Présidentielle US: Donald Trump flirte avec l’idée de se représenter en 2024
Par AlAhed avec AFP
«Donald J. Trump ne va pas disparaître!»: c'est devant un public conquis d'ultraconservateurs rêvant de le voir rester en politique que l'ex-président a pris la parole ce dimanche, pour la première fois depuis qu'il a quitté la Maison-Blanche. Face à ses partisans, Donald Trump a affirmé que la survie des États-Unis dépendait des conservateurs, allant jusqu'à filtrer avec l'idée de se représenter à la présidentielle en 2024.
«Nous sommes engagés dans une lutte pour la survie de l'Amérique comme nous la connaissons», a déclaré l'ancien président américain à la toute fin d'un discours décousu d'une heure et demie, concluant la CPAC, la grand-messe annuelle des conservateurs à Orlando, en Floride.
«C'est une lutte. C'est une lutte terrible, terrible, douloureuse», a-t-il ajouté en refusant toujours d'admettre sa défaite électorale face à Joe Biden.
Donald Trump s'est montré également déterminé à s'assurer que son mouvement populiste gardera bien le contrôle d'un Parti républicain qui peine à masquer ses divisions depuis l'assaut meurtrier du Capitole.
Trump pointe du doigt les débuts de Biden
«Nous n'allons pas créer de nouveaux partis, nous n'allons pas diviser notre pouvoir. Nous serons unis et puissants comme jamais», a-t-il argué devant une foule acquise à sa cause.
L'homme d'affaires de 74 ans a aussi laissé entendre, sans l'affirmer clairement, qu'il pourrait se représenter à l'élection présidentielle de 2024.
«Avec votre aide, nous reprendrons la Chambre des représentants, nous reprendrons le Sénat, et ensuite un président républicain fera un retour triomphant à la Maison-Blanche Je me demande bien qui ce sera», a affirmé Donald Trump sous les acclamations.
«Qui sait?» a-t-il ajouté. «Je pourrais même décider de les battre pour la troisième fois».
Banni des réseaux sociaux, dont son canal de communication favori, Twitter, l'ex-président américain a dénoncé la politique d'immigration de son successeur Joe Biden, affirmant que le président démocrate vient d'achever «le premier mois le plus désastreux» de l'histoire de la présidence américaine.
Dans son discours, Donald Trump a également décrit les États-Unis comme un pays divisé.
«Notre sécurité, notre prospérité et notre identité même d'Américains sont en jeu», a-t-il dit au cours d'un discours semé d'attaques contre les immigrants et les politiques de Joe Biden sur le changement climatique ou l'énergie.
Une popularité toujours immense…
Après quatre ans de mandat Trump, les républicains ont perdu le contrôle du Congrès et de la Maison-Blanche.
Et c'est un ex-président marqué de la tache infamante d'une mise en accusation («impeachment») pour incitation à l'insurrection dans l'attaque du Capitole a pris la parole.
Pourtant, sa popularité reste immense dans son camp.
«Il y a beaucoup de gens à Washington qui voudraient juste effacer les quatre dernières années» de son mandat, a lancé le sénateur Ted Cruz lors d'un discours enflammé vendredi. «Eh bien, laissez-moi vous dire quelque chose: Donald J. Trump ne va pas disparaîtr ».
Le sénateur parlait sans masque sur scène, devant un public où peu en portaient. Au point que les organisateurs ont lancé un rappel à l'ordre. «Liberté», ont rétorqué des participants, entre des huées.
Chez ces pro-Trump convaincus, un même message résonnait: pas question de tourner le dos au milliardaire.
«Nous ne retournerons pas en arrière vers les années d'échec de l'establishment républicain», a affirmé le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis.
Ses alliés le martèlent depuis son départ de la Maison-Blanche: si les républicains suivent, unis, la voie de Donald Trump, ils auront une chance de reprendre le Congrès en 2022. Mais «si nous nous disputons, nous perdrons», a mis en garde le sénateur Lindsey Graham.
Selon un sondage mené dans la foule et publié juste avant son discours, près de 70 % des participants voulaient qu'il se représente à la présidentielle.
Questionnés sur l'avenir du parti républicain, 95 % d'entre eux se sont prononcés pour qu'il poursuive son programme populiste.
Mais seuls 55 % d'entre eux pensaient qu'il devrait être le candidat du parti républicain en 2024, ce que le commentateur conservateur Karl Rove a qualifié d'«avertissement».
… mais des divisions bien présentes
Les divisions sont pourtant bien là, et s'exposent parfois spectaculairement.
Donald Trump doit-il parler à CPAC? «Oui», avait répondu mercredi aux journalistes le dirigeant de la minorité républicaine Kevin McCarthy, sans hésiter.
Derrière lui, Liz Cheney, porte-voix des républicains anti-Trump depuis son vote en faveur de la mise en accusation du milliardaire, a lâché: «Je ne pense pas qu'il devrait jouer un rôle dans l'avenir de notre parti, ou du pays». Puis chacun est parti de son côté.
Dix républicains, sur 211 siégeant à la Chambre, ont voté avec les démocrates l'«impeachment» de Donald Trump, accusé d'avoir encouragé ses partisans à prendre d'assaut le Capitole le 6 janvier.
L'ex-président a finalement été acquitté lors de son procès au Sénat, mi-février.
Fait historique, sept républicains ont voté en faveur de sa condamnation.
Une réelle force électorale
Mais même parmi ses plus grands critiques, on reste conscient de sa force électorale. À l'image de Mitt Romney.
Si l'ex-président se représente en 2024, «je suis assez convaincu qu'il remportera la nomination du parti», a confié le sénateur républicain au New York Times DealBook DC Policy Project.
Bête noire de Donald Trump, ce dernier n'a pas été invité au CPAC.
Le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, qui a déclaré le milliardaire «responsable» de l'attaque du Congrès, non plus.
Quant à son ancien vice-président Mike Pence, il a décliné l'invitation.
«Il y a une déconnexion entre le Parti républicain à Washington et la base, toujours fidèle à Trump», explique à l'Agence France-Presse John Feehery, ancien communicant pour de hauts responsables républicains du Congrès, aujourd'hui lobbyiste.
D'autres républicains pourraient bien entendu se présenter en 2024, comme les sénateurs Josh Hawley, Tom Cotton, la gouverneure du Dakota du Sud Kristi Noem ou l'ex-ambassadrice à l'ONU Nikki Haley.
«Mais Trump dispose du plus puissant porte-voix et de la plus vaste base de soutien» aujourd'hui, souligne-t-il.
À moins qu'il ne quitte la politique, Donald Trump dominera encore le parti en 2024, prédit John Pitney Jr., professeur de politique américaine à l'université Claremont McKenna College. «Les républicains savent que rompre avec Trump a un coût politique et la plupart ne sont pas prêts à payer ce tribut».