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Discours du secrétaire général du Hezbollah après les élections législatives

Discours du secrétaire général du Hezbollah après les élections législatives
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Au nom de Dieu

Mon discours ce soir est consacré aux élections législatives. Certains dossiers sont donc reportés, d’autres exigent un peu plus de réflexion, mais certaines choses doivent être dites ce soir.

Pour établir mon programme, je voudrais rappeler que jusqu’au 15 mai, nous étions occupés par les élections. Mais il y a eu ainsi la commémoration de la nakba, dont la Palestine, le Liban, la Syrie, la Jordanie, l’Egypte, tous les pays qui entourent la Palestine subissent les conséquences. Il y a eu aussi le souvenir de l’accord maudit du 17 mai et bientôt nous aurons la fête de la libération et entre les deux, il y a le souvenir de l’assassinat du grand chef jihadiste Moustafa Badreddine (sayed Zoulfikar). Je m’exprimerai à cette occasion vendredi, puis le 25 mai. Mais pour ne pas vous fatiguer, nous vous avons trop sollicités ces temps-ci, nous nous contenterons de célébrations limitées.

Aujourd’hui, je voudrais donc me concentrer sur les élections législatives.

D’abord, je voudrais vous remercier, remercier tous ceux qui ont participé aux élections et en particulier ceux qui ont donné leurs voix à la résistance, à ses alliés et à ses amis, dans toutes les circonscriptions. Je voudrais remercier spécialement les familles des martyrs, les pères, les mères, les épouses, les enfants, les frères et sœurs. Nous avons vu sur les petits écrans, une présence considérable des mères des martyrs. Je voudrais les remercier spécialement pour leur participation aux meetings et aux élections, pour les mots sincères et touchants qu’elles ont prononcés. Tant de loyauté, de sincérité et de fidélité, c’est extraordinaire. On avait l’impression qu’elles portaient le sang de leurs fils martyrs vers les urnes. Ces images sont incroyables ! Je voudrais aussi remercier particulièrement les blessés. Nous en avons plusieurs devant les urnes, sur un fauteuil roulant, amputés, aveugles, paralysés, sans que leurs handicaps ne les empêchent de voter. Ils ont considéré que cette bataille est comme celle dans laquelle ils avaient été blessés. Il me faut encore remercier les personnes âgées, hommes et femmes, qui auraient pu ne pas se déplacer. Même chose pour les malades, dont certains sont venus sur un brancard pour exprimer leur opinion. Certains peuvent dire que ce sont les machines électorales qui ont amené tous ces gens pour qu’ils votent. Mais nous les avons entendus s’exprimer avec conviction et enthousiasme. Je voudrais remercier aussi les ulémas, les cheikhs, les élèves des écoles religieuses qui étaient cette année, présents en force devant les urnes. Ils ont voulu adresser un message particulier surtout suite à certaines polémiques dans le pays. Enfin, je dois remercier toutes les machines électorales du Hezbollah, la centrale et celles des régions, dans lesquelles des dizaines de milliers de jeunes ont travaillé depuis des mois, en tant que volontaires, avec efficacité, sérieux et conviction. Merci donc à tout le monde, à tous les hommes et à toutes les femmes qui sont venus voter et exprimer ainsi leurs convictions et confirmer leurs options. Les mots ne suffisent pas à exprimer notre émotion face à votre fidélité, ni à décrire l’importance de ce que vous avez dit devant les urnes. Notamment certaines dames âgées qui dès que les caméras s’approchaient d’elles demandaient : si je parle, le sayed va m’entendre ?...Je voudrais leur dire aujourd’hui : oui, j’ai tout entendu. J’ai vu vos visages et j’ai senti votre amour, votre chaleur, votre sincérité. J’ai regardé vos mains et vos doigts levés et je ne trouve pas de mots suffisants pour vous remercier. C’est une grâce de Dieu que le Liban et la résistance aient des gens comme vous ! Vous êtes les personnes les plus pures, les plus nobles et les plus généreuses. Je dois conclure les remerciements en ayant une attention particulière pour les chefs, les cadres et les moujahidins de la résistance islamique, qui étaient tout au long de la journée de dimanche mobilisés, en é »tat d’alerte, se relayant certains pour aller voter alors que les autres montaient la garde. En cette journée de dimanche, ils accomplissaient une double mission : La première consistait à surveiller et à protéger la main sur le fusil et la seconde, la participation à l’opération politique, la main dans l’urne. Nous devons aussi remercier toutes les parties officielles, responsables de ce scrutin. En tête le président de la République, le Président du Conseil et les ministères concernés, l’Intérieur, les Affaires étrangères, la Justice, l’Education et d’autres… J’ai peur d’en oublier, les administrations concernées, les fonctionnaires, l’armée, les forces de sécurité, les magistrats… Je les remercie tous d’autant qu’au cours des derniers jours, il y a eu des polémiques, certaines parties voulant boycotter, faire la grève entraînant ainsi un arrêt de l’opération électorale, d’autres participer… Heureusement, tout s’est finalement bien passé, Dieu merci.

Toujours dans le registre des remerciements, nous sommes aujourd’hui à la veille d’une nouvelle étape, je voudrais donc remercier deux chers frères qui, dans quelques jours, deviendront des ex-députés au sein du bloc de la résistance. Il s’agit de Nawaf Moussawi et Walid Succarié, qui sont restés dans le bloc de la résistance pendant plusieurs mandats successifs et ils avaient eu une présence importante en tant que législateurs, dans les commissions, dans les médias, dans les relations publiques et même sur le terrain. J’espère que nous pourrons profiter de leurs capacités dans d’autres positions, toujours dans le cadre de ce parcours.  

Je dois aussi remercier le frère Anouar Jomaa qui a passé 4 ans au sein du bloc de la résistance au cours desquelles il a servi les gens et la résistance.

Nous devons aussi souhaiter la bienvenue aux nouveaux députés, ceux qui ont intégré le bloc de la résistance, les chers frères Yanal al Solh, Melhem al Hojeyri, Raëd Berro et Rami Abou Hamdane. Ainsi, le bloc de la résistance s’est complété et il sera à votre service, à celui de la résistance et du pays au cours des 4 prochaines années. Nous leur souhaitons de réussir dans leur mission et d’être à la hauteur des espoirs et de la confiance de ce public fidèle et loyal.

Après les remerciements et les souhaits de bienvenue et de réussite, je voudrais procéder à certaines évaluations, notamment celui de la présence massive, non seulement le jour des élections, mais aussi lors des trois meetings électoraux, au Sud, dans la banlieue sud et dans la Békaa. Je voudrais aussi évaluer les importants résultats enregistrés par les listes de «l’espoir et de la fidélité» qui indiquent ce qui suit :

L’attachement à la résistance et à ses armes, parce que c’est le principal titre de ces listes.

L’attachement à l’équation en or : armée-peuple-résistance.

L’attachement à l’Etat juste et capable, aux réformes, à la paix civile, à la vie en commun, au partenariat et à la coopération.

L’attachement à la priorité de traiter les crises économique, quotidienne et de développement.

Ce sont les principaux titres communs pour lesquels ce public a voté dans les élections. Mais il a surtout voté pour la résistance et ses armes, car il s’agissait  du principal sujet de provocation et de défi. Ce public a donc donné à cet égard un message fort. Et je lui dis aujourd’hui en toute franchise, et en toute confiance : je vous remercie pour ce que vous avez fait. Vous avez assuré un filet de sécurité politique, parlementaire et populaire à la résistance et à ses armes, face aux attaques claires dont elle était la cible.

Cette présence massive arrive après trois ans d’incitation quotidienne et directe contre la résistance. Mais l’histoire avait commencé avant. Mais plus spécifiquement depuis 2019 jusqu’aux élections, il y avait une incitation quotidienne et un ciblage continu à travers les médias et les armées électroniques sur les réseaux sociaux contre la résistance. Les chaînes de télévision locales et satellitaires ont été mobilisées pour cela et des sommes énormes ont été dépensées. Des articles ont été écrits, chacun en contrepartie de la somme de 700 dollars et une campagne gigantesque a été menée contre  la résistance, ses alliés et ses amis. Nous avons tous été pris pour cible alors que les pressions économiques et financières s’intensifiaient. Des crises dans les banques ont été provoquées et dans la vie publique en général, dans plusieurs domaines. David Shencker a lui-même reconnu en toute franchise et précision que ce sont les Américains qui se tenaient derrière ces crises. Je souhaite que chacun lise attentivement ce qu’il a dit. Au cours de ces 3 dernières années, nous avons aussi assisté à la plus grande opération de pillage des fonds des déposants par les banques. Pour ne pas être injuste je dirais avec précision le vol a été réalisé par l’administration américain et ses gens au Liban. Ce qui a terriblement nui à des centaines de milliers de familles libanaises, les affamant. Ce qui constitue une véritable catastrophe. Il y a aussi un problème d’électricité, d’eau et d’essence. Mais le pillage des avoirs des déposants a été une grande catastrophe qui a nui à tout le monde.

Mais malgré toutes ces pressions, malgré les menaces, malgré les dommages subis, vous avez continué sur la même voie pour l’avenir. Qu’est-ce qui vous attend ? D’ailleurs, les menaces qui vous étaient adressées portaient aussi sur l’avenir. On vous disait : si vous continuez sur la même voie, vous serez sanctionnés, nous continuerons à vous affamer et à vous voler, à vous encercler et à vous combattre. Tout cela pour effrayer les gens et les pousser à changer d’option. Mais tout cela n’a pas marché.

La présence massive et dynamique lors des trois meetings était une réponse forte. La présence massive devant les urnes en était une autre. Certains électeurs sont restés des heures dans certains bureaux de vote. Je ne sais pas ce qui s’est passé, une faute administrative ou un sabotage voulu, mais ils sont restés des heures à attendre avant d’être autorisés à entrer dans les bureaux de vote. Il y avait d’énormes embouteillages sur les routes du Sud et de la Békaa. Les gens sont restés des heures sur les routes pour le trajet et malgré cela, ils n’ont pas renoncé. Même chose dans les bureaux de vote où les files étaient longues. Certains électeurs malades ont quand même tenu bon. Les résultats des élections étaient aussi une réponse forte, surtout en ce qui concerne le Hezbollah. C’était important pour nous de conserver le même nombre de députés. Car nous étions pris pour cibles et nos résultats scrutés attentivement. Si au lieu de 13, nous avions obtenu 12 sièges, on aurait dit : vous voyez le Hezbollah a perdu. C’est pourquoi nous tenions à avoir le même nombre de sièges, dans nos discussions avec nos alliés et nos amis qui demandaient de l’aide ici et là. Donc, le nombre de nos députés n’a pas baissé il a augmenté et sur le plan des voix, vous verrez aussi qu’elles ont augmenté. Votre victoire est donc grande grâce à Dieu. Sur le plan de la résistance, la victoire est immense. Nous en sommes fiers, surtout quand nous regardons els circonstances dans lesquelles cette bataille a été menée depuis des années, les moyens qui lui ont été consacrés et les parties qui la mènent du côté adverse. Vous avez donc été à la hauteur et je vous en remercie infiniment.

Dans une lecture rapide de la composition du nouveau Parlement, la résistance, ses alliés et ses amis y ont une présence forte et importante. Cela est indiscutable.

Je voudrais, avant d’entrer dans les détails, parler de la scène sunnite et des conséquences de l’abstention du chef du Courant du Futur Saad Hariri et de son courant  sur le vote des électeurs sunnites. Nul ne peut ignorer cet impact. Je ne vais pas m’y arrêter aujourd’hui, car il s’agit d’un sujet délicat et chaque mot pourrait être interpréter de façon erronée. Mais il s’agit d’un sujet très important qui mérite d’être étudié d’une façon calme, objective et responsable.

Nous nous trouvons devant un Parlement formé de blocs de dimensions différentes et regroupant un nombre important d’indépendants dont nous saurons au cours des prochains jours ou des prochaines semaines ce qu’ils feront. Certains d’entre eux pourraient se joindre à certains blocs parlementaires, d’autres pourraient former entre eux des blocs et d’autres encore pourraient rester indépendants. Tout cela aura certainement une influence sur le paysage parlementaire. Mais ce qui est sûr aujourd’hui, dans une première lecture des résultats, c’est qu’aucun bloc ne peut prétendre avoir la majorité des sièges parlementaires, comme c’était le cas en 2005, 2009, ou 2018, si on veut être juste, objectif et fidèle aux chiffres. D’ailleurs, vous avez remarqué que jusqu’à présent les personnalités de poids, respectables et objectives dans la plupart des blocs parlementaires n’a dit cela. Certains disent : notre bloc est plus important que l’autre et vice-versa. Mais ceux qui disent que la majorité a changé et elle est avec nous ne disent pas la vérité. Aujourd’hui nul ne peut prétendre avoir la majorité. Nous nous trouvons face à un groupe de blocs et de forces politiques, de nouveaux députés, des députés indépendants, par conséquent, le paysage a besoin d’un peu de temps pour se préciser. Il se peut que par la suite, une majorité se constitue. Mais aujourd’hui ce n’est pas le cas. Je m’arrête un peu sur ce point. Il se peut que ce paysage soit dans l’intérêt du Liban et du peuple libanais.  Et je vais dire pourquoi. Il se peut que l’intérêt du pays soit dans le fait que ni ce camp ni l’autre n’a la majorité. Peut-être qu’un troisième camp l’aura. Ce n’est peut-être pas si mal, parce que l’un des camps est en train de dire qu’il ne veut pas d’un gouvernement d’union nationale et qu’il faut que la majorité gouverne et la minorité fera de l’opposition. Nous avons déjà évoqué ce sujet dans de précédents discours. La composition du Liban, sa situation et ses crises exigent la participation de tous. Si nous avions obtenu la majorité, nous aurions demandé à l’autre camp de participer, mais il aurait refusé. Par contre s’il avait lui la majorité, il aurait cherché à nous exclure. De toute façon, les 4 dernières années ont montré que la majorité  ne peut pas faire grand-chose face à l’importance des crises que traverse le Liban. Le peuple sait cela. Qu’il s’agisse des problèmes financiers, économiques, ceux de la vie quotidienne comme l’eau, l’électricité, les médicaments, les produits alimentaires, la hausse du taux du dollar, l’effondrement de la livre… Aucune partie ne peut traiter seule ces problèmes, même si elle dispose de la majorité. Nous avons essayé cela en 2005 et en 2009. En 2018, nous avions nous la majorité et ni eux ni nous n’avons pu traiter ces problèmes. Au contraire, les problèmes se sont aggravés. L’intérêt du pays est donc qu’aucune partie n’ait la majorité. Lorsqu’aucune partie n’a la majorité, cela signifie que tout le monde est responsable. Aucune partie n’a alors le droit de dire : je suis une minorité, je m’abstiens. Je reste chez moi et je regarde l’autre partie travailler jour et nuit, assumer les responsabilités et subir le flot d’insultes, la colère et le mécontentement, parce qu’il faut prendre des décisions qui font mal. Je vous le dis car nous avons été dans l’opposition et dans la majorité. Le plus facile est d’être dans l’opposition. Aujourd’hui, les résultats des élections montrent que le peuple veut que vous coopériez et que vous assumiez tous les responsabilités. Vous ne pouvez pas fuir les responsabilités quelle que soit la raison, car ce serait trahir les espoirs que vos électeurs ont placés en vous. Ceux qui vous ont élus attendent de vous que vous régliez leurs problèmes et vous leur avez promis le sauvetage. Fuir les responsabilités c’est trahir la confiance et les promesses lancées pendant les campagnes électorales. Le fait qu’il n’y ait pas de majorité est peut-être un signe de Dieu pour pousser tout le monde à assumer les responsabilités.

Sur la base de tout cela, nous appelons à ce qui suit :

1-L’apaisement des polémiques médiatiques, de notre part et de la part du camp adverse. Les élections sont terminées et les résultats ont été publiés. Les blocs se sont constitués, ils peuvent encore grandir ou se réduire, mais les résultats sont terminés. Il y aura sans doute par la suite des recours en invalidation. Certains pourraient être acceptés d’autres rejetés. Mais il ne devrait pas y avoir de grands changements. Les propos qui étaient lancés pour mobiliser les électeurs et les faire réagir n’ont plus de raison d’être puisque les élections sont terminées. Nous sommes aujourd’hui tous concernés pour mener le pays vers un apaisement médiatique et politique. Certains n’ont probablement pas intérêt à ce que le pays se calme car ils touchent des sommes pour les cris, les insultes et les provocations. Ils touchent en dollars et c’est donc une source de revenus pour eux. Mais je voudrais leur dire que ces polémiques ne donneront aucun résultat. Quelqu’un peut crier et un autre lui répondre. Chacun de nous peut parler d’une voix haute et utiliser des termes qui ont un impact, mais je le répète, les polémiques ne donnent pas de résultat. Elles peuvent juste augmenter les tensions et n’aident pas à traiter les problèmes en cours. Les élections ont occupé les gens pendant un moment. Mais là on se retrouve face à la crise du blé, du pain, des médicaments, du mazout, de l’essence et des carburants. D’autant que l’on ne sait pas vers où se dirige la crise du Liban. Le monde entier est en crise, les prix des carburants montent, le blé est rare depuis que l’Inde a suspendu ses exportations et que la guerre sévit en Ukraine. Les prix du blé vont donc monter et avec eux, ceux des produits alimentaires. Certains produits pourraient disparaître des marchés. Les gens doivent donc faire  face à une crise réelle et à un grand défi. Si vous voulez rester occupés par les polémiques, nous pouvons polémiquer pendant un, deux, trois, quatre, cinq, dix ans. Si vous pensez que nous nous lasserons de défendre la résistance, ses armes et ses choix, nous et notre public, vous vous faites des illusions. Donc, la polémique ne mène nulle part. Il faut maintenant que le pays s’apaise et que l’on donne la priorité aux questions qui touchent les citoyens et qui étaient posées avant les élections. Aujourd’hui, elles se posent avec encore plus de force et les souffrances des gens nous disent qu’il faut les traiter. Ces questions ne peuvent être traitées qu’à travers le partenariat et la participation. Il faut que les gens se tendent la main, indépendamment des rivalités et des conflits. De nouveaux députés sont entrés au Parlement. Ils sont d’horizons et d’orientations différents. Nous pouvons être en conflit avec eux sur certains points essentiels. Mais il est certain que nous pouvons nous entendre avec eux, sur d’autres, comme cela se passait dans le précédent parlement.  Allons donc vers les points d’entente et de coopération sur la base de la participation et de la coopération. C’est le destin de ce pays.  C’est ce que j’avais dit il y a quelques jours. Il y a certes des difficultés, des complications, de la lenteur, mais l’alternative c’est le vide, le chaos, l’exclusion, l’échec. Ce pays dans sa composition est notre destin. L’appel  au partenariat  et à la coopération est la seule voie utile, en dépit des divergences sur des sujets essentiels.

Toujours au sujet des élections, cette expérience est porteuse de nombreuses leçons. Chacun doit l’évaluer, revoir son comportement, son attitude pratique et politique, ses alliances, ses choix, ses discours et ses priorités. Chacun doit faire son propre examen, revoir ses candidats, sa machine électorale, la façon dont il a géré la campagne. C’est normal. Les gens normaux font cela.  Et dans cette évaluation, il est bon de voir qui a été sincère et qui a menti. Je voudrais m’arrêter sur trois exemples. D’autres que moi ont évoqué ce sujet. Mais moi je voudrais donner des exemples qui nous ressemblent plus. Notamment au sujet de la découverte des mensonges. Il ne s’agit pas là de poursuivre les polémiques, mais de l’évaluation de la période précédente. Il s’agit de voir à quel point ils ont menti et combien ils sont injustes et diffament les autres. C’est mauvais dans la vie politique.  Chacun peut avoir son opinion, sa position propre. Elles peuvent être totalement à l’opposé des nôtres. Mais nous ne faisons pas de la diffamation, nous ne mentons pas.  Je vais parler de trois mensonges. Le premier portait sur l’annulation ou le report des élections. Même avant le lancement véritable des campagnes, ils ont commencé à nous accuser de vouloir reporter les élections et proroger le mandat du Parlement. L’accusation était lancée à l’encontre de tout notre camp politique, à des degrés différents toutefois. Le CPL était le plus souvent accusé de vouloir reporter les élections. Nous et Amal un peu moins. Mais dans l’ensemble tout notre camp politique était accusé de vouloir saboter les élections. Mais si ce camp ne voulait pas des élections, celles-ci n’auraient pas eu lieu. Tout le monde le sait. Mais nous, depuis le début, nous voulions sérieusement que les élections se déroulent à la date prévue. Certains discutaient de certains points de la loi, notamment du Mégacentre. Nous en avons vu l’importance avec les files sur les routes  au Sud, dans la Békaa ou au Nord, parce que les électeurs doivent se rendre dans leurs villages pour pouvoir voter. Cet Etat qui est en mesure d’organiser les élections dans tous les coins du monde aurait pu installer 7 ou 8 mégacentres pour permettre aux électeurs de voter sans avoir à faire de longs trajets et à consommer des quantités d’essence… Si donc dans notre camp, certains soulevaient des points et discutaient, cela ne signifiait pas qu’ils voulaient entraver les élections. Au contraire, ils voulaient les améliorer. Les élections ont finalement eu lieu. Qu’est-ce qui est apparu ? C’est que si nous voulions les reporter ou les annuler, nous aurions pu le faire. Mais non, nous voulions qu’elles se tiennent.

Le second mensonge se poursuit depuis des années. Il continuera probablement longtemps encore.  Il s’agit de la question de tenir les élections sous la pression des armes. On disait que les armes de la résistance imposaient aux gens leurs choix. Ce mensonge est tombé en 2005. A cette époque, les élections ont eu lieu et ceux qui nous accusent d’imposer nos choix ont obtenu la majorité parlementaire. En 2009, il y a eu de nouvelles élections et les mêmes ont remporté la majorité parlementaire, malgré les armes. En 2018, notre camp a obtenu une majorité parlementaire avec 3 sièges de plus que le camp adverse qui a obtenu des blocs de poids et une présence importante au Parlement. En 2022, nous avons aussi entendu le même mensonge et pourtant, ils sont tous satisfaits des résultats, leurs médias, les chaînes satellitaires arabes célèbrent leurs victoires. Bien sûr, ils annoncent de faux chiffres, mais ils célèbrent les résultats, depuis plusieurs jours. A l’ombre de quoi ? Des armes de la résistance puisque les élections se sont déroulées en leur présence. N’est-il pas temps que ce message cesse ? Ceux qui l’ont lancé ne devraient-ils pas avoir honte ? Ce mensonge devrait-il encore durer 20 ans ? Ils devraient avoir honte !

Le troisième mensonge est celui de l’occupation et de l’intervention iraniennes. Nous avons vu dans ces élections ce qu’ont fait les Américains et ce qu’a dit Shencker. Nous avons vu comment l’ambassade américaine a formé les listes, comment les Américains ont versé des dizaines et des centaines de milliers de dollars. Nous avons vu l’ambassadeur saoudien qui était très dynamique. Il était la machine électorale la plus dynamique, se déplaçant d’une ville à l’autre, sillonnant le pays. Il a retiré des candidats et des listes, fixé les priorités et dépensé de l’argent. Les valises sont arrivées. Il a parlé, a donné son avis et procédé aux évaluations.  Avez-vous vu l’ambassadeur d’Iran ? Un fonctionnaire iranien ? Quelqu’un est-il venu d’Iran ?  Pas du tout. Et malgré cela, ils parlent d’occupation iranienne. C’est quoi cette occupation, alors que vous affirmez avoir obtenu des résultats grandioses et avoir défait l’axe de la résistance ? Comment pouvez-vous faire tout cela alors que vous dites que le pays est occupé ? Qu’est-ce qui est occupé ? Le ministère de l’Intérieur, où les résultats ont été changés ? Les lieux de juges ? Les administrations, les forces de sécurité ? Qu’est-ce qui est occupé ? Je ne vais pas perdre votre temps plus que cela. J’ai voulu juste attirer votre attention sur les mensonges, les accusations infondées et la diffamation. Je ne cherche pas à polémiquer mais à mettre l’accent sur ce qui s’est passé et sur la désinformation et l’injustice.

Dans ce paragraphe concernant les élections je voudrais m’adresser à l’intérieur et à l’extérieur. Pourquoi à l’extérieur ? Parce que de nombreux amis et même des adversaires à l’étranger suivent les nouvelles en provenance du Liban. S’ils ne font pas attention à certains points, leur évaluation  ne sera pas précise. Concernant l’intérieur, bien que certains connaissent bien les détails et les réalités, ils font quand même de fausses évaluations. Les analyses, les conclusions et les perspectives sont ainsi erronées. Quelle est la faute commise ? La confusion entre le nombre de députés et le volume populaire. On ne peut pas dire qu’une partie qui a obtenu 15 sièges a une assise populaire plus importante que celle d’une autre qui a obtenu 10. Au Liban, ce n’est pas ainsi que cela se passe. De même, il y a une confusion entre la volonté populaire et le nombre de députés. Ce n’est pas une évaluation précise. Pourquoi ? Parce que notre système est confessionnel. Notre Parlement formé de 128 députés est divisé en 64 musulmans et 64 chrétiens. Les chrétiens sont divisés en confessions et les musulmans aussi. Chacune a donc sa part. DE même, lorsque les circonscriptions sont définies, que ce soit dans le système majoritaire ou proportionnel, elles ne le sont pas sur des bases scientifiques, par exemple le caza ou tout le Liban une seule circonscription. Même cette loi qui est à nos yeux plus juste que les précédentes, elle n’est pas totalement équitable. Beaucoup de points doivent être encore réglés ? Par exemple la distribution des circonscriptions. Il n’y a pas de critère précis. Prenons l’exemple de la Békaa. Il y a deux cazas dans Baalbeck-Hermel, mais ils forment une circonscription. Dans la Békaa centrale, un seul caza forme une circonscription. Pourquoi ? Allons au Nord. Le Akkar qui est un mohafazat forme une circonscription. Par contre, Tripoli, Minyé et Denniyé forment une même circonscription. Dans d’autres régions, 4 cazas peuvent former une circonscription, comme c’est le cas des cazas de Bécharré, Batroun, Zghorta et Koura. Même chose au Mont-Liban. Tantôt le caza forme une circonscription et tantôt plus et même parfois le mohafazat. Les Libanais savent tout cela. Mais comment l’expliquer pour l’étranger ?  Car le découpage se fait sur une base confessionnelle, communautaire et en fonction des leaders. Certaines circonscriptions sont ainsi décidées en fonction de l’intérêt de tel zaïm, de tel parti ou de tel camp politique. C’est le système. Tant qu’il est en vigueur, le nombre de sièges n’exprime pas réellement la volonté populaire. On ne peut donc pas mesurer les tendances populaires en nous basant sur le nombre de députés. On ne peut pas non plus mesurer les poids populaires sur cette base. Demain, lorsqu’ils parleront de plus important parti ou de plus important bloc il faudra penser à tout cela. On ne pourra pas non plus dire que cette option est la plus populaire ou ce courant ou parti ou mouvement est le plus populaire parce qu’il a le plus grand nombre de sièges. Dans un tel système, il faut tenir compte du nombre de voix obtenues. Il existe un seul cas où le nombre de sièges exprimera la volonté populaire lorsque le Liban sera une seule circonscription, c’est-à-dire qu’il n’y aura pas un découpage tantôt selon le caza et tantôt selon d’autres critères, ensuite lorsque le vote se fera en dehors des considérations confessionnelles, dans le cadre d’un mode de scrutin proportionnel, où les jeunes entre 18 et 21 ans auront aussi le droit de voter. Ce n’est qu’à ce moment qu’on pourra dire que le nombre de sièges obtenus expriment la volonté et la tendance populaires. Nous aspirons à ce que jour vienne. Mais en attendant, on ne peut pas dire que le nombre de députés détermine le poids populaire. C’est d’autant plus vrai que le seuil électoral est différent entre une circonscription et l’autre. Il est à certains endroits de 8000 voix et à d’autres de 23000 voix ou 25000. Cela pour obtenir un siège pour la liste. Ensuite, il faudra compter les voix préférentielles. Certains députés obtiennent 3000 voix préférentielles, d’autres 500 ou 1000. Comment dans ce cas peut-on dire qu’il a une représentation populaire ? Le député qui a obtenu 8000 voix préférentielles et celui qui en a obtenu 500 sont au même niveau ? Oui, parce que tel est le système. Mais cela n’a rien à voir avec la représentativité populaire. Evaluer donc le poids populaire selon le nombre des députés n’est pas précis. Dans le genre de loi qui est la nôtre, il faut miser sur le nombre de voix, à la fois des listes et des candidats, obtenues par chaque groupe. C’est ainsi que l’on peut évaluer la popularité de chaque groupe. Je voulais évoquer ici une histoire liée à la question confessionnelle et à qui a donné ses voix à qui, mais je la laisserai pour une autre fois. Par contre, je peux dire qu’une personne que je ne veux pas nommer mais vous la reconnaîtrez, qui est sans doute responsable d’une partie non négligeable de la terrible crise dans laquelle se débattent les Libanais, cette personne n’a pas tenu compte de la décision de son groupe de ne pas participer aux élections, elle a pris l’argent des ambassades et formé des listes dans tout le Liban, en a appuyé d’autres et elle n’a pas eu plus de 2 ou 3 députés. Cette même personne dit, après les élections que le peuple libanais  a désavoué la résistance à travers ces élections. Y a-t-il plus arrogant et mensonger que cela ? Je ne vais pas faire de statistiques ni parler de chiffres, même si les frères sont prêts pour cela, ils ont tous les chiffres qui sont d’ailleurs publiés par le ministère de l’Intérieur, non par notre propre machine électorale, nous sommes prêts à tout examiner et à répondre à toutes les questions. Mais j’ai juste demandé aux frères d’additionner  les voix de la liste de l’espoir et de la fidélité à Baalbeck-Hermel, celles de la liste du même nom dans la troisième circonscription du Sud (Nabatiyé, Bint Jbeil, Marjeyoun et Hasbaya), celles obtenues par ces mêmes listes dans la circonscription des villages de Saïda, Zahrani et Tyr, ainsi que les voix obtenues par le candidat du tandem à Zahlé. Tous ceux-là combien ont-ils obtenu de voix préférentielles ? Le candidat du tandem dans la Békaa Ouest combien a-t-il obtenu de voix préférentielles ? Nous avons additionné toutes ces voix et le chiffre est supérieur à 500 000 voix. D’autres qui ont certainement moins de voix parlent au nom du peuple libanais. Là, je n’ai pas compté les voix de la Première circonscription du Sud, de Baabda, des autres circonscriptions du Mont-Liban, de Kesrouan-Jbeil, de nos amis et de ceux qui appuient la résistance, nous ne comptons que les voix de trois ou 4 circonscriptions, plus d’un demi-million de voix. Et ils disent malgré cela que la résistance ne représente pas la volonté des chiites ? Les habitants de la Békaa et du Sud ne sont-ils pas une partie du peuple libanais ? Ne constituent-ils pas une volonté populaire ? Eux la représentent-ils ? Cette question doit être prise en considération, lorsqu’on veut évaluer  la volonté populaire et qui est le plus présent au niveau du peuple… en attendant d’avoir une loi électorale plus juste qui puisse refléter réellement les choix de tous les Libanais.

A nos amis qui n’ont pas réussi aux élections, les raisons restent à évaluer en profondeur, la meilleure position est celle que vous avez annoncée, par des déclarations et des communiqués, lorsque vous avez dit que vous comptez poursuivre le combat. De toute façon, le Parlement est l’une des scènes de combat, pas la seule. Les sièges sont pour 4 ans et Dieu seul sait ce qui peut se passer en 4 ans. Mais les autres scènes pour servir les gens et la patrie existent et il faut persévérer. En tout cas, je dis à tous ces amis qui nous sont chers que nous nous tenons à vos côtés, nos députés sont les vôtres. Nous travaillerons ensemble dans l’intérêt de notre peuple, de notre patrie et de notre cause, sur laquelle nous sommes tous d’accord.

Maintenant, nous sommes devant de nouvelles échéances, notamment l’élection d’un président de la Chambre, du vice-président de la Chambre, du Bureau de la Chambre ; des commissions et ensuite, il faudra désigner un nouveau Président du Conseil… Toute cette période exige de la souplesse, de la coopération, une aptitude à arrondir les angles, sinon, dans le cadre de la composition actuelle, les choses pourraient prendre plus de temps. J’espère que cela ne sera pas trop long. Je voudrais remercier les médias, ceux qui ont été justes et professionnels, car il existe d’autres médias que je ne veux pas remercier, car ils étaient injustes et diffamatoires.

Je voudrais dire encore aux gens que nous travaillerons sur tout ce que nous vous avons promis. Ce n’est pas parce que les élections sont terminées que nous tournerons la page. Nous travaillerons avec encore plus de sérieux que précédemment. Nous préparerons les propositions pour en parler avec les autres blocs. Nous allons commencer à préparer des projets et des dossiers et nous essayerons d’utiliser les moyens de l’Etat et les nôtres propres, comme nous le faisons depuis 40 ans, pour les réaliser. Nous ferons tout ce que nous pourrons, sans compter surtout que les gens, eux, n’ont jamais été avares de leur sang, de leur appui et de leurs voix.

Je voudrais encore dire, parce qu’on vient de me signaler que certains préparent des voitures et des mobylettes, alors qu’il est près de 21h25, je leur demande de rester calmes et dans un espace géographique limité, car il ne faut pas déranger les gens.

Encore une précision, lorsque nous célébrons une victoire ou une certaine réalisation, des jeunes sortent sur leurs mobylettes et certains disent que le Hezbollah et Amal se tiennent derrière eux. C’est faux. C’est une décision populaire qui ne provient pas des structures organisées, ni des responsables et cadres. Personne ne se tient derrière ces manifestations populaires spontanées. Nous respectons cette volonté d’exprimer la joie, avec des mobylettes, des klaxons, mais lorsque cela se passe le soir ou la nuit, cela dérange. Ceux qui veulent le faire doivent rester dans leur quartier, leur village et éviter les provocations, car telle est la composition du pays, les quartiers sont mêlés ou proches, ainsi que les villages et certains pourraient mal interpréter une telle démarche. Or, nous ne voulons pas nous provoquer les uns les autres. Au contraire, nous voulons être patients les uns avec les autres, loin de toute provocation.

Une chose encore, ce sont les tirs en l’air. Nous, au Hezbollah, nous prenons des mesures sévères à l’encontre de ceux qui ont effectivement tiré. Ils sont suspendus et leurs salaires sont arrêtés. Je le répète, tirer est interdit, c’est une atteinte à la religion. Ce n’est pas moi qui le dis. Car cela peut faire du mal aux gens, leur faire peur et les atteindre.   Ce n’est donc pas une manifestation de joie, puisqu’elle nuit aux autres. J’ai vu certaines manifestations en principe d’Amal et du Hezbollah ou des jeunes masqués portent les armes. Il faut chercher qui se cache derrière leurs masques et qui les a placés là. Ils peuvent vouloir profiter de ces manifestations pour semer la peur et le malheur. Tirer dans le cadre de ces manifestations est une atteinte à la religion. Nous devons être fermes sur cette question. Que ce soit dans une manifestation de joie ou dans des funérailles, c’est interdit, une fois pour toutes. Se taire sur cela est aussi une atteinte à la religion.

Il y a encore un détail que je sens obligé d’évoquer, ce sont les insultes en public. Il s’agit de provoquer les gens pour entraîner une réaction. Nous autres, nous refusons ce procédé. Il y a eu par exemple ceux qui disent : chiites, chiites. Ce n’est pas notre slogan ni celui du mouvement Amal. Ce n’est pas un slogan qui nous convient et qui convient au pays. Nous autres, nous acceptons la composition du pays telle qu’elle est. A qui cela sert-il de lancer de tels slogans ? Pour réveiller les réflexes confessionnels, les instincts ? Ces slogans expriment un repli confessionnel. Certes, nous sommes fiers d’être chiites, mais de cette façon, cela nuit à notre communauté, au nom. Je souhaite qu’on trouve d’autres slogans qui ne soient pas perçus comme des provocations ou des défis pour les autres. Nous devons toujours privilégier la raison, la culture, la sagesse, la discipline et ne pas recourir à des procédés qui finissent par nuire à nos croyances, à notre présence et à nos titres.

Un dernier remerciement encore à vous tous et à tous ceux dont la loyauté à notre égard ne s’est jamais démentie. Vous avez été à la hauteur, vous êtes un modèle de sincérité, de fidélité et dévouement. C’est de vous que nous tirons notre force. Merci encore et que Dieu vous bénisse.

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