Les vaccins d’enfants, une arme US contre le Venezuela, au su et au vu du monde
Par AlAhed
Les droits de l’enfant dites-vous ? Lisons ensemble la convention sur les droits des enfants, signée par la plupart des pays du monde, notamment les pays européens (qui prônent les droits de l’Homme), en vertu de la résolution 25/44 de l’Assemblée générale des Nations unies, datant du 20 novembre 1989, et dont la mise en œuvre a débuté le 2 septembre 1990.
Le premier alinéa de l’article 24 de cette convention, stipule ce qui suit : «Les Etats signataires reconnaissent le droit de l'Enfant à jouir du meilleur état de santé possible et des installations pour le traitement des maladies et la réadaptation en santé. Ces Etats mettent tout en œuvre pour qu'aucun enfant ne soit privé de son droit à ces services de santé».
Le deuxième alinéa du même article stipule : «Les Etats membres s'efforcent de réaliser pleinement ce droit et, en particulier, prennent les mesures appropriées pour :
- Réduire la mortalité infantile et juvénile
-Assurer les fournitures de l'assistance médicale et des soins de santé nécessaires à tous les enfants, en mettant l'accent sur le développement des soins de santé primaires
-Combattre la maladie et la malnutrition même dans le cadre des soins de santé primaires.
En outre, le 4ieme alinéa exhorte les Etats membres à s'engager à promouvoir et à encourager la coopération internationale en vue de parvenir progressivement à la pleine réalisation du droit reconnu dans cet article, et de tenir compte des besoins particuliers des pays en développement à cet égard.
A ce stade, les propos sont beaux et suscitent l’espoir. Mais en comparaison avec les faits vécus, on se trouve en face d’une réalité en contraste à la teneur de cette convention et avec d’autres textes onusiens, en ce qui concerne notamment l’expression évoquée dans le 4ieme alinéa, sur l’unité des efforts entre les pays.
En effet, le dernier mot est au maître américain qui contrôle la décision financière internationale. Aucun pays, quel que soit son statut ou son importance, n’ose contredire les ordres ou la volonté américaine et ses lois, même si ce pays est au bord d’une catastrophe sanitaire comme le Venezuela, par crainte des sanctions américaines dirigées contre les Etats et les populations. Ces sanctions qui ont remplacé le droit international dans les quatre coins du monde, surpassant toute convention ou accord onusien, transformant même les droits de l’Enfant à de simples expressions théoriques, dépourvues de valeurs humaines ou morales, loin de toute application.
Pour ne pas être accusé d’exagération, on expose la guerre des vaccins des enfants, déclarée par les Etats-Unis indirectement contre le Venezuela, par l’intermédiaire de l’un de ses outils, une des institutions financières portugaises, ayant assumé cette mission diabolique. Une guerre qui a révélé la vraie face des responsables américains comme entrepreneurs de mort, privés de toute pitié ou compassion même à l’égard des enfants innocents. Des enfants qui se sont trouvés nés dans un pays à proximité des Etats-Unis. Washington n'a même pas hésité à les priver des vaccins nécessaires, à les éloigner du spectre de la mort, ou à conjurer le risque de contracter des maladies chroniques, dans le but de renverser leur président.
L’histoire a commencé lorsque la banque portugaise Novo Banco, a suspendu une demande de financer l’achat de médicaments et d’importantes fournitures médicales à 12.7 millions de dollars, par la banque vénézuélienne du Développement, en résultat indirect des sanctions américaines.
La demande suspendue par la banque portugaise, couvre le prix de plus de 30 millions de vaccins comprenant : 6 millions de vaccins contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, 5,5 millions de vaccins contre le tétanos (tétanos), deux millions de vaccins contre la polio et un million de vaccins contre la fièvre jaune, en plus de millions d'autres vaccins divers.
Ces obstacles qui entravent l’acquisition de ces vaccins, sont survenus au moment où le pays souffre d’une grave crise économique, alors que le gouvernement de Caracas lutte contre la croissance du nombre des contaminations par des maladies évitables par la vaccination, en particulier la diphtérie et la rougeole.
Washington a observé le mutisme. Un porte-parole du secrétariat d’Etat a refusé de commenter.
Malgré les promesses de l’administration de Joe Biden de modifier son attitude à l’égard des politiques de Trump, la nouvelle administration a renoncé aux appels pour changer les politiques américaines contre le Venezuela.
Les Etats-Unis ont toujours adopté des positions contradictoires. Après que l'administration Trump a durci les sanctions dans le cadre de la politique dite de pression maximale contre le président Nicolas Maduro en août 2019, l'Office of Foreign Assets Control a, quant à lui, publié une directive. Dans ce document, il a souligné que «le flux de marchandises et de services humanitaires vers le peuple vénézuélien n'est pas interdit par les sanctions américaines».
Pratiquement, les restrictions qui ont été renforcées sous l'administration Trump et maintenues par le président Joe Biden pèsent lourdement sur les banques et les institutions financières, même celles opérant en dehors des frontières américaines.
De plus, Washington a magistralement et professionnellement maîtrisé un jeu de désinformation pour éviter les critiques contre ses sanctions radicales contre le Venezuela, évoquant à plusieurs reprises les larges exonérations humanitaires en vigueur, autorisant le libre acheminement des denrées alimentaires et des médicaments aux nécessiteux.
De même, le Bureau du contrôle des avoirs étrangers du Trésor - ou OFAC, l'agence qui supervise l'application des sanctions - a souligné que les diverses restrictions imposées aux affaires au Venezuela n'empêchent pas les civils d'accéder à la nourriture et aux médicaments dont ils ont tant besoin.
Ces déclarations et communiqués américains sont réfutés par la suspension continue de l’envoi de médicaments aux enfants vénézuéliens, et confirment l'étendue des mensonges et de la tromperie pratiquée par Washington, qui ont marqué sa politique envers plus d'un pays et d'une région en le monde.
Qui d'entre nous ne se souvient pas du châtiment collectif infligé par les Etats-Unis au peuple irakien après l'occupation du Koweït par Saddam Hussein, ce qui a entraîné la mort de plus d'un million et demi d'Irakiens, dont environ un demi-million d'enfants, et privant les Irakiens pendant plus d'une décennie de leurs besoins en nourriture et en médicaments ?
Dans la langue des documents partagés avec The Intercept, Novo Banco, basée à Lisbonne, a refusé de transférer la somme nécessaire aux vaccins à l'Organisation panaméricaine de la santé, l'agence de santé publique de l'OMS.
La banque n'a pas répondu à une demande de réponse du journal. Des voix au sein du Parlement européen ont affirmé que l'accord bloqué est la preuve de la vaste portée et des effets négatifs des sanctions américaines contre le Venezuela.
De fait, le retard de Novo Banco fait partie d'un conflit beaucoup plus profond entre la banque et le gouvernement vénézuélien.
A partir du début de 2019, après que le député de l'opposition Juan Guaido s'est déclaré président par intérim et a rapidement obtenu la reconnaissance des États-Unis et de l'Union européenne, les institutions financières de toute l'Europe ont gelé les avoirs détenus ou étroitement associés au gouvernement de Nicolas Maduro.
Ces entités comprenaient la compagnie pétrolière de l’Etat du Venezuela et la Banque publique de développement connue sous le nom de Bandes.
Le montant total revenant au Venezuela dans Banco Novo Banco est estimé à environ 1,7 milliard de dollars.
La banque a été créée en 2014 lors de la dernière crise financière au Portugal. Un quart appartient au Fonds de résolution au Portugal, un fonds privé soutenu par l'Etat pour aider à stabiliser les banques. Les trois autres quarts appartiennent à la société de capital-investissement américaine Lone Star.
Bien que l'Union européenne ne reconnaisse plus le chef de l'opposition Juan Guaido comme président du Venezuela depuis janvier 2021, l'impasse persiste à Novo Banco.
Selon une décision rendue en juillet dernier par un juge de Lisbonne, la banque est expressément autorisée à approuver les transactions de Bandes, à condition d'obtenir l'approbation préalable du juge, ce qu'a fait la Banque vénézuélienne de développement cet été.
Encore une fois, le 22 juillet, Bandes a demandé l'approbation de Novo Banco pour envoyer la même commande, estimée à environ 12,7 millions de dollars, à l'Organisation panaméricaine de la santé.
Pour réduire les craintes de violation des sanctions américaines et augmenter les chances d'obtenir le feu vert d'un juge, Bandes a suggéré d'effectuer le virement en monnaie brésilienne et de déposer les fonds directement dans le compte de l'Organisation panaméricaine de la santé à Brasilia.
Cependant, même si deux mois se sont écoulés, Novo Banquo n'a pas donné son consentement.
Le 15 septembre, le président de Bandes, Hector Andrés Obregón Pérez, a envoyé une lettre de suivi au PDG de Novo Banco, Antonio Ramalho, l'exhortant à aller de l'avant avec l'accord, lui rappelant que le virement était «urgent et pour des raisons humanitaires».
L'inaction de Novo Banco a suscité des critiques en dehors du Venezuela.
L'Europe, incapable d’agir et se limitant aux déclarations, n’a pas réagi à la hauteur de la tragédie que les sanctions américaines causeront pour les enfants du Venezuela, de sorte que son action terne s'est limitée à la formation d'un groupe de 24 membres du Parlement européen pour émettre un message, le jeudi 7 octobre 2021, appelant la banque portugaise à procéder à la commande des médicaments au Venezuela.
La lettre partagée avant sa publication avec The Intercept – fait savoir qu’ « il n'y a aucun obstacle juridique ou légal qui empêcherait une banque portugaise de transférer l'argent brésilien à Bandes directement sur un compte bancaire.
Commentant l'affaire, James Schneider, directeur de communication de Progressive International, a déclaré à The Intercept que l'affaire Novo Banco prouve que les sanctions tuent. Le président Joe Biden et le G7 adorent parler du besoin de solidarité «face à une pandémie mondiale. Pourtant, leurs politiques économiques empêchent des pays entiers d'accéder aux médicaments essentiels qui sauvent des vies. Ils protègent les profits des entreprises pharmaceutiques avant la vie des personnes qui meurent quotidiennement de Covid-19 et d'autres maladies.»
Les tourments de Caracas avec les Etats-Unis et ses sanctions, qui ont inclu le secteur de la santé, ne sont pas nouveaux, car le gouvernement vénézuélien a précédemment reproché aux sanctions américaines d'avoir entravé sa capacité à accéder aux vaccins Covid-19 via COVAX, une initiative de partage de vaccins soutenue par l'Organisation mondiale de la santé.
(En ce moment, le secrétariat d'Etat a rejeté l'idée qu'il avait une quelconque responsabilité.) Après un long retard, le Venezuela a finalement reçu son premier lot de vaccins via COVAX en septembre dernier, et c'était le dernier pays d'Amérique du Sud à l'obtenir.
Mais qu'en est-il de la position des Nations Unies ?
La réaction internationale n’a pas été à la hauteur de la crise. Alina Dohan, la rapporteuse spéciale de l'ONU sur les mesures coercitives unilatérales et les droits de l'homme, s’est suffi à envoyer une lettre à la Banque avec d'autres responsables de l'ONU critiquant une «politique accrue de conformité».
Dohan a également rappelé à la banque portugaise qu’«il est interdit aux Etats membres de l'UE de se conformer aux sanctions américaines».
Alors que les débats font rage sur la partie qui assume la responsabilité, la situation économique et de santé publique au Venezuela demeure sombre. Plus de 5 millions de personnes ont fui le pays ces dernières années, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Selon l'agence gouvernementale américaine USAID, 7 millions de Vénézuéliens ont besoin d'une aide humanitaire.
Jusqu'à la traduction en actes de la déclaration tripartite conjointe publiée en juin par l'Union européenne, le Canada et les Etats-Unis, qui ont souligné que «les Etats-Unis envisageront d'assouplir les sanctions contre le Venezuela si des progrès tangibles sont réalisés dans les pourparlers entre les figures de l'opposition et le gouvernement».
Les enfants vénézuéliens attendent des pays qui se nomment eux-mêmes du «monde libre», pour les sauver des griffes des sanctions américaines, car ils ne vivront certainement pas grâce aux communiqués de presse, mais plutôt, après avoir obtenu les vaccins.