Présidentielle: la presse étrangère salue la victoire de Macron, s’inquiète d’une France polarisée
Par AlAhed avec sites web
Quelques heures après la réélection du président français Emmanuel Macron, les médias internationaux laissent entendre leur soulagement mais soulignent le score historique du Rassemblement national.
«Macron gagne, mais n’a pas grand-chose à fêter». Cette phrase, écrite dimanche soir par un journaliste allemand pour Bild, illustre les inquiétudes exprimées par la presse étrangère, quelques heures après la réélection du président français.
Si les titres internationaux saluent la victoire d’Emmanuel Macron, beaucoup s'empressent de souligner l’importance significative du taux d’abstention lors de ce deuxième tour.
C’est notamment ce que met en avant le quotidien espagnol El Pais. «Le taux d'abstention d'environ 28%, le plus élevé depuis 1969, témoigne du désintérêt d'une partie de l'électorat et du refus d'une autre partie de choisir entre les deux finalistes», peut-on lire lundi.
Un chiffre important que le journal allemand Bild explique par une succession de «crises qu’Emmanuel Macron a dû gérer lors de son premier mandat». Si le média énumère «le Coronavirus, le terrorisme et l’inflation», il estime aussi que le taux d’abstention «tient à Emmanuel Macron lui-même: le président n’a pas fait grand-chose pour corriger son image de représentant arrogant».
Sauver la démocratie
Au-delà de l'abstention, les regards se tournent vers le score historique de parti de Marine Le Pen.
Le quotidien polonais Rzeczpospolita affiche une vraie inquiétude à ce sujet: «Le président sauve la démocratie et une Europe unie. Mais le populisme n'a jamais été aussi fort sur la Seine (...) Macron a perdu plus de deux millions de voix par rapport à 2017. Et Marine Le Pen a convaincu pas moins de 41,5% des électeurs. C'est un bond en avant par rapport à l'élection d'il y a cinq ans, où le leader de l'extrême droite avait recueilli moins de 34% des voix».
En Italie, le Corriere Della Sera justifie ce résultat par le constat d'une fracture sociale et territoriale importante. «Les grandes villes ont choisi de réélire le président sortant, tandis que les banlieues et les provinces se sont rangées du côté de Marine Le Pen. Si la seule ville de Paris avait voté, Emmanuel Macron ne serait pas à 58%, mais à 90%. Si, toutefois, seul le Nord désindustrialisé ou le Sud, refuge de l'immigration, avaient voté, Marine Le Pen serait présidente».
Victoire décisive
Abstention, fracture sociale mais aussi volonté d’union. La presse étrangère n’est pas passée à côté du message martelé par le président réélu lors de son discours: unir les Français.
«Le centriste pro-européen Emmanuel Macron a promis d'unir une France divisée après avoir remporté un second mandat à la présidence française, lors d'une victoire décisive contre Marine Le Pen», indique The Guardian dans un article, ajoutant: «Lors de son discours de victoire au pied de la Tour Eiffel, M. Macron a promis de répondre ''efficacement'' à la ''colère et au désaccord'' des électeurs qui ont choisi l'extrême droite».
Malgré tout, quelques articles laissent entendre leur optimisme.
Au Washington Post, on salue un président qui a «repoussé la menace de l’extrême droite» et, avec elle, «un bouleversement de l’Europe et des relations avec la Russie».
«La victoire décisive de Macron offre une continuité pour la France et cinq autres années de stabilité politique pour l'Union européenne à 27 pays, qui a été secouée par des années de défis de la part des populistes d'extrême droite, du Brexit, d'une crise de l'immigration, et maintenant de la guerre en Ukraine», estime le journal américain.