La normalisation d’Al-Khalifa avec «Israël» : un retweet piètre
Par Latifa Husseini
Le régime Al-Khalifa ne sera pas enchanté par la normalisation avec l’ennemi de la nation. Depuis plus d’un an, il a signé le traité humiliant, aux côtés des Emiratis, dans la Maison Blanche. Il y a deux semaines, l’ambassade sioniste a été ouverte dans la région diplomatique de Manama. Cependant, une seule constante domine le panorama : la grande majorité de la population rejette le rapprochement et la coexistence avec les Israéliens. Le fait que le régime compte sur le découragement du peuple dans la lutte contre l’accord avec «Israël», est voué à l’échec. Toutes les évolutions prouvent ce fait.
En effet, la grande référence religieuse, l’ayatollah cheikh Issa Ahmad Qassem, a concentré son discours récemment sur la nature bannie des relations avec les sionistes, mobilisant les honorables pour refuser la traitrise et résister face aux guerres menées par les autorités, en matière de déplacement forcé, de prison et d’humiliation.
Une source bahreïnie opposante suit de près l’intensité des activités survenues à la suite de l’ouverture de l’ambassade, par le ministre des Affaires étrangères de l’ennemi, Yaïr Lapid : des manifestations, mouvements de protestation, et indignation qui n’excluent aucune région du royaume.
Selon la source interviewée par AlAhed, le peuple est mobilisé et ne s’apaisera point avant de rompre l’accord de normalisation, affirmant qu’aucun environnement populaire ne le consacrera comme une réalité ou un fait accompli.
D’ailleurs, la collusion contre le peuple est le moteur du régime. Pour cette fin, ce dernier se jette dans les bras israéliens dans une tentative d’assurer une protection dérisoire. Les ennemis demeureront de tel, même «s’ils échangent le pain et les discours» avec les régimes du Golfe.
La source a expliqué que l'accord signé avec les Israéliens contredit l'unité de la sécurité nationale du Golfe : l'occupation israélienne continuera son action afin de semer la discorde entre les factions du peuple d'un même pays, et s'efforcera de réaliser ses intérêts de sécurité aux dépends de tous. Ainsi, le scandale «Pegasus» témoigne de la profondeur de la pénétration des services de renseignements de l’ennemi des autres scènes.
Malgré la taille importante des accords signés, rare est la présence des Israéliens dans les marchés et les rues de Manama, contrairement à la situation aux Emirats, selon la source.
Cela est dû à la grande réticence de la population à procéder à la normalisation, tant entre les loyalistes que l'opposition, d'autant plus que les autorités appréhendent le scénario d'un attentat contre des sionistes, puisque ce pays n’est point sûr pour eux.
La protestation est devenue presque quotidienne.
Le membre de l’Association Bahreïnie pour la résistance à la normalisation, Abdul Rasoul Ashour, a évalué dans une interview accordée à AlAhed le mouvement qui se déroule dans la plupart des régions sous le slogan de «la rupture du traité d’humiliation».
Il a affirmé que les manifestations dans les rues étaient spontanées, et pas le résultat d’une campagne de mobilisation.
«Le peuple n’a pas admis la signature du traité, alors que l’ouverture de l’ambassade fut dure pour eux», a-t-il précisé.
Il a souligné que les mouvements de protestation sont en augmentation et n'ont pas cessé depuis l'annonce de la normalisation.
«Les communiqués publiés par l'ayatollah Qassem se sont succédés depuis l’annonce de la normalisation, ce qui confirme que les gens ont jugé l'ouverture de l'ambassade des autorités de l’occupation à Manama comme une insulte à leur égard et une atteinte à leur dignité», a-t-il ajouté.
Selon Ashour, les protestations ne cesseront pas, mais demeureront de nature pacifique, tout comme le mouvement populaire à Bahreïn depuis 10 ans en réponse à tous les appels religieux et politiques.
Ashour place la question de l'afflux de personnalités bahreïnies inconnues dans les territoires occupés dans le contexte de la compensation du régime pour son incapacité à obtenir un consensus en faveur de la relation avec l'ennemi. Pour cette raison, il recourt aux médias pour promouvoir l'idée que le peuple accepte la normalisation. Mais en fait ces personnes manquent de représentation populaire, ils sont rejetés par le peuple et cible de l’ironie sociale. « Quiconque veut soutenir les Palestiniens ne rencontre pas leurs ennemis », a clamé Ashour.
Ashour a souligné que l’Association bahreïnie pour la résistance à la normalisation poursuit ses activités, insistant à bannir la présence des sionistes à Manama. «Les séminaires et rencontres avec des personnalités palestiniennes ne seront pas interrompus, ainsi que les déclarations, dans la continuité de l'initiative que j'ai lancée il y a deux ans et qui a obtenu le soutien de 25 associations politiques, civiles, syndicales et féminines (même des loyalistes), pour souligner le rejet de cette tendance par les autorités», a-t-il affirmé.
Comme Ashour le rappelle, les générations bahreïnies ont été élevées dans l'animosité à l’égard des Israéliens et se tiennent aux côtés du droit palestinien. Ces générations considèrent que le coup d'État contre ces constantes, ouvre la porte à une occupation dangereuse et pernicieuse, dont le but est de de fragmenter et d’affaiblir les peuples, par les conflits intestins, ce qui constitue une constante de la politique israélienne.
Le paradoxe qui suscite l’étonnement, réside dans le texte de la Constitution bahreïnie : un de ses articles dispose que l'Etat est dans l’obligation de préserver l'héritage arabe et islamique, de contribuer au progrès de la civilisation humaine, de renforcer les liens entre les pays islamiques et de réaliser les aspirations de la Nation arabe en matière d’unité et de progrès. Des constantes en antagonisme avec la décision de la normalisation avec l’ennemi et avec la résolution émise par la Ligue arabe concernant l'hostilité à l’égard d’ «Israël».