Le Hamas, un arsenal abondant avec un fort soutien de l’Iran
Par AlAhed avec AFP
Il peut frapper plus loin, plus fort, et s’appuie en partie sur le soutien de l’Iran : le mouvement palestinien du Hamas, en guerre ouverte avec «Israël» depuis une semaine, semble armé pour pouvoir poser des problèmes à l’occupation israélienne.
Le mouvement au pouvoir dans la bande de Gaza sous blocus israélien depuis près de 15 ans, a surpris «Tel-Aviv» par la portée et la capacité de ses frappes. Plus de 3000 roquettes sont tombées sur «Israël» depuis une semaine, le rythme le plus intense de frappes jamais dirigé vers l’entité, a indiqué l’armée israélienne.
Le Hamas procède cette fois-ci par salves concentrées, lançant à l’occasion une centaine de roquettes en quelques minutes, visant ainsi à saturer le système de défense antimissile israélien «Dôme de fer».
«Le fait le plus impressionnant de cette guerre, c’est comment ils ont pu tirer autant de roquettes en si peu de temps, voire simultanément», estime Fabian Hinz, expert indépendant spécialisé dans l’armement au Proche-Orient.
«La puissance de feu du Hamas, à la fois en termes de nombre de roquettes et de portée, excède de loin les incidents précédents», confirme l’International Crisis Group (ICG) dans un rapport publié vendredi. «Sur le plan militaire, Israël a été pris par surprise par les capacités opérationnelles du Hamas […]».
L’organisation peut atteindre Al-Qods, affirme disposer de suffisamment de roquettes pour tenir deux mois et a déployé pour la première fois son missile Ayyash 250, d’une portée de 250 kilomètres, lors d’une frappe vers Eilat (sud) qui n’a toutefois pas abouti.
Qui fournit des armes au Hamas ?
Jusqu’à il y a quelques années, le Soudan a soutenu les Palestiniens, notamment via des usines d’assemblage d’armes passées en contrebande à travers l’Égypte.
La Syrie de Bachar el-Assad a elle aussi fourni des roquettes par le passé. Mais outre une poignée de personnalités de la diaspora, c’est aujourd’hui l’Iran qui est en première ligne dans l’assistance aux groupes armés palestiniens.
«Le soutien aux acteurs régionaux est devenu un pilier essentiel de la posture militaire iranienne», affirmait en avril l’Institut international des études stratégiques (IISS). «Les activités de prolifération de l’Iran se sont concentrées sur le régime syrien et des acteurs non étatiques», notamment à Gaza.
«L’approche iranienne va au-delà du transfert d’armes. Il s’agit de transfert de savoir-faire, de modèles de conception et de bonnes pratiques», explique pour sa part à l’AFP un expert en armement qui requiert l’anonymat et publie ses recherches sous le compte Twitter Calibre Obscura.
L’Iran produit ainsi des armes lourdes conçues pour les groupes armés qui lui sont fidèles, et sont «facilement manufacturées et assemblées avec de l’outillage rudimentaire». «Israël» affronte donc un ennemi avec «des capacités décentes. Pas des roquettes de haute précision, pas des missiles balistiques, mais de l’artillerie basique», précise l’expert.
La question des stocks d’armes
Selon l’armée israélienne, le Hamas dispose d’un stock de 15 000 roquettes. Les experts consultés par l’AFP les évaluaient avant le début de ce conflit à 12 000 ou 13 000. Une force de frappe déjà considérable.
Les capacités de production des Palestiniens sont difficiles à évaluer. Mais «ils se sont beaucoup préparés pour ce moment», explique Calibre Obscura. «Ils ne veulent pas se retrouver dans une situation où ils seront à court de missiles et je pense que les stocks ont été sous-évalués».
De fait, «le Hamas a derrière lui une longue histoire de fabrication de roquettes et ils se sont montrés sensés, inventifs et créatifs», ajoute-t-il, rappelant qu’ils avaient récupéré des obus de la Première Guerre mondiale sur un bâtiment britannique coulé au large de Gaza.
Quid d’une attaque israélienne au sol ?
«La flambée de violence pourrait s’aggraver si Israël décide de lancer une offensive au sol dans la bande de Gaza», prévient l’ICG.
Mais Gaza est constellée d’agglomérations aux rues étroites et sinueuses où faire la guerre est un cauchemar et où les locaux jouissent de la connaissance du terrain, ce qui avait par ailleurs contribué à la soixantaine de morts dans l’armée israélienne lors de la guerre de Gaza en 2014. «C’est du combat urbain dans un environnement très hostile», résume Fabien Hinz.