Discours à l’occasion du 40ième de l’imam Hussein
Au nom de Dieu
Chers frères et sœurs, d’abord, je demande à Dieu que vos peines soient allégées à l’occasion de cette triste commémoration. Votre présence massive à cette commémoration, vous qui êtes sortis au petit matin de chez vous et avez marché sous le soleil, pour arriver sur ce lieu est en elle-même un acte de foi.
Dans le temps, l’imam Jaafar al Sadeq était devant nous et il regardait vers les générations à venir, vers les visiteurs d’Al Hussein et il demandait à Dieu, des larmes dans la voix d’accueillir tous ces visages changés par les rayons du soleil dans sa grande miséricorde. Aujourd’hui, chers frères et sœurs, vous êtes inclus dans les vœux et les prières de cet imam.
Parmi les grandes leçons à tirer de cette commémoration, nous devons nous rappeler des positions de l’imam Sajjad dans la grande mosquée de Damas et celles de sayyeda Zeinab. Elles disent que le croyant ne peut pas se rendre, quelles que soient les circonstances, les difficultés et les drames. Il ne peut faiblir, ni renoncer, il ne peut pas montrer le moindre signe de désespoir, car il regarde avec confiance les promesses de Dieu Tout Puissant. C’est ainsi qu’était sayida Zeinab qui était un des orateurs du convoi des peines. Elle a tenu des propos qui émeuvent les montagnes et elle a clairement et courageusement dénoncé les méfaits de Yazid, tout en multipliant les promesses et les menaces. Mais je voudrais m’arrêter sur les dernières phrases, pleines d’espoir, de confiance et d’espoir dans l’avenir, ainsi qu’une certitude de la victoire et de la défaite du projet de Yazid. (…) C’est ce que nous a appris sayida Zeinab en des jours comme ceux-ci où il n’y a pas de place pour la faiblesse, le découragement, la reddition, l’acceptation de l’humiliation et le recul. Au contraire, il s’agit d’aller de l’avant, d’attendre l’espoir à venir et d’être confiant dans l’avenir promis par Dieu Tout-Puissant.
Aujourd’hui nous voyons se concrétiser une des paroles de sayida Zeinab autour de laquelle il y avait peu de monde. Aujourd’hui, regardez la marche du 40 ième en Irak, on parle de 20 millions de visiteurs en quelques jours , 5 millions venus de l’extérieur de l’Irak, plus de 20 millions de personnes qui marchent vers Al Hussein, des centaines de milliers d’entre elles ( au moins des centaines de milliers) ont marché des milliers de kilomètres à partir de la mer, du Golfe, des côtes de Bassorah jusqu’à Karbala, brandissant des banderoles sur lesquelles est écrit : de la mer vers Al Hussein. Au moins 20 millions de personnes , dont la plupart a marché de Najaf à Karbala, par cette forte chaleur, les températures sont entre 40 et 50 degrés et parfois plus ( nous sommes en contact avec les visiteurs et ils nous disent cela) et ils se dirigent vers le mausolée dédié à l’imam Hussein… Plus de 20 millions de personnes sont venues à leurs propres frais pour visiter ce mausolée. C’est un phénomène exceptionnel. Certaines économisent depuis des années pour pouvoir accomplir ce pèlerinage… Cette visite n’est pas destinée au tourisme ou au repos… Ce sont plus de 20 millions de cœurs qui sont remplis d’amour et de dévotion… Dans le monde entier on ne voit pas une telle foule venue commémorer le souvenir de l’assassinat d’un homme qui a eu lieu il y a 1400 ans, qui refont sa marche dans le désert, revivent sa soif et ses souffrances, c’est véritablement un miracle. Le peuple irakien si accueillant et généreux leur fournit de l’aide dans leur marche de Najaf à Karbala. Il leur donne de l’eau, les services nécessaires et assure leur protection. Imaginez un peu qu’il s’agit de gérer l’arrivée de 20 millions de personnes ! Et les gens se dévouent pour les aider dans ce pèlerinage… toutes les tentatives qui ont eu lieu dans le passé pour empêcher cette marche ont échoué, ni l’intimidation, ni les craintes en parlant de voitures piégées ou d’incidents sécuritaires, rien n’a pu empêcher les pèlerins de venir massivement participer à cette marche. Même s’ils essaient de déformer cette marche, de discréditer les pèlerins et les croyants, elle reste un phénomène exceptionnel.
En cette occasion, il est de notre devoir, à partir du Liban, de remercier le peuple irakien et les responsables, officiels, populaires, civils, les autorités religieuses, pour leur générosité dans l’accueil des visiteurs d’Al Hussein. Nous voulons aussi remercier les visiteurs eux-mêmes qui sont venus dit-on de 80 Etats différents. Je dois aussi vous remercier à vous, mes frères et sœurs qui participent à cette marche, à ceux qui l’ont organisée et en ont assumé toute la responsabilité, avec modestie et générosité. Cela agrandit le cœur de voir ces convois qui se font l’écho du sang versé à Karbala.
Permettez-moi d’évoquer rapidement certains sujets car je ne souhaite pas être long. En même temps, je vais évoquer certains événements inspirés par l’injustice et la résistance qui se sont déroulés pendant le mois de septembre.
Le premier événement ce sont les massacres de Sabra et Chatila, les 16, 17, 18 septembre 1982. Pendant ces trois jours un massacre horrible a eu lieu dans les camps de Sabra et Chatila et dans les quartiers voisins de ces camps. Ce massacre et c’est connu de tout le monde a été parrainé et encouragé par l’ennemi israélien qui y a même participé. Mais les principaux acteurs de ce massacre appartiennent à des parties libanaises connues qui ont coopéré et étaient alliées à l’ennemi, militairement, sécuritairement et politiquement lors de l’invasion de 1982. Je vais évoquer ce massacre en quelques lignes, juste pour que l’on s’en souvienne et qu’on en tire les leçons nécessaires. Donc ce massacre a causé la mort de 1900 martyrs libanais, je le dis car beaucoup croient que seuls des Palestiniens ont été tués. Certes, sur le plan humain, il n’y a aucune différence entre le Palestinien et le Libanais. Mais il faut savoir que dans ce massacre il y a eu 1900 martyrs libanais et près de 3500 martyrs palestiniens. Il y a eu aussi entre 300 et 500 disparus, dont les corps n’ont pas été retrouvés. On ne sait pas s’ils ont été tués ou non s’ils ont été enlevés puis jetés à la Quarantaine avec de l’acide ou encore s’ils ont été remis aux Israéliens. Il y a donc entre 300 et 500 disparus dont on ne connait pas le sort depuis 40 ans. Lorsque nous parlons des massacres commis depuis l’émergence de l’entité sionistes, c’est-à-dire à partir de 1946, 1947 et 1948, il se peut que le massacre de Sabra et Chatila soit le plus grave et le plus horrible dans l’histoire du conflit israélo-arabe. La grande majorité de ceux qui ont été tués étaient des civils, des femmes et des enfants pour la plupart, car les combattants étaient partis. Les femmes et les enfants ont été tués dans leurs maisons, sur les routes. Ils ont été postés devant les murs puis liquidés. L’affaire est passée. Ceux qui parlent aujourd’hui d’impunité devrait se rappeler que le plus grand massacre accompli par des parties libanaises qui ont collaboré avec l’ennemi israélien n’a jamais été puni. En 3 jours seulement, 1900 martyrs libanais et 3500 martyrs palestiniens en plus de 300 à 500 disparus sont tombés. Les cadavres sont restés dans la rue pendant des jours car nul n’osait s’approcher des camps. Ce sont des faits. Malgré cela, certains disent depuis un, deux et trois ans : « Ils ne nous ressemblent pas, Ils ne ressemblent pas au Liban… » Nous avons déjà parlé de cela et c’est fini. Nous ne leur ressemblons pas et ils ne nous ressemblent pas, grâce à Dieu.
Mais depuis quelque temps, une nouvelle phrase est lancée : Notre Liban et le leur ! Je leur dis aujourd’hui : Voilà un peu de votre Liban. C’est un peu de ce que vos mains ont fait. C’est votre image véritable. A chaque occasion, ils parlent de « la culture de la vie et celle de la mort ». Qui est la culture de la vie et qui est celle de la mort ? La culture de la mort, ce sont ceux qui ont commis les massacres de Sabra et Chatila et la culture de la vie ce sont ceux qui ont libéré le Sud, sont entrés dans la bande frontalière et n’ont pas tué une poule ! C’est cela la culture de la vie, celle de la dignité et de l’honneur. Ils sont entrés dans la bande frontalière et n’ont pas commis le moindre acte de vengeance. Eux disaient pour justifier les massacres de Sabra et Chatila qu’ils ont été faits par riposte à l’assassinat du président Bachir Gemayel.
C’est votre Liban. Je ne vais pas m’attarder sur cela, mais c’est une partie du paysage actuel.
De même, en septembre, il y a aussi le massacre du 13 septembre 1993. Ce massacre nous a ciblés, nous seulement. Dix martyrs, dont deux sœurs, y sont tombés et il y a eu 40 blessés atteints à la tête et à la poitrine, avec l’intention claire de tuer. Quel était donc le crime qu’ils ont accompli en participant à une manifestation contre les accords d’Oslo organisée à Ghobeiry devant le pont de l’aéroport le 13 septembre 1993 ? Ils faisaient partie du nombre réduit de personnes dans le monde arabe et islamique qui ont critiqué les accords d’Oslo qui ont amené le monde arabe là où il se trouve aujourd’hui.
Aujourd’hui, le peuple palestinien et un grand nombre de ceux qui ont fabriqué Oslo, ont participé aux accords et les ont appuyés, où sont-ils maintenant ?
Aujourd’hui, le peuple palestinien dans sa grande majorité, à Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem, à l’intérieur et dans la diaspora, est désormais convaincu que cette voie n’aboutit nulle part et qu’Oslo est tombé. Le seul choix qui reste devant les Palestiniens est la résistance, cette résistance qui a réussi à libérer Gaza, aussi un jour de septembre, le 12 septembre 2005 précisément.
Entre le massacre de Sabra et Chatila et les choix palestiniens à Oslo, vous savez que l’OLP avait obtenu des garanties onusiennes et internationales que les civils dans les camps ne seraient pas la cible de tueries et de vengeance.
Les garanties américaines n’ont pas protégé les Palestiniens à Sabra et Chatila et elles n’ont pas protégé les Palestiniens même lorsqu’ils ont pris le chemin d’Oslo et là aussi nous pouvons donner des preuves contemporaines, et non relevant de l’Histoire comme c’est généralement le cas. Par exemple, l’incident d’Al Mokhtar al Thakafi et ceux qui étaient avec lui. Ils ont déposé leurs armes en toute confiance et en un seul jour, ils ont été égorgés. 7000 combattants ont été égorgés en un seul jour comme des moutons. C’est ce qui arrive lorsque les combattants s’en vont et font confiance aux garanties de l’ennemi, remettant le sort de leurs hommes, leurs femmes et leurs enfants et même celui de leurs bébés encore dans le ventre de leurs mères. Cela s’est passé dans un grand nombre de massacres perpétrés en Palestine.
Cela fait partie des leçons à tirer de ces souvenirs et de ces occasions. C’est pourquoi nous voyons que le choix de Gaza est le bon. Nous voyons aussi aujourd’hui que la Cisjordanie terrorise l’ennemi au point qu’il a dû y envoyer des renforts en grand nombre, notamment dans ses localités. Le problème c’est que, de son propre aveu, l’ennemi n’affronte pas aujourd’hui des organisations, mais une génération de jeunes. Quels jeunes ? Ceux sur lesquels ils avaient misé en croyant qu’ils allaient oublier, la génération de l’internet et des réseaux sociaux en croyant qu’ils feraient partie d’un autre monde. Or, cette nouvelle génération de Palestiniens qui ont aujourd’hui 18, 19, 20, 21 ou 22 ans, généralement n’appartiennent pas à des organisations et ils ont décidé de se battre. C’est ce qui épuise l’ennemi. Ils achètent les armes avec leur propre argent, gagné à la sueur de leur front et ils vont exécuter des opérations avec courage et audace.
Aujourd’hui en ce jour du 40 ième d’al Hussein, le jour de la résistance, de la détermination, du martyre et de l’héroïsme, à partir de Baalbeck, de ce lieu honorable, nous nous adressons aux jeunes palestiniens et en particulier aux jeunes de Cisjordanie pour leur exprimer notre immense respect, notre admiration devant leur attachement à leur cause, devant leur courage, leur esprit de martyr, leur refus de l’humiliation, leur foi, leur présence sur le terrain et nous leur disons que tous les êtres nobles, tous les résistants dans le monde, tous les opprimés et les fils du peuple palestinien les regardent et mettent leurs espoirs en eux.
Toujours dans le cadre du dossier palestinien, et il ne s’agit pas d’un fait qui remonte dans le passé, au contraire il date de quelques jours, le communiqué publié récemment par les frères au Hamas au sujet du rétablissement de leurs relations avec la République arabe syrienne et l’hommage justifié qui a été rendu à celle-ci concernant le rôle de la Syrie dans l’appui et l’accueil des organisations palestiniennes et le soutien à cette cause, il s’agit d’une position très avancée. Nous devons exprimer notre appui à ce communiqué et notre soutien à cette position. Dans des rencontres privées, je leur avais dit : beaucoup ne comprennent pas votre position au cours des dix dernières années. La cause palestinienne doit prévaloir, ainsi que la confrontation avec l’ennemi sioniste. La République arabe syrienne, dans son commandement, son armée et son peuple, qui a toujours été un soutien à la cause palestinienne depuis la naissance de cette entité injuste en 1948, il faut donc rétablir et renforcer les relations avec elle. D’ailleurs, la Syrie continue à subir le contrecoup de sa position d’appui à la cause palestinienne, les agressions israéliennes contre elle le montrent et elles sont dues à son appui à la cause palestinienne.
Il s’agit donc d’une position juste et importante. Nous avons besoin aujourd’hui, dans notre région, d’unifier toutes les forces de la résistance et que l’axe de la résistance, qu’il s’agisse d’Etats, de gouvernements, de forces, de peuples, d’hommes, de femmes, de fusils, devienne de plus en plus ancré dans notre conscience. Dans ce contexte, la Syrie se tient aux côtés de la République islamique d’Iran dans une position avancée et cet axe représente le seul espoir pour que les Libanais, les Syriens et les Palestiniens retrouvent leur terre, leurs symboles sacrés et profitent de leurs ressources, qu’il s’agisse de pétrole ou de gaz, au lieu d’avoir à mendier. Ils peuvent donc en profiter tout en étant en position de force, tout en étant dignes. Et cela ne peut se faire qu’à travers les bras serrés et forts.
Je vais maintenant parler rapidement de certaines questions libanaises.
D’abord, la délimitation des frontières maritimes et l’extraction du pétrole et du gaz. Depuis le début, nous avons expliqué notre position. Il n’est pas besoin de la répéter. Le Liban est devant une occasion en or et historique qui ne se répètera pas. C’est notre chance unique de pouvoir extraire le pétrole et le gaz afin de traiter sa crise économique, financière, monétaire et sociale. Les tiraillements que vous voyez au Parlement sont dûs à la crise et comme le dit le proverbe, la disette crée les conflits.
Dans ce contexte, les responsables sionistes ont déclaré que l’extraction du champ de Karish commencera en septembre et c’est pourquoi nous avons parlé de septembre. Ils ont annoncé que cela a été reporté. C’est bien. Quelle que soit la raison du report, technique, sécuritaire, politique ou autre, cela est peu important pour nous. Ce qui compte c’est qu’il n’y ait pas d’extraction à partir du champ de Karish qui est controversé jusqu’à ce que les frontières maritimes soient délimitées et que le Liban obtienne toutes ses revendications justifiées.
Que cela se passe en septembre ou après, il n’y a pas de problème. Pour nous l’équation est la suivante : la ligne rouge c’est le début de l’extraction du gaz et du pétrole du champ de Karish. Au cours des deux derniers jours, des informations ont circulé sur le début d’une extraction expérimentale, en guise d’essai. Nous avons aussitôt envoyé un message très fort, loin des médias. Nous avons dit si l’extraction commence, il y aura un problème. Il y a eu alors une explication publique de la part des Israéliens dans laquelle ils ont précisé qu’il ne s’agit pas d’extraction de gaz ou de pétrole vers le littoral, mais au contraire de la préparation des conduits pour le jour où l’extraction commencera.
J’en profite pour reconfirmer l’équation. Nous ne permettrons pas l’extraction du gaz et du pétrole à partir du champ de Karish controversé avant que le Liban n’obtienne ses revendications justes et je le répète, ce n’est pas nous qui les avons fixées, ce n’est pas nous qui avons dessiné la ligne 23 et ce n’est pas nous qui avons parlé du champ de Cana. Nous n’intervenons pas dans les revendications, c’est le rôle de l’Etat libanais.
Dans les premiers jours qui ont suivi l’ouverture de ce dossier, nous nous sommes exprimés et notre ton était élevé. Pour montrer notre sérieux, nous avons envoyé des drones. Vous vous souvenez de cette époque. Lorsque les négociations sérieuses ont commencé, nous nous sommes calmés. Cela fait plusieurs semaines que nous ne menaçons pas . Au cours de mes deux derniers discours à Janta et à l’occasion des 40 printemps, je n’ai pas menacé et je n’ai pas élevé la voix. Je n’ai rien dit de nouveau et j’ai déclaré que notre position est la même. Pourquoi étions-nous calmes au cours des dernières semaines, nous n’avons pas envoyé de drones ni accompli le moindre mouvement en direction de l’ennemi ? Parce que nous voulions donner une chance réelle aux négociations. Nous estimions que les négociations dans un climat calme peuvent donner un bon résultat. Les menaces qui ont déjà été proférées sont suffisantes et il se peut que de nouvelles entravent le cours des négociations et en définitive, nous voulons manger du raisin et que le Liban puisse extraire son pétrole et son gaz. Cela en toute franchise. Nous ne cherchons pas à créer un problème. C’est pourquoi j’ai dit que ce dossier n’est lié à aucun autre. Je voudrais préciser aujourd’hui aux leaders ennemis que si nous n’avons pas élevé la voix, ni menacé au cours des dernières semaines c’est pour cette raison. Et pas dut tout parce que les menaces ennemies nous ont fait peur, sachant que celles-ci se sont multipliées au cours des derniers temps. Il n’est pas resté un seul responsable ennemi qui ne nous a pas menacés. Que ce soit clair, tout cela ne nous fait absolument pas peur. Cela ne nous fait pas trembler et ne fait pas frémir un seul cheveu sur notre crâne ni un poil dans notre barbe. En ce qui nous concerne, nous ne faisons pas partie des négociations, nous suivons ce que fait l’Etat libanais, nos yeux et nos informations sont fixés sur Karish, nos yeux sont sur Karish, nos missiles y sont pointés. Je ne veux pas en dire plus. Il n'est pas besoin de le faire aujourd’hui. Il n’est pas besoin de proférer de nouvelles menaces ni d’élever la voix. Je crois que les Israéliens, les Américains et les Européens ont des données suffisantes sur le sérieux de la position de la résistance. Il ne s’agit pas d’une guerre psychologique. Nous ne plaisantons pas à ce sujet. Ils peuvent prolonger le temps pour donner plus de chances aux négociations. Nous sommes patients et nous donnons une chance aux négociations. Nous espérons qu’elles aboutiront inchallah.
Les choses sont calmes et les gens devraient se calmer aussi, car on m’a dit qu’ils sont tendus. Nous attendons tant que les négociations sont en cours et que l’extraction n’a pas commencé à partir de Karish. Il reste encore du temps pour les solutions, loin de la confrontation. Mais si celle-ci est imposée, nous la ferons immanquablement.
Le second sujet que je veux évoquer est celui de la FINUL. D’après moi, la dernière décision du Conseil de sécurité au sujet de la FINUL est une agression et un dépassement de la souveraineté libanaise ; C’est un des signes de l’affaiblissement de l’Etat libanais et de son absence dans certains sujets très dangereux et importants. Il s’agit en effet d’une question très dangereuse, aux conséquences très dangereuses. Il s’agit d’un piège que les Israéliens essayent de poser au Liban depuis de longues années. Cette fois, le Liban est tombé dans le piège, chacun des responsables rejette la responsabilité sur l’autre, les principaux responsables disent qu’ils ne sont pas au courant. Ils demandent même : Sérieusement, une telle décision a été prise par le Conseil de sécurité ?... Je l’ai dit, c’est un des signes du vieillissement de l’Etat. En tout cas nous suivons ce dossier et je le dis franchement, jusqu’à présent, je n’ai pas pu savoir qui est responsable. En tout cas, le Liban qui a fait cela est soit ignare, soit un comploteur, car cette résolution ouvre la voie devant de grands dangers dans la région au Sud du Litani. Nous avons entendu des positions très élevées de la part de responsables religieux, laïcs et politiques contre cette résolution et elles étaient justifiées car ces positions montrent que les personnalités qui les profèrent sont conscientes des dangers que comporte tout changement dans la mission de la FINUL. Cela a d’ailleurs poussé le commandement de la FINUL à prendre conscience des risques que comporte ce changement et il a publié un communiqué dans lequel il a conservé son droit au changement de sa mission, tout en précisant que la force internationale n’agira qu’en coordination avec l’armée libanaise, dans la zone située au sud du Litani. C’est un bon communiqué et nous appelons la FINUL à rester sur cette position, car cela limitera les risques d’incidents. Mais si la FINUL veut agir sans coordination avec l’armée dans cette zone, cela pourrait l’entraîner vers une situation qui n’est pas dans son intérêt ni dans celui du Liban. Nous encourageons la FINUL à tenir l’engagement qu’elle a pris dans son dernier communiqué pour éviter des pièges que préparent certains pour nous tous et pour le Liban.
Au sujet du gouvernement, nous espérons tous que le chef de l’Etat et le Premier ministre désigné parviennent à former un gouvernement dans un proche avenir si Dieu le veut. Je peux vous le dire aujourd’hui, nous avons de grands espoirs à ce sujet. Il faut forcément qu’un nouveau gouvernement soit formé. Il n’est pas permis que nous arrivions à Dieu ne plaise, à une situation de vacance présidentielle avec un gouvernement d’expédition des affaires courantes et que le pays soit plongé dans un conflit constitutionnel qui le divise au sujet des prérogatives du gouvernement démissionnaire. Cela nous entraînera dans une sorte de chaos. La grande responsabilité aujourd’hui exige de chacun de faire des concessions. Il y a donc un effort sincère et sérieux pour former un gouvernement avant l’échéance présidentielle et si possible au cours des prochains jours.
Au sujet de la présidence, nous confirmons l’importance de tenir l’élection présidentielle à la date constitutionnelle. Nous entendons beaucoup de menaces , de promesses de défi etc. Il y a aussi des appels à s’entendre sur un nom pour la présidence. Nous appuyons ces appels. Nous appuyons aussi les rencontres de dialogue à ce sujet, loin de tout défi et de vétos. En définitive, il faut que le nouveau président bénéficie de la plus large assise possible politique, parlementaire et populaire, pour qu’il puisse remplir son rôle juridique et constitutionnel.
Au sujet des banques, je dis à l’Etat que le traitement sécuritaire ne suffit pas. Ce qui s’est passé hier et ces quelques jours devrait pousser les responsables à former une cellule de crise réelle, une cellule d’urgence composée de responsables au sein de l’Etat, à la Banque centrale, à l’association des banques et des représentants des déposants pour trouver de vraies solutions. Les traitements sécuritaires ne suffisent pas. Cette question est pressante et elle pèse sur les gens, indépendamment des questions qu’elle soulève, il n’en reste pas moins qu’elle est due à une véritable souffrance populaire.
Au sujet du fuel iranien dont nous avions parlé, les frères au sein de la République islamique ont promis d’aider le Liban dans le domaine de l’énergie électrique. D’ici quelques jours, une délégation libanaise se rendra en Iran. Certes, l’affaire a été retardée de quelques semaines, il y a des raisons pour cela dont nous parlerons ultérieurement, des raisons libanaises… Depuis le premier jour, les frères au sein de la République islamique ont exprimé leur disposition à aider le peuple et le gouvernement libanais. Il y a des circonstances libanaises dont nous parlerons plus tard, car ce qui compte aujourd’hui, c’est de manger du raisin… Ce à quoi nous aspirons aujourd’hui, c’est que le Liban puisse recevoir de l’aide pour pouvoir assurer de l’électricité à chaque maison et dans toutes les régions sans distinction. En tout cas, nous n’allons pas devancer les événements. Le principe de l’aide est une promesse réelle, la délégation du ministère de l’Energie se rendra en Iran et elle discutera les détails, les quantités, les conditions et les particularités. D’ici quelques jours, les choses seront plus claires, inchallah.
En tout état de cause, nous devons au Liban faire face à tous ces défis internes et aux conditions régionales difficiles et dures. Mais nous tirons notre endurance du quarantième d’Al Hussein, de Achoura et de cette expérience. C’est en elle que nous puisons notre patience, notre détermination, notre volonté, notre confiance et notre espoir. Je voudrais terminer par l’espoir, quelles que soient les difficultés que nous traversons tous, au Liban et dans la région, les peuples et les gouvernements au Liban, en Syrie, en Palestine, en Irak, au Yémen, en Iran et à Bahrein et dans tous les pays de la région, nous devons garder l’espoir et maintenir notre confiance en Dieu Tout Puissant. Nous devons nous tenir debout et faire face. Nous ne pouvons pas nous rendre et au final, nous ne trouverons que la victoire. La force, la détermination, la sincérité et la fidélité de nos peuples finiront par s’imposer face aux tyrans et aux occupants dans notre région.
Paix à vous, seigneur et à vous mon chef Abou Abdallah nous vous resterons fidèles jusqu’à notre dernier souffle, jour et nuit et tout le temps…