Menacé par la famine, le Yémen redoute l’impact de la guerre en Ukraine
Par AlAhed avec sites web
Dans le nord-ouest du Yémen, les champs de blé s'étendent à perte de vue, mais restent insuffisants pour nourrir une population au bord de la famine. Le pays, ravagé par la guerre, craint de manquer de blé à cause d'un autre conflit, celui en Ukraine.
A Al-Jawf, les agriculteurs récoltent la précieuse céréale pour la moudre avant de l'expédier entre autres vers la capitale Sanaa.
Avec 30 millions d'habitants, le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, dépend néanmoins largement des importations de blé.
Or un tiers de celles-ci proviennent de Russie et d'Ukraine. Et les prix des matières premières agricoles ne cessent de grimper depuis le début du conflit entre les deux pays fin février, faisant craindre des pénuries.
Avec une économie dévastée par plus de sept ans de guerre, le Yémen est particulièrement exposé aux conséquences de la crise ukrainienne.
Le mouvement d’Ansarullah, qui contrôle une grande part du nord du Yémen, notamment Sanaa et Al-Jawf, a annoncé vouloir produire davantage de céréales pour y faire face.
La coalition dirigée par l’Arabie saoudite mène un blocus, contrôlant l'espace aérien et maritime du Yémen, ce qui rend difficile l'acheminement de l'aide humanitaire auprès d'une population qui connaît la faim au quotidien.
«En raison du blocus de l'ennemi mais aussi de la guerre en Ukraine, nous devons assurer la sécurité alimentaire depuis l'intérieur du pays», déclare à l'AFP Ali Al-Khaled, responsable média au sein d'un organisme yéménite chargé de la production de céréales. Avec cette structure, le mouvement souhaite développer la culture des céréales au Yémen en général et dans la région d'Al-Jawf en particulier, assure-t-il.
Depuis environ une semaine, le Yémen vit au rythme d'une rare et fragile trêve de deux mois. Cet accord prévoit un allègement des restrictions sur l'espace aérien et maritime, avec notamment de deux vols commerciaux hebdomadaire reliant l'aéroport de Sanaa.
Les armes se sont largement tues, hormis quelques flambées sporadiques de violences.
Avec l'explosion des prix du pétrole, due elle aussi à la situation en Ukraine, les frais de transport vont aussi augmenter. D'autres pays du Moyen-Orient sont également touchés, comme l'Egypte et le Liban, grands importateurs de blé ukrainien et russe.
Au Yémen, pays entouré des riches monarchies du Golfe, l'ONU estime que jusqu'à 19 millions de personnes pourraient avoir besoin d'une assistance alimentaire au cours du second semestre 2022.