Covid-19: interrogations sur un nouveau sous-variant d’Omicron
Par AlAhed avec AFP
Un sous-variant d'Omicron, apparu il y a quelques semaines, est désormais suivi de près: s'il semble proche de la version initiale, les scientifiques veulent en savoir plus sur ses caractéristiques et ses éventuelles conséquences sur la pandémie.
Le nom Omicron est en fait un terme générique qui désigne sans distinction plusieurs lignages de virus très proches, explique l'Organisation mondiale de la santé (OMS) vendredi dans son dernier point hebdomadaire.
Parmi ces lignages-frères surveillés sous le nom d'Omicron (avec la qualification de variant préoccupant), c'est celui désigné par l'appellation BA.1 qui est quasi hégémonique.
Mais certaines données attirent l'attention: BA.2, un autre de ces lignages, serait ainsi devenu majoritaire en Inde ou au Danemark, où le nombre de cas quotidiens est reparti à la hausse depuis quelques jours.
«Ce qui nous a surpris, c'est la rapidité avec laquelle ce sous-variant, qui a beaucoup circulé en Asie, s'est installé au Danemark», déclare à l'AFP l'épidémiologiste Antoine Flahault.
«Le pays attendait un pic des contaminations à la mi-janvier; il ne s'est pas produit et peut-être est-ce dû à ce sous-variant, qui semble très transmissible, mais pas plus virulent» que le variant originel, poursuit-il.
Pour le moment, les autorités sanitaires attendent d'en savoir plus.
«Ce qui nous intéresse, c'est si [ce sous-variant] possède des caractéristiques différentes (de BA.1) en termes de contagiosité, d'échappement immunitaire ou de sévérité», a noté vendredi l'agence Santé publique France. À ce jour, le BA.2 a été détecté en France, «mais à des niveaux très faibles».
Au Danemark, en revanche, il remplace progressivement le BA.1, le variant Omicron «classique», a relevé l'agence de santé publique française. «Les autorités danoises n'ont pas d'explication à ce phénomène, mais il est suivi de près», a-t-elle ajouté.
La France, de son côté, «suit de près les données qui seront produites par le Danemark».
Prudents, les scientifiques ne semblent pas pour autant alarmistes.
Pour Antoine Flahault, il est encore trop tôt pour s'inquiéter, mais la «vigilance» est de mise.
«On a pour le moment l'impression qu'il est d'une sévérité comparable à Omicron, mais de nombreuses questions sont encore sur la table», ajoute le directeur de l'Institut de santé globale de l'Université de Genève.
Il invite à «mettre en place des techniques de criblage pour bien détecter» BA.2 et «voir rapidement quelles sont ses propriétés».
«Des observations très précoces en Inde et au Danemark suggèrent qu'il n'y a pas de différence majeure de gravité par rapport à BA.1», a également tweeté Tom Peacock, virologue à l'Imperial College de Londres.
Selon lui, les mutations observées ne devraient pas non plus remettre en cause l'efficacité des vaccins.
«Même avec une transmissibilité légèrement plus élevée» que la version classique d'Omicron, il ne s'attend absolument pas à un changement équivalent à celui qui s'est produit quand ce dernier variant a supplanté Delta.
«Personnellement, je ne pense pas que BA.2 va avoir un impact substantiel sur la vague actuelle de la pandémie», a-t-il noté.
Le ministre français de la Santé, Olivier Véran, a lui aussi estimé jeudi que BA.2 ne «change pas la donne» à ce stade, tout en se gardant d'un jugement définitif.
«Il y a des variants assez régulièrement», a-t-il rappelé lors d'une conférence de presse avec le premier ministre Jean Castex. «Pour ce que nous savons pour l'instant, il correspond peu ou prou aux caractéristiques que nous connaissons d'Omicron».