États-Unis: heurts entre antiracistes et pro-Trump à Portland, un mort
Par AlAhed avec AFP
Une personne a été tuée par balle samedi à Portland dans l'Oregon, dans le nord-ouest des États-Unis, dans des circonstances confuses pendant une soirée de heurts entre des manifestants antiracistes et des partisans de Donald Trump.
Portland est le lieu de manifestations quotidiennes contre les violences policières aux États-Unis depuis la mort de George Floyd, un quadragénaire noir asphyxié sous le genou d'un policier blanc, en mai dernier. Ce mouvement a été ravivé quand Jacob Blake, un autre Afro-Américain, a été grièvement blessé par des tirs de la police à Kenosha dans le Wisconsin.
Altercations entre manifestants et partisans de Trump
Plusieurs centaines de voitures conduites par des partisans du président américain, avec drapeaux des États-Unis et drapeaux pro-Trump, ont convergé de façon organisée en file sur Portland samedi, y compris dans le centre-ville où se trouvaient les manifestants du mouvement Black Lives Matter, ce qui a donné lieu à des échanges d'insultes, des altercations et des tirs de paintball d'au moins un partisan pro-Trump, et des jets de bombes lacrymogènes, selon des images amateurs.
La police locale a rapporté «des violences entre manifestants et contre-manifestants», et indiqué que des policiers étaient «intervenus» et avaient «procédé dans certains cas à des arrestations».
Les tirs mortels ont eu lieu à 20 h 45 environ, heure locale, dans le centre-ville, a affirmé la police dans un communiqué, ajoutant qu'une enquête pour homicide était en cours.
Des policiers «ont entendu des tirs venant du quartier […] et ont trouvé sur place une victime touchée par balle à la poitrine», établit le communiqué.
Trump insiste sur la garde nationale
On ignore dans quelles circonstances cet homme a été touché et si sa mort était liée aux manifestations.
Selon des photographies, l'homme décédé portait une casquette «Patriot Prayer», un groupe local d'extrême droite actif contre les manifestations antiracistes qui se déroulent à Portland depuis trois mois.
Donald Trump a réagi par des dizaines de tweets et retweets dimanche matin critiquant l'action du maire démocrate de Portland, Ted Wheeler, et son refus d'appeler la garde nationale, et plus généralement dénonçant ce qu'il considère comme le laxisme des villes gérées par les démocrates face à la délinquance et à la violence, la police étant une responsabilité locale aux États-Unis.
«Notre grande Garde nationale pourrait résoudre ces problèmes en moins d'une heure», a-t-il affirmé.
À Portland, «ils continuent de refuser n'importe quelle forme d'aide du gouvernement pour stopper les actes de violence qui se déroulent depuis près de 90 jours», a renchéri le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, Chad Wolf, sur la chaîne ABC.
Donald Trump, qui joue sa réélection le 3 novembre, avait adressé lors de son discours d'investiture à la convention républicaine le même message de rétablissement de l'ordre.
Il se rendra mardi à Kenosha, où un jeune homme de 17 ans est accusé d'avoir tué deux personnes par balle dans les émeutes qui ont suivi les tirs sur Jacob Blake.
«Êtes-vous en sécurité dans l'Amérique de Donald Trump?»
De son côté, le candidat démocrate à la Maison-Blanche, Joe Biden, a accusé Donald Trump d'«encourager la violence».
«Peut-être croit-il que tweeter sur la loi et l'ordre le rend fort», a déclaré Joe Biden dans un communiqué, «mais son incapacité à appeler ses partisans à cesser de chercher le conflit est révélatrice de sa faiblesse».
Son équipe de campagne a fait savoir dimanche soir que l'ex-vice-président prononcerait un discours lundi pour poser une question aux électeurs selon elle cruciale à l'approche du scrutin: «Êtes-vous en sécurité dans l'Amérique de Donald Trump?»
Le maire de Portland a envoyé une lettre ouverte à Donald Trump vendredi pour dénoncer sa «politique de division et de démagogie».
«Nous savons que vous en êtes venus à la conclusion que les images de violence et de vandalisme sont votre seul passeport vers la réélection», a écrit Ted Wheeler.
Le président «voit la violence, et sa capacité à l'aggraver encore plus comme un atout pour sa campagne», a renchéri le parlementaire démocrate Adam Schiff dimanche sur CNN.