Evénements d’Iran: les larmes de crocodiles de l’Occident hypocrite
Par Samer Zoughaib
«L’Occident collectif», comme l’appelle le président russe Vladimir Poutine, a encore une fois montré l’étendue de son hypocrisie à l’occasion des événements qui ont eu lieu en Iran après le décès de Mahsa Amini.
Les déclarations et les communiqués exprimant la «solidarité» avec le peuple iranien et soulignant son droit «à la libre expression» ont commencé à pleuvoir de toutes les capitales occidentales, utilisant les mêmes mots et expressions, comme s’ils avaient été écrits par une seule et même personne, et donnés en consigne pour diffusion massive à une machine médiatique centralisée et tentaculaire.
Ces larmes de crocodiles versées pour le peuple iranien ne font pas oublier que ce même Occident est resté insensible aux souffrances que ses sanctions, qui durent maintenant depuis quatre décennies, font subir à la population de la République islamique, uniquement pour la punir de son choix de renverser, en 1979, le régime du Chah et de construire un Etat véritablement indépendant dans ses choix internes et sa politique étrangère.
Les pays occidentaux n’ont fait preuve d’aucune crise de conscience lorsqu’ils ont encouragé Saddam Hussein à attaquer l’Iran et lui ont fourni les armes et les munitions nécessaires pour poursuivre cette guerre pendant huit ans, au cours de laquelle ils ont fermé les yeux sur son utilisation d’armes chimiques sur les fronts et de missiles balistiques contre les villes iraniennes, faisant des milliers de morts civils.
L’Occident, qui s’érige en protecteur des grandes valeurs humaines et s’autoproclame gardien de la moralité, est le premier à fouler du pied tout ce qu’il prétend défendre et promouvoir.
L’Occident est resté silencieux quand «Israël» a assassiné Shirine Abou Akleh
Ses élites dirigeantes et ses médias à la solde de l’establishment serinent inlassablement les principes d’honnêteté et d’objectivité. Toutefois, ils amplifient les événements qui servent leurs agendas politiques et occultent ceux qui les desservent. Ils montrent en boucle les images des manifestations de colère après la mort de Mahsa Amini mais occultent les rassemblements monstres dans des dizaines de villes iraniennes en soutien au gouvernement.
L’Occident se permet une nouvelle fois d’user de doubles standards sans aucun scrupule. Il a mobilisé toutes ses ressources diplomatiques, politiques et médiatiques pour instrumentaliser le décès de Mahsa Amini sans attendre les résultats de l’autopsie. Mais il a fermé les yeux et avalé la langue lorsque l’armée israélienne a assassiné en direct devant les caméras la journaliste palestinienne Shirine Abou Akleh, le 11 mai dernier. Ces médias et ces journalistes bien-pensants se sont empressés de diffuser la version «israélienne» et de souligner la nécessité d’attendre les conclusions de l’enquête avant de lancer des accusations.
L’Occident use aussi de principes à géométrie variable en s’autorisant ce qu’il interdit aux autres, c’est-à-dire l’ingérence dans les affaires internes d’un Etat souverain. Car, en fin de compte, le port du voile est une question qui ne regarde que les Iraniens. C’est à eux, et seulement à eux, de décider de leurs lois, de leur mode de vie, de leurs traditions et de leur culture.
La faillite morale de l’Occident ne lui permet pas de donner des leçons en démocratie et en liberté d’expression au reste du monde, et encore moins à l’Iran, qui est un pays où tous les responsables, y compris le leader de la Révolution, sont choisis au suffrage universel direct ou indirect. On ne peut pas en dire autant du roi Charles III du Royaume-Uni, installé sur le trône par sa seule filiation, sans que les Britanniques ne soient consultés.
Cet Occident n’est pas habilité à parler de «répression», ou de «brutalités policières». C’est dans le sang que les forces de l’ordre françaises ont réprimé, à partir de 2018, et pendant trois ans, la révolte sociale des gilets jaunes, au prix de dizaines d’éborgnés et de centaines de blessés.
C’est aussi sous les matraques et les sabots des chevaux que la police américaine a réprimé le mouvement «Occupy Wall Street», à partir de 2011. C’était pourtant un mouvement pacifiste, qui exigeait plus de justice sociale.
L’hystérie collective dirigée contre l’Iran est en réalité due non pas à la nature de son gouvernement mais à ses choix politiques: sa ferme détermination à protéger l’indépendance du pays et son soutien sans faille à la cause palestinien. Si les dirigeants iraniens acceptent d’abandonner ces deux principes, ils deviendront fréquentables aux yeux des Occidentaux. Mais cela ne se produira jamais.