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Sayed Nasrallah : «Nous n’accepterons pas de gouvernement similaire à celui du 5 mai 2008, les Français doivent nous respecter»

Sayed Nasrallah : «Nous n’accepterons pas de gouvernement similaire à celui du 5 mai 2008, les Français doivent nous respecter»
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Par AlAhed

Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a prononcé un discours ce mardi soir dans lequel il a commenté les derniers développements sur la scène politique libanaise et régionale.

Dans ce qui suit les idées principales de son discours :

«(…) Je commence par présenter mes condoléances à la famille royale et au peuple frère du Koweit pour le décès du prince du pays Cheikh Sabah el-Sabah. Nous n’oublierons jamais la position honorable du Koweit qui a contribué à mettre fin à la guerre civile libanaise. Les Libanais n’oublient pas la position distinguée et ferme du Koweit lors de la guerre de juillet 2006, tout comme sa contribution dans la reconstruction de ce que l’offensive sioniste a détruit au Liban. Et dernièrement, nous apprécions le rejet du Koweit de toutes les pressions visant à pousser les pays arabes à normaliser les liens avec «Israël».

 Je passe au dossier libanais et je commence par le volet sécuritaire. Il y a quelques semaines, des affrontements armés ont eu lieu entre des terroristes et des civils à Kaftoun, et qui ont été suivis par d’autres affrontements entre l’armée libanaise et les forces de sécurité contre des groupes terroristes. Nous apprécions fort les sacrifices des soldats, et la patience des familles des martyrs de l’armée et nous saluons le soutien populaire à l’institution militaire au nord du pays.

Les enquêtes menées sur ces affrontements ont montré qu’il s’agit de groupes terroristes de diverses nationalités : libanaise, syrienne, palestinienne et autres. Les armes confisquées démontrent aussi que ces terroristes se préparaient à une opération sécuritaire d’envergure. Sachant que des roquettes et des obus ont été découverts sur place.

J’avais prévenu il y a un certain temps des tentatives visant à relancer  Daech en Syrie, au Liban et en Irak. Les USA ont recommencé à réactiver «Daech» suite à l’assassinat de haj Qassem Souleimani. Il est donc normal d’assister à de nouvelles attaques au Liban, comme dans le reste de la région. L’objectif en est de justifier le maintien des forces US dans les pays arabes.

Nous devons tous nous tenir derrière les institutions militaires pour faire face à la vague des attaques prévues.

A la frontière du sud, l’armée ennemie continue de se cacher dans les abris. C’est la première fois que les soldats n‘osent pas se déplacer à la ligne frontalière pendant cette longue période. Notre décision de riposter à l’ennemi demeure en vigueur. Nous contrôlons toujours cette frontière et nous guettons le moment opportun.

Il y a quelques instants, le premier ministre sioniste Netanyahu, a prétendu que le Hezbollah possède un dépôt d’armes à côté d’une station de gaz dans un endroit à Jnah. Je déclare que le département des relations médiatiques sera prêt pour accompagner tous les journalistes et les médias à l’endroit mentionné pour faire une tournée et s’assurer que les propos de Netanyahu sont mensongers. Vous pouvez dès maintenant aller sur place pour voir si le Hezbollah allait évacuer ses missiles.

Au sujet du gouvernement : suite à l’explosion du 4 aout, à la démission du Premier ministre Hassan Diab, et le lancement de l’initiative française, il y a eu deux rencontres au palais des pins. Nous avons tous affiché notre soutien à cette initiative. La première étape fut la désignation d’un Premier ministre. Les blocs parlementaires sont convenus de saluer la nomination de Saad Hariri ou d’une personnalité que Hariri nommera.

Pendant ce temps, le groupe des quatre anciens premiers ministres ont commencé à se réunir et ont présenté trois noms, dont le nom de Mostapha Adib. Dans le but de faciliter et d’accélérer le cours des événements, nous ne sommes pas réunis avec lui. Une fois cette étape achevée, le président français est retourné au Liban et a insisté sur la mise en place du plan de réformes.

Toutefois, il n’y a eu aucune rencontre, aucun débat au sujet de la distribution des portefeuilles, des choix des personnalités ministrables, rien. Ils cherchaient un gouvernement du fait accompli. Ce qui veut dire que la plus importante prérogative du poste de la présidence sera ainsi annulée. Sur ce point, j’avertis les Français sur la première grande erreur qu’ils ont commise, à savoir, porter atteinte au poste de la présidence. L’objectif serait d’entraver dans l’avenir la nomination du ministre Gebrane Bassil.

C’est l’ancien Premier ministre Saad Hariri qui dirigeait les négociations. Il prenait à sa charge la nomination des ministres, la distribution des portefeuilles, le nombre de ministres, et personne n’a le droit de commenter ni de prendre position. Le groupe des anciens premiers ministres insistaient sur un gouvernement de 14 ministres.

Nous avons ensuite divergé au sujet de la rotation des portefeuilles, nous nous sommes opposés à cette politique parce qu’elle constitue un danger pour le pays.

Nous avons dit que nous sommes prêts à proposer plusieurs noms de ministres et que le premier ministre pourra rejeter ou accepter comme il lui convient. Mais notre proposition n’a pas été approuvée.

Bref, nous avons tout fait pour faciliter la formation du gouvernement. Et au dernier jour, soit le 15ème jour du délai, on est revenu à la case départ : un gouvernement de 14 ministres, le choix des ministres se fait par le groupe des anciens premiers ministres exclusivement, et la rotation des portefeuilles ministériels sans tenir compte de l’identité religieuse ou confessionnelle. Donc, vous avez tenté de porter atteinte à toutes les normes suivies dans le pays, vous avez voulu monopoliser la formation du gouvernement, et des contacts avec le président français ont commencé.

On nous a dit que vous devez faciliter l’action en cours sinon les sanctions nous attendent. Nous avons été clairs dans nos interrogations : l’initiative française stipule-t-elle que seuls les anciens premiers ministres ont le droit de nommer les ministrables ? avez-vous fixé le nombre de ministres dans ce gouvernement ? avez-vous parlé de la rotation des portefeuilles ? la réponse française était négative.

Ils nous ont dit que le Hezbollah et Amal ont le droit de s’attacher à l’identité chiite du ministre des Finances. Nous avons dit que nous sommes attachés à la nomination d’un ministre chiite dont la décision politique nous convient.

Ensuite, Saad Hariri a posé comme condition de choisir lui-même un ministre chiite, mais le club des anciens premiers ministres a refusé.

Ils ont voulu faire le maximum de pressions sur le président Michel Aoun, ils ne savent pas comment traiter convenablement avec le président Aoun. Ils ne le comprennent pas assez. Suite à ces complications, les accusations ont pointé de doigt le Hezbollah et le mouvement Amal.

Puis, le président français a tenu sa conférence de presse.

Je vais commenter les événements : le club des quatre anciens premiers ministres a réclamé que tous les dirigeants du pays leur livrent le pays et le prochain gouvernement, sans aucune intervention de la part des forces politiques, dont le mouvement Amal et Hezbollah. Ils sont partis de faux calculs, et ils ont voulu tester notre réaction pour appliquer la même mesure sur les autres forces politiques.

Ce qui était demandé donc était de former un conseil qui gouverne le pays et dont la décision politique dépendait des quatre anciens premiers ministres.

  1. Sachez que cette politique ne peut en aucun cas réussir au Liban, quel que soit son parrain.
  2. Ceux qui nous accusent d’intimidation ont exercé cette intimidation contre nous pour nous pousser à fléchir devant les pressions.
  3. La question primordiale pour nous est : qui sera le capitaine de bord qui sauvera le pays de cette situation qui va de mal en pis ? nous devrions remettre le pays à ceux qui étaient responsables de la dégradation de la situation du pays !
  4. Nous avons décidé de faire part aux gouvernements libanais depuis 2005 dans le but de protéger la résistance pour ne pas revivre le gouvernement du 5 mai 2008. Qui est venu aujourd’hui pour former le gouvernement ? le même premier ministre qu’en 2008. A vrai dire, nous n’avons pas peur de l’armée, mais nous devons être vigilants face aux gouvernements et aux décisions politiques. Aujourd’hui, nous ne pouvons aucunement nous absenter des gouvernements, parce que nous craignons pour ce qui reste de ce pays, pour son avenir et pour son peuple.  Le gouvernement attendu allait-il donner son blanc-seing pour le FMI ? et en échange les institutions et les secteurs vitaux seraient-ils vendus au FMI. Nous avons le droit d’avoir peur pour les fonds des déposants dans les banques. Nous ne pouvons pas fermer les yeux et accepter quiconque pour venir gouverner le pays. Donc, ce n’est pas une question d’être représenté au pouvoir.

Le président français a accusé toutes les parties libanaises d’avortement de la formation du gouvernement. Est-ce que l’initiative française a donné le droit aux quatre anciens premiers ministres de prendre tout le pays ? Pas besoin d’accuser tout le monde de responsabilité de l’échec de la formation du gouvernement, surtout que certaines forces politiques n’ont pas été tenues au courant des pourparlers.

Je préfère que le président Macron accuse le Hezbollah seul de responsabilité et de laisser nos alliés tranquilles. Par exemple, pourquoi vous tenez le chef de l’Etat pour responsable ? mais on a tenté de l’exclure et de le marginaliser. Nous sommes connus chez l’ami et l’ennemi de tenir à nos promesses. Nous sommes connus pour notre crédibilité. Ce que tu réclames de nous s’oppose au principe de la démocratie. Lors des législatives en 2018, nous avons été élus par le peuple. Nous avons choisi la démocratie, la représentation du peuple. Nous n’avons pas attaqué «Israël», c’est «Israël» qui nous attaque. Nous ne sommes pas allés seuls en Syrie, nous sommes allés à la demande du gouvernement syrien pour protéger notre pays, pour lutter contre les groupes takfiris.

Nous n’avons pas volé les richesses et l’argent du pays. Nos ressources sont connues. Nous n’acceptons pas que quiconque nous parle de la sorte. Nous ne sommes pas parmi ceux que tu accuses de corruption et de mensonges.

Vos médias nous font la guerre jour et nuit, pourtant nous n’intimidons personne. Tout le monde est libre de s’exprimer

Je souhaite que le gouvernement français fasse la sourde oreille à certaines voix libanaises qui accusent l’Iran de tous les maux. L’Iran n’est pas comme vous. L’Iran ne dicte pas sa politique, il ne s’ingère pas dans nos affaires. Nous sommes indépendants dans nos décisions. Arrêtez de parler des pourparlers irano-américains.  Si vous allez persister dans cette ignorance, nous n’allons arriver nulle part. Mr. Macron, allez chercher les mesures US qui veulent saboter ton plan, lisez bien le discours du roi saoudien à l’ONU.

Nous n’acceptons pas que tu nous accuses d’acte de traitrise. Nous rejetons ce discours hautain. Nous sommes un parti qui se respecte et nous n’acceptons pas d’être accusé de corruption, ce n’est pas acceptable de tenir un discours pareil à notre égard.

Nous avons salué l’initiative française, mais nous ne voulions pas qu’il se présente comme un tuteur qui décide de tout et qui juge les parties. Aucun mandat à qui que ce soit de jouer le rôle de gouverneur au Liban. J’espère que les Français reverront leur initiative dans le fonds et dans la forme.

Nous saluons toujours les efforts français à condition que la politique suivie change de discours et respecte la dignité nationale. Les Français sont connus pour leur courtoisie, je ne comprends pas ce qui leur est arrivé ces deux derniers jours. Nous tenons à la coopération de tous pour passer de mauvais au meilleur.

Un dernier mot avant de terminer mon discours : je salue les jeunes bahreinis, les oulémas qui ont publié des communiqués pour condamner la normalisation du pouvoir avec l’ennemi sioniste. Nous savons que ce pouvoir ne possède pas de décision libre. Je salue le peuple libre, honnête et fidèle de Bahreïn qui a exprimé avec bravoure le rejet de cette politique.

De même, nous saluons le peuple en Tunisie et en Algérie, et nous appelons le peuple et les élites soudanais à rejeter cette mesure, ce peuple qui a toujours combattu l’oppression. Sachez que cette mesure ne signifie rien tant que les peuples rejettent la normalisation. Quand aux dirigeants qui ont accouru vers «Israël», ils réaliseront prochainement qu’ils ont fait de faux calculs.

 

 

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