Une fois de plus, les exécutions assiègent les vulnérables de Qatif
Par AlAhed
Le prince héritier de l’Arabie saoudite, Mohammad Ben Salmane poursuit la persécution des droits de son peuple. Il juge qu’il a une chance à saisir pour mener les exécutions contre des dizaines d’opposants politiques à majorité de Qatif. Cette chance illustrée dans la conjoncture de confrontation avec les États-Unis sur le dossier du pétrole et Opep+, exacerbe son arrogance.
Les informations en provenance de l’Arabie saoudite évoquent un massacre qui pourrait être commis en tout instant, comme fut le cas des exécutions en début de 2022, lorsque des dizaines de détenus ont été égorgés sans aucune hésitation.
Ben Salmane semble aujourd’hui assoiffé davantage de sang; son crime a été précédé de mesures prises contre le corps judiciaire. Il a nommé une série de juges connus par leurs verdicts dures et leur obéissance aveugle à sa personne.
Il a également ordonné davantage de restrictions contre les détenus politiques, liant entre les sanctions des systèmes des crimes informatiques et du terrorisme pour garantir des châtiments dures.
Le directeur juridique de l'Organisation saoudienne européenne des droits de l'homme, l'avocat Taha Al-Hajji, confirme au site d'information AlAhed que le nombre de condamnations à mort prononcées contre des prisonniers d'opinion de Qatif a atteint 53.
Il évoque une nouvelle méthode suivie par les autorités de Ben Salmane, puisque les tribunaux ne remettent plus une copie de l'acte de jugement aux familles des prisonniers politiques, contrairement à l'étape précédente où elles en étaient informées par l'intermédiaire d'avocats sur la décision rendue le jour même. Cela montre que les jugements pour le dernier groupe de détenus n'ont pas été reçus par leurs familles. Au contraire, ils ont entendu dire que le verdict était prononcé, loin des mécanismes officiels.
Al-Hajji explique que ce changement d'approche coïncide avec les grands changements de la cour et de ses membres, suite à la nouvelle tendance de la justice saoudienne dans la gestion du dossier, notamment en termes de longues peines et d'exécutions.
Al-Hajji ajoute que récemment, il y a eu un extrémisme notable et des escalades exagérées dues uniquement aux tweets... «On s'attendait à ce que le gouvernement ait tendance à augmenter les peines pour réduire les exécutions et se contenter de peines de prison plus longues, afin d'améliorer son image dans la société occidentale, mais ce qui s'est passé est le contraire. Les lourdes peines de prison ont été augmentées et les peines de mort ont été augmentées, malgré les promesses de les annuler par Ben Salmane personnellement et de limiter les peines à celles prescrites par l'Islam, c'est-à-dire celles liées au crime de meurtre et de représailles, tout en suspendant l’égorgement, et en promulguant de lois qui limitent les peines de mort pour les mineurs (loi sur les mineurs). Cependant, ce qui se passe réellement contredit ces déclarations», a expliqué Al-Hajji.
Selon lui, des récentes condamnations à mort ont été récemment prononcées par le tribunal pénal de première instance, certaines d'entre elles ont été confirmées par la cour d'appel et d'autres par la Cour suprême à différents niveaux.
Al-Hajji exclut le fait que les autorités saoudiennes soient dissuadées de quelque manière que ce soit, contrairement à la période précédente où les États exerçaient une certaine pression, même s'il s'agissait d'une formalité. Il ajouté que s'il y aura un changement, il sera limité aux questions soulevées dans les médias et pas à toutes, ce qui signifie que d'autres affaires verront leurs décisions mises en œuvre, comme fut le cas lors des procès des mineurs Ali Al-Nemr, Moujtaba Qureiris, Daoud Al-Marhoun et Abdullah Al -Zahir, et l'attention qu'ils ont reçue en matière de droits de l'homme. Un fait qui signifie que quiconque ne bénéficie pas d'un soutien à long terme pour sa cause, l'Arabie saoudite adoptera ses décisions.
Al-Hajji considère la poursuite de la pression populaire à l'étranger comme une nécessité, affirmant que les efforts en faveur des droits de l'homme n'échoueront pas, en particulier à la lumière de l'énorme somme d'argent que l'Arabie saoudite paie pour améliorer son image, comme dans le domaine du sport, de l'économie, du divertissement et de l'art.
De sa position d'avocat qui a connu de près les tribunaux saoudiens et leurs iniquités, Al-Hajji note que le manque de transparence est la caractéristique la plus importante du style du royaume, et ajoute : Nous sommes confrontés à un État dictatorial qui poursuit le secret dans le dossier des exécutions et crée une atmosphère de peur pour empêcher les familles des détenus de parler et de soulever la question, contrairement à l'étape précédente où on pouvait écrire sur les groupes Twitter et WhatsApp et exprimer ce à quoi on est exposé.
Al-Hajji fait également référence aux difficultés rencontrées par les organisations de défense des droits de l'homme, les militants et les partisans des prisonniers d'opinion, avec la difficulté d'obtenir des informations sur les procès des prisonniers politiques, ni par les médias officiels, ni par les familles ou la société civile en raison de l'atmosphère de terreur. Il souligne que les personnes concernées sont informées des jugements rendus après une longue période et parfois par hasard, de sorte que certaines familles ne reçoivent aucune nouvelle.