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Discours du secrétaire général du Hezbollah dans le meeting électoral organisé dans la banlieue sud

Discours du secrétaire général du Hezbollah dans le meeting électoral organisé dans la banlieue sud
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Au nom de Dieu

Je vous salue tous et je vous remercie d’être venus si nombreux. Je salue en particulier nos gens dans les deux circonscriptions de Beyrouth selon le découpage électoral. Je salue aussi tous les partisans, les alliés et les amis de la résistance qui sont venus de toutes les circonscriptions et cazas du Mont- Liban, Baabda, le Chouf, Aley, le Metn et Jbeil et le Kesrouan.

Je vous souhaite donc la bienvenue dans ce meeting au cours duquel nous allons parler de notre sort et de l’avenir de notre pays.

De Beyrouth, capitale de la résistance d’où sont parties les premières balles face à l’occupant, la capitale de l’arabité et des libertés. Quand je dis capitale de l’arabité, il n’y a pas d’arabité sans la Palestine, sans Jérusalem et dans le cadre de la normalisation des relations avec l’ennemi.

De Beyrouth la civilisation et le lieu de rencontre au Liban de la montagne qui a tenu bon tout au long de l’Histoire, à la montagne des Cèdres et de l’éternité, à la montagne de la coexistence et de la vie en commun.

Je voudrais commencer par remercier tous nos gens, nos fils, nos grands, nos petits, nos femmes et nos enfants venus participer à ce meeting. Je vais vous dire un mot que je n’ai pas préparé. En vous voyant, je voudrais dire que votre présence massive et celle que nous avons vue hier  à Tyr et à Nabatiyé, ainsi que celle que nous prévoyons vendredi à Baalbeck-Hermel sont le plus grand des messages. Mettons les élections de côté, cette présence est le plus clair et le plus impressionnant des messages adressé à tous ceux qui ont misé au cours des dernières années sur un changement au sein de l’environnement populaire de la résistance, à coup de mensonges, d’accusations, de blocus, de sanctions et de difficultés dans la vie quotidienne. Votre présence suffit à démentir tout cela et à leur faire avaler leurs pronostics.

C’est cela l’environnement populaire de la résistance qu’ils ont cru pouvoir affaiblir en l’appauvrissant, l’affamant, l’encerclant, cherchant à l’isoler et à lui lancer des accusations injustes. Ils ont misé sur le fait qu’il ne pouvait que changer d’avis dans des circonstances aussi difficiles et qu’il changerait son fusil d’épaule. Le message que vous adressez aujourd’hui, celui qui a été adressé hier et celui qui sera adressé vendredi montrent que cet environnement reste fidèle à son Liban, à sa Palestine, à sa Jérusalem, à sa résistance, à ses fils et à ses martyrs, à ses blessés et à ceux de ses fils qui sont prisonniers. Cet environnement n’a jamais hésité à donner son sang et à tenir bon. Je vous remercie infiniment.

Je vais essayer aujourd’hui de parler calmement. Hier, certains frères m’ont dit qu’en parlant du Sud, je me suis emporté. Mais comment ne pas le faire car la chaleur de la résistance s’impose d’elle-même. De plus, pour la petite histoire, là nous sommes proches, mais au Sud et vendredi dans la Békaa, je hausse la voix pour être entendu... Inchallah donc je serai calme aujourd’hui.

Je voudrais aussi remercier les Libanais installés à l’étranger qui se sont rendus aux urnes, indépendamment du fait de savoir pour qui ils ont voté. Leur seule affluence vers les urnes a en elle-même, une valeur nationale et politique.

Certes, il faut un remerciement spécial à ceux qui ont voté pour des listes dans lesquelles se trouvent des candidats de la résistance. Leur vote pour ces listes montre leur courage, leur dévouement, leur sincérité, leur loyauté et leurs sacrifices. Car nul n’ignore le climat dans lequel se déroule le vote à l’étranger. Je l’avais dit, dans la plupart des pays étrangers, exceptés l’Iran, la Syrie et peut-être l’Irak, nous, le Hezbollah en tout cas et peut-être parfois Amal,  aurons du mal à avoir des représentants dans les bureaux de vote, et même à faire campagne. Nos candidats ne pourront pas faire des tournées auprès des électeurs à l’étranger, à cause de l’injustice dont nous sommes victimes en nous accusant de terrorisme. Ce qui est un coup porté à la résistance au Liban. Dans certains pays, il y avait même un climat de menaces, notamment dans certains pays du Golfe. Si malgré cela, les électeurs ont voté pour les candidats de la résistance, nous saluons leur courage et nous les remercions vivement. Nous respectons leur démarche et l’apprécions à sa juste valeur. L’afflux des électeurs libanais à l’étranger est aussi un message d’espoir. Car vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a toujours au Liban, des médias, des politiciens et certaines plumes et personnes actives sur les réseaux sociaux qui cherchent à répandre le désespoir et le dégoût, en disant que les Libanais sont déçus, désespérés... Finalement la participation aux élections est une mission nationale et un moyen de contribuer à reconstruire le pays et à y améliorer la situation, indépendamment  des choix politiques qui pourraient s’exprimer à travers les urnes. Ce qui s’est passé dans certains pays au niveau des menaces, nous en parlerons ultérieurement.

Chers frères et sœurs, hier nous avons longuement parlé du Sud. Mais je voudrais aujourd’hui ajouter une chose. Les frères qui suivent les manœuvres israéliennes m’ont dit que le Premier ministre de l’ennemi a participé et supervisé celles-ci mais ce qui m’importe surtout c’est qu’il a fait une déclaration dans laquelle il a dit : Nous ne cherchons la confrontation avec personne. Je ne vous cache pas qu’après le discours prononcé à l’occasion de la Journée Internationale d’Al Qods et celui prononcé hier au Sud, nous avions déclaré l’état d’alerte pour toutes nos forces et nos capacités dans tout le Liban, à partir de 7 heures. Mais j’ai reçu un message qui m’a été délivré par voie diplomatique, selon lequel les Israéliens ne souhaitent pas mener la moindre action en direction du Liban. Je voudrais commenter cela en deux points :

1- Nous n’avons pas confiance dans l’ennemi, ni dans les messages qu’il envoie par voie diplomatique, ni dans les déclarations de son Premier ministre. C’est pourquoi nous continuerons à être en état d’alerte extrême et nos yeux resteront ouverts jusqu’à la fin des manœuvres israéliennes. Je pense aussi que c’est ce que feront nos frères de la résistance palestinienne à Gaza.

2-Ce message public ou tacite est le résultat de la force de la résistance, de sa présence. L’ennemi sait que les propos tenus lors de la Journée al Qods ou ceux tenus hier, s’appuient sur des hommes, des capacités, un environnement populaire solide et fort. Je le répète, nous ne permettrons aucune agression ou attaque contre le Liban, quelle que soit la raison.

Cela c’était la suite du discours d’hier. Je vais passer maintenant à un autre titre.

Je vais parler aujourd’hui de l’Etat et de son édification et de la situation économique et quotidienne, ainsi que de la situation interne.

Avant d’entrer dans le sujet, je dois dire que j’ai écouté  avec vous, il y a quelques instants, le discours du président de la Chambre Nabih Berry. Ce qu’il a dit exprime  les orientations et les idées du tandem qui reste fort et solide et qui va poursuivre le chemin ensemble.

Au sujet de l’Etat, nous croyons et nous adoptons les propos de nos grands chefs en tête l’imam Moussa Sadr. Ce dernier a déclaré que le Liban est une patrie  définitive pour tous ses fils, dans ses frontières  connues et reconnues. C’est normal car la solution alternative à l’Etat et au régime c’est le chaos, la confusion, l’insécurité etc. Lorsque je confirme cela, je ne le fais pas seulement  pour des buts politiques, mais aussi pour des raisons culturelles.  C’est notre culture. Le Prince des Croyants disait qu’il faut que les gens aient un émir. L’émir c’est le  pouvoir. Toute société et toute patrie doivent avoir un pouvoir qui gère ses affaires et nul ne peut remplacer l’Etat. Je le dis toujours et cette fois je m’adresse aux habitants de Beyrouth et du Mont-Liban, et à travers eux, à tous les Libanais, nous ne posons pas en Etat aux côtés de l’Etat. Nous ne sommes pas un parti qui veut remplacer l’Etat. Nous ne sommes pas convaincus de cela et nous ne le pouvons pas. Nous n’avons non plus aucun intérêt à le faire. Nous ne pouvons pas remplacer l’Etat et nul ne peut le faire, ni un courant, ni un parti, ni un mouvement, ou groupe politique, quelle que soit l’ampleur de son public et l’importance de ses bases et de ses moyens. Nul ne peut remplacer l’Etat, ni sur le plan de la sécurité, ni sur celui de l’économie, des finances, de l’éducation, de la vie quotidienne, de la santé et à n’importe  quel plan. Même sur le plan de la résistance, nous ne posons pas en remplaçants de l’Etat. Nous parlons toujours de l’armée, du peuple et de la résistance. Nous parlons de la résistance qui est en complémentarité avec l’Etat, si l’Etat accompli son devoir dans la protection et la libération.

Cela doit être clair, car on en parle toujours dans le pays et on nous lance des accusations. Nous croyons donc dans cela et nous travaillons pour que cela se réalise. Au Liban, il y a donc un Etat. Grâce à Dieu, nous avons un président de la République, que Dieu lui donne une longue vie, un gouvernement, un Parlement, des institutions. Les Libanais ont une armée, des services de sécurité, des ministères et des institutions. Ils en ont même plus que leurs besoins. Nous avons donc un Etat, une Constitution et beaucoup de lois. Donc, nous ne partons pas de zéro. DE plus, nous ne demandons pas la chute du régime, comme cela a eu lieu dans certains Etats arabes au cours des dernières années. Nous ne réclamons pas un nouveau régime politique et nous ne cherchons pas à faire chuter l’Etat pour en reconstruire un de nouveau.

Nous disons que ce régime politique existe, ainsi que cet Etat, cette Constitution issue de l’accord de Taëf. Il y a des lois et des institutions. Certes, il y a une multitude de problèmes qui entravent le travail et les capacités de ces institutions pour les rendre à la hauteur des attentes des Libanais. Nous devons travailler pour régler ces problèmes, combler les lacunes et régler les lacunes à travers les réformes. C’est pourquoi le projet réaliste  naturel de tout mouvement politique au Liban doit être basé sur la réforme de l’Etat. C’est le cas de notre projet, qui veut la réforme, même si certains veulent prendre une tendance au changement. Le Liban mes chers amis est un pays particulier, il est formé d’un groupe de communautés. Il n’y a pas au Liban, une majorité et une minorité. C’est un groupe de minorités. Lorsque nous regardons nos frontières connues, ainsi que les 10452 km2, nous constatons que les Libanais sont un groupe de minorités. Ce pays est basé sur une composition confessionnelle et depuis sa création et que les régions éloignées lui ont été rattachées, il vit dans l’angoisse. Ne soyons pas complaisants les uns envers les autres. Ce pays vit constamment dans une sorte d’inquiétude pour l’avenir. C’est pourquoi, il cherche en permanence des garanties, internes, mais aussi malheureusement externes. C’est malheureusement ce qui s’est passé au cours des cent dernières années depuis la naissance du Grand Liban. Nous devons donc reconnaître que nous sommes face à un pays dont la situation est délicate et sensible. C’est pourquoi, lorsque nous parlons de ses problèmes, nous ne pouvons pas le faire avec la même approche et le même souffle révolutionnaire et enthousiaste qui ont lieu dans d’autres pays. Nous devons reconnaître que ce pays est particulier. Au cours des dernières décennies, nombreux sont ceux  qui ont tenté de faire des changements dramatiques au Liban. Le pays a alors été entraîné dans des aventures et des guerres civiles. Le Liban ne peut pas supporter aujourd’hui une nouvelle guerre civile pour changer son système politique ou le réformer, ou encore pour y imposer de nouvelles équations dans la structure de l’Etat. La guerre civile doit être une ligne rouge et interdite. Les Libanais doivent considérer le fait de pousser vers une guerre civile comme une trahison.

Nous sommes donc face à une situation délicate. Nous avons un système confessionnel. Si le moment vient où les Libanais acceptent d’annuler le confessionnalisme, nous sommes prêts. S’ils veulent annuler le confessionnalisme politique, nous le sommes aussi. Mais il est clair qu’à court et moyen terme, nous vivons dans ce système. Et dans ce système, il y a beaucoup de lacunes et de problèmes que nous pouvons essayer de résoudre, sous le plafond de Taëf. Nous devons agir sur cette base.

Voilà notre approche au sujet de l’Etat. Par conséquent, notre aspiration à tous devrait être celle d’Un Etat juste et capable. C’est ce que nous avions évoqué dans le cadre de nos programmes électoraux. C’est ce que nous avions aussi évoqué dans notre document politique que j’ai moi-même lu en public en 2009. Lorsque je parle d’un Etat juste, il ne s’agit du concept philosophique ou platonien, mais d’idées qui peuvent être réalisées. Je vais donner quelques exemples pour qu’on ne me dise pas qu’il s’agit de slogans et qu’on me demande : où est l’Etat juste ? Beaucoup de choses peuvent être faites pour rendre l’Etat juste.

Un des principaux objectifs des messages célestes, des messages des Prophètes de Dieu et des livres sacrés est la nécessité que les gens se comportent dans un esprit de justice. S’ils ne peuvent pas atteindre le plus haut niveau d’équite, au moins qu’ils s’en rapprochent. L’Etat juste auquel nous aspirons et pour lequel nous avons travaillé et continuerons à le faire repose sur plusieurs exemples. D’abord, le Parlement, qui est la mère des institutions. Il élit le chef de l’Etat, désigne le Premier ministre, donne la confiance au Parlement, adopte les lois etc. Ce parlement est élu. C’est pourquoi la clé est la loi électorale. Une loi électorale basée sur le système majoritaire, surtout dans un pays confessionnel comme le nôtre, est injuste. Le système proportionnel est donc plus juste. D’ailleurs, les électeurs sentent dans ce système qu’ils peuvent faire élire au Parlement des personnes qui les représentent. Par contre, dans le système majoritaire, une partie des électeurs est annulée pour 4 ans. Certes, la loi actuelle peut avoir besoin d’amendements pour être plus juste encore.

Donc, la loi électorale basée sur la proportionnelle que nous réclamions depuis 1992 a été adoptée. Elle est le fruit d’une longue lutte, très difficile et c’est grâce à Dieu qu’elle a été finalement adoptée. C’est une image de justice, car toutes les composantes sentent qu’elles peuvent faire arriver au Parlement des personnes qui les représentent. C’est cela un Etat juste, contrairement au système majoritaire. Un autre exemple de justice, celui de fixer l’âge du droit de vote à 18 ans et non à 21, comme c’est le cas aujourd’hui. Car à travers le droit de vote à partir de 21 ans, c’est une génération entière de jeunes, entre 18 et 21 ans, qui est privée de ce droit. Pourquoi ? Parce que des forces politiques qui font des calculs politiques étroits n’en veulent pas. C’est une grande injustice à l’égard des jeunes. Cette génération qu’elle travaille, paie ses impôts et assume des responsabilités, ou qu’elle étudie, a le droit de voter. C’est un droit national. En priver les jeunes est une injustice. Il faut militer pour leur donner ce droit. Les jeunes doivent le faire. Les jeunes dans les partis politiques qui refusent ce droit doivent le réclamer à leurs commandements respectifs. Nous en avons longuement parlé au cours des années précédentes, dans des réunions closes, mais une fois que nous nous rendions au Parlement pour voter, le projet tombait. Nous devons régler cette question et donner aux jeunes entre 18 et 21 ans le droit de vote est un pas vers l’Etat juste.

L’Etat juste est aussi celui qui s’occupe de son peuple, de ses conditions de vie, de sa santé, de son éducation, de ses besoins. L’Etat juste est celui qui applique le développement équitable dans toutes les régions, sans distinction entre elles, pour des raisons confessionnelles, partisanes ou sectaires, liées au zaïm. L’argent de l’Etat appartient au peuple et il doit lui parvenir à travers des projets de développement. L’Etat juste est donc celui du développement équitable que nous réclamons et pour lequel nous devons travailler.

L’Etat qui s’occupe de ceux qui ne peuvent pas travailler est un Etat juste. C’est là qu’intervient l’allocation retraite, l’encadrement des orphelins et le soutien aux institutions qui s’occupent d’eux, ainsi que les malades atteints de façon chronique. C’est pourquoi nous avons toujours estimé, lorsqu’il a été question de lever les subventions sur les médicaments, de faire des exceptions pour les malades pauvres et ceux qui sont atteints de maladies chroniques. L’Etat juste est aussi celui qui n’épuise pas ses citoyens avec les taxes et les impôts et avec la TVA en s’empressant de la relever. Au cours des dernières années, nous nous sommes toujours opposés à l’imposition de nouvelles taxes notamment sur les pauvres. Nous continuerons à le faire.

La loi sur les impôts qui serait juste c’est celle qui adopte l’impôt progressif sur le revenu. Par contre, le fait de faire payer à tous les citoyens les mêmes taxes et impôts est injuste. Il faut aussi adopter un système juste pour les salaires. L’Etat juste est celui qui s’occupe des écoles et des universités publiques pour donner aux citoyens des couches défavorisées un niveau d’éducation décent, au lieu de les laisser dans un état de délabrement et de les soumettre aux tiraillements. L’Etat juste est celui qui donne un système de santé acceptable. Lorsque nos frères ont pris en charge le ministère de la Santé, nous avons déployé de grands efforts face à la pandémie du COVID 19. Nous avons aussi essayé de faire en sorte que le système de santé soit porteur d’espoir et de confiance chez les gens. L’Etat juste c’est celui qui peut protéger sa souveraineté, ses ressources face à toute agression, toute occupation et toute tentative d’hégémonie. L’Etat juste a une armée forte et des services de sécurité forts en mesure de protéger et d’affronter, non celui qui laisse la responsabilité de la libération et de la protection à son peuple. Nous attendons le jour où le Liban aura une armée forte avec ses défenses aériennes et sa flotte militaire. Imaginez-vous que l’Etat libanais ne dispose pas de moyens suffisants pour lui permettre d’aller plus de 400 mètres en profondeur pour retirer les dépouilles des victimes du bateau de la mort au large de Tripoli ? Nous aspirons au jour où l’Etat libanais aura une armée forte qui dispose de missiles et de moyens pour assurer la protection et la défense  du pays. A ce moment, on n’aura plus besoin de laisser le peuple assumer ces responsabilités. L’Etat juste est celui qui permet à tout citoyen de se sentir en sécurité, où qu’il soit sur le territoire. La sécurité est la responsabilité de l’Etat, sans distinction entre les régions, même si dans certaines, la situation est plus délicate que dans d’autres. Ce sont des exemples de l’Etat juste et nous comptons travailler pour l’atteindre au cours des prochaines années. Nous y travaillerons sans nous lasser et en dépit de toutes les difficultés, si nous coopérons ensemble, nous pouvons arriver à ce résultat.

L’Etat juste est donc une responsabilité collective. Aucun parti, groupe ou mouvement ne peut prétendre parvenir à l’édifier seul. S’il le dit, il ne serait pas sincère avec ses auditeurs. Croyez-moi, et je suis sûr que vous me croyez, si je vous dis que le Hezbollah est en mesure de construire seul un Etat juste, je ne serai pas sincère avec vous. Ce serait irréaliste. Nul ne peut prétendre cela, car telle est la composition du Liban.  Transformer l’Etat en un Etat juste est la responsabilité de tous. Cela exige la collaboration de tous, les partis politiques, les mouvements, les courants, les commandements. Ce pays est basé sur le partenariat. Nous appelons justement au partenariat, au fait de n’exclure personne. Nous voulons que tous soient représentés au sein du Parlement selon leurs poids normaux. Le mode de scrutin majoritaire n’assurait pas une représentation équitable. La loi proportionnelle ouvre la voie à une présence de toutes les composantes selon leurs poids normaux. Nous sommes donc avec la représentation de tous. Nous ne voulons exclure personne contrairement à ce que disent certains pour mobiliser leurs bases. Les gens doivent s’exprimer dans le cadre d’une loi proportionnelle pour faire parvenir leurs représentants. Au sein du gouvernement, nous sommes aussi avec le partenariat. Nous ne sommes pas avec le principe d’une majorité qui gouverne et d’une minorité qui s’oppose. Car au Liban, cela ne peut pas marcher, tant qu’il y a un système confessionnel, des peurs, des sensibilités et des sentiments d’être lésés. S’il n’y a plus tout cela, il sera normal de parler, logique et vrai de parler de majorité et de minorité. Mais dans un système confessionnel comme celui du Liban, la logique de la minorité et de la majorité entraîne le pays vers des crises. C’était notre façon de penser depuis le début, en 2005, en 2009 et en 2018. Nous avons dit cela lorsque nous et nos alliés n’avions pas la majorité et nous l’avons aussi dit lorsqu’en 2018, nous avons obtenu la majorité. Nous n’avons pas formé un gouvernement issu de notre majorité. Au contraire, nous avons formé un gouvernement présidé par le chef du Courant du Futur et avec la participation de toutes les parties présentes au Liban. Elles étaient toutes au sein du premier gouvernement. Lorsque quelqu’un ne veut pas assumer les responsabilités et se tenir à l’écart, c’est son droit. Mais nous n’avons exclu personne. Mais exclure sous prétexte de la majorité et de la minorité entraîne le pays vers des crises. C’est pourquoi sur ce point précis, j’affirme que nous sommes avec le partenariat national pour édifier un Etat juste. Par contre, le fait d’exclure une partie ou une confession sous prétexte de majorité et de minorité, le Liban peut-il supporter un tel comportement ? Pas du tout ! Il se peut par exemple qu’il y ait une majorité musulmane avec quelques chrétiens, sera-t-il alors acceptable d’exclure la plus grande partie des chrétiens sous prétexte d’avoir la majorité ? Ou alors que cela se fasse avec les chiites ou les sunnites ou encore les druzes ? Le système libanais est ainsi. C’est pourquoi il faut insister sur le partenariat. Mais cela exige un esprit, un rêve, une tolérance, de la patience, une capacité à supporter, de la loyauté envers les questions qui concernent ce pays et l’aptitude à faire des concessions et à renoncer à certaines ambitions personnelles, partisanes ou confessionnelles. C’est cela la logique du partenariat. Le Liban ne supporte pas le leadership d’une communauté, aussi forte soit-elle. Dans sa composition multiple, le Liban ne supporte pas le leadership d’un parti, d’un courant ou d’un mouvement, quel que soit son poids populaire ou sa force. On peut devenir en tant que parti libanais une force régionale, mais on reste au Liban un parti local appartenant au système existant qui exige la coopération, le partenariat, la participation et les ententes entre les Libanais.

C’est dans cet esprit que nous abordons les 4 prochaines années. Oui, nous voulons être tous ensemble. Nous voulons travailler ensemble pour que cet Etat, à l’ombre de la Constitution existante soit le plus juste possible. Nous voulons construire ensemble un Etat fort et juste qui réponde aux aspirations des Libanais. Cela devrait être notre objectif à tous.

Entre 1992 et 2005, nous n’avons pas participé aux gouvernements. D’ailleurs, on ne nous le demandait pas. On était trop heureux de nous voir occupés par la résistance. Mais à partir de 2005, nous avons senti qu’il était nécessaire de participer au gouvernement en raison des tensions dans le pays, après l’assassinat du martyr  Rafic Hariri et les événements qui ont suivi. Nous voulions aussi protéger la résistance alors qu’un camp politique était allié à l’administration de Georges W Bush et aux néo-conservateurs aux Etats-Unis qui planifiaient la naissance d’un nouveau Moyen Orient. Donc, lorsque nous sommes entrés au gouvernement, nous avons agi sur la base de la protection de la résistance et pour qu’elle ne soit pas poignardée dans le dos. Je voudrais ici revenir sur un sujet que j’ai évoqué pendant le mois de Ramadan. J’avais alors dit que nous voulons entrer au gouvernement pour protéger la résistance et certains se sont demandés : comment la résistance qui prétend protéger l’Etat demande elle aussi sa protection ? En fait, ce que nous voulons c’est éviter que quelqu’un poignarde la résistance dans le dos à partir du gouvernement ou complote contre elle. Je ne suis injuste avec personne. Il faut relire les dépêches de Wikileaks et les propos de certains responsables et hommes politiques libanais tenus au sein de l’ambassade ou en dehors d’elle. Revoyez tout cela, je ne veux pas ouvrir les cahiers du passé. Nous sommes donc entrés au gouvernement sur cette base et je vous dis que nous continuerons à le faire, quel que soit le gouvernement ou son programme pour protéger la résistance. Mais à partir du moment où nous avons commencé à participer au gouvernement, nous nous sommes retrouvés face à de nouvelles responsabilités. Aujourd’hui, le Hezbollah ne peut pas dire qu’il n’est pas concerné par le plan pour l’électricité, pour l’eau, par le budget, par le plan de redressement ou par les fonds des déposants… Cela signifie que nous devons nous préparer à être présents avec plus de sérieux et de responsabilité que jamais. Nous participons au gouvernement depuis quelque temps, mais nous nous préparons à être désormais plus présents encore avec efficacité et responsabilité. Que nous le voulions ou pas, les circonstances nous ont poussés à faire partie du système et de l’Etat. Nous devons assumer nos responsabilités avec sérieux. Mais nul ne doit attendre des réalisations irréalistes. C’est vrai qu’en période électorale, on a tendance à faire beaucoup de promesses. Mais moi je ne vous ferai pas de promesses que nous ne pouvons pas tenir. Personne ne doit s’attendre à ce que tous les problèmes soient réglés parce que le Hezbollah dit qu’il fait partie de l’Etat. La volonté et la décision du Hezbollah ne peuvent pas suffire pour régler les problèmes. Le plan de l’électricité a besoin de la coopération de tous pour réussir. Même chose pour le plan de redressement et la lutte contre la corruption. Il faut une coopération si ce n’est de tous, du moins de la plus grande partie des composantes. Il ne faut donc pas s’attendre à des réalisations irréalistes. Nous n’avons ni les moyens, ni la force pour faire des réalisations seuls, en raison de la complexité du système libanais. Contre Israël, nous pouvons faire des miracles. Mais à l’intérieur, avec le système complexe, nous devons travailler, déployer d’immenses efforts, veiller jour et nuit, suivre sans relâche et faire assumer aux autres forces politiques, ouvertement ou discrètement des responsabilités. C’est le titre de la prochaine étape vers laquelle nous nous dirigeons.

Pourquoi ai-je voulu m’arrêter sur ce point ? Parce que je lis beaucoup dans les médias et sur les réseaux sociaux, (bien sûr, je respecte toutes les opinions) des avis que je considère irréalistes. On dit : Le Hezbollah n’a pas réussi à construire un Etat au Liban ! Mais avons-nous jamais dit que nous sommes en mesure de construire un Etat au Liban ? Nous n’avons jamais prétendu cela. Ceux qui le disent nous font porter une tenue qui n’est pas à notre mesure. La composition du Liban exige d’autres considérations. Lorsque nous parlons d’un Etat juste et lorsque nous parlons de certains dossiers, nous ne pouvons pas les régler seuls. C’est pourquoi nous avons besoin d’alliés, d’amis et de coalitions, indépendamment des sensibilités. Je vous le dis, notamment dans ces circonscriptions où nous avons noué des coalitions électorales que nous espérons transformer en alliances politiques, nous avons besoin les uns des autres. Il est faux de dire que lorsque nous nouons une alliance avec le CPL et Amal, nous perdons notre popularité ou nous nous fondons les uns dans les autres. Dans toutes nos alliances, et dans toutes nos amitiés, nous ne devenons jamais un seul parti, nous ne devenons jamais une seule structure ou organisation et nous ne parlons pas le même langage. Chacun de nous porte sa culture et conserve ses positions propres. D’autant que si c’était le cas, il ne s’agirait plus d’une alliance, mais d’une fusion de partis.

Lorsque nous parlons d’une alliance électorale ou politique ou même d’une action commune, il restera toujours des divergences. Celles-ci, aussi grandes soient-elles ne mettent pas en cause les alliances et les ententes. Car sinon, cela signifierait que nous ne sommes pas à la hauteur de la construction d’un Etat et de sa protection. Si à chaque détail, nous nous séparons et nous nous lançons des attaques, nous n’arriverons à aucun résultat dans ce pays. Car, aucune partie seule, ne peut arriver à un résultat national. Elle peut atteindre des objectifs personnels, des objectifs confessionnels, de discorde, mais elle ne pourra pas réaliser la patrie à laquelle aspirent les citoyens.

Je vais survoler encore quelques questions. Il faut préciser que le souci économique et les problèmes du quotidien constituent la principale préoccupation des citoyens. Tous les sondages effectués le prouvent.

Pour ne pas être long, je dois dire que les problèmes financiers, économiques et sociaux et l’impasse dans laquelle nous nous trouvons exigent un plan. Un plan de redressement a été proposé. Il doit être discuté en toute objectivité et souci des Libanais. Il faut le discuter avec sérieux, loin de tout popularisme et sans faire du Liban un pays soumis à l’extérieur. Lorsque ce plan sera soumis au gouvernement et au Parlement, nous le discuterons et les députés que vous aurez élus seront fidèles  à vos intérêts et prendront en considération  votre situation économique et les problèmes du quotidien. Je vais évoquer rapidement certains points :

Le premier c’est qu’il faut se diriger vers l’Est et l’Ouest, que ce soit dans le plan de redressement ou dans la politique du gouvernement. L’insistance de l’Etat à ne pas ouvrir les portes devant l’Est et ses sociétés, pour ne pas irriter les Américains signifie que nous n’avancerons pas dans les dossiers économiques, financiers et les problèmes de la vie quotidienne. Nous resterons au même point : les Etats-Unis encerclent le Liban et nous encerclons notre pays par crainte des Etats-Unis. Nous fermons les portes face aux sociétés qui souhaitent investir au Liban. Nous ne disons pas qu’il faut lâcher l’Occident, mais qu’il faut se diriger vers l’Occident et vers l’Orient. Ouvrez les portes devant tous ceux qui souhaitent investir au Liban et aider ce pays à sortir de la crise.

Le second : je l’ai évoqué hier rapidement, mais je n’ai pas pu le développer faute de temps. Il a été aussi évoqué par le président de la Chambre dans son discours. Le Liban qui veut des fonds se dirige vers le FMI. Le FMI dit qu’il peut donner entre 3 et 4 milliards de dollars sur 3 ou 4 années, avec des conditions. Ces fonds ne peuvent pas résoudre la crise dans laquelle se débat le pays. Le Liban a une dette énorme et on ne connaît pas le chiffre exact. Certains parlent de 80 milliards, d’autre de 90 ou de 100.  Jusqu’à présent, nous n’avons rien vu. Si une nouvelle conférence sur le Liban doit se dérouler dans le genre de celle qui s’est tenue à Paris, cela signifie que nous aurons des crédits d’un montant de 11 ou 12 milliards. Ce sont des dettes. Mais de toute façon, le problème du Liban est bien plus grave. Que devons-nous faire alors ? Nous avons un trésor dans la mer. J’ai entendu certains experts parler de sommes entre 200 et 300 milliards de dollars. Même si ces chiffres sont exagérés, on peut parler de dizaines de milliards peut-être pas de centaines. C’est quand même important et bien plus que ce qu’on nous promet, au moment où le peuple libanais a faim, souffre d’une crise économique sans précédent et songe à partir. Nous avons donc un trésor, surtout au large des côtes du Sud. Pourquoi ne cherchons-nous pas à extraire ce trésor ? De qui avons-nous peur ?  Des Etats-Unis ? Que peuvent-ils faire  de plus que ce qu’ils ont déjà fait ?  Le blocus, les sanctions, nous avons déjà tout cela. Ainsi qu’une aide considérable pour faire fuir les capitaux du Liban. J’y reviendrai. Pensez-vous vraiment que les Américains ne savent rien des fonds qui ont été détournés du Liban vers l’étranger ? Vous croyez vraiment qu’ils n’ont pas contribué à cette opération ?  Tous les dollars au Liban et en dehors sont strictement surveillés par les Américains. Les Américains ont poussé les Israéliens à lancer contre nous la guerre de juillet. Faut-il craindre une autre guerre israélienne ? Nous avons déjà vécu tout cela.  De quoi avons-nous peur ?  On parle du tracé des frontières. Indépendamment de cela, je demande, les Israéliens  attendent-ils le tracé des frontières ? Non ! Israël veut garantir la sécurité de la ligne 29, oui ou non ?  Le champ de Karish n’est-il pas dans la zone controversée ? Si ! Pourquoi alors Israël  veut-il y commencer les travaux  sans craindre personne, alors que le Liban ne veut pas commencer les travaux même dans la zone considérée comme faisant partie de ses eaux territoriales ? . Le Liban a le droit non seulement de commencer les travaux dans la zone qui lui appartient, mais aussi dans la zone controversée, exactement comme les Israéliens qui lui,  commence la prospection et le forage et bientôt commencera l’extraction du gaz et du pétrole, alors que nous restons assis , attendant le négociateur américain ou je ne sais qui...

Il y a quelques instants, le président de la Chambre a déclaré que les dix ans de négociations ont abouti à un accord cadre. Il nous a fallu donc dix ans pour aboutir à un accord cadre. Combien en faudra-t-il pour achever les négociations ? Je simplifie les choses pour que le peuple libanais comprenne que son pays n’est pas en faillite, ni pauvre. Certains s’empressent de parler de vendre les biens de l’Etat. Ceux-là complotent contre l’Etat. Ils ne veulent pas qu’il y ait un Etat au Liban. L’Etat n’est ni en faillite, ni pauvre. Les politiciens ne doivent pas le transformer en pays mendiant, humilié. Or c’est ce qui est en train de se passer. Rappelez-vous qu’un ministre a été contraint à démissionner, à cause de propos qu’il avait tenus avant d’être nommé ministre. Au Liban pays des libertés, de la souveraineté, de la dignité nationale,  pays des cimes majestueuses, il est imposé à un ministre de démissionner. Pourquoi ? Parce qu’il aurait mis en danger les Libanais dans les pays du Golfe et ceux-ci vont nous couper les fonds. Personne n’a le droit d’ouvrir la bouche, car nous avons besoin d’aides. Parce que nous avons besoin d’obtenir des crédits, nous changeons l’identité du Liban. Beyrouth a toujours été un refuge pour tous les opposants dans le monde arabe, pour tous ceux qui aspirent à la liberté dans le monde arabe et pour tous ceux qui ont une opinion libre dans le monde arabe. Ils veulent la transformer en ville du silence où les bouches sont fermées. Pourquoi ? Parce que nous avons un sentiment de pauvreté, parce que nous voulons mendier. Pourtant, nous sommes un pays riche qui possède un trésor dans ses eaux territoriales. Toutes les indications montrent qu’il y a des ressources énormes, notamment au large des côtes du Sud. IL y a des compagnies prêtes à venir au Liban. Que personne ne nous dise que personne n’est prêt à venir au Liban. Ouvrez la porte et elles viendront. Mais aurons-nous le courage de le faire ? Je dis : il faut avoir ce courage et l’ennemi n’osera rien faire, car lui aussi a besoin du pétrole et du gaz qu’il vole au peuple palestinien ? Oui, c’est le gaz et le pétrole des Palestiniens et il les pille. En tout cas, s’il veut nous empêcher de profiter de notre gaz et de notre pétrole, comme je l’ai dit hier, nous sommes en mesure de l’empêcher.

Certains vont dire : le sayed veut déclencher une guerre. Vous voyez ce bateau qui a pris la mer en direction de Karish. Nous ne voulons pas le bombarder. Mais si des drones volent au-dessus de lui et lui lancent un avertissement. Comment réagissent ces compagnies ? Nous le savons, elles se replient. Nous sommes en mesure d’empêcher l’ennemi, je l’ai dit et je le répète, et le Liban est un pays fort et riche. Quand on a un trésor et qu’on n’ose pas y toucher parce qu’on est faible, nous autres nous sommes forts. Pourquoi devons-nous donc rester pauvres ? Pourquoi devons -nous rester devant la porte du FMI qui nous impose parfois des conditions humiliantes ? A nos yeux, c’est une partie importante du traitement de la crise financière et économique.

Un autre sujet, celui des déposants. Leur nombre est très important et tous éprouvent cette souffrance. C’est un dossier douloureux et une tragédie pour des centaines de milliers de Libanais. Prenez l’exemple des fonctionnaires de l’Etat qui ont pris leur retraite et dont les fonds sont gelés dans les banques. Même chose pour les militaires ou encore pour les émigrés qui après avoir travaillé des décennies à l’étranger sont venus mettre leurs économies dans les banques libanaises, tous ceux qui investissent et travaillent au Liban… C’est une véritable tragédie. Certains ne la vivent pas parce qu’ils étaient au courant et ils faisaient partie du complot. Ils ont reçu des conseils et des facilités pour pouvoir transférer leurs fonds à l’étranger. Les chambres noires qui depuis 3 ans dirigeaient les opérations à partir de l’ambassade américaine ont donné un signal à tous leurs amis et leurs groupes. Mais tous les autres vivent cette tragédie et subissent cette immense injustice. Nous sommes dans l’impasse. Il faut trouver une solution. Ce sujet a fait l’objet de grandes surenchères. On entend parler d’un plan de redressement, mais nous ignorons comment seront partagées les pertes. Il faut être clair si on ne veut pas faire du populisme. Il y a deux niveaux. Le premier est celui de préserver le droit du déposant. Qu’il récupère son argent ou non, c’est une autre affaire, mais il faut lui reconnaître son droit. Il y a pourtant des parties au Liban qui veulent annuler ce droit, ou une partie de ce droit (10, 50%...). Il faut donc préserver le droit des déposants. Tout le monde en parle, mais il faut une action. Le bloc de la résistance a présenté une proposition de loi en ce sens. Je ne demande pas aux autres de l’accepter telle quelle, qu’ils en changent quelques mots ou points, mais l’idée est de reconnaître et de préserver les droits des déposants. Il ne faut pas y toucher dans n’importe quel plan de redressement, ou nouvelle loi. Les discours ne suffisent pas. Il faut une action concrète. Les députés et ceux qui seront élus dans quelques jours doivent agir et décider que nul n’a le droit de toucher aux droits des déposants, ni au gouvernement, ni à la banque centrale ni qui que ce soit. La première étape est donc de confirmer ce droit. La seconde est de recouvrer les fonds. Il faut que les déposants puissent disposer de leurs fonds. Cela exige un programme, des lois et un plan gouvernemental. Nous n’acceptons pas que les déposants paient le prix. Il ne s’agit pas de propos politiques. Ce sont des propos religieux et moraux. Ces gens ont eu confiance dans les banques et y ont déposé leurs fonds. Si les banques ont mal agi, il est injuste de faire payer le prix à ceux qui leur ont fait confiance. On ne peut pas faire assumer aux déposants la responsabilité de l’échec des banques. Il faut donc discuter de qui doit assumer les responsabilités et comment partager les pertes. Le premier responsable de cette situation, ce sont les banques. Je voudrais ici rappeler que pendant près de 30 ans, les banques ont pris l’argent des déposants et ont accordé des crédits à l’Etat avec des taux d’intérêt élevés. Ils ont ainsi réalisé d’immenses bénéfices à travers les fonds des déposants et grâce à la politique financière qui était appliquée. En tout cas, la distribution des pertes est un dossier sur lequel nous reviendrons.

Un autre dossier est celui de la lutte contre la corruption. Il y a 4 ans, nous avons lancé ce dossier et nos frères au sein du Hezbollah ont commencé à constituer un dossier. J’ai dit depuis le début qu’il s’agit d’un dossier épineux et complexe, qui exige beaucoup de temps. Il est même plus difficile que la confrontation avec Israël. J’ai donc été franc. Malgré cela, certains veulent des résultats rapides, à n’importe quel prix. Ce qui a été accompli est important, surtout en tenant compte des complications dues aux circonstances ces dernières années. Des dossiers importants qui mettent en cause des milliards de dollars et qui touchent des têtes importantes ont été déférés devant la justice. Nous avons eu le courage de le faire. Mais nous avons au Liban une justice en difficulté. Il faut traiter cela. J’ai oublié de citer ce point en parlant de l’Etat juste. Il faut donc une justice intègre. Cela suppose des lois équitables et des juges intègres et courageux, non politisés. Nous devons continuer à travailler sur ce dossier. Avec volonté et détermination. Nous pourrions ne pas aboutir à des résultats avant un, deux, ou trois ans ou plus encore, mais nous finirons par y arriver. Tout comme pour la résistance. Cela nous a pris de longues années, mais nous y sommes arrivés. Nous avons aussi travaillé pendant des années pour arriver à la loi électorale proportionnelle et nous y sommes arrivés. C’est aussi le cas de beaucoup d’autres dossier. Celui de l’électricité devrait être prioritaire au cours des prochains mois et des prochaines années. Le plan doit être exécuté et il doit être appuyé par toutes les forces politiques. Tous les obstacles devant ce plan doivent être éliminés. En même temps, il faut réfléchir à des plans et des mesures de rechange, comme l’a dit il y a quelques instants le président de la Chambre. Je dois d’ailleurs saluer la position qu’il a annoncée au sujet de la prospection dans les blocs  du Sud, en donnant aux négociations un délai d’un mois supplémentaire pour voir si elles aboutissent à un résultat. Sinon, nous irons vers la prospection et qu’Israël fasse ce qu’il veut.

Après cet exposé, ce que j’ai dit hier et ce qu’ont dit d’autres ces derniers jours, les gens sont devant des choix. Les électeurs libanais dans toutes les circonscriptions, à Beyrouth, au Mont-Liban, au Sud, dans la Békaa, au Nord  et au Akkar sont devant des choix clairs. Il y a ceux qui appellent au partenariat, à la coopération et à l’entente, en donnant la priorité à l’entente nationale et il y a ceux qui appellent à l’élimination et à l’exclusion. Vous devez choisir entre cette option et l’autre.

Certains ont dit, ces derniers jours qu’ils ne veulent pas seulement en finir avec les armes du Hezbollah. Ils veulent se débarrasser de tout le Hezbollah, du CPL et de leurs alliés. Bien entendu, ils n’osent pas parler du mouvement Amal, bien que nous soyons un duo, un tandem. En attaquant le Hezbollah on attaque donc aussi le mouvement Amal. Amal est un bouclier pour nous et nous sommes un bouclier pour lui. Il n’y a donc aucun problème à ce niveau. Ils veulent donc en finir avec le Hezbollah, le CPL et leurs alliés. Evidemment, ils ne peuvent pas le faire. S’ils le pouvaient, ils l’auraient fait depuis longtemps. Ils seraient entrés dans les maisons pour tuer les gens. Leur passé est riche en actes de ce genre. Mais face à ce choix, il en existe un autre qui appelle au partenariat, à l’entente à un gouvernement qui ne soit pas composé d’une majorité face à une minorité. Vous devez donc choisir, vous les électeurs libanais, surtout dans cette circonscription, à Baabda, entre Chiyah, Aïn el Remaneh, Hadath et la banlieue sud. Les Libanais sont donc devant un choix, entre deux tendances, celle qui appelle à la paix civile, qui s’y accroche et qui fait des sacrifices pour la préserver, qui est tué à Tayyouné et porte ses martyrs sur ses épaules donnant la priorité à la paix civile, alors qu’il est en mesure de se venger, de détruire et de faire mal, et celle d’un camp qui propose ses services à l’étranger, à Sabhane et à Feltman pour dire qu’il est prêt à se lancer dans une guerre civile. Il la pratique d’ailleurs et tue les gens. D’ailleurs, il est curieux de voir comment ceux qui réclament le désarmement du Hezbollah sont ceux qui possèdent les armes et les utilisent, tuant de plein jour les gens.

Vous devez donc choisir entre ceux qui sont soucieux de la paix civile en toute sincérité et qui sont attachés à la vie ensemble, non par faiblesse, mais à partir d’une position de force et ceux qui sont toujours prêts à mener le Liban vers l’explosion, les aventures inconsidérées et la guerre, pour confirmer son leadership devant les étrangers. Vous êtes devant un choix entre un camp qui utilise ses relations extérieures, diplomatiques, politiques financières et autres pour apporter la force au Liban. Ce camp est le nôtre et nous devons remercier à ce sujet la République islamique d’Iran, la Syrie et nos autres amis en Irak et dans d’autres pays. Notre camp utilise ses relations dans l’intérêt du pays et non pour devenir des agents pour l’extérieur. Dans notre camp, nous ne sommes pas des pions et je le dis, avez-vous vu les Iraniens en train d’intervenir au Liban ? Par contre, les ambassadeurs qui appuient l’autre camp, qu’ont-ils fait ? Nous autres, nous sommes des partenaires avec l’Iran. La République islamique nous respecte en tant que tels.

Vous avez donc le choix entre ceux qui utilisent leurs relations extérieures pour amener du mazout, de l’argent et des armes. C’est d’ailleurs ce que propose l’Iran chaque jour en rappelant qu’elle est prête à construire des tunnels, des ponts, des centrales électriques sans la moindre contrepartie. Et ceux qui amènent de l’argent de l’étranger 20 milliards de l’Arabie et 10 milliards des Etats-Unis, au total 30 milliards de dollars utilisés au Liban pour satisfaire les Américains et d’autres…Il y a un camp qui veut servir le Liban et un autre qui veut le mettre au service des intérêts étrangers. Vous avez le choix entre un camp qui assume les responsabilités et a continué à occuper les postes de responsabilités en dépit des pressions exercées au cours des trois dernières années. Vous savez très bien de quoi je parle, je ne veux pas entrer dans les noms. Et un autre camp qui a fui les responsabilités, a démissionné pour s’innocenter et affirme n’être pas mêlé à ce qui se passe. Brusquement, il s’est mis dans l’opposition et se dit avec la Thawra … Là aussi, je ne veux pas entrer dans les noms. Mais il y a des parties politiques qui se déclarent aujourd’hui dans l’opposition et qui se prétendent avec la Thawra alors que le passé montre qu’elles ont participé au pouvoir depuis les années 50, 60 , 70, 80, 90, 2000 et 2010. Certaines sont entrées et sorties, d’autres sont sorties, mais toutes ont participé au pouvoir et elles veulent aujourd’hui faire un changement  et faire face à l’injustice ? Ceux qui sont arrivés à la fin devraient aider à résoudre les problèmes. Ceux qui se déclarent aujourd’hui contre le système, en ont longtemps fait  à assumer les responsabilités en dépit des difficultés. Ceux qui fuient face aux difficultés, se réfugient à l’étranger puis reviennent se présenter en révolutionnaires et en sauveteurs vous trompent et vous mentent. Par contre, ceux qui sont sincères sont ceux qui ne vous lâchent pas et sont prêts à tout sacrifier pour vous, quelles que soient les menaces, les injustices et les pressions.

Vous devez donc choisir entre les vrais souverainistes et ceux qui vous vendent des illusions, qui veulent priver le Liban de ses éléments de force, des armes de la résistance pour permettre à Israël de venir piller ses ressources.

Vous devez choisir entre ceux qui veulent un Liban réellement fort et souverain, indépendant, au cœur des équations régionales et ceux qui le veulent faible, mendiant devant les ambassades. C’est la question qui vous est posée le 15 mais et à laquelle tous les Libanais devront répondre. Quant à vous, le public de la résistance, où que vous soyez, dans la banlieue sud ou ailleurs, vous dont les maisons ont été détruites et qu’on a tout fait pour vous briser, je sais à qui iront vos voix. Je vous entends et sans vous connaître tous personnellement, je sais que vous êtes fidèles à l’imam Moussa Sadr, à sayed Abbas Moussawi, à cheikh Ragheb Harb, à hajj Imad Moghnié, au martyr Moustafa Badreddine et au martyr Hassan Lakkis, à tous les martyrs. Je sais que vos voix iront à la résistance et à ses alliés et amis qui tiennent bon dans les postes de responsabilité, qui sont sincères et loyaux pour protéger le Liban, sa force, sa souveraineté et son indépendance. C’est ce que nous savons de vous et que nous attendons le 15 mai. Inchallah vous irez aux urnes et vous voterez non par le sang, mais avec l’encre, car votre sang est précieux pour nous. Il a été versé par le passé et il protège le Liban depuis des années. Que Dieu vous protège et rendez-vous le 15 mai.

 

 

 

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