de la crise des réfugiés ukrainiens vers les pays européens.

Cependant, les pays européens, ainsi que les États-Unis paient toujours de l'argent pour garder les déplacés là où ils se trouvent, pour les empêcher d'aller dans les pays occidentaux et pour continuer d’utiliser cette question contre le gouvernement syrien.

Troisièmement : Il y a un phénomène particulier lié à la nouvelle génération syrienne, qui est née ou a grandi dans des pays hôtes. Cette génération ne connaît pas ou ne se souvient pas de la Syrie, et n'accepte donc pas l'idée d'y retourner à cause de la longue résidence à l'extérieur.

A rappeler que des Syriens sont retournés légalement en Syrie (par le biais de la Sûreté générale), mais qui sont ensuite revenus au Liban par la contrebande, car leurs enfants - selon leurs dires - ne se sont pas adaptés à la situation en Syrie !

La question des nouveau-nés constitue une crise en soi, à la lumière des dires sur des nouveau-nés qui ne sont pas enregistrés auprès des autorités officielles syriennes, ce qui peut être utilisé comme prétexte par les parties occidentales pour exiger qu'on leur accorde des droits et des privilèges dans les pays hôtes.

Le problème s’aggrave à la lumière de l'adoption des programmes d'enseignement libanais dans les écoles fréquentées par les élèves syriens, ce qui les intègre effectivement dans l'environnement local loin des exigences de rattachement à leur patrie.

Cela soulève des questions sur la mesure selon laquelle les responsables au Liban sont conscients de la gravité de ce qui est prévu pour le Liban et pour les Syriens déplacés.

Et si l'affaire se fait par l'intimidation ou par le paiement des frais aux écoles publiques, les responsables libanais affirment que la communauté internationale exerce des pressions pour le maintien des Syriens au Liban et leur intégration dans la société libanaise, comme a affirmé le ministre de la Défense, Maurice Slim.

En outre, le ministre des Affaires sociales, Hector Hajjar, a également affirmé qu’une résolution de l'ONU insiste à intégrer les Syriens au Liban. Hajjar a ajouté que les Français et les Allemands sont toujours stricts dans l'approche de ce dossier, malgré leur connaissance de la sensibilité de la situation libanaise concernant l'impact de la crise du déplacement sur la démographie libanaise.

Quatrièmement : Sur le plan démographique, il y a un net déséquilibre dans le taux de natalité entre les déplacés syriens et les Libanais, ce qui alimente la concurrence sur les ressources et les capacités entre les déplacés et le citoyen de la société d'accueil.

Certains attribuent ce phénomène à la disponibilité d'une aide sanitaire et financière aux mères et aux nouveau-nés, ce qui favorise la reproduction. Cependant, d'autres estiment que cela est dû à une prise de conscience insuffisante des enjeux sociaux et des exigences d'une vie décente en termes de logement, d'éducation, concernant des familles qui vivent dans des tentes.

Ils disent que ce point partiel n'est pas nouveau et concerne un groupe de résidents ruraux qui ont grandi dans l'ancien État syrien et n'ont pas changé beaucoup de leurs habitudes et idées de vie malgré la guerre et les déplacements.

Au début de la crise en 2011, le président syrien Bachar al-Assad a abordé cette question lorsqu'il a souligné le défi de la croissance démographique rapide dans le pays, qui oblige la Syrie à générer un demi-million de nouvelles opportunités d'emploi chaque année.

Ce n'est pas une question facile et se traduit pratiquement par un taux de chômage élevé qui pousse certains jeunes à adopter l'idéologie extrémiste, le crime ou la rébellion contre le régime.

Ces faits imposent des défis politiques, économiques et sociaux au Liban, ainsi qu'aux déplacés, qui commencent à se rendre compte que les accueillir au Liban s'est prolongé et ne peut pas continuer de manière ouverte. Par conséquent, le travail doit être fait de manière calme et loin des clameurs médiatiques et des insultes inutiles, afin de leur assurer un retour décent dans leur patrie, mais cela ne se fait pas isolément de l'accord politique avec les autorités syriennes. Certes, charger des responsables sécuritaires ou des ministres de cette affaire ne répond pas au besoin de coordination au plus haut niveau entre les deux pays pour créer des climats propices à ce retour.

Il est également nécessaire de former une vision libanaise unifiée pour traiter ce dossier chronique, afin qu'il ne provoque davantage de clivages sociaux ou politiques et n'exacerbe les problèmes entre la communauté locale et la communauté déplacée.

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