Sayed Nasrallah : «Venger la mort de Soleimani est une question de temps, les missiles de haute précision du Hezbollah ont dédoublé»
Par AlAhed
Le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah a déclaré qu’il fallait faire preuve de vigilance et de précaution d’ici la fin du mandat du président américain sortant Donald Trump. «Le comportement d’une personnalité comme Trump est imprévisible», a-t-il dit lors d’une interview accordée ce dimanche soir à la chaine de télévision panarabe al-Mayadeen. Il a toutefois souligné que tous les propos sur des intentions belliqueuses dans la région, avant le départ de Trump de la Maison Blanche ne sont que des analyses.
«Les menaces israéliennes qui fusent de toutes parts ne sont que du tapage médiatique. Tout ce bruit ne sera pas suivi d’actes réels», a estimé sayed Nasrallah, précisant que la visite de Mark Milley en «Israël» s’inscrit dans le cadre de l’avènement de la nouvelle administration US et de son approche du conflit israélo-palestinien. «Milley serait venu à la demande de Biden pour dissiper les inquiétudes israéliennes», a-t-il dit.
Soulignant que tous les propos sur de possibles assassinats sont basés sur des analyses logiques et non pas sur d’informations tangibles, le secrétaire général du Hezbollah a commenté les informations faisant état d’une descente israélienne dans la région de Jeyyeh à l’entrée Sud du Liban. «Tout ce qui a été dit à ce propos est erroné d’après nos connaissances. Pour nous, les Israéliens sont toujours dans un état de forte vigilance et n’arrivent pas à se tenir sur leurs pieds».
Par ailleurs, sayed Nasrallah a révélé que la liquidation des commandants du Hezbollah est un objectif israélo-saoudo-américain commun, et que les dirigeants de la résistance sont visés non seulement des Israéliens mais des Américains aussi. «Les informations à notre disposition confirment que l’Arabie Saoudite incite l’administration US depuis longtemps - au moins depuis le déclenchement de la guerre contre le Yémen- à m’assassiner. Ces dernières années, la direction saoudienne adopte une politique rancunière irraisonnable».
L’assassinat des deux martyrs Soleimani et al-Mohandess
Selon sayed Nasrallah, l’assassinat des deux dirigeants martyrs Qassem Soleimani et Abou Mahdi al-Mohandess était mené ouvertement, contrairement à l’assassinat de Imad Moughniyeh et Fakhri Zadeh.
«Le martyr Soleimani était fort charismatique, et avait une grande influence sur les gens de son entourage. Il était une personne distinguée par ses qualités humaines. Il était à la fois un stratège, fin connaisseur en tactique, et un combattant sur le terrain. J’étais très inquiet pour lui peu de temps avant son assassinat, et je l’ai averti maintes fois. Il me manque beaucoup, je sentais que nous ne faisions qu’un», a-t-il dit.
S’exprimant sur le martyr al-Mohandess, sayed Nasrallah l’a qualifié de «grand dirigeant qui ressemblait beaucoup au martyr Soleimani». Il avait un rôle clé dans la réalisation des deux victoires sur l’occupation US et sur «Daech» en Irak, et il était un commandant dans l’axe de la résistance. Son rôle dépassait l’Irak.
«Sachez que les Américains ont quitté l’Irak malgré eux, ils se sont retirés humiliés grâce aux frappes de la résistance. Ils ont quitté ce pays sous le feu, et ont supplié le martyr Soleimani pour leur permettre de sortir indemnes», a fait savoir sayed Nasrallah.
Le martyr Soleimani et les roquettes Cornet à Gaza
Sayed Nasrallah a par ailleurs insisté sur les liens que le martyr Soleimani a tissés avec les factions de résistance palestiniennes, toutes obédiences confondues. Selon lui, «le soutien logistique aux factions de résistance à Gaza n’avait point de limites. Pas de lignes rouges. Le martyr Soleimani se tient derrière l’acheminement des roquettes de type Cornet à Gaza».
«Les roquettes Cornet que la résistance a utilisées lors de la guerre de juillet 2006, ont été achetées par la Syrie de la Russie. Le président Bachar el-Assad a autorisé le transfert de ces armes aux mouvements palestiniens à Gaza, le Hamas et le Jihad islamique. Suite à la crise syrienne, le président Assad était compréhensif de la relation du Hezbollah avec le Hamas».
La normalisation et la cause palestinienne
Commentant les derniers développements sur la normalisation des liens avec l’ennemi sioniste, sayed Nasrallah a dit «ne pas être surpris de la perfidie arabe, parce que la majorité des régimes arabes n’ont point soutenu que verbalement la cause palestinienne. Nous constatons à travers cette normalisation qu’il n’y a plus lieu à l’hypocrisie, que les masques sont enfin tombés et que la réalité de ces régimes a été dévoilée».
«Prétendre que l’Iran est le véritable danger régional pour justifier le recours à la normalisation n’est qu’un alibi futile puisque la cause palestinienne constitue un fardeau pour ces régimes arabes », a-t-il affirmé enchérissant que «rien au monde ne saura justifier la renonciation à la Palestine».
S’exprimant sur l’état de force de l’axe de la résistance, le commandant de la résistance libanaise a fait savoir que «les capacités des pays de l’axe de la résistance se sont largement multipliées par rapport aux années écoulées. Mais ce qui est plus important encore est la volonté», a-t-il avancé.
Le Hamas : vers un rétablissement des liens avec Damas
Son éminence a fait état de plus d’une rencontre avec le chef du bureau politique du Hamas Ismail Haniyeh lors de sa dernière visite au Liban. «Nous avons débattu de toutes les questions régionales, notamment de la Syrie. Nous avons convenu que la relation entre le Hamas et Damas doit être rétablie. Le climat est positif même si les choses nécessitaient du temps. Je pense que le Hamas prônera logiquement le rétablissement des liens avec la Syrie et le Hamas doit aider pour rediriger la boussole dans la région».
«Les factions de la résistance réalisent mieux qui se tient avec la Palestine et qui ne le fait pas. Alors que l’Arabie Saoudite emprisonne les dirigeants du Hamas, le parti des Réformes lutte en faveur des Saoudiens et des Emiratis. En tant qu’islamiste, je trouve la position du parti «Justice et développement» au Maroc plus douloureuse et plus dangereuse que la normalisation des régimes du Golfe avec «Israël».
Soutien à la résistance contre l’occupation US en Irak
Evoquant les manœuvres conjointes entre les factions de résistance à Gaza, sayed Nasrallah y a trouvé une initiative très importante qui reflète la force de la résistance et horrifie l’ennemi. Haj Qassem et la force d’al-Qods ont soutenu discrètement les factions de la résistance palestinienne.
Les apparitions médiatiques du martyr Qassem Soleimani ont commencé avec les débuts de la bataille contre «Daech» en Irak. Cette apparition n’était pas planifiée, mais ceci démontre qui a vraiment combattu pour la protection de la région.
La relation du martyr Soleimani avec les instances religieuses en Irak était bonne, surtout dans les dossiers clés.
Sayed Nasrallah a rappelé que la majorité écrasante des opérations militaires en Irak contre l’occupation US ont été menées par les factions de résistance, soulignant que les groupes de jeunes qui ont lancé la résistance armée contre les forces US en Irak n’avaient pas de couverture politique.
Il a déploré que les chaines satellitaires arabes aient refusé de diffuser les vidéos des opérations militaires de la résistance contre l’occupation US, condamnant le mutisme médiatique à ce sujet.
Et d’ajouter que la résistance irakienne recevait un véritable soutien de la part de la force d’al-Qods et du haj Qassem Soleimani. «L’armée US a menacé le martyr Soleimani et la force d’al-Qods de bombarder leurs locaux en Iran s’ils poursuivent leur soutien à la résistance irakienne. L’armée américaine a d’autre part, transmis un message à haj Qassem, l’appelant à l’aide pour se retirer d’Irak sans s’exposer au feu».
Soulignant que le groupe d’«al-Qaida» a mené 4800 attaques suicide contre les Irakiens, il a insisté sur l’action ponctuelle de la résistance irakienne qui avait pour seul objectif de faire pression sur l’occupation afin de l’obliger à quitter le pays.
Sayed Nasrallah a aussi noté que le président US Donald Trump maintient ses forces en Irak et en Syrie pour piller les ressources des deux pays et leur pétrole.
Les commanditaires de l’assassinat doivent être punis
Sayed Nasrallah s’est attardé sur l’assassinat de hajj Qassem et d’al-Mohandess. Il a déclaré entre autre :
«Nous avons réalisé de grandes victoires et nous avons avorté de grands projets de l’ennemi. C’est dans ce contexte que haj Souleimani et Abou Mahdi al-Mohandess sont tombés en martyre. Sans la résistance irakienne, c’est l’ambassade US qui dirigerait l’Irak, et sans ces exploits, le groupe terroriste «Daech» contrôlerait la région. Sachez que l’axe de la résistance est plus fort que jamais et qu’il s’est remis suite à la dure frappe qu’il a subie à travers l’assassinat de Soleimani. Le bombardement de la base militaire US «Ain el-Assad» est une gifle historique et stratégique. L’équation établie dans la confrontation avec les Américains ne consiste pas à compter les morts».
«Washington a cru qu’à travers l’assassinat des dirigeants de la résistance, celle-ci sera anéantie à jamais. En réalité, l’axe de la résistance ne dépend pas d’une seule personne. Malgré ceci, ceux qui ont commandité l’assassinat de Soleimani et d’al-Mohandess doivent être punis où qu’ils soient. Tous ceux qui étaient impliqués dans l’exécution de l’assassinat sont la cible de toute personne qui se considère fidèle aux deux martyrs. Venger la mort de Soleimani et al-Mohandess est une question de temps et leur sang ne restera pas sans vengeance».
Soleimani en Syrie : le choix de la résistance et de la ténacité
D’après sayed Nasrallah, «le martyr Soleimani était inquiet des tentatives US d’exploiter le soulèvement des peuples arabes pour frapper certains régimes politiques. Il était l’un des premiers à sentir le danger qui guette la Syrie sous le prétexte du printemps arabe. Les parties qui ont financé et soutenu les groupes de l’opposition syrienne ont rapidement lancé la confrontation armée. Nous avons contacté plusieurs parties de l’opposition syrienne pour tenter de résoudre pacifiquement la crise au début, mais tout le monde a rejeté notre initiative.
En effet, la décision de la guerre en Syrie était une décision régionale et internationale pour avorter toute solution politique. Les forces extérieures soutenant l’opposition croyaient que le régime sera renversé en deux mois. L’objectif du renversement de régime est de mettre en place un autre plus faible, qui exécute l’agenda politique de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie Saoudite, en vue de conclure un accord de paix avec Israël et d’appliquer les diktats US.
Face à cette situation, nous étions en face de deux choix : la capitulation ou la résistance. La Syrie se caractérise par son autonomie et le courage de sa direction. Elle ne se soumet ni aux ennemis ni aux alliés. La décision du président Bachar el-Assad de faire face à la guerre a poussé les alliés à soutenir Damas et à intervenir dans la confrontation militaire. Le président Assad n’a pas quitté Damas tout au long de la guerre, même dans les moments les plus difficiles.
L’intervention russe en Syrie avait une grande influence sur le cours des choses. Moscou au début a hésité, mais suite à la visite du martyr Qassem Soleimani à Moscou, et son entretien avec le président russe Vladimir Poutine pendant deux heures, il a pu le convaincre d’intervenir militairement dans la guerre. Poutine a dit avoir été convaincu de l’importance de la participation militaire à la guerre suite à l’exposé par Soleimani de la situation sur le terrain. Ainsi, le président russe et le monde entier savent bien que Moscou est redevenu un pionnier sur la scène internationale à travers la porte syrienne.
Soleimani présent dans la Banlieue en juillet 2006
Evoquant la guerre de juillet contre le Liban en 2006, sayed Hassan Nasrallah a dévoilé que «haj Qassem Souleimani n’a quitté la Banlieue Sud de Beyrouth que pour 48 heures afin de dresser son rapport sur la situation sur le terrain. Tous les bombardements aériens israéliens pendant la guerre n’ont pu suspendre le soutien logistique à la résistance. Le martyr Soleimani a joué un rôle majeur et a suivi le projet du logement des déplacés suite à la guerre. Certains politiciens au pouvoir planifiaient pour laisser la population dans les rues après la guerre le plus longtemps possible».
Sayed Nasrallah a souligné que «sa connaissance avec le commandant actuel de la force d’al-Qods Ismaïl Qa’ani remonte à une longue date, vu qu’il était représentant de hajj Qassem. La voie de Soleimani se poursuit avec Qa’ani», a-t-il estimé.
Les missiles de haute précision se sont multipliés
Son éminence a également exposé l’état de force du Hezbollah. Selon lui, «le Hezbollah demeure fort, vigilant, avec un moral très élevé. Toutes les menaces de l’ennemi découlent de sa connaissance que nous allons riposter à l’assassinat du martyr Ali Mohsen en Syrie. Les drones israéliens qui survolent en permanence l’espace libanais reflètent l’inquiétude israélienne de la riposte de la résistance. Nous avons lancé les armes convenables en face des drones israéliens sans l’annoncer au public. Sachez que les missiles de haute précision de la résistance ont dédoublé par rapport à l’an dernier. Nous sommes capables de frapper n’importe quelle cible en Palestine occupée et c’est l’ennemi qui est inquiet, et non la résistance, surtout avec le départ de Trump et le possible retour à l’accord nucléaire.
« La résistance est aujourd’hui dans ses meilleurs états. Nous avons confiance en l’avenir, et en notre prochaine victoire. Les Israéliens doivent s’inquiéter en mer, sur terre et dans l’air. La résistance possède des atouts de force qui sont toujours en secret et que l’ennemi ignore totalement ».
Nul besoin d’une exposition de force à la frontière
« Nous avons dévoilé à l’ennemi notre force de défense aérienne à un certain niveau. Nous garderons le reste de nos potentiels militaires en secret. L’ennemi israélien ignore de nombreux atouts de force à notre disposition. Notre décision est claire : riposter convenablement contre les soldats de l’ennemi exclusivement pour renforcer la force de dissuasion. Nous n’avons pas besoin d’étaler inutilement notre force à la frontière contre des maquettes. Nous cherchons une riposte effective ».
Au sujet des négociations en cours pour la délimitation des frontières maritimes, sayed Nasrallah a constaté que celles-ci n’aboutiront nulle part sous la direction de l’administration US actuelle. Nous avons le plein droit d’interdire le vol israélien de nos ressources aquatiques et nous avons la capacité de le faire.